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B.FRIOT : Pour un imaginaire communiste du salaire 1

Publie le vendredi 7 décembre 2007 par Open-Publishing
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Bernard FRIOT à Rennes invité par de nombreuses organisations syndicales, associatives et politique.

Pour un imaginaire communiste du salaire
http://pagesperso-orange.fr/epinore/tempmod.html

Imaginaire, communiste, salaire : les trois mots méritent le détour. Comme économiste, le troisième m’est beaucoup plus familier que les deux premiers, que je vais utiliser dans un sens intuitif, laissant au débat que j’espère l’occasion d’y revenir.

La rémunération, entendue comme le financement de l’emploi et des droits sociaux qui lui sont éventuellement liés (retraite, santé, chômage et formation professionnelle, famille), connaît en Europe une mutation accélérée depuis les années quatre-vingt-dix. Le /salaire socialisé/ recule au bénéfice de l’impôt et de l’épargne : la cotisation sociale assise sur le salaire direct et le salaire direct lui-même sont partiellement remplacés, pour financer l’emploi comme les droits sociaux,

 par l’impôt pour la partie la moins payée de la population (emplois jeunes, emplois aidés, exonérations de cotisations patronales sur les salaires inférieurs à 1,8 fois le SMIC, RMI à la place de l’UNEDIC, etc…)

 par l’accumulation financire pour la partie la mieux payée (stock-options, épargne salariale, actionnariat, fonds communs de placement, fonds de pensions, etc..).

A la figure du travailleur salarié, la classe dirigeante tente ainsi de substituer celles du travailleur allocataire dont la rémunération relèverait d’un mixte fiscalité-salaire et du travailleur rentier relevant, lui, d’un mixte épargne-salaire.

Cette mutation ne répond à aucune nécessité gestionnaire. Les déficits sociaux invoqués sont récents, faibles, pour partie délibérés et très faciles à résorber sans modifier la logique salariale des régimes. Les discours sur les coûts salariaux excessifs des travailleurs de branches soumises à la mondialisation renvoient au registre habituel des plaintes patronales sur le salaire, mises au goût du jour. Quant à la nécessité économique qu’analysent par exemple les théoriciens du passage d’un régime de croissance fordiste à un régime de croissance patrimonial, elle relève de rationalisations très discutables. Ces fonctionnalismes économistes empêchent de lire la dimension essentiellement politique de la mutation.

Pourquoi le capital voudrait-il en finir avec la socialisation du salaire ?

Le salaire est un élément-clé du capital. La valorisation de ce dernier passe par l’incorporation de la valeur créée par le travail, ce qui suppose la transformation des individus en forces de travail. Le salaire, prix de la force de travail, est l’instrument décisif de cette aliénation. C’est pourquoi il a été le cœur de l’affrontement de classes depuis le début du capitalisme. Et s’il est vrai que l’histoire n’est pas celle de la pérennité du capital, que, loin d’être la succession de régimes de croissance dans lesquels les forces du capital sont régulées et régulent la création de valeur en surmontant leurs crises, cette histoire est au contraire celle de la contradiction du capital, alors l’affrontement de classes a /peut-être/ chargé le salaire de potentialités anticapitalistes, à un degré tel qu’en finir avec ces potentialités soit devenu pour la classe dirigeante l’enjeu des réformes actuelles de la rémunération.

Ce peut-être n’est pas une précaution dans l’énoncé d’une hypothèse avant sa vérification. C’est une position méthodologique systématique : la liberté avec laquelle les groupes sociaux font l’histoire est irréductible aux déterminations économiques. Les potentialités du salaire n’auront de réalité que si les salariés se constituent en classe sociale et les imposent contre la logique du capital. L’interprétation anticapitaliste du salaire que j’ai proposée dans /Puissances du salariat /et dans /Et la cotisation sociale créera l’emploi /(Friot 1998 et 1999) est forcément une fable tant que l’action du salariat n’a pas imposé le salaire universel qui vient bousculer l’accumulation du capital. Une telle politique du salaire suppose un nouvel /imaginaire/ du salaire : le recul sensible qu’a connue l’action pour le salaire au cours des deux dernières décennies trouve une de ses causes dans le déficit d’idéologie à son propos.

Le déficit d’idéologie porte sur le salaire, pas sur la rémunération (nous le verrons, toute rémunération n’est pas salaire, la fiscalité de l’emploi et l’épargne salariale sont d’un tout autre ordre) . Sur la rémunération au contraire les idéologies pullulent, et je m’en tiendrai à celle que véhicule l’école de la régulation. Pourquoi ? Parce qu’elle représente un /imaginaire socialiste/ qui semble être le mieux en mesure, aujourd’hui en France et dans de nombreux pays de l’Union européenne, de faire barrage à l’imaginaire /communiste/, celui-là même qui, s’il voyait le jour, pourrait soutenir une action collective de dépassement du capitalisme à partir de la nouveauté inouïe qu’est la socialisation du salaire. Sur cette opposition entre socialiste et communiste, je m’inspire librement de la position défendue par Lucien Sève <http://pagesperso-orange.fr/epinore...> dans son récent /Commencer par les fins : la nouvelle question communiste/ (Sève, 1999). Librement, et peut-être n’y reconnaîtra-t-il pas les siens : en tout cas c’est la lecture de son ouvrage qui m’a ouvert la piste d’interprétation de mon matériel que je livre ici, sur un mode, je le répète, plutôt intuitif.

Aborder le salaire avec un imaginaire communiste, comme je vais m’en expliquer, c’est lire toutes les dimensions communistes dont il est porteur en termes de dépassement de la contrepartie (à chacun selon ses besoins), de dépassement de la propriété lucrative, de dépérissement de l’Etat. C’est dans cette visée communiste qu’il est possible de faire travailler les contradictions du capitalisme contemporain. Au contraire, l’offensive réactionnaire des deux dernières décennies s’emploie à faire échec à cette visée communiste, par la force bien sûr, brutale dans tous les cas où c’est possible, mais aussi par un travail d’hégémonie qui passe par la promotion d’un imaginaire libéral ou socialiste, selon les moments ou les pays. Ainsi, parler de vague libérale pour désigner les mutations idéologiques en cours depuis le début des années quatre-vingts me paraît très unilatéral. Après tout, ce sont des socialistes qui sont actuellement au pouvoir dans une bonne partie de l’Europe, et pas d’abord parce qu’ils auraient adopté l’idéologie libérale. L’imaginaire socialiste du salaire accompagne la contre-révolution dont la rémunération est aujourd’hui l’enjeu, selon ses trois dimensions traditionnelles. Celle de la propriété collective des moyens de production et d’échange, pour justifier le remplacement du salaire par l’épargne salariale. Celle de la solidarité fiscale, pour justifier le remplacement du salaire par la fiscalité redistributive. Le tout sous l’égide d’instances étatiques de régulation du marché. Dans les pays à faible tradition libérale, comme c’est le cas dans la majorité des pays de l’Union européenne, c’est par cet imaginaire socialiste que la classe dirigeante construit son hégémonie sur le terrain de la rémunération et s’oppose à toute avancée communiste : solidarité fiscale pour éviter le dépassement de la contrepartie, propriété collective pour éviter le dépassement de la propriété lucrative, Etat régulateur pour éviter le dépérissement de l’Etat.

Avec des nuances, cet imaginaire socialiste est hégémonique parmi les défenseurs du salaire : on comprend qu’ils se trouvent aujourd’hui pris au piège. C’est de ce piège que les éléments proposés ici tentent de sortir. Les deux premières parties rappellent le flux et le reflux du salaire socialisé. La troisième montre comment la théorie de la régulation, dans ses deux avatars successifs du fordisme et du patrimonialisme, présente une explication miraculeusement naturelle de cette évolution. La quatrième s’efforce d’en proposer une lecture contradictoire et de nourrir un imaginaire communiste du salaire.

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1.L’AFFIRMATION PRAGMATIQUE DU SALAIRE SOCIALISE

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Loin d’être le vaincu de l’histoire, le mouvement ouvrier des pays continentaux de l’ouest européen a pu, dans une âpre bataille pour le salaire, obtenir une mutation spectaculaire de celui-ci : il est distribué selon un barème, celui de conventions collectives largement homogénéisées, et il est mutualisé à vaste échelle (le pays) et grande hauteur (40% en France par exemple). Ce salaire socialisé, qui n’est pas un prix et qui relève d’une délibération politique, s’est imposé face à l’allocation à base fiscale et à la rente à base d’épargne avant d’être mis en cause depuis vingt ans au bénéfice de ce couple fisco-financier remis au goût du jour. Je m’en tiens à quelques traits taillés à la serpe et renvoie à /Puissances du salariat/ pour un exposé technique.

Dans l’affirmation du salaire FACE A LA RENTE, c’est la pension des fonctionnaires et le régime complémentaire des cadres (AGIRC) qui ont été décisifs. La première parce qu’elle constitue une continuation du salaire, sans préfinancement, dès 1853, et que cette nouveauté a été réaffirmée en 1948 lorsqu’a été posé le principe d’une indexation permanente des pensions sur la valeur actuelle de l’indice de fin de carrière des pensionnés. Quant à l’AGIRC (1947), qui concernait la population salariés jusqu’alors la plus attachée à la rente, il s’est constitué dès le départ sur la base d’une forte mutualisation des salaires, ce qui a ôté toute utilité de développement ultérieur des caisses d’entreprise et donc de l’épargne salariale. Ensuite, les années soixante et soixante-dix ont vu l’accès des employés et ouvriers à des formes de pension peu ou prou inspirées de ces deux modèles, ce qui a fait par ailleurs reculer le poids de la fiscalité dans ce champ (pour donner un exemple, la majorité des titulaires d’une pension du régime général en 1962 relèvent du minimum vieillesse, donc de la solidarité fiscale, tant les pensions des ouvriers et des employés du privé sont faibles). En matière de maladie, les régimes gérés par des compagnies d’assurance par contrat de groupe passés par les employeurs ont cédé la place, des années trente aux années cinquante, à l’assurance-maladie du régime général, élément constitutif du salaire.

L’affirmation du salaire FACE A L’IMPOT concerne également d’abord la couverture du risque maladie : tant que les médecins libéraux n’étaient pas conventionnés (ils le seront à partir de 1961 seulement) et que les maladies de longue durée n’étaient pas couvertes par l’assurance-maladie (les dates importantes sont ici 1945 et 1970), la couverture de santé des catégories populaires relevait massivement soit de la médecine de santé publique (dispensaires, établissements de lutte contre les " fléaux sociaux ") soit de l’aide sociale, c’est-à-dire, dans les deux cas, de la fiscalité. Le passage au salaire d’un risque jusqu’ici (mal) couvert par la fiscalité sera ensuite, outre les retraites des ouvriers évoquées plus haut, le fait du chômage : les bureaux municipaux laisseront la place certes au service public de l’ANPE en 1967 mais surtout à l’indemnisation par les ASSEDIC à compter de 1959. C’est dans les années soixante-dix, avec l’indemnisation à 90% pendant un an des licenciés économiques puis avec la réforme de l’UNEDIC en 1979 que le remplacement de la fiscalité par le salaire en matière de chômage est à son maximum. Enfin, il ne faut pas oublier le rôle décisif et ancien des allocations familiales non pas dans le remplacement de la fiscalité par le salaire mais dans l’affirmation du salaire sur un terrain, celui de la politique familiale, pris en charge par la fiscalité dans la plupart des autres pays européens. Compte tenu que les allocations familiales ont du poids d’abord dans les revenus des familles populaires, cela signifie que le soutien à ces dernières relève non pas d’une solidarité nationale à base fiscale mais de la péréquation du salaire.

En même temps qu’il étendait son champ très au-delà des situations de travail par la cotisation sociale, le salaire connaissait une mutation dans sa composante de salaire direct par la définition des grilles et des qualifications auxquelles donnaient lieu les conventions collectives à compter du Front populaire et surtout des années cinquante, cependant que les procédures d’extension puis les accords interprofessionnels des années soixante et soixante-dix harmonisaient les dispositions de branche et que se construisait un /ordre public social /en mesure de promouvoir des règles générales. La gestion du salaire direct échappait ainsi à une logique strictement professionnelle et a fortiori d’entreprise et rejoignait le mode territorial de la gestion du salaire indirect.

D’un point de vue idéal-typique, les traits du salaire que les luttes salariales ont imposés aux employeurs peuvent donc être qualifiés comme suit :

 une ressource financée par les employeurs à l’occasion des emplois : les contribuables et les marchés financiers ont une place modeste et de plus en plus réduite dans un dispositif qui met au centre l’emploi puisque c’est chaque emploi qui déclenche les versements des employeurs soit aux employés soit aux caisses de sécurité sociale ;

 un tarif à la qualification : non pas prix mais tarif, le salaire obéit à un barème interprofessionnel et à des règles transversales politiquement délibérées dans les caisses de sécurité sociale et les conventions collectives. Cette distribution politique du salaire repose sur l’attribution d’une qualification soit au poste (dans le privé) soit à la personne du salarié (dans la fonction publique). Cette qualification, attribut politique en permanence contesté par la renégociation du tarif, est à bien distinguer de la mesure d’un quantum de valeur, de la " force de travail " ou du " capital humain ", dont le salaire serait la contrepartie : la tarification salariale est au contraire affirmation de l’absence de contrepartie individuelle mesurable du salaire ;

 deux parties proportionnelles : le barème distingue un salaire direct et un salaire indirect strictement proportionnels quel que soit le niveau du salaire total ; ainsi la structure des salaires est-elle la même pour les différentes qualifications ;

 une logique de flux : le salaire peut bien sûr donner lieu en aval à une épargne des ménages qui en général accompagne leur consommation en finançant l’achat de biens durables mais il ne donne lieu à aucune épargne retenue à la source et accumulée à long terme dans des fonds communs de placement obéissant, hors de tout soutien à la consommation des ménages, à une logique purement financière de salles de marché. Le salaire est mutualisé dans une logique explicitement intrapériodique, avec transformation immédiate en prestations des cotisations collectées, il n’y a aucune accumulation financière inter-temporelle.

Le /salaire socialisé/ est ainsi en opposition tant à l’allocation forfaitaire financée par la fiscalité qu’à la rente de ce que l’on nomme par antiphrase " épargne salariale ". Il a conduit, dans la deuxième moitié des années soixante-dix, à une inscription particulièrement forte des individus dans ce que l’on peut appeler /l’abstraction salariale/. A cette époque les " femmes ", les " handicapés ", les " personnes âgées " ou les " pauvres " ou les " horaires " des années cinquante ont accédé à l’abstraction de " salariés " occupés, retraités, invalides ou demandeurs d’emploi. Abstraction : alors qu’une de leurs caractéristiques concrètes d’âge ou de sexe ou de revenu ou de santé ou de type de travail était jusqu’alors naturalisée pour fonder des ressources spécifiques, les individus relèvent tous d’une même ressource, le salaire, abstrait de tout concret naturalisé.

Messages

  • Aujourd’hui je complète le propos par des remarques de Jean-Marie HARRIBEY issues d’un texte en défense du travail dans les services publics

    Le travail productif dans les services non marchands et l’impôt

    http://www.france.attac.org/spip.php?article7995&artpage=3

    EXTRAIT :

    La monnaie, passerelle entre travail et lien social
    Dans un article récent, Bernard Friot [2005] s’est référé à la thèse que je défends pour développer l’idée que les actifs ne font pas vivre les inactifs mais que les revenus qu’ils perçoivent (retraites, allocations chômage, etc.) sont la valeur que la société attribue au travail libre qu’ils effectuent. Plus précisément : « les cotisations sociales sont, de la même manière, non pas une part de la valeur attribuée au travail des producteurs du bien B, mais de la monnaie qui attribue de la valeur au travail des producteurs et des bénéficiaires des prestations sociales : le travail subordonné sous forme non capitaliste des infirmières et des médecins ou des travailleurs sociaux si le service de santé et le service social sont financés par les cotisations, le travail libre des membres des ménages bénéficiaires des allocations familiales et celui des chômeurs ou des retraités touchant des indemnités ou des pensions ».

    Ce point de vue est selon moi critiquable pour au moins deux raisons.
    D’une part, les cotisations sociales ne peuvent à la fois rémunérer les producteurs de services de soins et les bénéficiaires de ces soins. Les infirmières et les médecins produisent les soins, les malades les consomment.
    D’autre part, la place donnée à la monnaie rompt avec une interprétation marxo-keynésienne de celle-ci et rejoint semble-t-il une interprétation essentialiste bien développée par Michel Aglietta et André Orléan [1982, 1998, 2002] qui entendent se passer de toute théorie de la valeur [8]. Ainsi, Friot écrit [2005] : « Le travail ne produit pas de valeur, il produit de la richesse ou de la nuisance ; la valeur est un attribut du travail et non pas un produit du travail. » Il y a ici, à mon sens, un oubli de la distinction entre travail concret et travail abstrait et un déni du travail abstrait en tant que créateur de la valeur. Ensuite, puisque la monnaie est l’instrument par lequel passe la validation sociale du travail collectif, Friot en tire la conclusion que tout revenu monétaire valide un travail productif. Or il s’agit d’un retournement abusif d’une implication logique qui n’est vraie que dans un seul sens : validation sociale du travail au sein du capitalisme  monnaie, mais non l’inverse. Friot ajoute : « Si nos PIB doublent tous les quarante ou cinquante ans en monnaie constante, ce n’est pas parce que les produits du travail (richesse et nuisance confondues) ont doublé en quantité ou en qualité : c’est parce que la valeur attribuée au travail a doublé. » Cette phrase est contradictoire. Si le PIB double en monnaie constante, c’est qu’il a doublé en volume, sinon « la valeur attribuée au travail » n’aurait pas pu doubler en monnaie constante (à partage salaires-profits inchangé), c’est-à-dire en termes de pouvoir d’achat.

    De mon point de vue, Friot confond l’instrument par lequel s’exprime la validation du travail social – soit sur le marché, soit par décision publique – et le déterminant de la valeur des marchandises en général et de la force de travail en particulier, dont d’ailleurs Friot consacre la disparition puisqu’il propose de ne plus parler que de « travail » et de « valeur du travail ».
    En rompant la dialectique entre valeur d’usage et valeur d’échange, Friot ne peut plus considérer que la valeur d’usage est une condition nécessaire de la valeur, une « porte-valeur ». Autrement dit, les individus n’ont plus besoin de participer au processus de production de valeur d’usage pour être productif de valeur : le sourire de l’handicapé pour remercier le personnel soignant des services que celui-ci lui rend pourrait-il alors être considéré comme du « travail » ? Cette thèse serait intenable. Par bien des côtés, elle rejoint celles défendues par Michael Hardt et Toni Negri [2000] qui voient du travail productif partout, même dans la file d’attente des chômeurs devant l’Agence de l’emploi. [9]