Accueil > Constitution européenne : doutes et divisions agitent les syndicats

Constitution européenne : doutes et divisions agitent les syndicats

Publie le lundi 20 septembre 2004 par Open-Publishing
2 commentaires

de Rémi Barroux

Les organisations de salariés français ne se sentent pas engagées par le "oui" de la Confédération européenne des syndicats. Seules la CFDT et l’UNSA devraient apporter un soutien critique au texte que Jacques Chirac a promis de soumettre à référendum au second semestre 2005.

La confédération européenne des syndicats (CES) a apporté, le 13 juillet, son soutien au projet de Constitution européenne. Mais derrière cette approbation générale - dont le premier secrétaire du PS, François Hollande, se prévaut dans son argumentaire pour le "oui" (Le Monde du 16 septembre) -, le monde syndical français est taraudé par les divisions et par les hésitations.

Au point que celui-ci n’épousera sans doute pas dans l’unanimité la position adoptée par la CES.

Si la CFDT et l’UNSA devraient se rallier au "oui", la CGT et Force ouvrière semblent devoir opter pour une forme de neutralité, sans donner la moindre consigne de vote à leurs adhérents. La CFTC regrette que la CES ait pris une telle position. Le Groupe des dix (G10), qui n’appartient pas à la CES, pourrait, lui, appeler à voter "non". La FSU, fédération des personnels de l’éducation nationale, très critique à l’égard du projet de traité, ne donnerait en revanche aucune consigne de vote.

La CFDT doit arrêter sa position lors d’un bureau national, les 21 et 22 septembre. Sans surprise, elle devrait prôner le soutien critique au traité constitutionnel - position qu’elle a contribué à élaborer au sein de la CES. "Bien sûr, il n’y a pas tout ce que l’on désire dans le texte, mais le syndicalisme est habitué à passer des compromis positifs", explique Jean-François Trogrlic, secrétaire confédéral de la CFDT et membre du comité directeur de la CES. "Il faudra pousser, ajoute-t-il, mais, dans le traité constitutionnel, il y a des éléments qui nous intéressent, comme l’intégration de la Charte des droits fondamentaux."

La CFTC a refusé d’entrer, lors de la discussion préparatoire sur le projet de Constitution, "dans un débat manichéen entre fédéralistes et souverainistes". La position de la CES irrite le président de la confédération chrétienne, Jacques Voisin, qui dit avoir été "surpris par cette décision qui n’est que celle du comité directeur". Pour la CFTC, "ce n’était pas aux syndicats de prendre position sur le "oui" ou sur le "non"".

L’UNSA, qui participe à la CES dans la même délégation que la CFDT, devrait elle aussi rejoindre la position de la confédération européenne. Le syndicat arrêtera sa décision lors d’un bureau national qui se tiendra les 22 et 23 septembre. Pour son secrétaire général, Alain Olive, "la Constitution est un compromis honorable, même si ce n’est pas le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre". La position de la CES est donc jugée "raisonnable", même si l’UNSA pointe les insuffisances du traité. "Un texte seul ne fait pas tout et ne modifiera pas les rapports de forces, explique M. Olive. Si le droit à l’emploi est inscrit dans la Constitution de 1958, ça n’empêche pas qu’il y ait 4,5 millions de chômeurs en France !"

La CGT, dont la commission exécutive a eu lieu le 9 septembre, a indiqué qu’elle tenait à garder "toute sa liberté d’appréciation" à l’égard du texte européen. Une formule prudente censée éviter à la centrale de Bernard Thibault de se laisser enfermer dans un débat "difficile", selon les mots d’un dirigeant confédéral. "Le temps syndical n’est pas le temps politique", explique M. Thibault. Coincée entre la volonté de poursuivre son mouvement d’intégration à la CES et l’attrait manifeste du "non" parmi la base, la confédération va être confrontée à un choix délicat. En 1992, elle avait appelé à voter "non" au référendum sur le traité de Maastricht.

Force ouvrière se dit "déterminée à préserver son indépendance syndicale et sa liberté de comportement (...) et ne saurait se considérer engagée par des positions ou décisions n’émanant pas de ses structures", selon les termes du texte adopté par son comité confédéral national les 16 et 17 septembre - qui se démarque de la position de la CES. Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, considère qu’il n’y a "pas à se positionner sur le référendum au stade actuel" et rappelle que son syndicat n’avait pas donné de consigne de vote sur le traité de Maastricht, soumis au référendum en 1992. Dans les semaines à venir, FO souhaite informer les salariés sur les questions économiques et sociales liées au traité constitutionnel.

Le Groupe des dix devrait, sans ambiguïté, appeler à voter "non" au référendum prévu sur le traité constitutionnel en septembre 2005. Lors de son prochain congrès, qui doit se tenir les 7 et 8 décembre, les délégués des syndicats du G10, dont les SUD, voteront sur un projet de résolution déjà adopté par le conseil national, qui indique explicitement que "l’union syndicale Solidaires se prononce contre ce projet de Constitution".

La FSU, par la bouche de son secrétaire général, Gérard Aschieri, s’interroge : "Doit-on s’exprimer en termes de consignes de vote, aller jusqu’à en donner une ?" Avec des courants tels qu’Unité Action ou l’Ecole émancipée, respectivement conduits par des militants du PCF et de la LCR, la FSU est déjà sous la pression du "non".

L’important syndicat des enseignants du second degré, le SNES, a adopté une résolution, lors de son conseil national des 14 et 15 septembre, dénonçant "la prise de position précipitée et non débattue de la CES" - à laquelle la FSU n’appartient pas -, et estimant que le projet de Constitution "présente de graves dangers".

Rémi Barroux

Le "oui" provisoire de la CES

Le "oui" à la Constitution européenne de la Confédération européenne des syndicats (CES) date du 13 juillet. Il a été formulé par son seul comité de direction, à l’issue d’une réunion à Bruxelles. Cette instance réunit 21 membres, dont, pour la France, un représentant de la CFDT. La question de la Constitution sera toutefois réexaminée par l’ensemble des membres de la CES les 13 et 14 octobre, lors d’un comité exécutif. La CES rassemble 77 organisations, issues de 35 pays et 11 fédérations syndicales européennes, soit plus de 60 millions de membres.

Dans son avis rendu en juillet, le comité de direction de la CES estime que "le soutien - au projet de traité - est la seule approche pragmatique et réaliste", tout en admettant n’avoir "pas réalisé la totalité des objectifs qu’elle poursuivait" dans la phase d’élaboration du texte. "En refusant d’adopter la Constitution, on détruirait le seul grand instrument dont on dispose pour progresser vers une Europe plus sociale", estime la CES.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-379771,0.html

Messages

  • Tous ce faux-culs sauront "capituler" sagement devant leurs intérêts de bureaucrates.

    • Question :
       as-tu donné ton avis dans ton syndicat ; as-tu exigé qu’on le demande, si tu as été oublié-e ?
      Si ce n’est déja fait, il est grand temps de le faire et de demander des comptes : rien n’est perdu.

       Si tu n’est pas syndiqué-e : penses-tu admissible que l’on décide à ta place ? Si oui, calmes toi et assumes ton choix ;
      si non, qu’attends-tu ?

      Dans tous les cas : décide par toi même, ce que tu pense bon pour toi, tes parents, tes enfants, tes amis, celle et ceux à qui tu ne veux pas de mal...N’oublies personne : il (elle) pourrait en pâtir

      Patrice