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Charte pour une alternative au libéralisme

Publie le lundi 22 mai 2006 par Open-Publishing

de Michel Peyret

Remarques rapides .

Merci pour ton message et les textes signalés . Je retiens surtout la Charte . C’est intéressant , mais on peut faire mieux sur certains points .

Sur l’appropriation sociale , c’est presque bien . Elle est présentée comme étant au coeur du projet politique avec les services publics . Elle n’est donc pas limitée à ces derniers . C’est au débat public de trancher sur son ampleur : à mon avis , dans le cadre d’une coélaboration avec les citoyens , on doit arriver avec des propositions en ce domaine également , quels groupes et pourquoi ? Il y a une question de « seuil « en-dessous duquel on laisse trop de moyens au grand capital . C’est ce seuil qu’il faut essayer de définir avec des argumentations . Et après le débat public tranchera . Mais il faut aussi se garder la possibilité d’aller plus loin selon l’accuité du combat et les résistances rencontrées . S’il n’y avait pas de résistances , c’est que le grand capital aurait décidé de collaborer !

L’appropriation sociale doit aussi concerner les banques , les établissements financiers , les assurances . Oui donc à un pôle public du crédit . Mais là aussi , il y a une question de seuil et de moyens laissés au grand capital , même ssi des dispositions sont envisagées contre le sabotage financier , qui sera , on ne peut en douter , une réalité incontournable .

L’avantage avec ce texte , c’est que les problèmes sont posés et donc ouverts au débat .

Ce qui est dit sur la gratuité est intéressant . Peut-être pourrait-on étendre encore son champ , ce sont autant de domaines qui échappent ainsi à la marchandisation . Par exemple au logement , avec un service public du logement . Voir ce qui a été dit à ce sujet , notamment en revenant à Sagot-Duvauroux qui vient de sortir à nouveau un livre accessible sur Internet .
Mais mon principal sujet de préoccupation , là et ailleurs , et après les sujets que je viens d’aborder , reste l’Europe .

A mon avis , avec la Charte , on reste dans le cadre d’un processus de construction d’un super-Etat européen qui prendrait les décisions essentielles , comme c’est déjà le cas pour 60 à 80% de la législation nationale . On prévoit d’aller plus loin , par exemple avec des services publics européens . Et les peuples qui n’en voudront pas ? Ils bloqueront tout ! A mon avis , sur cette question comme sur d’autres , c’est à chaque peuple de décider , sinon on risque d’attendre la Saint Glinglin , on risque l’alignement sur les moins avancés , et il y en a .

Donc , sur tous les sujets importants , la libéralisation du rail par exemple , c’est chaque peuple qui décide et rien n’empêche les coopérations entre pays à services publics et pays à services privatisés .

Des reconquêtes de souveraineté sont , à mon avis , indispensables . C’est cela la véritable relance démocratique européenne !

Par contre , on peut multiplier les coopérations sur tous les sujets . Des coopérations à la carte .Les pays intéressés par un projet s’y engagent et financent . Ce qui permet d’aborder le budget européen de façon différente , les contributions des Etats pouvant alors se limiter aux aides pour combler les inégalités de développement .

Cela permettrait aussi de limiter la bureaucratie européenne et ce serait un grand bien . Ce que je vois , c’est une sorte d’ONU européenne . Une Assemblée générale qui prend les décisions dans les domaines de sa compétence , définis par une Charte , et un Exécutif pour les faire appliquer .

A mon avis encore , il convient de repartir de zéro . Le texte indique que les traités actuels seront abrogés et remplacés par de nouveaux textes fondateurs selon un processus
démocratique et populaire dont la méthode doit être débattue . Pourquoi pas des sortes d’Etats Généraux dans tous les pays concernés ?

A mon avis , la « citoyenneté européenne élargie « ne peut exister aujoud’hui . Il n’y a pas un peuple européen mais des peuples européens .

Avec la connaissance que j’en ai , je ne les vois pas marcher au même pas avant longtemps .

Les décisions devant être prises à l’unanimité , sinon à une importante majorité , on irait vers des blocages permanents . A la simple majorité , des peuples se sentiraient violés !

Restent les problèmes monétaires qui ne sont pas abordés dans le texte sous réserve d’une lecture plus approfondie . Ils sont parmi les attributs principaux de la souveraineté des peuples . Selon l’enquête qui avait été faite à Vénissieux après le référemdum , et publiée dans L’Huma , ils sont le second axe du NON . L’enquête , que l’on doit pouvoir retrouver , était-elle crédible ? Si oui , pourquoi n’est-elle pas prise en compte ? Ou est-ce que c’est parce que c’est Gerin qui finançait ? Avant l’Euro , il y avait l’Ecu , monnaie commune , et les monnaies nationales . Aujourd’hui , il y a les pays qui ont adopté l’Euro ( selon quelles conditions ? ) et ceux qui ne l’ont pas fait ? Et si l’on repartait de zéro sur ce sujet également ?

Enfin , comment lutter contre la libre circulation des marchandises et des capitaux , aspects principaux de la mise en concurrence des peuples ? C’est aussi une des grandes question que l’on ne peut laisser en jachère !