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Au Venezuela, M. Chavez triomphe et l’opposition se déchire
Publie le vendredi 5 novembre 2004 par Open-Publishingde Marie Delcas
Le président est conforté par le succès de ses candidats aux élections régionales et municipales.
Bogota de notre correspondante régionale
Hugo Chavez reste imbattable dans les urnes. Le "raz de marée rouge" aux élections régionales et municipales au Venezuela, dimanche 31 octobre, constitue la neuvième victoire électorale d’affilée, depuis 1998, du président. "Nous avons obtenu une victoire monumentale, gigantesque. La révolution ne s’en ira plus jamais du Venezuela", s’est réjoui le chef de l’Etat.
Les partisans de M. Chavez ont remporté 19 des 22 postes de gouverneur à pourvoir, l’opposition n’en a obtenu que 2 (l’Etat pétrolier du Zulia et la touristique Nueva Esparta). Très serré, le dernier résultat, celui du Carabobo, devait être annoncé le 3 novembre au soir.
Enrique Mendoza, figure de proue de l’opposition, a été battu par un proche d’Hugo Chavez dans son fief de l’Etat du Miranda. Les "chavistes" ont par ailleurs emporté plus de 200 des 335 mairies en jeu, dont celle de la capitale, Caracas.
Le taux de participation a été très inférieur à celui du référendum révocatoire du 15 août voulu par l’opposition, lorsque 70 % des électeurs vénézuéliens s’étaient rendus aux urnes pour décider du sort de leur président. M. Chavez avait remporté haut la main le scrutin, avec 58 % des voix.
Dimanche, l’abstention a probablement joué en faveur des chavistes. "A quoi bon aller voter ?", s’interrogeait devant les caméras un commerçant de Caracas le jour du scrutin. "Férocement antichaviste", il avait préféré ouvrir boutique plutôt que "perdre son temps dans un bureau de vote". Comme lui, nombre d’opposants ont décidé de rester chez eux, déçus par les résultats du référendum révocatoire et déroutés par les consignes contradictoires de leurs dirigeants.
APPEL À L’ABSTENTION
L’opposition a toujours refusé de reconnaître les résultats du référendum, pourtant validé par les observateurs internationaux de l’Organisation des Etats américains (OEA) et du Centre Carter. Réunis au sein de la Coordination démocratique, les dirigeants de l’opposition ont unanimement dénoncé la "fraude massive du 15 août", sans en apporter de preuve sérieuse.
Les opposants se sont divisés ensuite sur l’attitude à adopter pour les élections régionales et municipales. A quelques jours du scrutin, plusieurs d’entre eux décidaient de retirer leur candidature et d’appeler à l’abstention. Ceux qui restaient en lice suppliaient les électeurs de voter.
"Empêtrée dans le dilemme de voter ou de ne pas voter, dévorée par les intrigues personnelles, l’opposition est allée aux urnes éparpillée, incomplète et scindée comme le voulait Chavez", écrivait mardi le journaliste opposant Roberto Giusti dans le quotidien El Universal.
Quant à Henry Ramos, dirigeant d’Action démocratique (AD), il déclarait que l’opposition perdrait des élections tant qu’elle adresserait son message à la classe moyenne, minoritaire, au lieu de disputer à Chavez les couches populaires. Les sociaux-démocrates d’AD ont été les seuls opposants à tirer leur épingle du jeu, en l’emportant dans une cinquantaine de mairies.
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