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CATALOGNE

par Raymond

Publie le lundi 30 octobre 2017 par Raymond - Open-Publishing

En ce moment, on lit et on entend de tout sur ce qui se passe en Catalogne.
Que dans le camp des "unionistes" (en France on dirait "jacobinistes") transpire la haine, la revanche, le mensonge et l’oubli, rien d’étonnant. Mais que cela submerge également la gauche espagnole (PSOE, PCE et même PODEMOS par certains côtés) ou une partie de l’extrême-gauche espagnole, c’est inquiétant (NB : nous avons la même chose comme réaction en France).

Il est donc bon de rappeler aux militants communistes (et anarchistes) que le droit à l’autodétermination des peuples ne se négocie pas et n’est donc pas à géométrie variable ; quelque soit le peuple et les forces qu’ils choisissent pour y arriver. Si les militants communistes (ou anarchistes) n’ont pas le contrôle de cette lutte, c’est leur problème. On ne peut pas dire "attendez que nous soyons prêts pour mener cette lutte". Ce qui compte c’est de déterminer si cette lutte pour l’indépendance fait obstacle ou non à la marche au communisme ; si elle représente un progrès par rapport à la situation du moment. Si elle fait obstacle, on s’y oppose en proposant une alternative supérieure. Sinon, on y participe au côté d la frange prolétarienne, en apportant une dimension sociale, progressiste et démocratique à cette lutte.

La décision finale appartient de toute façon au peuple au travers son vote. On pourra critiquer le résultat, mettre en lumière les dangers mais en aucun cas nous n’avons le droit, nous communistes (et anarchistes) de nous opposer au vote.
Alors, que dire de la Catalogne ?

Tout d’abord il faut quand même se souvenir que la gouvernement monarchiste actuel est issue de l’entérinement du coup d’état de Franco via la Constitution de 1978. Constitution largement dictée par les forces phalangistes et l’armée à l’époque. Donc, quand les catalans indépendantistes (car il en existe beaucoup aussi unionistes) réclament une république, ils ne font que revendiquer la situation qu’était celle de l’Espagne avant ce coup d’état. Et cela est d’autant plus juste que cette république de 1934 avait été élue démocratiquement.

Il faut savoir qu’à l’époque de Franco est après, ceux qui portaient cette revendication indépendantistes en Catalogne appartenaient à des organisations de gauche et d’extrême-gauche et à des syndicats (NDR : malgré ce qu’on écrit ou dit, il y a des prolétaires de toutes origines dans le camp indépendantiste. J’invite les camarades à aller sur place sinon, à lire la prose des organisations révolutionnaires qui militent sur place). La bourgeoisie catalaniste n’a réellement rejoint massivement le camp indépendantiste que récemment, quand le statut d’autonomie accordée en 2008 (identique à celui du Pays Basque) a été en partie retoquée en 2010 par le Conseil Constitutionnel espagnol à la demande du Parti Populaire. bien sûr, il existait déjà dans cette bourgeoisie catalane des positions indépendantistes de droite, mais ceux et celles qui le défendaient ne militaient pas ouvertement à l’époque (ce qui explique à ce jour, la divergence entre l’ANC et la CUP).
Enfin, s’opposer au droit à l’autodétermination, au prétexte (fallacieux) que c’est la droit catalaniste qui mène la danse, c’est quelque part être l’idiot utile d’un nationalisme espagnol, qui fleure bon le franquisme. A mon avis, les forces de gauches et révolutionnaires espagnoles devraient profiter de cette brèche pour réclamer le retour au régime républicain dont les espagnols ont été spoliés après le coup d’état de Franco et, pourquoi pas, une république fédérative, sociale et de progrès. Ce qui, en attendant un renforcement du camp communiste, nous mettrait sur la bonne voie en créant les conditions objectives. Or, là, on assiste à un statut-quo sur une situation monarcho-nationaliste et réactionnaire au bénéfice de la droite espagnole rance du PP et des phalangistes revanchards.

Il y a de fortes chances que les élections du 21/12 (assemblée de la généralité de Catalogne) voient la défaite du camp indépendantiste (toutes tendances confondues) et sans doute la victoire du centre droite (Ciudadanos). Le PSC (PSOE local) espère tirer son épingle du jeux et pour le Parti Populaire c’est la grande inconnue à ce jour.
D’ici le 21/12, on va sans doute assister à des provocations des durs du camp unioniste, à la chasse aux sorcières indépendantistes.

Au minimum, il nous appartient à nous communistes (et anarchistes) français, d’apporter notre soutien au peuple catalan qui refuse le nationalisme espagnol et qui réclame une république.