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Colonna sera rejugé pour l’assassinat du préfet Erignac

Publie le mercredi 30 juin 2010 par Open-Publishing
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La Cour de cassation a annulé mercredi pour un vice de procédure la condamnation d’Yvan Colonna à perpétuité prononcée en 2009 pour l’assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998.

La plus haute juridiction française a ordonné un nouveau procès d’assises, qui devrait se tenir en 2011. Ce sera le troisième du berger de Cargèse, et le cinquième aux assises pour ce dossier, le plus grave crime politique en trente ans de violence nationaliste sur l’île.

La défense d’Yvan Colonna, arrêté en juillet 2003 en Corse après quatre ans de fuite, et qui a toujours clamé son innocence, a annoncé qu’elle allait demander sa remise en liberté.

La décision de la Cour de cassation relance une affaire embarrassante pour les autorités.

Yvan Colonna se dit victime d’un montage politique orchestré par le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, et le poursuit en justice pour violation de sa présomption d’innocence.

Fait rare, la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, a réagi dans un communiqué pour déplorer une "nouvelle épreuve" pour la famille Erignac. Elle souligne que la décision de cassation ne "porte en en rien sur la question de fond de la culpabilité d’Yvan Colonna".

LA FAMILLE COLONNA EXULTE

L’affaire a donné lieu à une enquête chaotique marquée par une "guerre des polices" et des rivalités de juges. Elle a suscité indirectement la confusion politique sur l’île, le successeur de Claude Erignac, Bernard Bonnet, finissant en prison pour avoir ordonné l’incendie de restaurants de plage.

Yvan Colonna reste pour l’instant détenu, l’affaire revenant au stade du procès de première instance de 2007. Il avait alors été condamné déjà à perpétuité, sans les 22 ans de période de sûreté ajoutés en appel en 2009.

A la Cour, le père, la soeur et les proches d’Yvan Colonna se sont étreints et ont fondu en larmes de joie à la lecture de la décision. "C’est la première marche vers la consécration de l’innocence d’Yvan Colonna", a dit l’un des avocats de la défense, Me Pascal Garbarini.

"Nous espérons que les demandes rejetées par la cour d’assises, et notamment celle d’une reconstitution (du crime à Ajaccio-NDLR) sera acceptée", a dit Me Patrick Maisonneuve, autre avocat de la défense.

Me Vincent Courcelle-Labrousse, avocat du frère du préfet assassiné, a qualifié de "triste et un peu désespérante" la décision. "Yvan Colonna a déjà été déclaré coupable par deux cours d’assises et nous ne doutons pas qu’il le sera une troisième fois", a-t-il ajouté.

PROBLÈME LIÉ À LA DÉPOSITION D’UN TÉMOIN

L’audience aux assises spéciales de Paris, tenue en février et mars 2009, s’était terminée en l’absence de l’accusé et de ses avocats qui avaient quitté l’audience pour protester contre un procès jugé partial.

Rejetant les moyens les plus importants présentés par la défense, la Cour de cassation retient un défaut technique : elle sanctionne le fait que la cour n’ait pas répondu formellement à des arguments critiquant les conditions de la déposition d’un témoin de la défense, un expert en balistique.

Désigné par l’accusation comme celui qui a tiré trois balles dans la tête du préfet le 6 février 1998, par derrière, Yvan Colonna avait vu aussi sa culpabilité retenue pour l’attaque de la gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud). C’est là, en septembre 1997, que fut volée l’arme du crime.

La justice a déjà établi définitivement lors des précédents procès que le préfet Erignac a été tué par un commando de nationalistes corses qui voulaient refonder la lutte pour l’indépendance par leur acte.

Six autres hommes, des proches d’Yvan Colonna, ont déjà été condamnés en 2003 à des peines allant de 15 ans à la perpétuité.

Les mises en cause d’Yvan Colonna en 1999 par la plupart des hommes condamnés et leurs épouses ou compagnes, réitérées pendant près de deux ans, puis retirées dans des conditions jugées peu crédibles, constituent le socle de l’accusation.

La défense a soutenu que ces hommes et ces femmes avaient menti initialement lorsqu’ils accusaient Colonna, soit en raison de pressions policières, soit pour protéger d’hypothétiques autres coupables jamais arrêtés.

A l’audience de 2009, les condamnés et leurs épouses avaient tenté de blanchir Yvan Colonna, toujours de manière ambiguë.

http://humanite.fr/30_06_2010-colonna-sera-rejug%C3%A9-pour-lassassinat-du-pr%C3%A9fet-erignac-448733

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