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Contre le plan Douste-Blazy, la CFDT rallie le front syndical

Publie le samedi 29 mai 2004 par Open-Publishing
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LE MONDE

A l’issue de deux jours de discussions, la confédération dirigée par François Chérèque a annoncé,
jeudi 27 mai, qu’elle appellera à défiler lors de la journée d’action du 5 juin pour la sauvegarde
de la Sécurité sociale. La centrale entend ainsi "faire progresser" les propositions du
gouvernement

Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, défilera aux côtés de ses homologues,
notamment Bernard Thibault (CGT) et Jean-Claude Mailly (FO), le 5 juin, pour défendre
l’assurance-maladie, même s’il a tenu à préciser le sens de sa démarche, jeudi 27 mai, à l’issue de sa rencontre avec
le ministre de la santé, Philippe Douste-Blazy : "Face aux propositions gouvernementales, la CFDT
a décidé d’appeler à manifester pour les faire progresser.

" Cette décision a été prise à l’issue de deux jours de discussion, mercredi et jeudi, au sein de
son bureau national.
La confédération rejoint ainsi toutes les autres organisations syndicales françaises qui avaient
déjà décidé de se joindre à l’initiative de la CGT. Premières à cosigner l’appel, la FSU, l’UNSA
puis le Groupe des dix-Solidaires ont été rejoints par FO et la CFTC. Jeudi, Jean-Luc Cazettes,
président de la CFE-CGC, indiquait que son organisation avait décidé de s’associer à cette journée
d’action "pour contraindre les pouvoirs publics à rouvrir un vrai débat démocratique", en ajoutant :

"Nous avons encore le choix, jusqu’au 7 juin, entre la négociation et la confrontation. La CFE-CGC
est prête à l’une comme à l’autre."
En rejoignant le front syndical, la CFDT a choisi de ne pas se retrouver isolée. Chaque union
régionale décidera de retrouver, ou non, les autres syndicats dans la rue. Et la confédération appelle
à créer "les conditions d’initiatives et de démarches communes avec les organisations syndicales,
le mouvement mutualiste et associatif, les professionnels... qui partagent la même conception de
la réforme de l’assurance-maladie", tout en présentant longuement les revendications de la CFDT sur
ce dossier.

"La déclaration a été votée à l’unanimité du bureau national ; nous étions d’accord sur la nature
des divergences avec le projet gouvernemental", explique Rémi Jouan, secrétaire national.

Pour autant, la CFDT n’entend pas cautionner une démarche protestataire. "Il ne s’agit pas de
répéter que l’on n’est pas d’accord mais de dire ce que l’on propose", précise M. Jouan. La CFDT
souhaite insister avant tout sur ses propositions, en organisant des réunions communes avec ceux qui se
retrouveraient d’accord avec elle, notamment la Mutualité française. De la même façon, elle ne
souhaite pas adopter une stratégie en contradiction avec celle suivie sur le dossier des retraites,
au printemps 2003. "Quand une réforme est nécessaire et bonne, il n’y a aucune raison de ne pas la
soutenir", explique-t-on à la CFDT. Au risque de payer ce soutien au prix fort : environ 16 500
militants, selon la direction, ont quitté le syndicat pour protester contre son soutien à la réforme
des retraites.

Ces départs devaient permettre une "clarification", avait alors expliqué M. 
Chérèque, et la CFDT devait en sortir "renforcée". Après ces défections, de nombreux militants avaient
continué de critiquer la méthode des dirigeants de la centrale, les contraignant à aller à la
rencontre des adhérents pour expliquer leur stratégie.

Représentant la direction au 8e congrès du SGEN-CFDT (éducation nationale), qui s’est tenu du 10
au 14 mai à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin), M. Jouan a pu constater que nombre de militants
restaient encore à convaincre. Les reproches des délégués se sont multipliés lors du débat
d’orientation : "Le réformisme de la CFDT ne s’appuie pas sur un rapport de forces" ; "il y a un déficit de
démocratie dans notre confédération" ; "nous reprochons à la CFDT de chercher à tout prix un
compromis". Mais quand il leur a fallu décider de se désaffilier de la confédération, les quelque 400
délégués du SGEN ont voté à 72 % pour rester dans la CFDT, tout en approuvant à près de 80 % la
ligne de leur syndicat, critique à l’encontre de celle incarnée par M. Chérèque.

Quelques jours auparavant, lors du congrès de la Fédération de la métallurgie, à Reims
(Haute-Marne), les débats avaient aussi été vifs. Toutefois, dans ce syndicat qui n’a jamais compté parmi les
opposants traditionnels, les critiques ont surtout porté sur la gestion par la CFDT du dossier de
l’assurance-chômage. Pour ces salariés du privé, inquiets pour leur emploi, la signature de la
convention Unedic de décembre 2002, qui a fait perdre leur indemnité à des centaines de milliers de
chômeurs, a pesé plus lourd que la position confédérale sur les retraites.

La CFDT n’a pas réglé tous ses problèmes, même si les opposants historiques - "politiques", dit-on
à la direction - ont quitté les rangs du syndicat. Des doutes subsistent sur sa stratégie parmi
ceux qui veulent encore conjuguer réformisme et transformation sociale. M. Chérèque prépare pour la
rentrée de septembre un rapport sur la situation et le fonctionnement de la confédération afin de
tracer de nouvelles perspectives de développement.

http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-366607,0.html

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