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Bolloré trappe un article gênant pour la police dans Matin Plus

Publie le lundi 4 juin 2007 par Open-Publishing
1 commentaire

Bolloré trappe un article gênant pour la police dans Matin Plus (cf rue 89)
Par Julien Martin (Rue89) 12H53 04/06/2007

Après Lagardère, au tour de Bolloré de jouer les censeurs. Le propriétaire du quotidien gratuit Matin Plus a refusé de publier un article issu de Courrier International relatant les déboires de musiciens hongrois avec la police à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Motif : "On ne peut pas parler de la sorte de la police française !" Une injonction qu’aurait intimée Vincent Bolloré en personne, à lire le blog d’Alexandre Lévy, chef du service Europe de l’Est de l’hebdomadaire.

Jointe vendredi par Rue89, la direction de la rédaction de Matin Plus a d’abord fait semblant de ne pas être au courant de l’affaire, avant de promettre de rappeler plus tard. Son coup de téléphone se fait toujours attendre... Les responsables du Monde (auquel appartient Courrier International) en charge des relations entre le quotidien du soir et le gratuit n’ont pas non plus retourné nos multiples appels.

Les syndicats de Courrier International, eux, se sont fendus d’un communiqué pour faire part de leur indignation après "la censure par le gratuit Matin Plus d’un article fourni, en application d’un accord entre les publications, par la rédaction de Courrier International pour parution dans l’édition du vendredi 25 mai du quotidien Matin Plus". L’intersyndicale demande à la direction de l’hebdomadaire et à celle du groupe Le Monde de "faire respecter la liberté d’expression et l’indépendance éditoriale, correspondant aux principes de la profession, du groupe et du titre."

L’article en question a été rédigé par un ancien consul hongrois à Paris, dans les colonnes du quotidien hongrois Magyar Hírlap. Traduit et édité par la rédaction de Courrier International, il a ensuite été publié sur le site de l’hebdomadaire, avant d’être envoyé pour publication à Matin Plus. Or, vendredi 25 mai, jour de parution prévu, une publicité paraît en lieu et place de l’article. Les discussions reprennent entre les responsables de Courrier International et de Matin Plus, et une nouvelle date de parution est fixée : mardi 29 mai. En vain : l’article ne sort toujours pas.

"D’après ce que m’ont dit mes sources à l’intérieur du gratuit, il ne sera pas publié, précise Alexandre Lévy à Rue89. C’est Vincent Bolloré lui-même qui aurait pris cette décision. Les responsables du Monde et de Courrier International sont visiblement très gênés." Puis de se désoler : "Je suis vraiment très étonné, j’avais beaucoup de mal à imaginer cela."

Pour le journaliste de l’hebdomadaire, l’intérêt de ce papier est qu’on pose rarement des problèmes à ceux qui repartent dans leur pays. La mésaventure du groupe Romengo -vainqueur de la Star Ac’ hongroise-, commence au retour d’un concert à Sablé-sur-Sarthe, peu avant d’embarquer pour Budapest. "Les policiers trouvent l’un des étuis de guitare suspect, retiennent les musiciens, font attendre pendant des heures les autres passagers de l’avion. La fouille s’éternise, on passe à des interrogatoires laborieux, puis subitement les policiers disparaissent, sans donner plus d’explications. Lorsque les musiciens montent enfin dans l’avion, c’est le commandant de bord qui, d’autorité, leur interdit de prendre son vol. Les Roms passent la nuit à l’aéroport et ne repartent que le lendemain sur un autre vol vers Budapest, où ils ne manquent pas de raconter leurs péripéties à la presse", raconte sur son blog Alexandre Lévy, qui a recueilli depuis de nouveaux témoignages des musiciens allant dans le même sens. Musiciens qui entendraient déposer plainte.

Messages

  • L’intersyndicale demande à la direction de l’hebdomadaire et à celle du groupe Le Monde de "faire respecter la liberté d’expression et l’indépendance éditoriale, correspondant aux principes de la profession, du groupe et du titre."

    C’est qu’un début, mes pauvres !!! Les citoyens hypersensibles vous avaient pourtant prévenus, ainsi que les partis de gauche. Vous n’avez pas écouté, vous verrez alors comme c’est "marrant" de faire du journalisme à la mode NS, mais il n’y aura plus personne pour vous soutenir. C’est la mort du journalisme.