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« C’est une guerre menée dans un microcosme »

Publie le samedi 17 janvier 2009 par Open-Publishing
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« C’est une guerre menée dans un microcosme »

PROCHE-ORIENT. Le Comité international de la Croix-Rouge est très engagé dans la bande de Gaza. Entretien avec la directrice des opérations.

Caroline Stevan (cf le temps, suisse)
Samedi 17 janvier 2009

Cheffe des opérations Moyen-Orient et Afrique du Nord pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Béatrice Mégevand Roggo était dans la bande de Gaza cette semaine.

Le Temps : Vous revenez d’une visite à Gaza. Quel est votre sentiment ?

Béatrice Mégevand Roggo : Le fait le plus marquant est l’intensité de l’action militaire sur la durée - cela fait vingt et un jours - et sur un territoire très restreint et très peuplé. La densité de population dans la bande de Gaza est trois fois supérieure à celle de Manhattan ! C’est une guerre menée par la troisième puissance militaire mondiale dans un microcosme ! Cela aboutit à une situation presque jamais vue dans les hôpitaux, au niveau de la gravité des blessures, du flux constant de victimes et du grand nombre de femmes et d’enfants parmi elles.

 Un hôpital vient d’être bombardé, un entrepôt de matériel incendié. Après des tirs essuyés par vos équipes, avez-vous l’impression d’être devenus des cibles ?

 J’espère que non. Cela est peut-être dû à des erreurs ou à l’impression que des combattants se cachaient dans ces endroits. Comment être sûr ? Jusque-là, nous avions plutôt l’impression que notre mission médicale était mieux respectée et facilitée, après des débuts difficiles.

 Y a-t-il une amélioration dans l’accès aux blessés ?

 Les deux-trois heures de trêve quotidienne sont plus ou moins respectées mais ne suffisent pas. C’est toujours très difficile de circuler, il y a des obstacles sur les routes - militaires ou des gravats -, des échanges de tirs... Nous parvenons chaque jour à évacuer des blessés de l’hôpital Shifa vers l’Egypte, afin de le désengorger. Cela dit, il y a encore probablement des gens qui meurent faute d’être secourus.

 Quid des infrastructures, des stocks de nourriture et de médicaments, de l’électricité et de l’eau potable ?

 Les infrastructures étaient déjà largement affaiblies par le blocus de la bande de Gaza. Les dégâts ont augmenté avec la guerre. Il y a un gros problème avec les eaux usées actuellement, car les stations de pompage ne fonctionnent plus. Si une bombe venait à tomber sur les murs retenant tout ce liquide, ce serait la catastrophe. Des quartiers entiers n’ont plus d’eau potable, l’électricité est irrégulière et insuffisante. Les générateurs des hôpitaux fonctionnent grâce au fioul. Il y en a, mais la difficulté est d’aller le chercher dans ces conditions d’insécurité. Une prise de consience de la part d’Israël a permis de faire passer des vivres, du fioul... Le problème est ensuite la distribution.

 Les humanitaires ont-ils plus de facilité à entrer ?

 Nous avons finalement réussi à envoyer quatre expatriés en plus des neuf qui se trouvaient déjà sur place et des 56 employés locaux. Mais, pour les organisations qui ne travaillent pas habituellement à Gaza, c’est impossible de passer.

 Parlez-vous toujours de crise humanitaire ?

 Sans aucun doute. Le problème de Gaza avant cette guerre était l’étranglement de son économie à cause du blocus, toute une population dépendante de l’assistance. C’est cent fois pire aujourd’hui. Les gens n’osent plus aller faire leurs courses, des dizaines de milliers de personnes ont quitté leur maison pour se réfugier dans les locaux de l’Unrwa ou chez des proches. Toute la vie quotidienne est paralysée.

 Quelle est la priorité ?

 Les belligérants doivent tout faire pour respecter le droit international humanitaire. L’armée israélienne doit distinguer les civils des combattants et respecter le principe de proportionnalité. De notre côté, la priorité est d’avoir accès aux blessés.

 Vous parlez de l’armée israélienne. Le Hamas n’a-t-il pas les mêmes devoirs ?

 Toutes les parties ont les mêmes obligations, mais il est vrai qu’Israël a une puissance militaire non comparable à celle de son ennemi. Plus on utilise des armes lourdes et puissantes, plus on a la responsabilité de faire attention aux civils. Nous reconnaissons cependant la difficulté de la situation, la densité de Gaza, la guerre asymétrique menée par le Hamas...

 Est-ce toujours aussi compliqué de travailler, ou est-ce dû au blocus et à la situation à Gaza ?

 Gaza est un exemple particulièrement frappant. Il y a des contextes où il est difficile de se mouvoir pendant quelques heures ou quelques jours, mais là, la durée et la puissance de feu sont incroyables.

 Le CICR est largement sorti de sa réserve ces derniers temps. Une nouvelle politique ?

 Nous l’avons fait pour l’Irak, pour les territoires occupés déjà l’année dernière. Tout dépend de l’urgence qu’il y a à se prononcer publiquement pour essayer de mettre un terme à une situation. C’est parce que le CICR parle peu que nos déclarations ont généralement de l’effet.

 Craignez-vous des mesures de représailles, notamment de la part des Etats-Unis, votre principal bailleur de fonds ?

 Les autorités ne sont jamais heureuses que nous les critiquions, mais elles reconnaissent notre légitimité à le faire. Il est arrivé que nos propos provoquent un froid avec un Etat, mais cela n’a jamais impliqué de rupture de relations, de menaces financières ou d’obstacles à notre travail. Nous avons une relation très franche avec les Etats-Unis, bien que nous les ayons publiquement désapprouvés, sur Guantanamo notamment.

Messages

  • C’est bien un massacre planifie dans un microcosme. A croire que les gazaouis furent parques expres pour ce but : Tester des nouvelles armes sur des innocents. C’est abject ! Quelle difference y -t-il entre les gazouis et le reste de l’humanite mis a part l’espace geoghraphique ? Aucun. Les gazaouis appartiennent a notre espece autant que les israeliens, et les armes que l’on testent sur eux finiront par se tester en general. Disons NON a l’ordre mondial qui veut faire de l’humanite un labo de cobays.