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Comment riposter ensemble ? Réponse d’Europe-Décroissance

Publie le dimanche 30 août 2009 par Open-Publishing
6 commentaires

Compte-rendu d’une intervention au Forum de l’Université d’été du NPA sur le thème : Comment riposter ensemble ? Avec des formations politiques de gauche.

Dans le cadre de l’Université d’été du NPA, à Port-Leucate, était organisé le lundi 24 à 17heures un forum sur le thème : « Comment riposter ensemble ? », débat animé par Pierre-François Grond et lancé par Béatrice ( ?), du NPA. Etaient également présents et sont intervenus dans une salle bondée et surchauffée (il faisait plus de 30°C à l’extérieur), Roland Mérieux (Alternatifs et Fédération), Patrice Bessac (PCF), François Delapierre (PG) et Tarek (Forum Social des Quartiers populaires).

Comment riposter ensemble ? Alternatifs, PC, PG et FSQ.

 La vidéo de la première série des interventions.

Toutes les interventions des représentants des partis ont porté sur la rentrée sociale avec en perspective les élections régionales de 2010. J’intervenais entre le PC et le PG.

Roland Mérieux, pour les Alternatifs et la Fédération, se demande quels sont les moyens pour changer la donne, quel projet politique, quelle attitude pour les élections régionales. Patrice Bessac, du PCF, évoque un « nouveau front populaire » : « Est-ce qu’on se donne les moyens de transformer la majorité idéologique qu’il y a dans ce pays, majorité fondamentalement critique dans son rapport au libéralisme et au capitalisme en majorité politique. Il nous semble que c’est possible, peut-être pas demain, peut-être pas après-demain, mais à court terme, c’est possible de faire en sorte qu’une majorité des gens qui se sont retrouvés dans la rue se reconnaissent dans le fait que nous fassions ensemble une force politique, à vocation majoritaire, s’engageant dans un projet de rupture avec le libéralisme ».

François Delapierre (PG) axera toute sa longue intervention sur « ce que peut être une stratégie de l’autre gauche, que nous pouvons porter ensemble, qui n’effacera pas les différences entre nos organisations, leur spécificité, leur programme… Tous ensemble nous pouvons non seulement parler de la crise, nous pouvons commencer à expliquer comment on peut en sortir pour sauver l’humanité tout entière ». Enfin, Tarek (?) osera ouvertement poser la question qui fâche, celle de la place des partis politiques dans la réalité sociale : « Il était où le Front de Gauche quand… ? ».

En conclusion, Pierre-François Grond recentrera les interventions du NPA en priorité sur le bloc social plutôt que sur les élections régionales (il reprend pour l’essentiel le texte de la déclaration commune PG-NPA).
Comment riposter ensemble ? Verbatim.

[Dans un premier temps, je me suis présenté non pas en tant que « représentant » des Objecteurs de croissance mais seulement en tant qu’objecteur de croissance, l’un des quatre porte-parole de la campagne Europe-Décroissance, première apparition politique de l’objection de croissance en tant que telle dans une campagne électorale.]

« Je suis ici pour répondre à une question qui est : « Comment riposter ensemble ? ». Alors, au départ, j’ai trouvé la question très facile parce que j’ai cru que la réponse était dans la question : « Comment riposter ? ». « Ensemble ! ». Cela me semble évident ; si c’est pour riposter chacun dans son coin, dans sa chapelle politique ou dans sa yourte, cela n’a absolument aucun intérêt.

Donc il me semblait que la réponse était évidemment dans la question ; et puis aussitôt après, pour compliquer les choses, je me dis que si on est ensemble, pourquoi se contenter de riposter. Juste riposter ? Juste une contre-offensive [1] ? … Mais une contre-offensive, ce n’est pas suffisant ; une riposte, ce n’est pas suffisant. Ce que nous nous envisageons, c’est une sortie définitive du capitalisme, c’est à dire que nous ne voulons pas simplement… (applaudissements), nous ne voulons pas nous contenter de, comme cela, donner un petit coup de pied. J’ai sous les yeux une revue espagnole, catalane [2], « Nous pouvons vivre sans capitalisme » ; je trouve cela excellent.

Le seul problème, c’est que si, ensemble, nous devons ne pas nous contenter de riposter, je me pose aussitôt la question « Est-ce que nous sommes ensemble ? ». Cela veut dire quoi « ensemble » ?

Ensemble. Si je dis que nous sommes ensemble parce que nous sommes des anti-libéraux, vous allez m’applaudir. Si je dis que nous sommes ensemble parce que nous sommes des anticapitalistes, au NPA, formidable (applaudissements). Si je rajoute que nous sommes des anti-productivistes (cris, applaudissements). Et, je suis désolé [3], si je rajoute que nous sommes des anti-nucléaires (cris, sifflets, applaudissements)…

Je n’ai pas fini (dans la salle, quelqu’un crie « Il va adhérer »). « Ensemble », ce n’est pas simplement les organisations politiques, c’est aussi le reste des gens. C’est la première fois que je viens à Port-Leucate… hier soir, j’ai fait un tour sur le port – je ne suis pas venu écouter Olivier Besancenot… ce n’est pas bien – j’ai vu tout un ensemble de gens qui viennent pour se reposer, après avoir travaillé. La France qui se repose après avoir été la France qui travaille. Je ne suis pas sûr que « ensemble », nous puissions croire – je ne suis pas d’accord avec ce que tu as dit [4] – je ne suis pas sûr que les gens attendent que soudain nous apparaissions et que derrière notre avant-garde éclairée, ils se mettent à nous suivre ; je n’y crois plus.

Pour le dire autrement, il me semble quand même que dès que l’on voyage un peu dans le monde, on rencontre des tas de gens qui désirent le capitalisme. Critiquer le capitalisme en racontant qu’il est indésirable, c’est trop facile. Il y a tout un ensemble de gens qui trouvent que le capitalisme est désirable, et pas simplement par servitude volontaire, ils y adhèrent. Donc, sur ce point là, je rejoins toutes les interventions précédentes ; effectivement, il nous faut intervenir, il nous faut riposter.

Alors après je me suis reposé la question ; vous avez bien compris que quand j’essaie de penser « riposter » avec « ensemble », je n’y arrive pas parce que si on est ensemble, riposter n’est pas suffisant et puis, si on riposte, j’ai bien peur que l’on ne soit pas ensemble. Donc j’ai abandonné d’essayer de répondre à la question en regardant et « riposter » et « ensemble ».

Heureusement, il y a un troisième mot, « comment ». Alors cela, nous les objecteurs de croissance, on adore le « comment » ; parce que, on se veut, précisément, dans les alternatives concrètes, dans les contre-pouvoirs, dans les initiatives individuelles et associatives, on se veut « sur le terrain » et d’ailleurs, je dis que je parle pour les objecteurs de croissance mais la plupart des objecteurs de croissance, à partir du moment où, nous, nous avons accepté d’aller aux élections européennes, ils nous rejettent, on est des sociaux-traîtres (rires) parce que ce qui compte pour eux c’est [ ?] lente envoyée non pas par internet mais par pigeon-voyageur, avec les toilettes sèches(quelques applaudissements). Je fais partie des décroissants qui pensent que nous devons avoir une visibilité politique parce que nous osons reposer la question du projet dans sa radicalité, et de la sortie définitive du capitalisme, sans attendre. De ce côté là d’ailleurs, tout à mon à mon extrême-gauche, il y a Roland [Mérieux], j’ai sous les yeux un texte que j’ai beaucoup aimé. Je ne suis pas un élu alternatif, mais j’ai beaucoup aimé dans la Lettre des élus alternatifs n°51, l’excellent article sur « une stratégie autogestionnaire » [5], c’est-à-dire sans attendre, par des initiatives concrètes.

Le seul problème, c’est que ces initiatives concrètes, il en existe des stocks. Nous, nous avons besoin d’elles mais… est-ce qu’elles ont besoin de nous ? Est-ce que les gens dans les résistances sociales ont besoin aujourd’hui d’être guidés, managés, coachés par des partis ? Qu’est-ce que nous avons à leur apporter ? Des projets tout prêts ? Tout écrits ?

J’ai fait toute une liste de sorties dès aujourd’hui du capitalisme :
 coopérative ouvrière de Mondragon,
 mines de charbon de Tower Galliery au Pays de Galles,
 coopérative chèque-déjeuner ; cela, je viens de lire dans Le Monde, je ne suis pas très sûr parce que, franchement, c’est une coopérative… qui se pose la question des modes de production mais pas la question du produit ; ça, pour nous, c’est insuffisant. Donc « chèque-déjeuner, c’est très bien, j’ai lu l’article d’Hervé Kempf, mais « chèque » ? « déjeuner » ?
 les entreprises « récupérées » en Amérique du Sud et en particulier en Argentine. Roland évoquait tout à l’heure les possibilités de reprise autogérée chez Molex, qu’est-ce que cela donne ? Les entreprises qui sont abandonnées, pourquoi ne pas, immédiatement, sortir du capitalisme avec des formes autogérées, économiquement viables, écologiquement responsables et humainement décentes ? Pourquoi attendre ?
 coopératives intégrales…
 villes lentes…
 les AMAP, malgré tout ce que l’on peut penser des AMAP…
 les SCOP, les SEL, REPAS, municipalités autonomes du Chiapas…
 les tentatives de monnaie locale : Chiemgauer, banques du temps…

Tout un ensemble déjà d’initiatives qui, sans attendre, sortent du capitalisme. Donc je reprends ma question de tout à l’heure : « Nous avons besoin de ces gens pour sortir définitivement du capitalisme mais est-ce qu’ils ont besoin de nous ? ».

Alors, je vous pose la question autrement : « Dans quelle mesure est-ce qu’ils pourraient avoir besoin de nous ? ». Parce que, en fait, beaucoup d’entre nous, même, ne connaissent pas toutes ces initiatives-là, elles sont séparées, elles sont divisées. De ce point de vue, des organisations politiques peuvent servir à faire du lien et proposer des projets théoriques, des idées, pour penser la cohérence de ces initiatives. Dans le but, si on croit que c’est simplement parce que je vais faire une entreprise autogérée dans mon coin, que je vais aller acheter mon panier d’AMAP et que, de temps en temps, au club de rencontres j’irai au SEL ; si on croit que c’est comme cela que ça va changer les choses, cela ne va pas être suffisant.

Il faut effectivement atteindre quelque chose qui est de l’ordre de ce que nous appelons une « masse critique », un « seuil qualitatif », un « bloc social ». L’idée effectivement, c’est « comment riposter ensemble » en constituant ensemble un bloc social (applaudissements), un bloc social écologique, démocratique… féministe, altermondialiste…

Le but de ce bloc social, il est double :

 d’une part la visibilité : beaucoup de combats sont invisibles. La plupart des combats, par exemple pour le féminisme, ont été des combats pour rendre visible le féminisme. J’aime beaucoup les passe-montagnes du sous-commandant Marcos dans le Chiapas parce qu’il montre par là que, pour être visible, il ne faut pas forcément montrer son visage. On peut se contenter d’un passe-montagne.
 Rendre visible ces luttes pour atteindre un niveau de masse critique.

[On me signale que je suis en train de dépasser les 7mn prévues.]

Je vais reprendre l’expression de Roland tout à l’heure, je « rebondirai » tout à l’heure dans la suite des questions. Qu’est-ce que cela veut dire « aller aux élections » ? … Aller aux élections aujourd’hui dans l’impréparation du projet, si c’est pour, après les déçus de la gauche », produire les « déçus de l’autre gauche », méfions-nous. Je veux bien rentrer dans des discussions compliquées sur : « aux régionales, nous ne ferons pas d’accord politique au second tour, mais nous ferons des fusions qui seront des accords techniques », pourquoi pas ? Mais, pour faire quoi ? Pour changer comment ? »
Comment riposter ensemble ? Les trois pieds politiques des O.C.

[ J’avais préparé une intervention un peu plus longue et, par manque de « cuir politique », j’ai cessé sitôt que l’on m’a fait remarquer que je dépassais (10mn) le temps imparti. Pour information, le temps des autres : 14mn, 15mn, 17mn, 12mn.

J’avais prévu de suggérer que pour réussir à constituer un « bloc social » autour des alternatives concrètes – que j’aurais proposé de baptiser désormais les « sorties immédiates du capitalisme » – et des résistances sociales (contre-pouvoirs et mobilisations, front des luttes), il fallait disposer d’une stratégie qui ne soit ni réforme (trahison de l’accompagnement) ni révolution (mythe de la rupture dans les urgences) : bref, disposer d’une « stratégie de transformation ».

a)Cesser de croire que la prise des pouvoirs institutionnels est le préalable nécessaire à tout changement de monde ; pour cela :

 « Socialiser la politique » (féminisme, libertés, l’être plutôt que l’avoir, les combats pour la reconnaissance et la dignité, migrations, « styles de vie », retrouver tous les « sans » : « sans-papier », « sans-domicile fixe », « sans-travail », « sans-visage », « sans-terre »…)
 « Politiser la société » (car, même si tout n’est pas politique, il faut profiter des zones et des moments de conflits pour expérimenter les sorties immédiates du capitalisme).

Conséquence : les partis politiques doivent, avant de transformer la société, se transformer eux-mêmes (voir les Alternatifs qui veulent devenir un « parti-mouvement ») : mettre plus de réseau et moins de partidaire, plus d’horizontalité et moins de verticalité.

b)Une telle stratégie devrait s’équilibrer sur ces trois pieds (la constitution d’un « bloc social » par conjugaison des solidarités dans les luttes et des sorties immédiates du capitalisme ne va ni sans visibilité politique – élections, manifestations, pétitions – ni sans travail idéologique – changement de paradigme : après-développement, anti-productivisme, gratuité, usage/mésusage, etc.). Pour cela :

 « Repolitiser la politique » : les questions centrales du pouvoir et de la démocratie ; aussi bien en interne dans l’organisation des organisations politiques qu’en externe, comme projet plus général (cumul, proportionnelle, délégation, municipalisme etc.).
 « Resocialiser la société » : les questions des « produits » autant que celle des « moyens de productions », du travail contraint et du travail salarié, de l’allocation inconditionnel d’existence, du revenu maximum, des liens plutôt que des biens…

Conclure en faisant ressortir le lien entre « stratégie de transformation » et « décroissance » : la religion de la croissance économique est liée à une vision étapiste, peu ou prou sociale-démocrate, de la transition. ]
Comment riposter ensemble ? Clivages.

Eut lieu ensuite une courte série de questions posées par la salle : toutes finalement tournaient autour du fait de savoir s’il fallait riposter en donnant la priorité à la constitution soit d’un bloc politique (en vue d’une victoire aux prochaines régionales, d’une part sur un futur « bloc du centre-gauche » et d’autre part sur la droite) soit d’un bloc social (Fessenheim, marche pour l’emploi, droit des femmes, Copenhague, etc.) ; seule une question évoqua quand même la constitution d’un groupe de travail commun pour un « travail idéologique »..

Sur le débat social/politique (ce lundi, l’actualité de ce débat était la polémique entre NPA et CGT à propos de Molex), je suis intervenu en donnant la priorité à la constitution d’un bloc social.

Ce dernier tour de table me donne en fait l’occasion de proposer une description du comment les O.C. peuvent se situer par rapport au PC, PG, NPA et Alternatifs.

Premier clivage : la stratégie de transformation des OC suppose d’avoir abandonné l’espoir qu’une prise préalable du pouvoir permettra un changement politique de monde.

C’est en suivant un tel processus que la décroissance pourra être une décroissance choisie, volontaire, désirable. N’est-il pas évident qu’une décroissance subie, imposée par le haut (d’un Etat ou d’une république), contrainte ne pourrait jamais être une décroissance libre, gratuite (free en anglais) ?

Dans notre cas, la stratégie politique de transformation doit prendre le pas sur les tactiques électorales pour gagner les échéances électorales. Clairement : nous cessons de juger de la réussite d’une participation à des élections par les résultats. Si nous participons à des élections, ce sera de façon non électoraliste (concrètement : nous privilégions l’amont des campagnes à l’aval).

De ce point de vue, PG et PC ont une autre tactique que la nôtre : ils sont dans une logique majoritaire de l’autre gauche.

Nous nous trouvons dans ce cas, plutôt en convergence avec le NPA ; et avec les Alternatifs, s’ils adoptent eux-mêmes clairement une « stratégie autogestionnaire » de « révolution lente » [6] ou « révolution longue ».

Deuxième clivage : en cas de processus de transformation par les sorties immédiates du capitalisme, est-ce en vue d’atteindre une « masse critique » suffisante pour faire basculer la société ou seulement en vue d’atteindre un point de conflit tel qu’un « grand soir » (électoral ou insurrectionnel) est rendu possible. Autrement dit, l’effet de masse critique est-il suffisant pour basculer ou est-il une condition pour créer un point de rupture ; est-il la rupture ou la condition de la rupture ?

De ce point de vue, le processus de transformation est-il seulement une étape (dont la fonction, au fond, est de prendre la place de la transition sociale-démocrate ou de la « dictature du prolétariat ») ou un processus sans fin de critique continue (en particulier des pouvoirs qui même dans notre stratégie de transformation ne peuvent pas ne pas apparaître). Ces questions sont difficiles et, en l’absence d’illusion de compréhension prophétique de l’Histoire qui pourrait permettre de trancher, elles ne devraient pas être sources de division idéologique.

Troisième clivage : ce « bloc social », auquel il faut donner la priorité sur le « bloc politique », est-il seulement constitué des « luttes de résistance contre » ? Sur ce point, les OC, me semble-t-il, doivent faire un effort de réflexion interne et externe fort pour expliquer que ce bloc social résulte de la conjugaison et des résistances (les « contre ») et des alternatives concrètes (les « pour »).

Non seulement, il s’agit de faire de chaque résistance une occasion d’alternative mais réciproquement, une alternative concrète ne peut être une résistance que si elle est une sortie immédiate du capitalisme.

De ce point de vue, là encore il n’y a pas de quoi s’opposer au NPA mais seulement une occasion de défendre notre point de vue : le bloc social ne doit pas seulement se défendre mais il doit être aussi offensif.
*

Le « front des luttes » ne sera qu’une riposte s’il se prive de la force propositionnelle et expérimentale des « sorties sans attendre du capitalisme ».

Tout l’intérêt et la force de l’intervention de Tarek, du Forum Social des Quartiers populaires, étaient, en s’adressant si agressivement au Front de Gauche, PC et PG, de tenter de leur expliquer que la déception vis à vis des partis politiques ne vient quasiment pas de leurs défaites ; mais de leurs victoires. Qu’a fait la gauche (plurielle, celle à laquelle appartenait à l’époque le PC, déjà, et des adhérents du PG, déjà) concrètement quand, victoire électorale en poche, elle s’est trouvée en charge du pouvoir de changer ? Elle s’est reniée vers le social-libéralisme.

Pourquoi cette orientation ? Par incapacité de rompre avec le mythe de la prise de pouvoir préalable, c’est-à-dire avec une stratégie, au fond, sociale-démocrate : PC et PG peuvent-ils oser discuter d’un tel aggiornamento ?

Au contraire, conjuguer résistances et alternatives dans un « bloc social », fondé idéologiquement sur un nouveau paradigme (celui d’une société anti-productiviste), ne dédaignant pas la visibilité politique (élections, manifestations, pétitions) rendra possible d’être ensemble pour ne pas se contenter d’une riposte, mais pour sortir définitivement du capitalisme.

[Sur de telles bases, en ayant clairement conscience des clivages qui nous situent par rapport à des partenaires, je crois que l’AdOC aurait tout intérêt à entreprendre des cycles de discussion avec les Alternatifs et le NPA.

Néanmoins, l’absence, dans ce genre de discussion, de l’écologie radicale ne devrait-il pas aussi nous permettre d’envisager d’accepter un cycle de discussion avec le « pôle alter » d’Europe-Ecologie ?

Dans le double but de placer la Décroissance à la croisée non seulement de l’anti-capitalisme mais aussi de l’écologie radicale : là où se situe l’anti-productivisme.]

 Association des Objecteurs de Croissance (AdOC)
 http://www.europedecroissance.eu/
 http://www.partipourladecroissance.net/

Messages

  • Je souscris à entièrement, surtout avec des explications claires, d’autant que tu as donné aussi des éclaissements sur la masse critique qui me semblaient nécessaires puisque un peu ténébreux pour certains..

    Michel

    http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

  • Eh bien, ça cause sec ;

    révolution lente , changement dans la continuité ; la riposte durable, la révolution écosupportable, l’autogestion de proximité, les concepts se précisent !!! mais le maître mot reste ENSEMBLE.

  • Ensemble comme realité ou comme alibi ?

    pouvoir parler partout dans l’egalité des temps de parole et dans le respect mutuel des questions essentielles sans censure ideologique ,semble le prealable a un ensemble desiré.

    Encore faut il le realiser un peu, pour l’instant les initiatives locales alternatives diverses sont politiquement minorées au profit de discours sur des objectifs politiques generaux ideaux alors que ce devrait etre l’inverse,

    Soutenir et s’impliquer d’abord dans les initiatives locales demande a beaucoup de sortir des bulles politiques classiques et d’affronter les realités des terrains ,meme en vacances...

    La coupure entre les diverses “universités d’eté “des politiques et la population des vacanciers n’a jamais été aussi grande.

    A croire que “la vacance” est totale, les propositions, projets programmes soigneusement renvoyés a plus tard, au nom de la tactique electoraliste non avouée..

    Merci de reconnaitre enfin que la majorité de la population est anticapitaliste et qu’il ne s’agit plus de la convaincre de la nuisance du systeme capitaliste mais de participer a l’elaboration des outils de l’emancipation collective generalisée.

    Et la il y a urgence car la crise s’accelere et des fronts nouveaux deviennent prioritaires ,la reduction du temps de travail a 30H/semaine pour tous,le revenu garanti inconditionnel ,la vaccination ou pas, par exemple :

    Apprenons que, selon une étude du syndicat des techniciens du ministère de l’économie espagnol, environ 18,3 millions d’Espagnols, soit près de 63% de ceux qui touchent un revenu mensuel (salariés, retraités, autonomes, chômeurs) percevaient en 2007, avant l’approfondissement de la crise, moins de 1.100 euros bruts par mois.

    Une image du miracle économique espagnol qui n’était pas encore parvenue à nous et qui, par contraste, en dit long sur celles qui nous étaient proposées.

    Un peu à la manière des séries de la télévision américaine, tout du moins quand elles se cantonnaient à décrire la vie d’heureuses familles des classes moyennes de la société, comme si elles étaient l’archétype de l’ensemble de celle-ci.

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=4407

    Réduire au silence les populations partout :

    Eugénisme et agenda mondial de dépopulation

    par François Marginean

    http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=14750

    Frilosité d’Obama qui ne s’est pas rendu a la
    Nouvelle-Orléans,peur ou cynisme ?

    USA : l’ouragan Katrina a offert une opportunité de renouveau, selon Obama

    BOSTON (Etats-Unis) - Le président américain Barack Obama a marqué samedi le quatrième anniversaire de l’ouragan Katrina qui a dévasté La Nouvelle-Orléans, en estimant que ce genre de tragédie offre l’opportunité d’un renouveau......

    http://www.romandie.com/infos/News2/090829161710.ktl3toh2.asp

    Mais Il n’en a peut etre pas besoin, vu qu’il est en train de creer une nouvelle bulle immobiliere avec son plan :
    Crédit hypothécaire Obama,qui lui assure encore une certaine popularité .

    “Au début de l’année 2009, l’administration Obama a annoncé un programme appelé ’Rendre la maison individuelle accessible’. Avec ce programme 9 millions de propriétaires seront aidés pour garder leur maison individuelle et pour éviter la faillite grâce au refinancement et à la redéfinition des termes de leur emprunt avec de plus petites mensualités de leurs crédits hypothécaires.) La FHA garantit les crédits pour l’acquisition ou la construction immobilière...”

    Avec l’accord d’Obama, la troisième crise des subprimes est préparée par Federal Housing Administration et Ginnie Mae

    Par Thomas, le Cimbre, le 28 août 2009

    http://www.renovezmaintenant67.eu/index.php?post/2009/08/28/Avec-l-accord-d-Obama%2C-la-troisième-crise-des-subprimes-est-préparée-par-Federal-Housing-Administration-et-Ginnie-Mae

    Un nouveau tsunami de saisies et d’expulsions de maisons est en gestation qui va fusionner avec l’actuel ...et destabiliser encore plus.

    Alors que le peuple est divisé par les faux debats sur le systeme de santé, les armes,les banquiers, etc ;les rumeurs” de puçage se precisent,qui veut
    chercher et decripter les 1000 pages du projet de loi :

    ...The answer to these questions, this report chillingly continues, lies buried deep within the over 1,000 pages of the massive US Health Care Bill (PDF) in a “non-discussed” section titled : Subtitle C-11 Sec. 2521— National Medical Device Registry, and which states its purpose as :

    “The Secretary shall establish a national medical device registry (in this subsection referred to as the ‘registry’) to facilitate analysis of postmarket safety and outcomes data on each device that—‘‘(A) is or has been used in or on a patient ; and ‘‘(B) is a class III device ; or ‘‘(ii) a class II device that is implantable.”

    http://www.whatdoesitmean.com/index1269.htm

    Le veritable anticapitalisme passe par la desobeissance civile,pas par la servilité a l’oligarchie exterminatrice..

  • J’ai lu avec attention votre compte rendu.
    Je réagis pour vous en remercier et pour vous dire que je me retrouve largement dans vos diverses remarques et analyses.
    J’avais commencé un peu dans cet esprit, il y a quelques jours un petit texte en réaction à deux articles récents, l’un de D. Bensaïd et l’autre de S. Joshua :

    Esquiver le Capital ?

    Contre Marx, ce sera peut-être le refus et le mépris de ce système qui trancheront.
    Daniel Bensaïd avance en effet que : « Poser la question de savoir s’il y a une vie au-delà du capitalisme et à quoi ressemblerait un modèle alternatif de société, c’est (…) risquer de s’engager sur la pente de spéculations utopiques, abstraction faite des incertitudes de la lutte des classes et des rapports de forces politiques.
    Soucieux de trouver les alternatives les plus concrètes possibles à la logique du marché, Thomas Coutrot propose « l’affirmation par la société civile de contre-pouvoirs faisant pression sur l’Etat et le Capital, et la construction directe de forces économiques alternatives, autrement dit le contrôle citoyen sur l’économie solidaire. »
    Qu’en est-il aujourd’hui de la relation de l’extrême gauche à ces contre-pouvoirs, à ces zones de résistance ?
    Peut-on considérer que des initiatives non-capitalistes sont possibles quand bien même la totalité de l’édifice capitaliste et de ses ramifications institutionnelles et étatiques ne serait pas détruits ?

    Non seulement un « autre monde est possible » mais il est, « depuis toujours déjà », engagé dans des pratiques politiques et économiques exemplaires.
    Ainsi, et dans des contextes sociaux et politiques divers, les luttes d’émancipation ont démontré des importantes capacités d’invention en matière d’organisation populaire par exemple . Commune de Paris, comités, conseils, coopératives en Russie, Communes autogérées de la république en Espagne, Yougoslavie, Algérie, Pouvoirs populaires et cordons industriels au Chili, et initiatives plus actuelles en Amérique latine et en Afrique…

    Ces initiatives citoyennes et/ou d’autogestion ne sont-elles pas des démonstrations que d’autres rapports de production, d’autres formes de démocratie sont possibles sans que la totalité de l’édifice capitaliste soit anéanti.
    D’autre part, ces initiatives concrètes exemplifient et soutiennent à la fois souvent le discours révolutionnaire qui peut y adosser, avec prudence, ses propositions de changement généralisé (avec le risque de standardisation et d’homogénéisation là où la diversité est essentielle si elle veut rester vivante…)

    Sans ces pratiques en référence des discours, ces derniers ne seraient-ils pas que des incantations assez dérisoires...?
    Comme le fait remarquer F. Chesnais par ailleurs, « le mouvement de prise de conscience et de tentative d’organisation, dont Porto Alegre, Gênes et Florence ont été un temps l’expression, contribuent à pousser beaucoup de salarié(e)s et de jeunes à se tourner vers un parti qui proclame haut et fort son anticapitalisme ».
    A ceci près, ... peut-on ajouter..., que ces proclamations ne sauraient faire l’économie d’une référence explicite aux « formations de résistance » concrètes de notre temps, aux réalisations révolutionnaires et aux alternatives actuelles fort diverses au système sans se couper de son temps.

    Il convient désormais probablement de ne pas passer sous silence non plus des formes plus inédites d’économie sociale ou solidaire (S.E.L., AMAP, échanges de savoir, logiciels libres, etc..)
    Ces mouvements, qui inventent de nouvelles voies politiques, économiques et de production (S.E.L. , AMAP, objection de croissance) pourrait bien apparaître encore davantage prochainement et pour les jeunes en particuliers, comme une façon de ne plus légitimer un système qui, dès a présent , s’annonce comme de moins en moins fiable (exclusion, précarité, conditions du salariat dégradées, temps de travail, retraites compromises).

    En parallèle du Capital, il existe en effet de plus en plus d’initiatives locales, de réseaux alternatifs, de façons d’esquiver le Capital et de s’en détourner.

    Les expériences sur la cote ouest des USA relatées par le Monde diplomatique vont sans doute aussi dans ce sens.
    Comme après 1968 mais à une autre échelle, on peut faire l’hypothèse d’un accroissement des décisions individuelles ou collectives à venir pour quitter ce système dont l’horreur, malgré ses procédés sophistiqués, devient de plus en plus manifeste.

    Il y aura sans doute aussi chez nombre de militants politiques la volonté de ne pas se rendre dépendant de la fin du système. Il s’agira alors sans doute simplement de « vivre au mieux » dans des espaces parallèles moins exposés aux contradictions et aux contraintes des sociétés capitalistes.

    Cette démarche s’accompagnera le plus souvent d’un renoncement à la lutte politique dans ses formes traditionnelles si celle-ci ne prend pas la mesure de ses propres impasses.

    Ces pratiques, certes, n’ interrogent pas la propriété, en tout cas pas comme étant une question préalable.

    Même si ce fantasme est sans doute ici ou là présent, elles ne sont pas non plus à la recherche d’un « encerclement » progressif du pouvoir capitaliste dans la tradition des socialismes utopiques.

    Il ne s’agit plus aujourd’hui d’encercler, mais de laisser dépérir un pouvoir capitaliste probablement moribond mais qui nous a aussi habitué à quelques résurrections.

    Contre Marx en effet, ce sera peut-être le refus et le mépris de ce système qui trancheront.
    Le refus de persister dans un monde sans horizon crédible de transformation et qui assimile dans ses institutions jusques aux forces qui prétendent le détruire mais dont les décisions reposent sur la recherche de consensus entre gens de plus en plus raisonnables...

    Dès lors, la réflexion sur la question des formes politiques ne doit-elle pas pouvoir se faire de façon ouverte.

    En effet, la question d’une alternative entre la voie réformiste ou la voie révolutionnaire, (tout comme au reste la question des alliances politiques) est sans doute par essence spéculative dès qu’elle tourne le dos aux expérimentations concrètes ou aux initiatives locales complexes, et souvent paradoxales.

    Il faudrait démontrer, sur la base de ces tentatives, que les deux hypothèses (celle de la voie réformiste et celle de la voie révolutionnaire comme prise du pouvoir) ne sont pas compatibles et que le principe d’un processus de changement révolutionnaire combinant les deux voies n’est pas pertinent et donc à rechercher.

    Le nouveau paradigme est déjà sans doute à lire en filigrane dans les esquisses du mouvement social et décroissant.

    Marx écrit que c’est « une erreur de faire tant de cas de ce qu’on nomme partage ».

    Il rappelle en particulier qu’à « toute époque la répartition des objets n’est que la conséquence de la manière dont sont distribuées les conditions de la production elle-même ».

    Restant dans le paradigme marxiste classique, François Chesnais a raison quand il dit que « l’enjeu pour les salarié(e)s et la jeunesse n’est pas le « partage des richesses », mais la maîtrise sur les moyens qui servent à les produire et sur les décisions portant sur quoi doit être produit, pour qui et comment ».

    Ce à quoi il conviendrait aujourd’hui d’ajouter pour sortir de la seule question de la production (cette question étant inhérente au capitalisme lui-même), celle du travail (Gorz), celle de la mise en circulation-distribution des biens (énergies et relocalisations) et enfin celle des besoins et des usages.
    En bref, poursuivre la critique marxiste en l’étendant à l’ensemble des pratiques sociales contemporaines.
    Au-delà de la maîtrise de la production, c’est en effet également « le mode vie » capitaliste lui-même qui est contesté et qui est sans doute de plus en plus perçu dans son horreur intrinsèque.

    Jean-Frédéric