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Claude Debons, un ultra contre l’ultralibéralisme

Publie le vendredi 11 juin 2004 par Open-Publishing

En campagne. Syndicaliste à la CGT, il milite pour une Europe sociale tirée vers le haut.

Par Hervé NATHAN
vendredi 11 juin 2004

Claude Debons est à droite sur la photo de la liste « L’Europe oui, mais pas celle-là ! », en Ile-de-France, aux côtés de Francis Wurtz, député européen communiste, de Mamida Ben Sadia, étiquetée « militante féministe contre toutes les discriminations ». Lui-même a droit à un discret qualificatif : « syndicaliste cheminot, altermondialiste ». Il ne se fait pas d’illusions : il n’ira pas à Strasbourg représenter la « gauche populaire et citoyenne », alliance du PCF, des Alternatifs, et de « militants syndicaux, associatifs, féministes et altermondialistes ». « Si nous avons un élu en Ile-de-France, c’est bien. » Il roule donc pour Francis Wurtz, l’éternel député européen.

Claude Debons était la tête de Turc de la direction de la CFDT. Son opposant officiel pendant de longues années, à la tête de la puissante fédération générale Transports-Equipement, catalogué « sous-marin de la LCR », bien qu’il eût quitté la Ligue en 1993. La page CFDT a été tournée à l’automne, quand, avec une dizaine de milliers de militants cheminots et routiers, il a rejoint la CGT. Depuis, le retraité de 55 ans est responsable des « forums sociaux » au secteur international de la centrale. Une tâche qui va comme un gant au membre de la Fondation Copernic, au proche d’Attac, au soutien de tous les mouvements sociaux (féministes, sans-papiers...), au contempteur de l’ultralibéralisme, surtout lorsqu’il est européen.

C’est même la motivation de sa candidature : dans les réunions en banlieue, dans les rencontres avec les agents d’EDF, figures imposées du militantisme de la gauche de la gauche, il plaide pour « la rupture avec la logique actuelle de la construction européenne », pour « les services publics européens », pour « l’harmonisation vers le haut des règles sociales », contre « les privatisations et le projet de Constitution de Giscard ». Il est logiquement un des auteurs de la « charte pour une autre Europe », qui marque l’infléchissement du Parti communiste vers l’acceptation de l’UE.

Claude Debons n’est pas rancunier. Dans ses premières discussions avec le PCF, on lui a laissé espérer une tête de liste dans la grande région Centre, dont il est originaire. La tendance Hue du PCF lui a barré le chemin. Il s’est donc rabattu sur l’Ile-de-France et un strapontin. Mais il ne se voyait pas ailleurs, ni avec LCR-LO, ni avec l’éphémère liste « 100 % altermondialistes ». Il aurait bien préféré sa liste idéale, regroupant des communistes, des Verts, des trotskistes et des représentants de mouvements sociaux. Comme il a cru un temps, après le 21 avril 2002, au défunt comité Ramulaud. « Mais chacun est retourné dans sa maison d’origine », regrette-t-il. L’espoir reste : « Notre réflexion, c’est qu’il faut rebâtir un pôle alternatif à gauche. Cela ne peut se faire que de la liaison entre l’action politique et l’action sociale. » Pas question donc de se réfugier dans « l’incantation » comme la LCR et surtout LO, ni dans le « tout-mouvement » des altermondialistes. Au fond, Debons demeure un cédétiste des années 70, mélange de pragmatisme et de volonté de transformation sociale, éternellement à la recherche de l’un et de l’autre.

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