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Bernard Thibault : "Cette rentrée est bien différente des autres"

Publie le lundi 29 août 2005 par Open-Publishing
18 commentaires

Propos recueillis par François-Xavier Bourmaud et Béatrice Taupin
[29 août 2005]

LE FIGARO ÉCONOMIE. - Vous aviez donné rendez-vous à Dominique de Villepin au terme de ses « cent jours ». Quel jugement portez-vous sur ses trois premiers mois à Matignon ?

Bernard THIBAULT. - Nous sommes particulièrement sévères sur les premières semaines de gouvernement Villepin. Après un début 2005 marqué par une intensité exceptionnelle des revendications sociales, les orientations du gouvernement ignorent totalement les besoins sociaux qui ont motivé la colère des salariés. Malgré l’opposition unanime des syndicats, le gouvernement n’a mis qu’une dizaine de jours pour décider de s’attaquer au droit du travail.

Fig Parlez-vous des ordonnances sur l’emploi, notamment celles instaurant le contrat nouvelles embauches et excluant les moins de 26 ans du calcul des seuils sociaux, contre lesquelles vous avez engagé un recours devant le Conseil d’Etat.

Bernard THIBAULT Oui, et d’ailleurs trois autres confédérations viennent d’engager la même démarche. Si nous avions pu dès le mois de juin, comme nous l’avions souhaité, être unanimement mobilisés sur le plan syndical pour empêcher que cette mesure soit prise, peut-être aurions-nous pu empêcher le gouvernement d’arriver à ses fins. Cela n’a pas été possible, mais mieux vaut tard que jamais.

Car ce qui était alors à craindre s’est produit durant l’été. Le gouvernement a profité du mois d’août pour officialiser ces mesures. Mais nous n’accepterons jamais de revenir sur cet aspect fondamental du droit du travail, reconnu après de longues batailles, selon lequel un employeur ne peut pas licencier un salarié sans motifs réels et sérieux. C’est cela que voudrait officialiser le CNE, dont la nocivité peut s’appliquer aux salariés des entreprises de moins de vingt personnes. Ce qui représente déjà 30% des salariés, et tout autant les cadres que les ouvriers.

Fig Après vingt ans de chômage de masse, n’est-il pas temps d’essayer de nouvelles recettes ?

BERNARD THIBAULTC’est justement après vingt ans de recettes très comparables, qui tendent à accréditer l’idée que c’est par la précarité et l’instabilité que l’on va favoriser la création d’emplois, que la démonstration est faite : on a le résultat inverse. Nous avons une telle multiplication du nombre de contrats de travail qu’il n’y a plus grand monde pour énoncer précisément quels sont tous les types de contrats !

Lorsque l’on examine la nature des offres d’emploi, une majorité est soit à durée déterminée, soit à temps partiel. Et, dans la nature même des propositions qui sont faites, on est sur des emplois qui ne permettent pas de vivre décemment de son travail compte tenu des salaires pratiqués. Nous contestons - parce que les faits nous donnent raison - la philosophie selon laquelle c’est par la précarité des salariés que le développement économique et la croissance vont pouvoir revenir dans notre pays.

Fig Quand on regarde les résultats d’autres pays où le marché du travail est plus souple, on ne peut pas dire que les faits donnent raison à la France...

BERNARD THIBAULT Oui, la France a de mauvais résultats en terme de chômage, et même plus mauvais que ce que les statistiques laissent apparaître. Le gouvernement s’est décerné un petit satisfecit avec les chiffres du chômage en juin mais quand on regarde dans le détail, l’essentiel de la baisse est dû à 35 000 radiations de chômeurs de leurs droits. Nous ne sommes pas les seuls à dire que l’on peut être aujourd’hui à la fois salarié et inscrit dans la catégorie des travailleurs pauvres. Les associations d’entraide et de solidarité elles-mêmes le constatent avec inquiétude.

Fig Néanmoins, au Danemark par exemple, la fluidité du marché du travail se traduit par un taux de chômage largement plus faible.

Fig Gardons-nous de comparaisons hâtives entre pays aux réalités différentes. On nous parle d’une soi-disant flex-sécurité au Danemark, en France nous avons la « flex-insécurité » sociale. C’est cela qui est de moins en moins admissible, de plus en plus désastreux, et qui va être de plus en plus combattu.

BERNARD THIBAULT La CGT a appelé à la mobilisation mais les ordonnances Villepin suffiront-elles à mobiliser les troupes ?

BERNARD THIBAULT La réunion, ces jours-ci, de nos fédérations et unions départementales a en effet confirmé, et même amplifié, la nécessité de passer à un nouveau stade dans la mobilisation des salariés (1). Nous ne partons pas de rien et nous ne sommes pas au point zéro. Face au discours rassurant et enrobant du gouvernement, nous ferons la démonstration de la nocivité de ses choix.

Si les salariés répondent présent, il n’y a aucune raison pour que ce soit seulement une étincelle. Nous voulons instaurer un rapport de forces constant sur l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics et l’avenir industriel. Nous nous sommes prononcés pour une journée d’action faite de grèves et de manifestations.

Nous allons revenir de manière très forte sur le choix du gouvernement de s’installer dans le processus de privatisation d’EDF. Et réexpliquer pourquoi ce serait, selon nous, une catastrophe que l’Etat se débarrasse de la maîtrise de la production d’énergie électrique au moment du nouveau choc pétrolier. Regardez l’évolution des prix du pétrole. Sur ce plan, nous demandons que le gouvernement gèle immédiatement les prix à la pompe. Il doit aussi accepter de discuter de la constitution du prix exigé du consommateur et revoir la part des taxes que prélève l’Etat et la part des marges dont bénéficient les grandes compagnies pétrolières. C’est le degré de mobilisation qui modifiera l’action du gouvernement dans tous ces domaines.

Fig Mais en quoi sentez-vous que les salariés sont plus prêts à se mobiliser qu’en juin ?

BERNARD THIBAULT Cette rentrée est bien différente des autres. La contestation n’a cessé de s’amplifier et a atteint son point d’orgue le 10 mars, avec plus d’un million de salariés dans la rue. Nous avons eu ensuite l’opposition à l’instauration d’une journée de travail gratuit, le lundi de Pentecôte, et dans la foulée un référendum qui, portant sur un enjeu européen, a mis en lumière combien les questions sociales avaient guidé le choix d’un grand nombre d’électeurs. Tout cela a débouché sur la débandade du gouvernement Raffarin et la mise en place d’un nouveau gouvernement dont la composition s’est limitée à une redistribution des postes pour une même politique économique et sociale.

Le premier ministre continue de jouer la montre sur le pouvoir d’achat, continue à multiplier les recettes à contresens sur l’emploi et laisse apparaître, comme son prédécesseur, qu’il est beaucoup plus à l’écoute des suggestions patronales que de ce que disent et clament les organisations syndicales. Une majorité de salariés s’en rend compte. Les ingrédients sont réunis pour une mobilisation d’envergure. Nous y travaillons dès maintenant.

Fig Une rentrée différente aussi pour vous, puisque la CGT tient son congrès en début d’année prochaine. Cela vous pousse-t-il à durcir le ton à l’égard du gouverne ment ?

BERNARD THIBAULT On risque de beaucoup entendre cet argument classique pour éviter de traiter les problèmes de fond. La CGT a été à l’origine de beaucoup d’initiatives unitaires dès la fin 2004. Mais nous avons été trop longtemps seuls. Jusqu’au 10 mars, où l’unité d’action syndicale a donné un tonus supplémentaire à la mobilisation. Mobiliser, être sur le terrain, manifester, revendiquer et obtenir des avancées pour les salariés par la négociation, ça n’est pas nouveau pour la CGT, congrès en perspective ou pas.

Fig La crise que vous avez traversée sur la Constitution européenne a pourtant laissé apparaître un clivage au sein du syndicat.

BERNARD THIBAULT Il y a 54% des Français qui ont dit non, 80% des ouvriers, 75% des employés, une majorité de chômeurs... Il n’y a pas qu’une large majorité de la CGT.

Cela va bien au-delà. Le plus grand clivage, c’est celui entre l’expression des citoyens et les décisions actuelles des pouvoirs publics.

Fig L’arrivée de Laurence Parisot à la tête du Medef augure-t-elle d’une évolution des relations entre le patronat et la CGT ?

Les désaccords entre la CGT et le Medef sont profonds et connus. La principale organisation patronale est pour l’instant absente, en période de transition. Je comprends que le Medef n’a pas intérêt à être en première ligne pour prendre des coups puisqu’il obtient du pouvoir politique les réformes contestées par les syndicats.

Le Medef dispose d’une majorité législative à son écoute et à son service. Il n’a dès lors qu’à se comporter de manière particulièrement discrète, continuer son lobbying politique, comme cela a été fait et développé ces dernières années, et se cantonner à quelques déclarations quand il ne peut pas faire autrement.

Le vrai test, c’est de savoir si oui ou non le déroulement des négociations engagées sur la pénibilité et l’emploi des seniors va déboucher sur des résultats concrets et palpables pour les salariés. Je ne vous cache pas que le suspens est limité, à en juger par les quelques déclarations que j’ai pu entendre à l’occasion de l’élection de Mme Parisot. Les orientations stratégiques du Medef ne semblent pas modifiées...

Fig Etes-vous prêt à un dialogue plus suivi, en dehors des négociations officielles, comme le souhaite Laurence Parisot ?

BERNARD THIBAULT Nous n’avons jamais refusé de discuter lorsqu’on nous l’a proposé. Le gouvernement comme le Medef ont plutôt refusé nos demandes.

Ce ne doit pas être pour faire de la figuration ou une opération médiatique. Ils contestent assez systématiquement la capacité des syndicats à pouvoir intervenir sur le terrain économique, considérant que, par définition, nous sommes là pour être les avocats de la revendication sociale. Comme si, dans notre vocation, nous n’avions pas conscience que le social et l’économique sont liés. Non seulement le terrain économique ne nous effraie pas, mais nous aimerions bien que cette prérogative nous soit reconnue, comme c’est le cas partout en Europe.

Nous avions souhaité, lors de notre entretien avec Dominique de Villepin, une réflexion sur les leviers d’action pour augmenter la croissance. Les mesures prises vont à l’encontre de cela.

Le gouvernement refuse d’examiner ses choix de fond dans la nature des dépenses et recettes de l’Etat. Nous contestons la poursuite effrénée d’allégements de charges au nom de l’emploi sans que soit discutée la nature des prélèvements opérés. Les impôts indirects augmentent au détriment des prélèvements plus équitables. De la même manière, les entreprises redistribuent plus facilement à leurs actionnaires qu’à leurs salariés ou pour l’investissement.

Je ne vois pas aujourd’hui, sans un rapport de forces conséquent, le gouvernement ou les organisations patronales satisfaire spontanément à un certain nombre de demandes syndicales.

Fig Au-delà des discussions déjà engagées sur la pénibilité au travail et l’emploi des seniors, une négociation d’importance vous attend à la fin de l’année sur l’assurance-chômage. Comment l’abordez-vous ?

BERNARD THIBAULT J’entends bien cette petite musique qui revient comme pour l’assurance-maladie lorsqu’on explique que les salariés sont trop dépensiers et qu’ils consomment trop de médicaments. L’argument est voisin à propos des chômeurs qui seraient trop fainéants et pas assez volontaires pour occuper les emplois quelles que soient les conditions.

Le gouvernement a pris pendant l’été un décret sur le contrôle des chômeurs qui officialise cette approche. Pour nous, ce sont des arguments fallacieux. Ce sera un autre rendez-vous à haut risque pour le gouvernement et le Medef.


Voici une sélection de communiqués de la confédération, reproduits sur Bellaciao : rubrique Syndicats

Patrice Bardet


Pour une mobilisation unitaire rapide et de grande ampleur

Carburants : exigez des mesures urgentes

Précarité : Bonjour le contrat d’activité réglementé

La Cgt attaque deux ordonnances devant le Conseil d’Etat

Laurence Parisot : "La liberté de penser s’arrête là où commence le Code du travail."

Du petit-lait pour le MEDEF

Conflit des salariés polonais : succès de l’action ; une suite s’impose

Communiqué CGT, décret contrôle chômeurs

Les Assedic se transforment en police

Logement : la Cnl et la Cgt envisagent des actions communes

Mais quelle est donc cette conception de la "concertation" ?

La nouvelle présidente du Medef est plus proche des objectifs d’Ernest-Antoine Seillière que des attentes des salariés

Bernard Thibault : plutôt que les PME, c’est l’emploi qualifié qu’il faut développer, Mauvais remède sur ordonnances

Dispositif du médecin traitant : il va aggraver l’inégalité d’accès aux soins

Développement des services à la personne : le leurre des 500 000 emplois

Ordonnances : le gouvernement n’entend rien, la mobilisation est necessaire

La situation financière du régime général confirme l’urgence d’une réforme du financement de la sécurité sociale

Le mépris, ça suffit ! Nous voulons des réponses à nos revendications

Contre la privatisation de Gaz de France, pour une maîtrise publique 100% du secteur de l’énergie

La CGT : discours de politique générale du gouvernement

Messages

  • ah ! Il est presque mignon avec les cheveux plus courts ! A part ça...

    • dans tout ce que tu viens de lire ,tu ne peux exprimer qu’une reaction vide de sens ou vide tout court , tu dois travailler seul , commercant , artisan , prof.liberale , ou alors tu es syndiqué a la cfdt , je crois que c’est ça , non ,

    • À part çà , nous espérons que tous les travailleurs (ouvriers, cadres, techniciens, employés, public, privé) de tous les syndicats ou pas, de tous les partis politiques ou pas, répondent à cet appel de mobilisation générale U N I T A I R E.

      Esteban

    • Pour faire une énorme grève d’un jour ...comme toujours....mais cette fois sans moi !

    • je ne sais pas si aujourd’hui beaucoup de salaries du public ou du privé pourraient tenir plus de trois ou quatre jours ,la rentrée des classes , la hausse de l’essence , ça pese encore plus sur les salaires modestes alors je crois qu’il faut rester calme meme si on a les boules .....

    • Rester calme ? Oui mais :

      En attendant que nos bas salaires remontent ?

      Et les « salaires » de nos enfants ?

      Et les sans emplois ?

      Et les allocataires du RMI ?

      Et les travailleurs au RMA ?

      Et…Et…

      Devons-nous toujours attendre ? Et jusqu’à quand ?
      Et que devons-nous attendre ? La bienveillance et la générosité de nos patrons ?

      Je sais les difficultés qu’engendrent les grèves. Mais notre seule force ne peut venir que de la réussite de notre grande mobilisation et de notre cohésion.

      Des millions de gens en grande difficulté sont d’accords que seule cette mobilisation pourrait nous sortir de l’ornière mais ils sont obligés de réfléchir avant de se lancer dans les mouvements et souvent malheureusement y renoncer.

      Il y en a pourtant d’autres millions qui peuvent faire les sacrifices indispensables, justement pour tous ceux qui ne peuvent pas les faire pour l’instant.

      Esteban

    • Lors des gréves en 2003 sur les retraites , on a vu la solidarité tout relative des agents SNCF , edf et ratp puisque leur régime spécial n’était pas menacé .Alors ce que dit Thibaut , ancien cheminot , c’est un peu du pipeau ...et en plus ça rime....c’est un bon slogan finalement !

    • Puisqu’au contraire, c’étaient les secteurs les plus en grève jusqu’au 15 mai.

      Avec un peu d’objectivité, vous devriez vous souvenir que le secteur privé s’est peu mobilisé, surtout après la trahison de la CFDT le 15 mai.

      Et vous pourriez aussi vous souvenir que les enseignants faisaient grève pour un autre motif.

      Dans ma boite, les militants SUD et FO ont très très peu fait grève (pour ne pas dire pas du tout), et le syndicat "autonome", majoritaire, soutenait que la réforme des retraites était "inéluctable" et ne concernait que le "public". En passant, ce syndicat "autonome" reprochait aussi au public de ne pas avoir bougé en 93 (mesures Balladur), alors qu’eux-même n’ont fait aucun appel à la grève ( c’était seulement "l’affaire" de la CGT : c’est donc la "faute" de la CGT si ces mesures sont passées !) . Je ne parlerai pas de SUD, puisqu’à cette époque, c’était la CFDT ( futur SUD en 98) qui venait de casser notre retraite complémentaire.

      Mais bien entendu, je suppose que vous étiez en 2003 en "grève illimitée" pour parler de cette façon ? Moi , j’y a perdu plus de 20 jours de salaire, pour entendre quelques non grévistes crier "grève générale" en juin !

      Mais peut-être qu’à la rentrée, vous vous mettrez en grève, comme moi et bien d’autres ? Pour que ça bouge enfin, ou vous vous contenterez de cracher votre mépris ?
      J’espère donc que vous serez avec nous !

      Patrice Bardet

    • Article paru dans l’humanité le 13 juin 2003
      De Philippe Jérome

      «  Deux cent mille manifestants hier, du Vieux-Port au Stade-Vélodrome, devant lequel s’est tenu un meeting avec les leaders nationaux de la CGT, de la FSU, de l’UNSA et de FO.

      Marseille,

      Marseille s’est affichée hier, un peu plus encore, en capitale de la contestation des projets gouvernementaux. Plus rebelle et populaire que jamais, la Cité phocéenne sans bus ni métro, où les sacs poubelle s’amoncellent pratiquement à chaque carrefour, a vécu l’une de ces journées historiques qui à l’instar de l’enfant du pays Gérard Aschiéri, secrétaire national de la FSU, rendait " fier d’être marseillais ". D’abord Marseille a connu, sous un soleil estival, le défilé revendicatif le plus puissant et le plus haut en couleurs de ce début de siècle (voir ci-après). Ensuite, les abords du Stade-Vélodrome, lieu mythique s’il en est pour tous les habitants des Bouches-du-Rhône, ont accueilli un meeting syndical unitaire de portée nationale, un événement auquel les salariés et les chômeurs n’étaient vraiment plus habitués.
      Sur le coup de midi, le mouvement social, il est vrai particulièrement costaud dans les Bouches-du-Rhône où depuis hier les raffineries de pétrole Shell sont bloquées, a donné de la voix en poussant volontiers l’Internationale et montré ses muscles. " Aux armes, aux armes, nous sommes les Marseillais et nous allons gagner ! " : un aveugle du genre Raffarin aurait compris que l’on se trouvait dans l’antre de l’OM lorsque Mireille Chessa, secrétaire générale de l’UD-CGT, juchée sur un car podium, s’exclama : " Nous sommes de quoi remplir au moins trois fois le Vélodrome ! " Un monumental pied de nez au maire de Marseille et vice-président de l’UMP, Jean Claude Gaudin, qui en avait refusé la location, ce qui faisait dire à Bernard Thibault : " Nous continuons le match contre le Paris faubourg Saint-Germain, et ce n’est pas M. Gaudin qui sifflera la fin de la partie ! "

      Bernard Thibault (CGT) : "Faisons encore bouillir la marmite "

      Particulièrement en verve, le secrétaire général de la CGT, poursuivant dans la métaphore sportive, a estimé que les manifestants devant lesquels il s’exprimait pouvaient faire leur la devise olympique " plus haut, plus loin, plus fort " et il les appelait, d’ailleurs en le chantonnant, à " faire bouillir la marmite car l’unité nous y invite ". Une fois de plus Bernard Thibault a expliqué pourquoi, selon la CGT, le projet Fillon était " ni juste, ni équitable ", et il a comparé la " réforme " Balladur de 1993 (dont le projet Fillon est le prolongement) à une arme à retardement de destruction massive du système de retraite par répartition. " Je suis prêt à le démontrer à l’occasion d’un débat public contradictoire télévisé ", a-t-il proposé en taxant de " gâchis " un projet gouvernemental qui est rejeté par les trois quarts des salariés. Souvent interrompu par des slogans incantatoires de militants FO en faveur de la " grève générale ", le leader de la CGT a répondu : " Si nous continuons le travail de conviction comme nous sommes en train de le faire en ce moment, peut-être cela arrivera-t-il ! " En attendant, il a demandé aux parlementaires actuellement en session de ne pas adopter une " loi irrecevable " et aux partis politiques de " considérer les syndicats comme des interlocuteurs incontournables ".

      Gérard Aschieri (FSU) : " Poursuivre et amplifier l’action face au front du refus "

      Prenant le relais, Gérard Aschieri, le secrétaire national de la FSU, devait lui aussi appeler à " poursuivre et amplifier l’action ". Estimant que la grève dans l’éducation nationale depuis plusieurs semaines avait provoqué " une fissure dans le front du refus (gouvernemental) ", il s’est exclamé, la foule lui faisant écho : " Avons-nous gagné ? Non ! y a-t-il des reculs du gouvernement ? Oui ! Sommes-nous satisfaits ? Non ! " En conséquence la FSU qui a fait preuve de responsabilité, tout particulièrement hier, premier jour des épreuves du bac, mais qui se refuse " à échanger un baril de décentralisation contre deux barils de retraite ", fait sien ce mot d’ordre : " Tous ensemble, on ne lâchera pas ! "

      Alain Olive (UNSA) : " Nous faisons le serment de continuer à nous battre pour gagner "

      Le leader national de l’UNSA, pour sa part, s’est inquiété de l’attitude ambiguë d’un gouvernement qui prône en paroles le " dialogue social " mais qui, dans la pratique, " met en lambeaux la démocratie sociale ". Pour lui, personne ne peut aujourd’hui se prévaloir d’un accord avec certaines organisations syndicales pour faire passer de force une loi " qui changerait le plomb en or ". Alain Olive est particulièrement préoccupé du sort des femmes qui travaillent à temps partiel et qui toucheraient " une retraite de misère " après 42 ans de cotisation. Il demandait à la foule qui se massait au pied du podium ou qui cherchait un peu d’ombre dans les allées du cours Michelet de faire " le serment de continuer à se battre pour gagner ".

      Marc Blondel (FO) : " Nous recommandons la grève générale "

      Sans note, mais connaissant bien la musique des prises de paroles semi improvisées, Marc Blondel à son tour s’échauffait les cordes vocales en stigmatisant l’attitude schizophrène de Jean-Claude Gaudin en vice-président autoritaire de l’UMP contredisant le bonhomme maire de Marseille. Mais le secrétaire général de FO, acclamé par ses partisans scandant de plus belle " grève générale ! ", voulait faire passer deux messages : " Si cela fait aussi longtemps que l’on se bat, c’est que cette affaire des retraites n’est pas une petite revendication mais induit un choix de société pour les vieux et ceux qui le deviendront, nous ne luttons pas pour conquérir quelque chose mais pour essayer de sauver ce que nous avons actuellement pour les quarante ans à venir ! " En vertu de l’importance d’un tel enjeu, " la commission exécutive de FO recommande la grève générale et propose aux autres syndicats de réfléchir à cette possibilité ".
      Si les autres villes de France continuent, comme Marseille, à " faire bouillir la marmite ", qui sait ce qui peut arriver dans les prochains jours ? »

      ET QU’EST-IL ARRIVÉ ?

      Le lendemain même 14 juin 2003, Alors que le bel effet d’annonce de Blondel résonnait encore dans les têtes, le syndicat FO majoritaire à la municipalité de Marseille appelait les éboueurs de la citée phocéenne à reprendre le travail. Bien évidemment avec l’échappatoire : Accuser [pour la première fois] la CGT d’être minimaliste. Moi qui avait toujours entendu le contraire.

      On croît rêver

      Certains aimeraient que LE SYNDICAT CGT avec ses militants, adhérents et sympathisants, disparaisse. Venant du patronat quoi de plus normal mais venant de certains travailleurs, que leur apporterait ce plaisir ?

      Esteban

    • Je ne vois pas pourquoi le privé aurait du faire grève pour défendre les retraites du public ( souvenir de 1995 , merci les fonctionnaires de votre soutien )

      De plus , je maintiens que la SNCF , edf et la ratp n’ont pas été trés actif (c’est eux qui maintenant en raison de leur pouvoir de blocage tiennent la clé , mais le gvt le sait bien et ne leur fait pas trop de mal )

    • Si tu fais allusion à la "réforme" (sic) des retraites du privé, c’était en 1993 et non 1995.

      Mais il est vrai que ta pensée est bien confuse...Cherche le mot "solidarité" dans un dico, ça t’aidera à "voir". Une fois ta tâche accomplie, regarde à "luttes de classe". Tu comprendras que la masse des fonctionnaires est manipulée par des syndicats qui ont d’autres objectifs que défendre les salariés...mais peut-être cette masse est en train de prendre conscience de cela.

    • Réponse un peu méprisante et trop généraliste ....décevant, copie à revoir vous auriez dit !

  • "Nous n’avons jamais refusé de discuter lorsqu’on nous l’a proposé"...

    Le temps présent est le temps de la précarisation généralisée, et des luttes qu’elle nous oblige à construire. Si Thibault veut encore discutailler (et apparemment, il aime ça), il faut déposer Thibault.

    • Il faut tout lire :

      "Fig : Une rentrée différente aussi pour vous, puisque la CGT tient son congrès en début d’année prochaine. Cela vous pousse-t-il à durcir le ton à l’égard du gouverne ment ?

      BERNARD THIBAULT : On risque de beaucoup entendre cet argument classique pour éviter de traiter les problèmes de fond. La CGT a été à l’origine de beaucoup d’initiatives unitaires dès la fin 2004. Mais nous avons été trop longtemps seuls. Jusqu’au 10 mars, où l’unité d’action syndicale a donné un tonus supplémentaire à la mobilisation. Mobiliser, être sur le terrain, manifester, revendiquer et obtenir des avancées pour les salariés par la négociation, ça n’est pas nouveau pour la CGT, congrès en perspective ou pas."

      Si Thibault discute que font les autres (voir ci-dessus).

      Esteban

    •  ???

      Quels sont les indicateurs (textes, actions, déclarations) qui peuvent attester de cela ?

      Esteban

  • la grève est un moment de la lutte, elle est une démonstration d’unité, elle permet d’instaurer un rapport de force pour les négociations. Depuis plusieurs décennies elle est surtout synonyme de défaite, de d’espoirs et de trahissons. Quand les grandes manoeuvres ne donne rien il temps de passer à la guérilla. Le sabotage permet de s’attaquer aux finances du patronat, avec panache ou dans l’ombre il redonne de l’espoir aux salariéEs, il fait trembler les dirigeants, ce n’est plus les travailleurs qui perde de l’argent mais les caisses des entreprises. Il rend les salariéEs autonomes qui par petit groupe peuvent facilement se faire plaisir tout en s’attaquant au nerf de la guerre.
    Sabotons sabotons pour pas un rond...
    Emile Pouget