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Bavure policière : le gouvernement ment énormément

Publie le mardi 21 mars 2006 par Open-Publishing
6 commentaires

de antisarko

Les médias mentent ? Oui certes. Mais pas tous et pas tout le temps. Face à l’océan de boue déversé par la plupart des médias sur le corps de Malik ... pardon de Carlo G ... encore pardon je voulais dire de Cyril Ferez, Libération s’est pour une fois distingué par un véritable travail journalistique que nous reproduisons ci-dessous.

CPE : Un manifestant entre la vie et la mort
Le coma profond d’un syndicaliste SUD PTT, pris dans une violente charge de CRS, donne un tour tragique au mouvement social.

Par Karl LASKE

Il s’appelle Cyril Ferez. Il a 39 ans. Il travaille à Torcy pour l’opérateur de téléphonie Orange où il s’est inscrit à SUD PTT.

Hospitalisé à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), il est tombé dans le coma après avoir croisé, samedi, le mauvais peloton de CRS, sur la place de la Nation à l’heure de la dispersion de la manifestation anti-CPE. La préfecture de police a annoncé hier l’ouverture d’une enquête préliminaire confiée à l’Inspection générale des services (IGS), tout en faisant connaître officieusement, et avec insistance, son alcoolémie ­ au moins 2 grammes ­ à son arrivée à l’hôpital. La préfecture aurait été « avisée par l’Assistance publique » qu’un homme blessé « lors des échauffourées qui ont opposé des "groupes violents" aux forces de police se trouvait hospitalisé dans un état sérieux ». Mais c’est plus grave. Selon l’Assistance publique, le pronostic s’avère « réservé, à la fois sur le plan vital et sur le plan fonctionnel ». Le coma est profond et pourrait « mal évoluer », de source médicale.

Samedi soir, Cyril est arrivé place de la Nation, dans le cortège Solidaires, l’un des derniers de la manif. C’est vers 20 h 30, après les premiers tirs de gaz lacrymogènes, que les cordons de CRS commencent leur progression sur la place pour repousser les « groupes violents ». Les manifestants sont encore très nombreux. Les témoins ne manquent pas. Les photographes non plus. Sur le terre-plein central, l’un d’eux, Alexandre Tsitouridis, voit un groupe de CRS resté en retrait. Deux hommes leur font face. Cyril est l’un d’eux. « Je l’ai vu assis devant les CRS, pacifique, raconte Alexandre Tsitouridis. Je ne sais pas ce qui lui passait par la tête. J’ai eu l’impression qu’il allait se relever. Les CRS sont autour de lui. Je ne le vois plus. L’image d’après, il est par terre. » Bruno Stevens, photographe lui aussi, est à dix mètres. « Devant l’arrivée des CRS, les gens s’éloignaient en éventail, explique-t-il. Lui a été attrapé. Il était plus lent. Il a pris un coup direct à la tête. Il s’est effondré comme une masse. Ils ont continué à le frapper alors qu’il était au sol. Mais vraiment fort ! Je me suis approché pour dire aux policiers : "Mais vous ne voyez pas qu’il est inconscient !" » « J’ai vu un CRS sortir du peloton, l’attraper et le mettre dans le cercle, confirme Pascal Charles, d’un collectif antirépression. Les CRS se faisaient caillasser en même temps qu’ils tapaient. J’ai eu l’impression qu’ils le piétinaient. Lorsqu’ils se sont éloignés, j’ai cru qu’ils laissaient un sac derrière eux. »

Manifestants et photographes s’approchent. « A un moment, on a cru qu’il était mort. Il avait un hématome sous l’oeil droit. Sa tête avait pris le volume d’un ballon de rugby. » Bruno Stevens remarque ses lunettes, son discman éclaté par terre. Une oreillette aussi qui lui est restée accrochée à l’oreille. « Je n’ai pas vu le point de départ, mais il n’avait rien en main et il n’était pas masqué. » Les photographes ont l’heure de leurs clichés. Le tabassage a eu lieu à 20 h 51. Les secours, appelés par les manifestants, sont arrivés à 21 h 07. Cyril est parvenu à bouger légèrement les pieds avant de sombrer dans le coma.

-http://www.liberation.fr/page.php?A...

Officiellement, « un mec bourré »

Par Vanessa SCHNEIDER
mardi 21 mars 2006

Embarras au sommet de l’Etat. Interrogé sur le sort du syndicaliste dans le coma, le ministère de l’Intérieur, d’habitude très prolixe, a renvoyé hier la presse sur les services de la préfecture de police de Paris. Signe que le gouvernement n’était pas prêt à communiquer sur la bavure, qu’il tentait d’ailleurs de minimiser, hier. « Il s’agit d’un mec bourré avec deux grammes d’alcool dans le sang, qui, soit s’est frappé tout seul, soit s’est pris un coup dans les échauffourées », expliquait une source gouvernementale.

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