Accueil > Bobigny : Le maire Bernard Birsinger, et sa première adjointe , Catherine (…)

Bobigny : Le maire Bernard Birsinger, et sa première adjointe , Catherine Peyge, ne seront pas suspendus

Publie le dimanche 21 novembre 2004 par Open-Publishing


La manoeuvre politicienne s’effondre

Le maire communiste Bernard Birsinger, et sa première adjointe , Catherine Peyge, en charge de la jeunesse, ne seront pas suspendus.

de C. P.

C’est une victoire. Le maire communiste de Bobigny, Bernard Birsinger, et sa première adjointe, Catherine Peyge, en charge de la jeunesse, ne sont plus désormais visés par la procédure de suspension administrative lancée contre eux voilà un mois par le ministère de l’Intérieur, via le préfet du département de Seine-Saint-Denis, en raison des paroles d’un CD de rap distribué par la ville à ses collégiens.

« Nous rentrons enfin dans le cadre du droit », s’est réjoui Bernard Birsinger, hier, lors d’une conférence de presse à laquelle était venu se joindre un public nombreux. « Cette décision est bien la preuve qu’il s’agissait de manoeuvre politicienne visant un élu, connu pour sa proximité avec la jeunesse, pour sa pugnacité à défendre les plus faibles, comme il l’a prouvé avec les arrêtés anti-expulsion ou contre les coupures d’électricité », a estimé le PCF dans un communiqué.

L’affaire, rappelons-le, avait débuté mi-octobre par les dénonciations de Jean-Christophe Lagarde, député UDF et maire de Drancy, et celles de deux syndicats de police, Alliance et Synergies Officiers, réputés proche de l’ancien ministre de l’Intérieur. Ils soutenaient que le CD distribué aux collégiens de Bobigny contenait des « propos injurieux à l’encontre des policiers, des propos dangereux qui peuvent être considérés comme des appels à la haine raciale et à la violence ». Cette interprétation, fondée sur une lecture partiale des « lyrics » (paroles, selon la terminologie rap) sorties de leur contexte, avait été reprise telle quelle par le ministère de l’Intérieur, qui avait alors lancé une procédure de suspension administrative. Pourtant, tempérait, il y a quelques jours dans nos colonnes, Gérard Noulé, du Syndicat national des policiers en tenue (SNPT), « si le contenu du CD a un peu dérapé, il faut faire le distinguo entre une incitation à la haine et ce qui a fini par être comme un délit d’opinion, parce que des gens ne pensent pas comme les tenants de la pensée politiquement correcte ».

L’inquiétude demeure cependant. Si le maire et son adjointe ne sont pas poursuivis, le préfet sur le départ - Michel Sappin vient d’être nommé préfet de la région Picardie, préfet de la Somme - envisage de proposer au ministre de l’Intérieur le dépôt d’une plainte à l’encontre de l’éditeur et des auteurs des textes incriminés. Sur quelles bases ? Nul ne le sait encore, et il se pourrait bien que cette nouvelle tentative d’intimidation ne fasse aussi « pschitt » après le réquisitoire rendu récemment dans un procès impliquant un des chanteurs du groupe La Rumeur dans une affaire similaire. Nanou, auteur d’un des textes du CD, estime qu’il « n’y a absolument rien d’outrageant dans le CD », et se dit « prêt à continuer à se battre », assuré du soutien de la municipalité et des institutions ayant porté le projet.

Bernard Birsinger souhaite donner « un prolongement citoyen à cette affaire » en mettant sur pied « un espace de rencontre, d’échange entre les citoyens de tous âges, les membres de la police et de la justice qui le souhaitent, les élus et les établissements scolaires intéressés ». Ce serait, précise le maire de Bobigny, « un espace de dialogue où chacun pourrait apprendre à se connaître, à connaître la réalité de la vie de l’autre, à faire part de ses questionnements, de ses vexations, de ses recherches de dignité et de respect ». Une vision du « vivre ensemble » bien éloignée de celle portée par les auteurs de cette manipulation.

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-11-18/2004-11-18-450149