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Changements Climatiques > Faire simple et clair sur l’un des plus grands enjeux contemporain.

Publie le mercredi 24 mai 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

"Si la multiplication des évènements climatiques extrêmes n’est pas prouvée, si la mer ne s’élèvera pas de dizaines de mètres, le réchauffement des océans, leur élévation et le déplacement des courants maritimes nous font courir des risques certains." (Sébastien)
Le climat terrestre évolue naturellement de façon cyclique avec une période dominante d’environ 100 000 ans : ce sont les cycles glaciaires/interglaciaires de Milankovitch. Cette évolution est due aux variations de 3 paramètres orbitaux : l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre (qui oscille sur 4 degrés avec une période de 41 000 ans), la rotation de la Terre sur elle même (précession des équinoxes, période de 20 000 ans) et la forme de l’orbite terrestre (excentricité, période de 100 000 ans). C’est la combinaison de ces paramètres qui fait rentrer ou sortir d’une glaciation tous les 100 000 ans. Actuellement nous sommes, depuis 10 000 ans environ dans une période interglaciaire (chaude). Ainsi, normalement, dans 60 000 ans nous devrions nous retrouver dans une période de glaciation comme celle durant laquelle vivait notre ancêtre Cro-magnon il y a 20 000 ans, le dernier maximum glaciaire où les températures étaient inférieure de 6 °C en moyenne et le niveau de la mer 120 m plus bas.

Or aujourd’hui, où l’on est sur un pic « chaud », nous tendons à accentuer ce réchauffement de manière artificielle -non naturelle- par un accroissement de l’effet de serre à cause de notre activité industrielle qui rejette de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. L’augmentation des température d’ici à la fin du 21e siècle pourrait être supérieure à 6 °C, estimation haute du rapport du GIEC 2001.[ndlr > cf. rapport à venir du GIEC - Groupement Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat regroupement de près d’un millier de climatologues à la demande de l’ONU depuis 1990 fédérant le travail des différents laboratoires de recherches internationaux - lien].

En effet, certains effets non-linéaires, non pris en compte dans les modèles climatiques, peuvent amplifier le réchauffement et engendrer un cercle vicieux redoutable : la fonte du permafrost par exemple commence à libérer et libérera d’énormes quantités de méthane, gaz à effet de serre plus puissant que le CO2, sans parler d’une hypothétique libération du gigantesque stock de ce gaz actuellement sous forme d’hydrates de méthane au fond des océans (phénomène sans doute responsable il y a 250 millions d’années, à la fin du Permien, d’une des principales crise de la vie sur Terre qui à vu s’éteindre 90% des espèces marines).

L’enjeu est notamment lié à l’accélération de ce modifications. La rapidité avec laquelle nous avons modifié l’atmosphère ces 100 dernières années est sans précédent : nous avons rajouté autant de CO2 dans l’atmosphère pendant cette période que la nature ne le fait en 10 000 ans, lors d’une transition glaciaire/interglaciaire. Nous détruisons des puits de carbone qui deviennent ou risque de devenir des sources de CO2 (déforestation, saturation des océans, etc. ). Le réchauffement climatique, lié au taux croissant de CO2 dans l’atmosphère n’est pas une hypothèse. C’est une réalité démontrée sur laquelle les chercheurs travaillent depuis maintenant une bonne vingtaine d’années [ndlr > dans les années 70 on parlait plutôt d’un refroidissement global - vous verrez plus bas que pour l’Europe c’est ainsi qu’il faudrait l’envisager].

Quels sont ou seront les conséquences et les dangers ?

Si la multiplication des évènements climatiques extrêmes n’est pas prouvée (même si les soupçons de causalité sont chaque jour plus nombreux - cf. récents articles dans Nature relatifs à la dernière saison cyclonique en Amérique), si la mer ne s’élèvera pas de dizaines de mètres (de 3 à 6 mètres d’ici un siècle selon des études récentes, ce qui est déjà énorme), le réchauffement des océans, leur élévation et le déplacement des courants maritimes (un ralentissement du Gulf Stream par exemple qui protège encore l’Europe de l’air polaire glacial, pourrait générer un refroidissement du climat de l’Atlantique nord, donc de l’Europe) nous font courir des risques certains. La faune et la flore ont déjà entamé leur "adaptation", même si ce terme est galvaudé et s’il eut fallu dire "La flore souffre déjà du réchauffement (...) et la faune tente de s’adapter" ; exemple des châtaigniers dans le sud ouest, des chênes de la foret de Vierzon ou la vitesse de migration des insectes vers le nord ; mais pourront-ils survivre à des modifications aussi rapides du climat ? [ndlr > Hier encore un rapport intergouvernemental dénombrait espèces menacées et en voie de disparition. Les chiffres sont plus qu’allarmants].

Qu’est-ce qui est à ce jour incontestable parmi les probables ou très probables conséquences ?

La température augmente, le taux de CO2 est plus élevé que depuis au minimum 800 000 ans, les rendements agricoles sont impactés, de nombreuses terres seront très rapidement submergées accompagnés de déplacement de population de grande ampleur, les maladies tropicales se déplacent vers le Nord, la biodiversité est menacée, générant un « effet domino » redoutable et l’impact, ne serait-ce qu’économique, est certain : cela nécessite une remise en cause de nos modèles, donc une véritable volonté politique, industrielle comme individuelle. L’homme, nous, sommes en train, par notre action, de modifier dramatiquement le climat, et cela de manière irréversible. C’est dans l’accélération inédite de ces modifications que se joue notre avenir tout autant que notre mode de vie. Au delà, le risque est enfin que cette situation devenant explosive nous conduise tout droit vers de nouvelles guerres...

Légende des graphiques (voir lien ci-après) :

1 et 2/ Changements de température depuis 1000 ans et courbe de la concentration de CO2 dans l’atmosphère (source > La Liste à Suivre) 3 / Statistiques sur les catastrophes naturelles (source)

NB > Cette synthèse co-écrite avec Seb et amendée par JCM est la première qui fait suite au séminaire Freemen qui a eu lieu les 13 et 14 mai dernier en Dordogne et sera suivit d’un article portant sur l’économie, les indicateurs de développement et la notion de croissance puis d’une lettre ouverte, tous deux en cours de rédaction.

débat, liens et source > http://www.nuesblog.com/article.php3?id_article=76

Messages

  • Voyons ce que diront les candidats à 2007 sur ce sujet.
    A quoi sert-il de promettre, de vouloir faire, d’améliorer etc..., si nous n’avons aucun avenir sur cette planète ? Tous les beaux discours sur la société seront vains si la principale préoccupation n’est pas tout simplement notre survie, la survie de l’homme ?
    Anjou

  • CE QUI EST DIT EST ESSENTIEL !

    Cette vulgarisation, qui n’est pas vulgaire, est très claire et dit l’essentiel... c’est à dire quelquechose qu’on sait depuis 1987 avec le travail de la Commission Brundtland !
    Les conséquences de l’effet de serre, dès lors qu’elles deviendraient irréversibles, seraient incommensurables. C’est bien le danger principal qui guette notre vaisseau spatial : le Terre.

    À partir de là des pistes de réflexion s’imposent quant au développement soutenable... et sur les énergies qui devront le porter : à long terme, comme dans une période intermédiaire.
    C’est ce qui m’a fait intervenir sur le débat concernant l’EPR.
    Quelque point de vue qu’on ait sur la question, on ne peut pas être satisfait de la manière dont est produite et diffusée l’information concernant ce dossier !

    Le débat sur le nucléaire doit être mené, au fond et jusqu’au bout .

    NOSE DE CHAMPAGNE