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Censure du réseau Indymedia par le FBI : une chronologie pour mieux comprendre

Publie le lundi 11 octobre 2004 par Open-Publishing
2 commentaires


de ODEBI

La censure du réseau d’information indymedia dans une vingtaine de pays soulève
de nombreuses questions : La ligue vous propose donc une synthèse des événements
 :

Le 7 octobre, 23h35, le site bellaciao annonce la saisie du serveur ahimsa 2
qui hébergeait de nombreux sites Indymedias comme : Nantes, Belgrade, Liege,
Oost-Vlaanderen, Andorra, Euskalherria, Lille, Nice, UK, Poland, Uruguay, Italy,
Ammazonia, Brasil, Portugal, WVL, Prague, Marseille, Galiza,...

Le FBI a ordonné à la Société Texane Rackspace de lui remettre les disques durs
situés dans sa filiale à Londres.

Le site indymedia Nantes semble visé, en raison de la publication des photos de deux policiers suisses publiées par un internaute. Les photos ont été remplacées rapidement par celles de deux personnages d’une série américaine, mais ont depuis été relayées à d’autres endroits. Le 28 septembre, Indy Nantes donnait des explications sur le problème posé par la publication de ces photos le 8 septembre :"Le 22 (v’la les keufs) septembre, par mail (en anglais) nous apprenons que selon Rackspace (le fournisseur d’accès internet de la machine qui héberge le site indymedia de nantes basée en Grande-Bretagne) le FBI, pas moins, aurait demandé de retirer la contribution en question."

Le 8 octobre 02h26, Indymedia Paris donne plus d’informations sur les actions d’intimidation du FBI à l’encontre du réseau Indymedia : "Ces derniers mois de nombreuses attaques ont été dirigées vers les médias indépendants par le gouvernement fédéral des USA. En août, les services secrets ont employé une injonction afin d’essayer de perturber l’IMC New York City avant la Convention Républicaine (RNC) en essayant d’obtenir les logs d’IP des fournisseurs d’accès aux USA et aux Pays-Bas. Le mois dernier la Commission Fédérale des Communications US (FCC) a fermé les stations radio communautaires à travers les USA. Il y a deux semaines le FBI a demandé qu’Indymedia supprime un article sur IMC Nantes qui contenait une photo de policiers suisses démasqués, et des bénévole d’IMC Seattle ont reçu la visite du FBI au même sujet. "

Cette visite des Fédéraux à un responsable d’Indymedia à Seattle a eu lieu le 1er octobre. Ce responsable a précisé que selon ces fédéraux, aucune loi n’avait été violée, et qu’ils agissaient pour rendre service au gouvernement suisse : "I just received an in-person visit from two local FBI agents who just "stopped by" to request in person that the IMC remove the identifying information from the photographs on the Nantes website. I explained to them that, while I am the registered agent for the Seattle Indymedia Center, I have no authority to make such a request, but I agreed to pass on the fact that they visited. I asked them what the federal government’s interest was in getting this information removed, and they stated that it was merely a courtesy to the Swiss government, who had requested that the identifying information be removed. They were careful to state that no laws had been violated and that there was no crime at issue, it was just a courtesy request. "

Le 8 octobre, 15h56, la Ligue Odebi réagit à cette censure intolérable et interpelle le Quai d’Orsay, publiant le message envoyé à Michel Barnier dans un communiqué de presse.

Le 8 octobre, 20h33, une dépêche AFP annonce : "L’accès au réseau d’information contestataire Indymedia a été coupé à la suite d’une descente du FBI dans les locaux américains et britanniques du serveur, ont rapporté vendredi les médias italiens.

La chaîne de télévision publique italienne RAI3 a expliqué dans son journal du soir que le site, membre du réseau mondial Indymedia, avait été obscurci à la suite d’une opération de la police fédérale américaine contre le serveur.
Dans cette même dépêche en provenance de Rome, on apprend qu’un député vert italien réagit à cette censure :

"La saisie des ordinateurs et des disques durs chez Indymedia USA et Grande-Bretagne par le FBI est un acte très grave", a protesté le député italien Mauro Bulgarelli, membre du parti des Verts.

Il a dénoncé "une provocation et une manoeuvre d’intimidation" à quelques jours du Forum social de Londres (15-17 octobre) et avant les élections américaines, dans un communiqué reproduit par le site Reporter Associati."

Le 8 octobre à 22h13, une dépêche AFP en provenance de Washington nous apprend que le FBI aurait agi à la demande de pays tiers, dans le cadre d’un traité international d’assistance mutuelle ; selon le porte parole du FBI Joe Parris : "L’opération contre le serveur du site contestataire Indymedia a été réalisée par des responsables du ministère américain de la Justice à la demande de l’Italie et de la Suisse, a déclaré vendredi un porte-parole du FBI (police fédérale américaine).
"Ce n’est pas une opération du FBI. L’assignation a été faite au nom de pays tiers par des responsables du ministère de la Justice contre un serveur, Rackspace, qui fournit de l’espace à Indymedia", a déclaré à l’AFP ce porte-parole Joe Parris.
La demande est venue de deux pays, "l’Italie et la Suisse", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails. "Les responsables du ministère de la Justice n’ont fait que remplir les obligations légales contenues dans notre traité d’assistance mutuelle", a-t-il insisté."

Le 9 octobre à 11h35, une dépêche AFP en provenance de Bruxelles annonce la réaction de la Fédération Internationale des Journalistes (IFJ), qui dénonce "une opération internatioale de police intolérable", et demande l’ouverture d’une enquête :"La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a demandé une enquête sur l’opération menée contre le site contestataire et altermondialiste Indymedia, estimant que la méthode employée ressemblait à une tentative "d’intimidation", selon un communiqué publié sur son site internet.

La FIJ, dont le siège est à Bruxelles, appelle à "une enquête sur l’opération policière menée en Grande-Bretagne en coopération avec d’autres agences, qui a entraîné la fermeture temporaire de 21 des quelque 140 sites internet d’Indymedia dans le monde", selon le communiqué, daté de vendredi.
"Nous avons été témoins d’une opération internationale de police intolérable (...) contre un réseau spécialisé dans le journalisme indépendant", a déclaré le secrétaire général de la FIJ, Aidan White.

"La façon dont les choses se sont passées sent plus l’intimidation" contre du journalisme d’investigation légitime que l’opération anti-criminelle, a-t-il ajouté."
Dans son communiqué, l’IFJ donne une information complémentaire : "The IFJ believes the seizure may be linked to a September 30 court case in San Jose California, in which Indymedia San Francisco and two students at Swarthmore College in Pennsylvania successfully opposed an application by Diebold Election Systems Inc to remove documents claiming to reveal flaws in the design of electronic voting machines which are due to be used widely in the forthcoming US Presidential election. "

Ces deux étudiants, avaient été poursuivis par cette société, qui invoquait le DMCA et la violation de ses droits de propriété intelectuelle : l’Electronic Frontier Foundation a consacré un dossier à cette affaire dans laquelle des internautes avaient publié des failles de sécurité d’un système de votre électronique. (On notera à ce sujet la pertinente remarque du Juge Fogel : “No reasonable copyright holder could have believed that the portions of the e-mail archive discussing possible technical problems with Diebold’s voting machines were protected by copyright,”)

Le 9 octobre à 18h04, une dépêche AFP en provenance de Genève indique que : "Le procureur général de Genève a indiqué samedi avoir ouvert une enquête, à la suite d’une plainte déposée par deux policiers qui avaient découvert le nom de l’un d’entre eux, leurs adresses et leurs photos sur la version française du site altermondialiste et contestataire Indymedia.
"J’ai ouvert une enquête mais je ne vous en dirai pas plus", a déclaré samedi le procureur Daniel Zappelli."

On apprend aussi dans cette dépêche que la Police suisse serait intervenue auprès du FBI pour faire retirer un contenu publié sur Indymedia Nantes : "Le site français Indymedia-Nantes a publié à la mi-septembre les photos à visages découverts des deux inspecteurs, accompagnés d’appels à la violence. La police genevoise avait auparavant elle-même diffusé sur son propre site internet la photo de certains "casseurs présumés", à la suite des manifestations en marge du G8.
Selon la Tribune de Genève, la direction de la police genevoise serait intervenue auprès du FBI (police fédérale américaine), pour faire retirer les photos sur Indymedia-Nantes.

Selon le journal suisse, le site a retiré le 22 septembre les photos et l’article qui l’accompagnait, après avoir appris que le FBI avait interrogé le fournisseur d’accès américain Rackspace qui l’héberge.
Deux jours plus tard, les photos ont réapparu mais les visages de policiers ont été remplacés par ceux d’acteurs de séries policières. Si les visages sont désormais changés, les textes par contre peuvent toujours être lus."

http://www.odebi.org/ax/ax.php?url=60f98f142a96f6e7c5a26097d8075fbf

Messages

  • Le peu de réactions publiques pose question, c’est le moins que l’on puisse dire !
    Allons nous laisser faire ? Saisissons nos syndicats, associations, partis politiques ! Et publions...

    Sinon, demain... Bellaciao, notre asso, syndicat, parti, à qui le tour ?
    Le totalitarisme ne peut s’exercer que sur notre indifférence.

    Patrice

    • Pourquoi se lamenter devant le peu voire l’inexistence de réaction publique ? Les médias officiels, que nous avons abandonné depuis longtemps ( en tout cas pour moi ) ne pourraient certainement pas s’en indigner car ils avoueraient par là même que leur travail n’en est pas un... Non, le point central dans cette affaire est bien que la trainéée de poudre qu’elle a créée est en train de se répandre sur la toile à une vitesse mirobolante et que, si quelqu’un ne connaissait pas l’existence de réseaux alternatifs, il va pouvoir se rendre compte de l’ampleur de l’entraide internationale qu’elle est en train de générer. Quand l’attaque est globale, nous ne formons qu’un ! Attaquez-vous à l’un d’entre nous, vous nous attaquez tous ! Contre la dictature LEN-mondialisée, résistance sans frontières ! FUCK THE PIGS AND FBI !
      l’ane architecte