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CHOMDU 11

Publie le lundi 11 février 2008 par Open-Publishing
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de P’tit Nico

La colonisation, y dit mon ancien délégué syndical CGT, c’est un mode d’soumission du pauvre sous l’prétexte d’la
civilisation des lumières qu’éclairent la beauté du blanc chevalier à l’armure qui brille mêm’ si dessous y pue, pour
exploiter son travail d’élevage du riche.

Et qu’ça date pas d’aujourd’hui, la soumission.

La civilisation occidentale, y dit mon ancien délégué syndical CGT qu’est fort en histoire, ell’ s’est construite dès l’début
avec la terreur.

Comm’ y l’explique m’sieur Sachot, « l’Occident naquit le 28 février 380. Il naquit le jour où, par un édit de l’empereur
Théodose le Grand, le christianisme fut pleinement et définitivement instauré comme seule religion de l’empire. (...)

La
constitution de cette société duale, dont la religion-Église est devenue, en principe comme dans les faits, l’instance
instituante pour près de deux millénaires, apparaît comme la refondation des civilisations d’alors en une seule
civilisation spécifique et socialement unique, la civilisation occidentale, configurée selon une logique globale, sinon
totalitaire, que l’on peut qualifier comme premier Ordre mondial ; car, si la religion chrétienne était et demeura pendant
longtemps cantonnée à la sphère romaine et occidentale, elle n’en prétendait pas moins à l’universalité. La coupure avec
les périodes ou civilisations qui avaient précédé fut nette. Il y avait désormais un avant et un maintenant. »

Qu’ m’sieur Saint Augustin, qu’est père de l’Église, y disait à Dieu : « C’est toi qui assujettis les femmes à leurs maris par
une chaste et fidèle obéissance, c’est toi qui donnes autorité aux maris sur leurs femmes, qui soumets les enfants aux
parents par une sorte de servitude et établis les parents au-dessus de leurs enfants dans une pieuse domination. C’est toi
qui enseignes aux esclaves la fidélité à leurs maîtres... aux maîtres à être plus enclins à les persuader qu’à les punir.
C’est toi qui lies le citoyen au citoyen, la nation à la nation, en vérité, c’est toi qui lies tous les hommes entre eux dans
le souvenir de leurs premiers parents, non par des liens sociaux seulement, mais encore par une sorte de fraternité. C’est
toi qui enseignes aux rois à gouverner pour le bien de leurs peuples et c’est toi qui exhortes les peuples à être soumis à
leurs rois. »

Qu’un m’sieur Delumeau, ell’ dit la soeur à Polo qui connaît la philosophie, y disait qu’« Saint Augustin a servi de porteétendard
et de point de ralliement à tous ceux qui noircissaient le tableau de la condition humaine. (...) Il cautionne et
encourage la dévaluation de l’homme pécheur. » Et Gérard Mendel, qu’est aussi un philosopathe plus anthropolopathe,
y’en a qui cumulent, y rajoute qu’ « partout après lui, régnera le péché qu’a charge de dépister la confession obligatoire,
le péché qui mène à la damnation éternelle, à l’enfer et à d’affreux supplices, décrits avec le plus grand détail dans les
prêches, sur les chapiteaux des églises, sur les vitraux. Et aussi, par milliers, les bûchers s’allumeront plus tard pour
entretenir la peur, avec des troncs prévus dans les églises pour la délation. Nous sommes tous les enfants de la terreur de
masse qui fut le versant noir de la Renaissance, les descendants de l’inventeur du péché originel, les lointains fils et
filles de saint Augustin. » Ouais, qu’y dit Djamel, y’en a qui sont plus descendants qu’d’autres !

Parce qu’l’Église ell’ est pas démocratique, comm’y dit l’Cardinal Pierre Ey, dans Le Monde : « Toute une génération
semble avoir compris Vatican II comme une innovation absolue dans la tradition et le comportement de l’Eglise (...). On
a abusé dans l’estimation du changement (...). Les réflexions et les paroles de Paul VI sur ce sujet remontent à 1968.
L’Eglise n’est pas une démocratie, disait-il en substance. Pas plus une démocratie chrétienne qu’une démocratie libérale
ou une démocratie populaire. »
Parce qu’y savent bien qu’y faut des riches et des pauvres mêm’ si on est tous frères-zé-soeurs enfants d’not’ père Dieu
qu’not’ président y l’ira à sa droite s’y meurt un jour. « On pourrait me rétorquer qu’il y a aussi des riches et des pauvres,
des maîtres et des esclaves chez nous, chrétiens, y disait un m’sieur Lactance déjà en 325 après qu’y soit né l’p’tit jésus.

Certes, mais nous les considérons comme des égaux et des frères, car ce qui compte est l’esprit et non le corps ; nos
esclaves ne sont asservis qu’en leur corps, en esprit ce sont nos frères »
Sauf qu’l’peuple y l’était pas forcément d’accord vu qu’y l’avaient d’autres croyances et qu’y voulait pas forcément passer
son temps à bosser pour construire le « long manteau d’églises », d’chapelles, d’couvents et d’cathédrales, d’chateaux et
d’palais, pour nourrir tous les curés et nobles pour faire qu’l’Église ell’ soit « riche et vénérée » et qu’la nation rayonne, et
d’aller mourir en tuant l’infidèle. Vu qu’sa vie ell’ était déjà pas facile.
Alors, y continue mon ancien délégué syndical CGT, pour lui faire comprendre qu’y l’avait pas son mot à dire vu qu’y
comprenait rien à rien vu qu’y l’était presqu’une bête et qu’y avait les évêques pour lui dire c’qu’Dieu y voulait vu qu’eux
y savaient lire l’latin dans les livres qu’Dieu y l’a écrit on sait pas comment mais c’est normal c’est pour ça qu’y l’est Dieu
plein d’lumières tout en haut d’la chapelle et qu’toi, p’tit homme d’rien du tout, t’es dans l’ombre, le pape y l’a inventé
l’inquisition au Concile d’Latran en 1115 pour « chasser l’hérésie » comm’y veut faire not’ président avec les anciens d’la
guerre d’68 qu’ont l’mauvais esprit pour sauver l’Europe d’Occident et la civilisation d’la Méditerranée tout’ bleue.

C’était pas par méchanceté mais pour sauver l’âme du frère hérétique et l’ramener dans l’droit chemin des Écritures mêm’
s’y savait pas lire. La preuve c’est qu’l’pape qu’a décidé la torture en 1252 y s’appelait Innocent.
C’est pour ça qu’y z’ont créé l’Saint Office pour cuisiner l’hérétique comm’y font les américains à Guantanamo et les
autres ailleurs, pour après l’faire cuire dans l’bûcher. Et en plus y z’ont fait la chasse aux sorcières pour persécuter la
femme vu qu’c’est sûr qu’si toi tu sais pas pourquoi ell’, ell’ l’sait.
C’était un système d’État, vu qu’l’Église c’était l’État et vice versa, fondé sur la peur de l’excommunication. Et un peu
aussi la peur d’la souffrance d’la torture, non ? y dit Djamel. Qu’la torture y z’appelait ça "la question". Sauf qu’tu
comprenais jamais la question et encore moins la réponse. Ça doit être pour ça qu’les commentateurs du sport y disent
qu’y faut pas s’poser d’questions. Ça doit pas être rigolo d’être commentateur d’sport si tu risques d’te faire torturer, y dit
Fred. C’est pour ça qu’y prennent qu’des imbéciles.

En tout cas, tout l’monde avait peur qu’son voisin ou sa famille y l’dénonce vu qu’la délation ell’ était obligatoire et qu’si
t’avais un hérétique dans l’village ça mettait tout l’monde en danger vu qu’l’hérésie c’était la souillure du démon qu’était
comm’ un virus d’Internet qui contamine tout l’réseau et que comm’ y connaissaient pas les antivirus y brûlaient tout
l’village pour purifier et pour faire comprendre aux autres c’qui risquaient s’y faisaient les hérétiques.
M’sieur Virilio, y dit Polo, y disait qu’ça devient ça aussi maintenant : « La libération de la délation, c’est aussi la
libération de l’offense. Comme dans la stratégie militaire moderne, où l’arme nucléaire et l’abri ne font plus qu’un, il
faut, par la constitution d’une socialité perverse, fonder un statu quo social sur l’équilibre des petites terreurs intimes,
c’est-à-dire sur la crainte quasi universelle de la dénonciation. C’est par l’excès de l’offense de la délation que l’on
espère ainsi parvenir à une nouvelle société pacifiée, c’est-à-dire à la défense de la stabilité de l’État.

La guerre civile est désormais utile au maintien de l’ordre des institutions, mais une guerre civile d’un nouveau genre,
où les conflits de groupes sont infimes mais multipliés à outrance, sans autre résultat que d’entretenir les liens d’une
haine collective ; la décomposition de la société nationale se traduit dans les gestes familiers et dans les actions les plus
ordinaires. L’État moderne n’est plus qu’une mère abusive, la familiarité devrait donc devenir la seconde nature du
policier, de ce policier qui se rapproche insensiblement de chacun de nous avant de s’identifier intégralement à chacun
de nous, au point de rendre inutile la police elle-même, l’armée suffisant à contrôler un tel type de société.

Si nous observons ce qui se passe dans ces deux forces de l’ordre, nous sommes obligés de constater qu’au moment où,
au travers de la « défense opérationnelle du territoire », l’institution militaire se préoccupe de plus en plus de sécurité
interne, la police, quant à elle, tend à s’identifier à l’Assistance publique. Pour l’armée, il n’y a même plus de
distinction claire entre l’ennemi « intérieur » et l’ennemi « extérieur », il n’y a plus qu’une menace généralisée à tous
les domaines (démographie, économie, délinquance, etc.), et donc qu’un ennemi sans localisation, puisqu’il peut se
découvrir çà ou là, au gré de l’intoxication. Pour la police de demain, il est à redouter que l’ennemi public ne devienne
surtout celui qui refuserait de jouer le rôle d’indicateur, celui qui refuserait une participation « critique » à un service
comme les autres.

L’ère des Para-Polices débute, et là encore, la possibilité offerte aux appelés du contingent de servir dans la gendarmerie
ne nous a pas assez alertés.
La mise à contribution de chacun, non seulement par les finances publiques et l’impôt, mais aussi par l’apport
obligatoire d’informations, n’est plus une utopie totalitaire, les projets de création de « banques de données » esquissent
ce qui devrait logiquement devenir la « banque de France des données » dans une société où ce type d’imposition serait
obligatoire au même titre que la perception des contributions directes ou indirectes...

Le plus intéressant, chez le dernier ministre de l’Intérieur, c’est son opposition déclarée à la mécanisation du
renseignement (les écoutes téléphoniques, par exemple) ; il y a chez lui une option claire et originale, sociologiquement
parlant, la sophistication du matériel n’est pas satisfaisante en soi, ce qu’il faut lancer, c’est le dernier dialogue social :
les écoutes, au sens large de la communication, doivent être le fait du « civisme » de tous. Il ne faut plus se fier à la
machine, il faut machiner la vie sociale selon les impératifs de la sécurité et de la protection, faire de la délation et du
contrôle social un geste machinal comme celui qui nous mène à la poste ou au bureau de sécurité sociale (selon ses
propres termes), le terme de « Sécurité sociale » semblant d’ailleurs l’intéresser depuis son rapide passage au ministère
de la Santé.

Il serait tentant, en effet, de l’utiliser pour renouveler les termes insécurisants de police et de gendarmerie
(le ministère de la « Défense nationale » est bien devenu celui de la « Défense » tout court !) ; au moment où se
développent les termes de prévention « éloignée » et de prévention « rapprochée » de la délinquance, où ceux de « 
protection civile » et de « défense opérationnelle du territoire » se recouvrent, il serait tentant de réaliser l’amalgame
entre les divers services sanitaires, sociaux et policiers.
Si nous regardons autour de nous, c’est bien ce que nous observons, avec la coopération tout d’abord, où nous « 
exportons » nos appelés à des fins de service public, en Iran ensuite, où le Chah a créé, pour sa « révolution blanche »,
deux nouvelles armées : l’armée de l’hygiène et l’armée du savoir. Insensiblement, les forces de l’ordre s’engagent dans
de nouvelles voies, elles vont dans le sens de l’histoire de l’État national finissant la disparition du judiciaire et du
sanitaire dans l’appareil militaire.

On le voit, ce qu’on a coutume d’appeler le « quatrième pouvoir » est là, et pas
seulement dans la presse et les moyens d’expression traditionnels, mais bien dans la mise en oeuvre de l’inquisition
sociale généralisée. La politique de la porte ouverte, c’est aussi celle de l’ouverture au public non plus seulement des
usines, des casernes, mais de la prison de Loos-lès-Lille où l’on invite la masse à haïr... ». Pour la « minute de la haine »
d’Big Brother is watching you qu’y dit Fred qu’a lu Orwell en 1984.
Y disait ça en 1975, m’sieur Virilio, qu’y dit Polo. On peut pas dire qu’on n’a pas été prévenu.

L’Concile d’Latran y l’a aussi inventé l’bouc émissaire, y continue mon ancien délégué syndical CGT : une prescription
oblige les Juifs à porter un costume et des insignes distinctifs. En 1267 lors du concile de Vienne, il est décrété que les
juifs devront porter un pileum cornutum, bonnet cornu, afin d’être mieux identifiables. En 1270, c’est Philippe le Hardi
qui ordonne qu’en son royaume, les Juifs attachent à leur insigne une figure cornue..

Qu’mêm’ encore au XIXe siècle, y raconte m’sieur Dibie, un docteur Verneau anthropophage des lumières du musée du
Trocadéro, y l’écrivait : « Au Maroc, ils sont rangés parmi les animaux immondes (...) on les parque dans des quartiers
spéciaux (...) on les oblige à porter des vêtements de couleurs sombres (...) emblème de la malédiction (...) il leur est
interdit de se défendre... (...) chez nous, notamment, la vie extérieure d’un Israélite est celle de tout le monde. Il ne se
distingue du commun que par sa malpropreté, sa cupidité, son caractère obséquieux, ... »

C’est sûr qu’y z’ont un’ drôle d’conception d’la fraternité les chrétiens d’l’Église d’Occident qu’not’ président y dit qu’c’est
les racines d’l’Europe. T’imagines, y dit Djamel, l’mec, on l’fait vivre dans la misère et quand y sort d’son taudis,
n’importe qui qu’y croise y peut lui faire c’qui veut, y l’a pas droit d’s’défendre. S’y l’regarde dans les yeux l’autre y dit
qu’y lui manque d’respect et vlan y l’pend. Ou s’y l’regarde pas, pareil. Tu peux pas savoir comment t’comporter, d’tout
manière tu t’en prends plein la gueule. Y a d’quoi avoir l’air bizarre et « obséquieux » !

Et ça c’était pareil pour tous les bouseux avec les nobles. Qu’des boucs émissaires y z’en ont inventé à la pelle : l’Juif,
l’hérétique, la sorcière, l’Infidèle, l’réformé, l’vagabond, l’pauvre, l’communard, l’bicot, l’bôche, l’islamiste intégriste,
l’gitan ...
Ouais, ... et l’rouge ! y dit Fred.
Et l’inquisition elle a duré jusqu’au XVIIIe siècle, y dit Polo. Et l’Saint Office jusqu’en 1965, pour brûler les livres qui
posaient trop la question.
Ça en fait des générations pour qu’l’pauvre y l’apprenne la soumission par la peur. Surtout, y dit mon ancien délégué
syndical CGT, qu’ça a continué après dans la lumière d’l’école, d’la caserne et d’l’usine.

« Il est vrai néanmoins que la « barbarie douce » (Jean-Pierre Le Goff) mise en place dans l’entreprise repose sur
certaines des méthodes pratiquées par les régimes totalitaires. Elles associent une propagande idéologique intense, la
manipulation séductrice et perverse des affiliés, la menace, pour l’opposant, d’une « mise à mort ». Mais cette dernière
est ici avant tout fantasmatique, même si le licenciement, qui exclut du monde du travail, peut être vécu comme une
forme de « mise à mort » sociale. Ainsi se trouve réveillé le sentiment abandonnique de base ; mais, pour autant, le sujet
n’a pas à craindre l’envoi dans un camp de concentration et la mort physique. Le seul fait pourtant que l’on soit amené à
évoquer et à discuter ces thèmes extrêmes témoigne de la composante mortifère du néo-management » y constate
Gérard Mendel.

Comm’ ça les ouvriers y s’font la guerre entre eux, comm’ ell’s racontent des ouvrières dans l’documentaire sur
Moulinex qu’Fred y dit qu’y l’a vu : « dans un îlot, on est dans un carré à l’intérieur duquel il y a huit filles qui démarrent
la friteuse de son tout début avec sa cuve et qui finit à l’emballage. Ces personnes sont dans un espace confiné les unes
à coté des autres avec cinquante centimètres de chaque coté avec des plateaux et que je t’envoie, que je t’envoie ; à la
limite vous n’avez même pas le temps de vous moucher parce qu’avec la cadence on n’arrête pas, on n’arrête pas, on
n’arrête pas. (Dans le système précédent), pour un convoyeur (tapis roulant automatisé donnant le rythme de la chaîne)
qui travaille en ligne, c’est le convoyeur qui donne le rythme, donc c’est un rendement qui est prévu sur huit heures.
Un îlot, c’est les personnes qui montent les friteuses qui se font elles-mêmes leur rendement.

Le problème c’est qu’il n’y
a plus d’automatisme, elles montent, elles poussent elles-mêmes la pièce, alors que sur un convoyeur c’est lui qui gère
automatiquement le temps. On nous disait qu’on travaillerait en flux tiré, en fin de compte c’est du flux poussé ; parce
que c’était toujours : le plateau, dépêches-toi de le prendre que je remette le suivant, alors qu’en réalité on aurait dû
attendre que la personne prenne le sien et toujours comme ça. Mais ça se passait pas comme ça dans la réalité. De toute
façon, les chefs étaient derrière et puis regardaient bien si les plateaux évoluaient assez vite parce que sinon… On savait
que le patron venait tous les soirs pour voir la production, et pourquoi y manque ça, et pourquoi vous avez pas fait le
rendement… En fait c’était plus dur que de travailler sur le convoyeur. Vous êtes fatiguée, vous êtes moins rapide une
heure, parce qu’il y a un moment où vous vous relâchez, vous allez bien bourrer pendant deux, trois heures et après il y
a un petit relâchement, et là, l’autre à coté elle vous faisait la tête, ou alors elle vous dit : alors ? qu’est-ce que tu fais ?

Avance ! C’ÉTAIT LA GUERRE ENTRE FILLES.

(…) Ils démarraient une production, donc ils fixaient un objectif, les premiers jours on y arrivait pas et à la fin c’était
d’amener tout le monde à obtenir que l’objectif soit atteint. Objectif impossible à franchir, comme ça c’était simple. A
l’époque du convoyeur, à la fin de la journée, il y avait la quantité de sortie, basta, c’était fini, la journée était faite.
Alors que là, l’objectif était tellement élevé que c’était impossible de le faire. Donc on travaillait jusqu’au dernier
moment. »

Qu’dans l’langage du bourgeois ça donne ça : « une usine comme Bayeux a été totalement transformée. Je pense que
nous avons gagné trente pour cent de productivité sur la fabrication des friteuses en changeant un peu les méthodes. On
a gagné beaucoup en productivité, on a beaucoup gagné en ergonomie, en motivation du personnel, parce qu’on a
essayé de créer autour de ces îlots de production des équipes autonomes de production. »

En plus, y rajoute Fred, pour t’humilier et t’casser encore plus, y t’obligent à faire des horreurs qui t’rendent complice
d’leurs saloperies et salaud pour la vie en te faisant faire l’bourreau, comm’ y raconte m’sieur Vidal-Naquet dans La
Torture dans la république : « l’introjection de cette justification civilisée et barbare, propre et sale à la fois, fut peut-être
donné par un appelé français :

On demandait des volontaires pour descendre les gars qu’on avait torturés (comme ça il ne restaient pas de traces et on
ne risquait pas d’histoires). Moi, je n’aimais pas ça. C’est vrai, vous savez : descendre un gars à cent mètres dans le
combat, ça ne me faisait rien, parce que le gars étant loin, on ne le voit pas trop. Il est armé, et puis il peut se défendre
ou se barrer au besoin. Mais descendre un gars comme ça, sans défense, froidement non. Alors, je n’étais jamais
volontaire et il est arrivé que j’étais le seul dans la section qui n’avait pas descendu « son » gars. On m’appelait la « 
p’tite fille ». Un jour, le capitaine m’a appelé en me disant : « Je n’aime pas les p’tites filles... Prépare-toi, le prochain
sera pour toi ! » Alors, quelques jours après, on avait huit prisonniers qu’on a torturés, à descendre. On m’a appelé, et
devant tous les copains, on m’a dit : « A toi, la p’tite fille ! Vas-y ! » Je me suis approché du gars : il me regardait. Je vois
encore ses yeux qui me regardaient... ça me dégoûtait... J’ai tiré... Les copains ont descendu les autres. Après, ça me
faisait moins drôle... C’est peut-être pas du boulot très propre ; mais au fond, tous ces gars-là, ce sont des criminels si on
y réfléchit. Si on les relâche, ils recommencent : ils tuent les vieillards, les femmes, les enfants. On ne peut quand même
pas les laisser faire cela...

Alors, au fond, on nettoie le pays de toute la racaille ... »
On dirait not’ président qui parle d’nous, y remarque Afid. P’têt’ qu’ça lui manque de pas avoir pu s’amuser à la guerre.
J’espère qu’y va pas nous faire ça à nous aussi, y s’inquiète Djamel.
En tout cas, nous, on veut pas baisser la tête, on veut pas avoir l’air « obséquieux » et « sournois » du pauvre. Respect !
Et l’respect, c’est pas eux qui vont t’l’donner, vu qu’y font ça exprès pour te courber l’échine et te rendre ployable
résilient pour qu’tu fasses leur élevage en faisant leur larbin : oui, bwana, merci, bwana, y’en a bon Banania.

« En fait, nous sommes tous engagés dans un processus de négation qui est devenu la socialité même. C’est à l’intérieur
de cette constatation tragique que nous devons oeuvrer pour tenter de découvrir l’issue ; refuser le constat d’échec non
seulement de notre société, mais de notre socialité, ce serait perdre aussitôt l’espoir de nous en échapper » y dit m’sieur
Virilio.

« C’est le peuple qui s’asservit,
qui se coupe la gorge,
qui, ayant le choix ou d’être serf ou d’être libre,
quitte la franchise et prend le joug,
qui consent à son mal,
ou plutôt le pourchasse. »
Étienne DE LA BOËTIE
(... à suivre)

Chomdu 10

http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...

Messages

  • Très bien CHOMDU 10 à 0 heure 30 j’avais les paupières mis closes mais j’ai bien capter ton message.
    Succculent je vais aller dormir appaisé de voir que je ne suis pas seul à m’élever contre l’ignominie.

    Cordialement Alain 04.