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Brèves des luttes sociales dans le monde du 26 janvier au 1er février
Publie le mercredi 2 février 2011 par Open-Publishing2 commentaires
Brèves des luttes sociales dans le monde du 26 janvier au 1er février
Égypte, Tunisie, Yémen, Jordanie, Soudan, Albanie, Algérie mais aussi Maroc, Syrie, Mali, France, Espagne, Chypre, Ontario…
Ces informations sont issues des mass médias, à prendre avec des pincettes donc… Fort heureusement, la liste qui suit n’est pas exhaustive !
26 janvier – Égypte : Occupée toute la nuit par les manifestants, la place de Tahrir, au Caire, est évacuée par les forces de l’ordre au petit matin. 700 personnes ont été arrêtées lors des manifestations la veille. Les réseaux téléphoniques, les sites Facebook et Twitter sont notamment bloqués. Le ministère de l’intérieur déclare qu’« aucun acte de provocation, rassemblement de protestation, marche ou manifestation ne sera permis ». À Suez, à Alexandrie, à Gharbia, à Giza et au Caire (notamment devant le ministère des affaires étrangères), nouvelles manifestations et nouveaux heurts avec les policiers : 500 nouvelles arrestations. Les locaux du PND, parti au pouvoir, sont attaqués au cocktail molotov. Pillages de magasins.
26 janvier – Tunisie : À Tunis, après avoir forcé un premier barrage, arrachant les barbelés à mains nus, un groupe de manifestants tentent de forcer un second barrage bloquant l’accès à l’esplanade où se situent les bureaux du premier ministre. Ils viennent ravitailler des centaines de manifestants qui y campent depuis trois nuits. La police anti-émeute cherche à les repousser à coups de gaz lacrymo, des pierres sont lancées en réponse. À Sfax, des milliers de travailleurs de tous les secteurs débrayent, répondant à l’appel à la grève lancée par le syndicat UGTT. Une manifestation y a réuni plus de 50’000 personnes.
26 janvier – Mali : Manifestation contre les expulsions et les politiques migratoires rassemblant plus de 200 personnes devant l’ambassade de France à Bamako. Matraquage et tirs tendus de grenades lacrymos, quelques jets de pierre en réponse.
27 janvier – Égypte : Échanges de pierres contre lacrymogènes à Ismaïlya (nord-est). À Suez, les manifestants rassemblés devant le poste de police pour réclamer la libération des personnes arrêtées ont affrontés balles de caoutchouc, canons à eaux et grenades lacrymo. Les manifestants ripostent notament à coups de cocktail molotov et brûlent différents bâtiments publics (dont une caserne de pompiers). Dans le Sinaï, la police est ciblée par des tirs de roquette.
27 janvier – Tunisie : À Tunis, le siège des bureaux du Premier ministre, sur l’esplanade de la Casbah, se poursuit. Grève générale à Sidi Bouzid et manifestation aux cris de « non au vol de la révolution ! »
27 janvier – Yémen : Quatre manifestations anti-gouvernementales réunissant plus de 16’000 manifestants sont organisées simultanément dans la capitale Sanaa : « l’heure du changement a sonné ». Quatre contre-manifestations ont été organisées par le parti au gouvernement : « Ne faites pas tomber la démocratie et la Constitution », pouvait-on lire sur l’une des pancartes. Les forces anti-émeute sont restées à distance, protégeant les bâtiments abritant les ministères.
27 janvier – France : Poursuite du mouvement de grèves tournantes dans les ports et docks de France, la CGT accuse le gouvernement et le patronat de remettre en cause les accords d’octobre sur la pénibilité (et le départ à la retraite). Une organisation patronale de Brest dénonce « une prise d’otage » des entreprises.
27 janvier – Suisse : En plein forum économique à Davos, explosion dans un sous-sol d’hôtel. Dans un communiqué, un groupe baptisé Perspective révolutionnaire revendique les faits : « Notre combat contre la dictature du capital est axé sur une alternative sociale au capitalisme : le communisme. »
27 janvier – Espagne : Manifestations dans une trentaine de villes à l’appel de syndicats minoritaires contre le projet de réforme des retraites qui prévoit le départ à 67 ans. Heurts au pays Basque et à Madrid où 8 policiers auraient été blessés.
28 janvier – Égypte : Depuis 1h du matin, les réseaux Internet et téléphonie mobile sont coupés presque complètement. Au Caire, la police et l’armée quadrillent la ville. Des manifestations se déroulent dans tout le pays. À Alexandrie, les émeutiers mettent le feu au gouvernorat. Au Caire, ce sont le siège du parti au pouvoir (le PND) et des comissariats qui brûlent. Les quartiers du Parlement et de garden city (ambassades, sièges sociaux d’entreprises…) sont également en partie en feu. Des manifestants ont fait irruption au siège de la télévision publique qui sera vite repris. Un couvre-feu est déclaré à Suez, Alexandrie et au Caire mais n’est pas respecté par les manifestants. Pillages et incendies toute la nuit.
28 janvier – Tunisie : Rassemblement de solidarité devant l’ambassade égyptienne. Poursuite du siège de la Kasbah jusqu’à l’arrivée des unités anti-émeute qui délogent les manifestants à coups de lacrymos (vs pierres, bien entendu !) pendant qu’avocats et syndicalistes tentaient de convaincre de lever le siège. Le gouvernement dément avoir donné l’ordre de faire évacuer la place. Les manifestants prennent l’avenue Bourguiba, principale artère de la ville de Tunis, survolée et surveillée par l’armée et vite envahie par les gaz lacrymo.
28 janvier – Jordanie : Plusieurs milliers de manifestants à Amman, Irbid, Karak, Ma’an et Diban, pour lutter contre la vie chère et dénoncer la politique économique du gouvernement.
28 janvier – Albanie : 200’000 personnes manifestent à Tirana pour réclamer la fin du régime.
29 janvier – Égypte : Malgré la démission du gouvernement, manifestations et émeutes se poursuivent au Caire, notamment au pied du ministère de l’intérieur. Un magasin Carrefour, comme d’autres commerces, sont pillés. À Rafah, au Sinaï, à la frontière avec la bande de Gaza, le siège de la sûreté de l’État est attaqué, notament avec des grenades, durant des affrontements où la police tire à balles réelles comme à Alexandrie ou plusieurs bâtiments gouvernementaux sont en feu. Selon les services de l’État, 60% des postes de police du pays ont été incendiés, dont 17 au Caire. Dans la ville d’Ismaïliya, sur le canal de Suez, des heurts violents opposent les forces de l’ordre et des milliers de manifestants. Moubarak nomme un militaire (ancien ministre de l’aviation) comme nouveau premier-ministre et le chef du renseignement comme vice-président.
29 janvier - France : À Paris, comme dans de nombreux endroits dans le monde (Londres, Barcelone, Washington, New York, Tokyo, Athènes, Rome, Helsinki, Beyrouth, Amman, Caracas…), manifestations de soutien au peuple égyptien. La police française procède à la vérification d’identité de plus d’une centaine de personnes.
29 janvier – Tunisie : L’esplanade de la Kasbah est bouclée par les militaires. Le calme semble être revenu au dire des mass medias… Quelques tirs de lacrymos pour disperser « des jeunes qui s’en prennent à des magasins ». Une manifestation réunit des centaines de femmes pour défendre leur émancipation. Au cours du sommet économique de Davos, les représentants tunisiens réclament le retour des investisseurs et des touristes…
28 janvier – Chypre : Participation élevée à la grève générale contre les mesures d’austérité qui remettent en cause le droit du travail.
29 janvier – Algérie : Plus de 10.000 personnes manifestent à Béjaïa, en Kabylie, pour réclamer la levée de l’état d’urgence (en vigueur depuis 19 ans) et un changement de régime.
30 janvier – Égypte : Effondrement des bourses arabes. Mutinerie et évasion de plus d’un milliers de détenus de la prison de Wadi Natroun, à 100 km au nord du Caire. Devant la prison d’Abou Zaabal, à l’est du Caire, 12 corps de prisonniers ont été trouvés alors que tous les autres détenus se seraient évadés après une émeute. Des scènes similaires se seraient produites dans au moins 4 autres taules du pays. Pillages au musée du Caire. La chaîne Al Jazeera, qui couvrait les manifestations, ne diffuse plus, suite à un ordre du gouvernement. Premiers affrontements avec les militaires qui jusqu’alors ne s’étaient pas encore montrés hostiles aux manifestants. La place centrale du Caire (Tahrir) est à nouveau noire de monde. Des avions de combat surveillent la foule. Plusieurs milliers de manifestants décident de passer la nuit sur la place.
30 janvier – Soudan : Manifestation (essentiellement de jeunes) à Khartoum contre les prix élevés et le régime de Béchir. Des pierres volent sur les flics qui répliquent à coups de bâton et procèdent à plusieurs arrestations avec l’aide d’étudiants proches du pouvoir. Manif sévèrement réprimée d’étudiants qui réclament la révolution à El Obeid (nord du pays). Rassemblement également à Omdurman où un manifestant mourra des suites de ses blessures le lendemain.
30 janvier – Maroc : Manifestations à Fès et à Tanger à l’appel d’Attac Maroc contre la hausse des prix mais aussi pour saluer les peuples égyptiens et tunisiens, demander le départ du roi, réclamer un toit et une vie décente pour tous. Dispersion violente par la police.
30 janvier – Syrie : Rassemblement de jeunes devant l’ambassade d’Égypte à Damas empêché par les forces de l’ordre.
31 janvier – Égypte : Retour de la police dans les rues. L’OPEP annonce un risque de pénurie de pétrole. Début de grève générale. Au Caire, la place Tahrir est à nouveau noire de monde toute la journée et malgré le couvre-feu. Certaines pancartes dénoncent « l’hypocrisie de l’Occident ». Le nouveau premier ministre forme un nouveau gouvernement : un général de la police est nommé au ministère de l’intérieur. L’armée annonce qu’elle n’utilisera pas la force contre les manifestants mais arrête « voyous » et « saboteurs ».
31 janvier – Tunisie : Rassemblement de jeunes violemment dispersé à Tunis dont les rues sont plutôt calmes depuis le 29. Grève générale à Kasserine. Là-bas, la sous-préfecture et d’autres bâtiments officiels sont pillés et saccagés (maison des jeunes, office de l’élevage, institut d’études technologiques…). Le syndicat UGTT se dissocie, y compris de l’appel à la grève, lancée par tract anonyme. D’autres actes de sabotage à Sfax et Mahdia.
31 janvier – Ontario : Manifestation de plus de 10.000 personnes pour soutenir les travailleurs métallos lockoutés par US Steel qui veut saborder leur régime de retraites.
1er février – Égypte : L’ONU parle de 300 morts depuis le début du soulèvement. Manifestation à Louxor, plus de 250.000 personnes rassemblées à Suez, plus de 100.000 à Alexandrie et plus d’un million de personnes au Caire. Des civils armés de bâton veillent à éviter « les débordements ». Flics et soldats fouillent et contrôlent l’identité de manifestants qui rejoignent la place Tahrir. La foule est contenue dans la place par les militaires qui par ailleurs veillent sur le palais présidentiel, protégé par des barbelés. L’opposition, le FMI et la diplomatie mondiale préparent la transition…
1er février – Algérie : Grève dans les secteurs de la santé et de l’enseignement sur des revendications portant essentiellement sur les salaires.
À suivre… :
Algérie : Appel des chômeurs à une manifestation pour le 6 février malgré l’interdiction de toute marche dans les rues d’Alger proclamé suite à l’appel à mobilisation lancée pour le 12 février par une coordination née pendant les émeutes de janvier, afin de réclamer la levée de l’état d’urgence et le départ du régime.
Syrie : Appel à manifester pour vendredi 4 février contre « la monocratie, la corruption et la tyrannie » lancé sur Facebook…
France : Les syndicats de dockers menacent de durcir la grève en cas d’échec des négociations prévues demain au siège de l’Union des ports de France.
La Révolution sera internationale ou ne sera pas !
Messages
1. Brèves des luttes sociales dans le monde du 26 janvier au 1er février , 2 février 2011, 13:08, par roy
Sans oublier l’Islande
Objet : Révolution pacifique en Islande, black-out des Médias
> > > > Aussi incroyable que cela puisse paraître, une véritable révolution démocratique et anticapitaliste a lieu en Islande en ce moment même, et personne n’en parle, aucun média ne relaie l’information, vous n’en trouverez presque pas trace sur « google » : bref, le black-out total …
> > > > Pourtant, la nature des évènements en cours en Islande est sidérante : un Peuple qui chasse la droite au pouvoir en assiégeant pacifiquement le palais présidentiel, une « gauche » libérale de remplacement elle aussi évincée des « responsabilités » parce qu’elle entendait mener la même politique que la droite, un référendum imposé par le Peuple pour déterminer s’il fallait rembourser ou pas les banques capitalistes qui ont plongé par leur irresponsabilité le pays dans la crise, une victoire à 93% imposant le non-remboursement des banques, une nationalisation des banques, et, point d’orgue de ce processus par bien des aspects « révolutionnaire » : l’élection d’une assemblée constituante le 27 novembre 2010, chargée d’écrire les nouvelles lois fondamentales qui traduiront dorénavant la colère populaire contre le capitalisme, et les aspirations du Peuple à une autre société.
Alors que gronde dans l’Europe entière la colère des Peuples pris à la gorge par le rouleau-compresseur capitaliste, l’actualité nous dévoile un autre possible, une histoire en marche susceptible de briser bien des certitudes, et surtout de donner aux luttes qui enflamment l’Europe une perspective : la reconquête démocratique et populaire du pouvoir, au service de la population.
> > Plus bas, vous trouverez deux articles traitant de cette révolution en marche, à faire circuler le plus largement possible, puisqu’on ne doit compter sur aucun média pour le faire à notre place.
> > http://www.cadtm.org/Quand-l-Islande-reinvente-la
> > Depuis le samedi 27 novembre, l’Islande dispose d’une Assemblée constituante composée de 25 simples citoyens élus par leurs pairs. Son but : réécrire entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la crise financière qui, en 2008, a frappé le pays de plein fouet.
> > Depuis cette crise dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire. Les élections législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche formée de l’Alliance (groupement de partis composé des sociaux-démocrates, de féministes et d’ex-communistes) et du Mouvement des Verts de gauche. C’était une première pour l’Islande, tout comme la nomination d’une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier ministre.
> > http://www.parisseveille.info/quand-l-islande-reinvente-la,2643.html
2. Brèves des luttes sociales dans le monde du 26 janvier au 1er février , 2 février 2011, 13:25
02/02/2011
Egypte : Nous sommes en enfer
Le Caire, 2 février 2011. Il est 23h00 environ quand le président Hosni Moubarak prononce les dernières paroles d’une allocution télévisée dont les conséquences seront tragiques. Il annonce que la situation est grave, qu’il a entendu et compris les demandes du peuple, qu’il restera au pouvoir jusqu’à la fin de son mandat (septembre 2011), qu’il ne se représentera pas et qu’il mourra en terre d’Egypte.
Jusqu’à 23h00, le 1er février fut le plus beau jour de nos vies. Trois mots pour décrire le sentiment qui habite le cœur de tous les manifestants : liberté, égalité, fraternité.
Nous sommes privés d’Aljazeera en arabe depuis le 1er février et ce sont des appels de l’étranger qui nous préviennent du retour de la terreur à Alexandrie, au Caire et à Port Saïd. Des hommes de main du gouvernement, munis d’armes à feu, de bâtons et d’armes blanches se sont infiltrés dans les manifestations. A Alexandrie, l’armée présente sur les lieux pour assurer la protection des manifestants tente de s’interposer sans succès. Les coups de feu dissuasifs de l’armée n’ont aucun effet. L’armée se retire de la scène. Les hommes de main tirent sur les manifestants. Il y a des blessés, des morts, mais leur nombre reste encore inconnu.
Au même moment, dans les quartiers du Caire, les hommes et les adolescents qui assurent la sécurité et la propreté des quartiers sont ramassés de force par des hommes de main à bord de minibus banalisés.
Des coups de fils nous proviennent de toutes parts de nos amis qui habitent dans des zones isolées. Le compound de Wadi El Nakhil est attaqué à l’arme automatique par des hommes à bord d’une ambulance.
Vers 0h00, 1000 à 2000 hommes de main quittent Madinet Nasr, dans la périphérie du Caire, en direction de la place Tahrir. En chemin, des heurts violents avec les comités de sécurité populaires.
La télévision d’état poursuit une campagne de désinformation massive sans précédent. Des manifestations pro-Moubarak sont mises en scène. Les slogans révolutionnaires sont détournés un à un à la faveur du président. La dernière allocution du président Obama demandant à Moubarak de quitter le pouvoir sur le champ est diffusée et traduite sur la BBC en arabe.
La télévision égyptienne d’état dit tout simplement : La traduction que vous avez entendue était fausse et mensongère. Obama n’a nullement demandé le départ immédiat du président Moubarak.
Les manipulations et la cruauté sans borne de ce régime sont, semble t-il, comprises du monde entier. La BBC a annoncé hier soir la mort de 300 égyptiens depuis mardi 25 janvier. Pour nous qui sommes sur place ce chiffre est très clairement sous-estimé et grimpe, heure après heure, en toute discrétion.
Le retour des forces de l’ordre et la propagation d’hommes de main armés dans toute la nation nous font craindre un bain de sang. Il a débuté hier soir.
Les manifestants ont confiance en l’armée et souhaitent que celle-ci se déploie et augmente substantiellement ses effectifs pour les protéger de la barbarie et de la folie sanguinaire de ce régime.
Propos recueillis par téléphone par Aya Wassef.
http://crisdegypte.blogs.liberation.fr/cairote/2011/02/egypte-nous-sommes-en-enfer.html