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Civisme gagnant au pays de Voltaire et de Montaigne

Publie le dimanche 23 avril 2006 par Open-Publishing
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Finalement relaxé, un professeur était poursuivi pour avoir pris la défense d’un passant brutalisé par la police.

Par Pierre DAUM, Montpellier

c’était la parole d’un poète contre celle des flics. Et c’est le poète qui a gagné. Un soir d’avril 2004, en sortant d’un restaurant avec un ami, Brice Petit, agrégé de français et auteur de poésies, était tombé sur un groupe de policiers en train de s’acharner sur un homme à terre et en sang, dans une rue passante de Montpellier. Alors qu’une foule de badauds assistait à la scène sans rien faire, il avait demandé aux policiers de cesser de frapper leur victime. Furieux, les policiers l’avait alors menotté, emmené au poste, déshabillé entièrement, fouillé « dans tous les trous », puis renvoyé au bout de douze heures avec une plainte pour outrage à personnes dépositaires de l’autorité publique.

Injures. Lors de l’audience de première instance (Libération du 24 juin 2005), six policiers s’étaient succédé à la barre pour jurer que Brice Petit les avait couverts d’injures ce soir-là (« Nazis ! Fachos ! SS ! Racistes ! ») Ce que l’enseignant, soutenu par plusieurs témoins, niait. « Je ne les ai jamais insultés. Je leur ai dit que "dans le pays de Montaigne et de Voltaire il est indigne de traiter ainsi un être humain". » Le 31 août, le tribunal avait provoqué la surprise en relaxant Brice Petit « au bénéfice du doute ». Mais le parquet avait immédiatement fait appel. Or, dans son arrêt, la cour d’appel vient de confirmer l’innocence du poète.

Idéaliste. « Ce sont deux années de cauchemar qui s’achèvent, je suis très heureux ! » s’est exclamé Brice Petit à la sortie du palais de justice. « J’ai aussi eu la chance de disposer de témoins citoyens qui ont eu le courage de confirmer mes propos à la barre. » Alors qu’il est très fréquent que toute personne qui ose intervenir dans la rue contre des policiers se retrouve poursuivie en retour pour outrage, Brice Petit espère que « cet arrêt redonnera du courage aux gens qui se retrouvent témoins de violences de la part de la police ».

« C’est une très grande victoire pour la démocratie », a salué François Roux, l’avocat de Brice Petit, pour qui « cet arrêt est intéressant, puisque les juges ont considéré que la parole d’officiers assermentés ne suffit pas à lever les doutes ». Suite à sa garde à vue musclée, Brice Petit avait porté plainte pour violence contre les policiers. Il y a un mois, le juge d’instruction a refusé de poursuivre les gardiens de la paix. Son motif ? Si « la crédibilité [de Brice Petit] ne peut être mise en doute », il n’en demeure pas moins quelqu’un « qui avait une vision si idéaliste des principes en lesquels il croyait que le contact avec la dure réalité d’une interpellation avait été pour lui un choc majeur ».

http://www.liberation.fr/page.php?Article=375553

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