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Sur les raisons de notre présence sur la rocade ce matin [1]
Le mouvement n’est plus un surgissement de colère sans lendemain, il  
est le cours pris collectivement par des milliers de vies, à Rennes  
et ailleurs. Nous avons constitué dans l’urgence un front commun  
contre le CPE-CNE, la loi sur l’égalité des chances, et de la  
solidarité mal dégrossie de ce front s’est dégagée, affinée, une  
communauté de lutte, plus déterminée encore. Une communauté politique  
peu sensible aux bruits de couloirs ministériels sur « l’aménagement  
 » du CPE, indifférente aux tractations et manœuvres présentes et à  
venir entre gouvernants et directions syndicales qui depuis longtemps  
ne représentent plus rien. Ceux qui appelleraient à l’arrêt de la  
grève sans que nous obtenions au moins ce que demande les assemblées  
générales passeraient immanquablement pour des traîtres. On ne peut  
plus négocier impunément.
Le mouvement par lequel, avant la grève, nous allions du hall B à la  
gare, au Colombier, aux boîtes d’intérim d’Henri Fréville, était  
celui de notre sollicitation subjective permanente par le capital :  
la mobilité d’une force de travail occupée à s’entretenir,  
s’optimiser, s’auto-exploiter ; aujourd’hui, nos piquets de grève  
interrompent tout, circulation des marchandises, paisible socialité  
désincarnée des centre-ville et spectacles culturels corollaires,  
tragique banalité du contrôle social et de l’exploitation.
Nous continuons sous des formes variées, une offensive ininterrompue  
contre les dispositifs de l’ennemi. Parmi ceux-ci, on rencontre la  
classique opération de division entre « casseurs » et « manifestants  
pacifiques ». A l’heure où le gouvernement ne cache plus sa volonté  
d’anéantir, comme en novembre, le mouvement par des vagues massives  
d’arrestations et de condamnations, il est plus que jamais nécessaire  
de rappeler, par delà l’hétérogénéité certaine de ses expressions,  
l’exigence d’unité du mouvement contre ceux qui veulent l’étouffer.
Mesurons dès maintenant qu’il n’y aura de grève générale que malgré  
les directions syndicales ; celles là n’en veulent pas, parce que la  
grève générale, c’est la fin des négociations, et donc des  
négociateurs. Cessons de nous contenter des interpros qui ne sont que  
des intersyndicales, de la distribution aux portes des usines de  
tracts qui se contentent d’informer sur notre mouvement et d’appeler  
abstraitement à une « mobilisation » sans contenus ni perspectives.  
Ce qu’attendent nombre de précaires et de salariés pour nous  
rejoindre, c’est que nous nous donnions les moyens de provoquer une  
crise majeure du régime, et par delà le retrait ou non du CPE, de  
renouer avec la puissance révolutionnaire du mouvement ouvrier, qui  
lui permettait d’imposer à la bourgeoisie des reculs successifs et  
durables. Cette fois-ci pourtant, le bocage de l’économie,  
l’interruption des flux de marchandises ne sera pas la conséquence,  
mais le préalable de la grève générale. Il s’agit pour nous de rendre  
sensible, par la généralisation du blocage, la possibilité pour tout  
un chacun de s’arrêter, de ne pas aller travailler. De rendre  
tangible la possibilité révolutionnaire contenue dans le mouvement,  
comme une proposition adressée à tous, d’y participer ou non.
La grève générale, ça n’est pas défiler à deux ou trois millions une  
fois par semaine, c’est la situation où en tous lieux, comme à  
Villejean, l’autorité des patrons est destituée, où en tous lieux  
s’affirme la commune comme processus d’indistinction entre vie et  
lutte collective, se substituant à la poursuite de l’activité  
économique. Le mouvement, chacun le perçoit, va bien au delà de  
contester un certain type de contrat, demander des créations  
d’emplois ou défendre tel ou tel secteur d’emplois menacé de  
disparaître, pour la simple raison que ceux qui le composent  
s’emploient à renverser un ordre qui borne l’horizon existentiel de  
chacun à ce triste sort : « trouver un emploi ».
Quel que soit le devenir du mouvement, il nous aura appris que la  
première exigence pour qui veut constituer une force politique est de  
fonder la question de la subsistance matérielle et affective comme  
question collective, et non comme un point de faiblesse par lequel  
nous serions perpétuellement acculés, chacun, isolément, à se vendre  
à un employeur, à retourner à sa vie privée. Il nous faudra nous  
employer aussi à ce que le travail, l’argent, les biens et denrées  
circulent dans le mouvement de manière à ce que nous soyons  
pleinement disponibles à ce que la situation exige de nous. Il n’y a,  
assurément, rien de mieux à faire que s’organiser en vue de  
confrontations d’une autre envergure.
Enfin, à ceux qui veulent nous distraire avec des questions du type « 
Et par quoi remplaceriez vous ce capitalisme que vous détestez tant ?  
 », enjoignons les à regarder mieux, à voir que nous le dissolvons dès  
maintenant comme réalité éthique, en nous, parmi nous, et que nous  
n’aurons de cesse qu’il en soit ainsi partout. L’alternative est ici  
même.
Rennes, le 29 Mars 2006.
[1] Tract diffusé le 29 mars à Rennes





Messages
1. > Blocage général !, 30 mars 2006, 15:57
Comment joindre les salariés au mouvement ?
Avec quelques collègues nous sommes de toutes les manifestations à Rennes mais nous cherchons à nous joindre aux actions de blocage.
Les étudiants doivent comprendre la difficulté pour les salariés harcelés, de se joindre à eux, pour ma part avec un salaire de 1000 euros et un loyer de 530 euros alors que ma femme accouche bientôt, il est clair que les 3 jours de grève vont peser lourd sur le budget.
Mais je pars du principe que d’être dans la merde le 25 du mois ou le 20 ça revient au même.
MARRE DE CE SYSTEME CORROMPU QUI NE VA QUE DANS LE SENS DE LA FINANCE.
En dehors des manifestations "officielles" qui nous permettent de débrayer et de prendre la rue, nous sommes las des syndicats incompétents qui tentent de tirer partie de cette véritable prise de conscience collective.
RAS LE BOL D’ETRE ETRANGLES ET CONDITIONNES, AGRESSE PAR LA PUB LOBOTOMISANTE ET LES MEDIA AUX ORDRES, GAZES PAR DES FORCES DE REPRESSION IMBECILES ET SAUVAGES
NOUS VOULONS UN AUTRE SYSTEME, basé sur l’individu et l’espoir, sur une répartition équitable des richesses, sur une reconnaissance de nos valeurs de liberté et de fraternité.
Poussés à bout par des gouvernants, eux meme gouvernés par des groupes de pression ultra libéraux, certains éléments du groupe souhaitent passer à des actions plus offensives
Jusqu’où ces enculés nous pousseront ils ?
DEFENESTRONS LES PATRONS VOYOUS ET LEURS CHIENS DE GARDE !!!
Faut il se rendre après le boulot dans les facs pour se joindre aux mouvements ? serons nous accueillis favorablement vu que nous participons tout de meme au système ?
Nous avons en tous cas des idées et des expériences à partager.
IL EST 15H55 et j’entends encore des sirènes de flics dans la rue...
François de rennes
membre du collectif ON A FAIM 35
des post sont dispo sur indymedia paris
ON EST PAS FATIGUES !!!!!!!!