Accueil > COMMENT L’ENTENDEMENT VIENT AUX MINISTRES

COMMENT L’ENTENDEMENT VIENT AUX MINISTRES

Publie le vendredi 28 octobre 2005 par Open-Publishing

Le 9 septembre dernier, martial, le ministre de l’Intérieur s’adressait aux préfets pour exiger d’eux « une obligation de résultats » en matière
d’expulsion d’étrangers en situation irrégulière. Il leur assignait des
objectifs chiffrés : une augmentation de 50% des résultats. A cette fin, il
leur ordonnait de « savoir résister aux pressions de tels ou tels collectifs
ou coordinations qui ne représentent qu’eux-mêmes ». Le 25 octobre,
l’entendement semble être en partie venu au ministre : il déclare au Monde « 
entendre les protestations concernant les expulsions d’élèves en situation
irrégulière ». C’est un progrès... dû, pour l’essentiel, aux multiples
mobilisations dans des dizaines de villes et de localités dans tout le pays
 : Nantes, Lyon, St-Nazaire, Beauvais, Cormeilles en Parisis, Angers,
Bordeaux, Brest, Perpignan, Mulhouse, Tours, Bourges, Carcassonne, Lille,
Montélimar, etc...

Pas une région de France sans mobilisation d’écoles, de
collèges, de lycées, de quartiers, parfois de villes entières, pour empêcher
l’expulsion, dans des conditions honteuses, d’élèves, jeunes majeurs ou
familles entières. Kankou, jeune malienne d’Orléans menacée d’excision en
cas de retour au pays et sa mère ont a mère ont obtenu le statut de réfugié
contre la volonté du préfet du Loiret, Guy Effeye, lycéen d’Epinay (93) a
échappé à l’expulsion grâce à la mobilisation de ses enseignants et de ses
camarades de classe, la famille Mekhelleche, Algériens de Pantin que le
préfet de Bobigny prétendait expulser sans ses enfants ne l’a pas été après
que les écoles des enfants se sont mobilisées. Quant à Rachel et Jonathan,
les enfants de Barbe Makombo en cavale depuis deux mois et demi pour bloquer l’expulsion de leur mère et de leurs sœurs, ils tiennent bon face au silence du ministre.

L’issue ne peut être que la régularisation de Barbe Makombo.
Face à ces mobilisations tous azimuts, le ministre a dû faire mine de lâcher
du lest : « La solution » assure-t-il, « consiste à ne pas reconduire les
élèves à la frontière pendant l’année scolaire en cours. Mais ce n’est pas
parce que des enfants sont scolarisés que les parents ont droit au séjour
au-delà de la période scolaire ». Un recul en trompe-l’oeil. Qui s’il ne
l’était pas devrait se traduire en actes. Par l’abrogation immédiate de tous
les refus de séjour et des mesures d’éloignements concernant des jeunes
scolarisés et/ou leur famille Par la délivrance d’un titre de séjour
permettant de travailler aux parents des élèves concernés et aux élèves
majeurs.

Pour le reste, les faux-semblants du ministre ne résolvent rien sur le fond
 : il ne fait que reporter l’exécution à juin 2006, condamnant des milliers
de jeunes et leurs parents à vivre dans l’angoisse d’un bannissement
annoncé. Pas plus que celle auxquelles Monsieur Sarkozy dit avoir dû
renoncer, ces expulsions programmées à l’été n’ont de justification. Les
jeunes et les enfants dont il est question sont des élèves comme les autres.
Le nombre et l’intensité des mobilisations autour d’eux l’attestent. Leur
expulsion ne sera pas plus tolérée en juillet 2006 qu’elle ne l’a été en
septembre ou en octobre 2005. Le sursis obtenu doit être mis à profit pour
réclamer et obtenir la régularisation pleine et entière des jeunes et des
adultes concernés. Si le ministre misait sur une démobilisation du milieu de
ces élèves consécutive aux vacances d’été, il a de sérieuses probabilités de devoir déchanter. Les événements du mois d’août dernier devraient le luiannoncer.

Réseau Education sans frontières