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"BESOIN D’AIR" : BESOIN DE LUMIERE ?

Publie le dimanche 4 février 2007 par Open-Publishing
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Respirer, c’est aussi être déchargé du poids de la culpabilité obligée ! (…) Pourquoi faudrait-il absolument que l’un des deux soit en faute lorsqu’un salarié et un chef d’entreprise se séparent ? Trente-deux ans après l’invention en France du divorce par consentement mutuel, quelle audace, je propose que nous commencions à définir dans le monde du travail une séparabilité à l’amiable et aux conditions honorables pour les deux parties.[1]

Après « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » de septembre 2005, Laurence Parisot revient donc au nom du MEDEF, nous expliquer la vie, la mort, tout ça, tout ça …et au passage que les chefs d’entreprises n’en peuvent plus d’être écrasés sous le poids de la culpabilité…

Et il n’est en effet pas difficile de croire que c’est pour bon nombre de patrons de PME un vrai crève-cœur que de devoir assumer les conséquences d’enjeux économiques qui souvent les dépassent, en procédant à des licenciements rarement générateurs de dynamique positive pour leurs entreprises. Enfin, cela étant, et quand on parle d’assumer, on en est tout de même rarement au point de pouvoir faire la comparaison avec les capitaines d’antan qui accompagnaient dans le néant le naufrage leurs navires dans la tempête… Passons…

Passons aussi sur ces autres chefs d’entreprises qui surfent sur « la réduction des charges de personnel » (jolie formule pour évoquer les licenciements collectifs), afin de permettre « la création de valeur » pour leurs actionnaires (et accessoirement pour gonfler le montant de leurs propres stock-options).

Mais voilà, ce que l’on ne savait pas, c’est qu’ils en souffrent… Et il parait donc ô combien légitime qu’au nom du confort intellectuel tellement nécessaire à l’expression de leur performance économique, la société toute entière accepte bien volontiers de décharger leurs consciences du poids des conséquences de leurs actes, les pôvres…

Ce que ses conseillers n’ont sans doute malheureusement pas dit à Laurence Parisot , c’est tout d’abord que dans un divorce par consentement mutuel, les deux parties sont en règle générale à peu près à égalité car lorsque le déséquilibre entre les parties est par trop flagrant, les juges et avocats se gardent bien de considérer cette procédure comme étant la plus appropriée. Peut-on raisonnablement considérer que les deux parties sont à égalité lorsqu’il s’agit d’un côté du salarié et de l’autre de l’entreprise ?

Ce qu’ils ne lui ont pas dit non plus c’est que cette fameuse procédure de séparation par consentement mutuel existe déjà (licenciement pour motif personnel), et qu’elle est justement en passe de devenir, si ce n’est déjà fait, la première cause de rupture des contrats de travail dans notre beau pays. Pourquoi ? Parce qu’au vu du délai moyen des procédures de contestation des autres formes de licenciement devant la justice prud’homale, et eut égard justement à l’inégalité entre les deux parties, il n’est que trop facile à l’entreprise de faire accepter au salarié désemparé une indemnité négociée largement inférieure à celle qui lui aurait été normalement accordée à l’issue de la procédure judiciaire…

Aujourd’hui, nous sommes dans un carcan. Les excès de la fiscalité, les excès du code du travail, les labyrinthes indéchiffrables, l’impossibilité notoire d’en déjouer les contradictions, l’hyper-règlementation, tout cela nous oppresse, tout cela empêche nos entreprises de grandir, tout cela oppresse et opprime bien inutilement et bien dangereusement les entreprises françaises.[2]

Les aides publiques aux entreprises ont représenté 65 milliards d’euros en 2005, soit 4 % de la richesse nationale, révèle un rapport du ministère de l’économie [qui n’a pas encore été rendu public], qui préconise une meilleure évaluation, et plus de cohérence. (…) L’aide aux entreprises représente "un peu plus que le total du budget de l’éducation nationale, près de deux fois le budget de la défense, et le même ordre de grandeur que le total des dépenses hospitalières", souligne ce rapport, qui est cité dans Le Figaro du mercredi 24 janvier.[3]

…et représente donc 122 % de la valeur de L’IS collectée cette même année (53 milliards d’euros)[4].

Autrement dit, et en valeur moyenne, les entreprises récupèrent plus en aides publiques que ce qu’elles versent en impôt direct !!! Question oppression fiscale, ça se pose un peu là…

Alors, oui, s’il y a quelque chose à faire, c’est bien de s’interroger si ces 6000 dispositifs (au moins) d’aide aux entreprises répondent bien à la mission qui leur a été confiée, ce qui implique d’ailleurs de s’interroger auparavant sur ce que sont lesdites missions… autant que de s’interroger sur la répartition de ces aides publiques, sachant que les « labyrinthes indéchiffrables » doivent bien avoir été tout de même cartographiés par quelques uns de leurs principaux bénéficiaires. (…) Fabrice Henry, membre du comité directeur de l’association d’entreprises innovantes CroissancePlus,"craint que 80 % de ces 65 milliards ne soient affectés aux grandes entreprises" au détriment des PME[5].

Et l’on se prend donc à s’interroger si, plus que d’air, les conseillers de Laurence Parisot n’auraient pas plutôt besoin de lumière pour mieux lire les données mises à leur disposition par les pouvoirs publics…

Notes
[1] Discours de Laurence Parisot, le 25 janvier 2007

[2] Discours de Laurence Parisot, le 25 janvier 2007

[3] Le Monde – 24 Janvier 2007

[4] Chiffres du Ministère de l’Economie

[5] Le Monde – 24 Janvier 2007

CFO http://www.renovaction-socialiste.org/

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