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Catastrophe nucléaire au Japon : 3 réacteurs en fusion

Publie le mardi 15 mars 2011 par Open-Publishing

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a confirmé lundi soir la "fusion partielle" des coeurs des réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale nucléaire de Fukushima-1 frappée par le tsunami après le séisme du 11 mars. Ce sont par ailleurs 4 des 6 réacteurs qui ont explosé du fait d’une concentration d’hydrogène, dispersant des matières radioactives aux alentours. Dans un rayon de 30 km, les habitants doivent rester calfeutrés chez eux.

« La fusion partielle du coeur est confirmée, l’exploitant poursuit l’opération de refroidissement du coeur par injection d’eau de mer », a indiqué l’organisme français dans un communiqué publié sur son site internet et faisant le point pour chacun des trois réacteurs en difficulté.

"On est sur le chemin d’une catastrophe", a déclaré mardi le ministre de l’Industrie, Eric Besson, après avoir jusque-là évité d’utiliser ce terme. "J’avais dit : la catastrophe, ce serait la perte de la structure de confinement du réacteur - il semble que nous sommes en train d’aller vers ça - avec émissions dans l’atmosphère de quantités de matériel de fission radioactif. Nous sommes maintenant peut-être sur ce chemin", a expliqué le ministre de l’Industrie sur RTL.

Le réacteur N°2 focalise les inquiétudes

« Le réacteur n°2 concentre actuellement les principales préoccupations », poursuit le communiqué. L’exploitant, la société japonaise Tepco, « connaîtrait des difficultés pour réaliser » les opérations de refroidissement par eau de mer « dues au blocage d’une soupape de décharge de la cuve ».

Du fait de la montée en pression de l’enceinte du réacteur n°2, Tepco a décidé de procéder à une décompression volontaire par un rejet contrôlé dans l’atmosphère. Mais contrairement à ce que l’ASN anticipait, une explosion a eu lieu cette nuit. L’ASN estimait en effet hier que le « risque d’explosion lié à la présence d’hydrogène serait écarté du fait d’opérations réalisées au niveau du bâtiment du réacteur. »

Suite à cette explosion, l’opérateur a annoncé mardi avoir évacué son personnel, sauf les employés chargés de pomper l’eau pour refroidir le réacteur. Bien qu’endommagée, l’enceinte de confinement du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Fukushima n’était apparemment pas trouée, indique l’Agence de sécurité nucléaire japonaise.

Les autres réacteurs sous surveillance

Pour les réacteurs n°1 et 3, le communiqué de l’ASN, qui tient ses informations des collègues japonais et d’un expert de l’IRSN français dépêché sur place, a confirmé les données des autorités japonaises. Les deux coeurs sont en fusion partielle, le refroidissement se poursuit par injection d’eau de mer. Les enceintes de confinement sont intègres.

Les réacteurs n°4 à 6, étaient à l’arrêt pour maintenance (arrêt de tranche) lors du séisme. Cette nuit, un incendie s’est toutefois déclenché sur le réacteur 4 de la centrale à cause d’une explosion d’hydrogène. Le niveau de radiation a considérablement augmenté. Ce matin, l’incendie est "apparemment éteint", ont rapporté mardi plusieurs médias japonais.

Radioactivité inquiétante

Un niveau de radioactivité supérieur à la normale a été détecté mardi matin à Tokyo, a annoncé la municipalité en précisant que ce niveau était trop faible pour pouvoir affecter la santé humaine. L’ambassade de France au Japon a toutefois démenti ce matin qu’un nuage radioactif se dirigeait vers la région de Tokyo, affirmant que la plus grande mégapole du monde « n’était pas menacée par les retombées radioactives ». « Au-delà d’un rayon de 30 km de la centrale, la radioactivité observée n’est pas à un niveau nécessitant des mesures spécifiques de protection de la population », a indiqué l’ambassade.

Sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima 1 par contre, à 250 km de la capitale, le niveau de radiations a « considérablement augmenté » selon le Premier ministre nippon Naoto Kan. Ce niveau de radioactivité est dangereux pour la santé. A 10h22 heure locale, 30 millisieverts ont été détectés entre le réacteur 2 et le réacteur 3, 400 millisieverts près du réacteur 3, et 100 près du numéro 4. A partir d’une dose de 100 millisieverts reçue par le corps humain, les observations médicales font état d’une augmentation du nombre des cancers.

Dans un rayon de 30 km, les Japonais ont été appelés à rester calfeutrés chez eux. L’ensemble du pays a été sommé de ne plus dévaliser les magasins pour faire des stocks de nourriture par crainte d’une aggravation de la crise nucléaire

La Bourse de Tokyo s’écroulait de près 14% mardi vers 04H20 GMT, un vent de panique prenant les investisseurs à cause de l’aggravation de la crise nucléaire.

http://www.usinenouvelle.com/article/catastrophe-nucleaire-au-japon-3-reacteurs-en-fusion.N148213