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Cobas, Italie : un énorme "merci" au peuple français

Publie le vendredi 3 juin 2005 par Open-Publishing

de Cobas traduit de l’italien par karl&rosa

Le peuple français a gagné pour nous toutes et pour nous tous une bataille extraordinaire contre le libéralisme en Europe : et nous toutes et nous tous lui envoyons un énorme "merci".

Avec une très large participation au vote (plus de 70%) et une majorité importante (presque 56%), le NON à la Constitution européenne libérale et belliciste a triomphé et cela malgré le déchaînement de tous les principaux médias français dans la diabolisation des forces qui s’opposent au modèle social Usa du libéralisme sans freins et de la guerre permanente et globale. Tous les principaux pouvoirs français, à l’unisson, ont essayé de convaincre les Français que la victoire du NON signifierait la débâche économique et sociale de l’Europe et que le NON était soutenu pour des raisons xénophobes, racistes et de mesquin égoïsme national.

En réalité, il ne fait aucun doute que la motivation très majoritaire dans l’exceptionnelle et imprévue mobilisation de masse du peuple français (qui a rappelé à plusieurs ’68 ou la grève prolongée de ’95) a été la défense de l’Etat social, des services publics, de l’école et de la santé non privatisées et dont on ne fait pas commerce, de la stabilité des emplois et des retraites : en somme, la défense de tout ce que le modèle de Constitution libérale européenne voudrait démanteler, avec ses directives Bolkestein et sur l’horaire de travail, avec sa volonté d’imposer partout la précarisation du travail et de la vie, la domination du marché et de la "libre" concurrence qui fait commerce de tout...

Face à une mobilisation aussi chorale, à un peuple tout entier qui discute passionnément des mois durant de son sort vis-à-vis d’un passage historique, nous ne pouvons que vivre avec un grand embarras le silence généralisé qui a accompagné en Italie la ratification du texte constitutionnel européen. Et nous ne pouvons pas nous en tirer non plus en pensant à une espèce de supériorité démocratique "génétique" du peuple français par rapport à nous, ni alléguer comme une excuse le fait qu’en Italie aucun référendum en la matière n’ait été permis.

Nous payons en réalité une série de difficultés politiques. En premier lieu, à la différence de la France, en Italie l’énorme majorité du centre gauche s’est rangée pour le texte de Constitution, avec les Rutelli engagés, même en mission, pour convaincre les Français à voter OUI et les Prodi/D’Alema/Fassino qui pleurent sur le "jouet" libéral cassé par les "irresponsables" transalpins. En deuxième lieu, la campagne pluri décennale, avec centre droit et centre gauche bras dessus bras dessous, qui a martelé pour les Italiens et les Italiennes la ritournelle "ce qui est privé, c’est beau, ce qui est public, c’est dégoûtant", fait en sorte qu’aujourd’hui nombre d’Italiens ne ressentent pas le devoir de défendre les structures publiques et les services sociaux avec la même obstination et le même orgueil des Français. Enfin, même à l’intérieur du mouvement alter mondialiste, de très nombreuses forces n’ont pas eu le courage de se ranger ouvertement avec le NON, craignant d’être traitées de "antieuropéennes", d’adeptes de la Ligue, de xénophobes, de nationalistes mesquines etc... Et même quand il s’est agi de manifester contre la signature à Rome de la Constitution, on n’est pas arrivé à créer un front commun, on a manifesté contre la guerre mais pas contre le traité et on a été très peu à protester en sourdine à quelques pas du Capitole, où justement on procédait à la signature constitutionnelle.

Mais pour notre bonheur et pour le bonheur général, les Français et les Françaises n’ont pas eu de telles craintes ni de telles divisions et ont donné une claque solennelle à l’Europe libérale, en rouvrant magnifiquement le match, inaugurant une saison fertile de bataille anti-libérale et anti-guerre en Europe et en alarmant énormément non seulement les Bolkestein et les libéraux les plus exposés, mais aussi, par exemple chez nous, les Prodi, Rutelli, D’Alema et Fassino, en grand conflit entre eux quand il s’agit des quotas de pouvoir à partager, mais unanimes et compacts dans la défense de la Constitution libérale et dans la stigmatisation de ses adversaires les plus acharnés et enfin victorieux. Et maintenant, forza Olanda !

Confederazione Cobas www.cobas.it - e-mail : cobas@cobas.it

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