Accueil > Aubonne : les militants continueront de combattre l’injustice

Aubonne : les militants continueront de combattre l’injustice

Publie le dimanche 4 juillet 2004 par Open-Publishing

Gesine Wenzel a déclaré aujourd’hui (29/06) qu’elle ferait appel à la condamnation de 10 jours avec sursis pour mise en danger de la vie d’autrui, parce que le juge n’a pas donné assez de poids aux séquelles qu’elle garde des « conséquences de son acte » (article 66 bis du Code pénal).

Maintenant que l’enquête sur l’opération de la police a été rendue publique, Martin et Gesine vont se battre pour que la hiérarchie policière et ses exécutants soient jugés pour lésions corporelles par négligence. Cette affaire est d’une importance fondamentale, non seulement parce qu’elle montre au grand jour l’impunité de la police, mais également parce qu’elle fait partie de notre lutte permanente contre la politique néolibérale du G8, qui génère d’énormes souffrances autant pour les gens que pour la planète.

Rappel des faits : le 1er juin 2003, deux militants anti-G8 se suspendaient à une corde tendue en travers du pont autoroutier d’Aubonne, à 20 mètres du sol. Ils ont tous deux failli mourir après que la police suisse eut coupé la corde qui les retenait. Hier, au tribunal d’arrondissement de la Côte, à Nyon (Suisse), ce sont eux ainsi qu’un troisième militant ayant pris part à l’action qui se trouvaient sur le banc des accusés, alors que les policiers responsables de l’accident témoignaient contre eux. Lors de ce procès, ils ont été reconnus coupables de mise en danger de la vie des automobilistes. Le troisième militant a été condamné à 20 jours de prison et Gesine à 10 jours, assortis de deux ans de sursis pour tous les deux.

La presse internationale, des avocats venus de partout en Europe, des parlementaires européens et la mère de Carlo Giuliani se sont retrouvés hier pour donner plus de lumière à ce procès, qui renforce la criminalisation des manifestants et garantit l’impunité de la police. Des avocats de la Commission internationale d’enquête pour la sauvegarde des droits fondamentaux dans la mondialisation ont déclaré que la charge retenue de « mise en danger de la vie d’autrui » était exagérée et que c’était en fait la police qui, ce jour-là, avait mis en danger la vie des personnes présentes sur le pont. La cour a été instruite des importantes mesures de sécurité prises par le groupe pour informer les automobilistes, et aussi du fait qu’il s’agissait de grimpeurs expérimentés prenant part à une action minutieusement préparée.

Dans ses déclarations à la cour, le sergent-major responsable des opérations sur le pont a admis qu’il avait eu connaissance de la présence des deux grimpeurs, que la communication au sein de la police sur le pont était extrêmement limitée et qu’il n’avait jamais prêté attention aux avertissements répétés des manifestants.

Martin Shaw (Anglais, 39 ans, électricien), un des militants inculpés, a déclaré que cette affaire, dans laquelle la police est clairement coupable, ne dévoile qu’une infime partie de l’injustice provoquée partout dans le monde où les gouvernants des pays du G8 retournent les lois à leur propre avantage. Cela fait partie d’un processus de brutalité et d’intimidation envers ceux qui leur résistent. Une manifestation pacifique devient un acte de terrorisme selon la nouvelle législation de l’Union européenne et il est « vraiment terrifiant » d’observer la montée de la répression contre les manifestants.

Plus de 100 personnes, venues de toute l’Europe, se sont réunies hier devant le tribunal pour témoigner leur soutien aux inculpés, parmi eux une délégation d’avocats internationaux qui coopèrent pour la défense des droits fondamentaux. Ils ont affirmé qu’ils ne se décourageraient pas face à la montée de la répression ou à ses conséquences physiques et traumatisantes, mais continueraient de renforcer les liens qui les unissent et d’oeuvrer à un réseau antirépression, en vue du sommet du G8 à Gleneagles (Ecosse) en 2005.

Quelques citations :

David Hammerstein, parlementaire européen des Verts, a déclaré que lui et d’autres parlementaires sont extrêmement préoccupés par les actions des autorités suisses. Il a ajouté que ces dernières avaient « la tête dans le sable » en ce qui concerne la brutalité policière et la liberté d’expression.

Cela fait écho aux préoccupations exprimées par Amnesty International dans son rapport sur la répression exercée durant le sommet du G8 d’Evian, l’année dernière.

Heidi Giuliani, qui était venue directement de Gênes où le procès contre la police vient de débuter : « Martin et Gesine ont été très chanceux, mais il faut mettre un terme à l’impunité de la police avant que d’autres vies soient perdues. »

Plus d’informations

http://www.aubonnebridge.net

aubonne (a) no-log.org