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Criminalisation du syndicalisme : licenciements de grévistes et syndiqués CGT chez Exapaq-Exatri

Publie le lundi 17 janvier 2005 par Open-Publishing

de La Riposte

Dans le cadre de la campagne de La Riposte contre la criminalisation du syndicalisme, nous vous in formons du comportement scandaleux de la direction de l’entreprise de logistique Exapaq-Exatri (tri de colis pendant la nuit). Le 10 décembre dernier, l’affaire de vingt salariés licenciés pour fait de grève passait devant le Tribunal des Prud’hommes de Melun (Seine-et-Marne). Les grévistes étaient soutenus par près d’une centaine de personnes, qui refusaient comme eux l’imposition de sanctions pour fait de grève, pour avoir voulu s’organiser dans le syndicat de leur choix dans le but de faire aboutir leurs revendications légitimes au sein de l’entreprise.

En août dernier, ces salariés sont venus trouver l’Union Locale de Melun pour rejoindre la CGT et créer leur section syndicale. Sur un effectif total de 70 salariés, plus d’une trentaine se sont syndiqués. Leur revendication première était la remise en cause d’un accord signé quelques temps plus tôt par un délégué syndical CFDT, contre l’avis majoritaire des salariés. Cet accord concernait de nouvelles règles d’attribution d’une prime et des modifications relatives à la mutuelle complémentaire.

Dès la création de la section syndicale et la désignation de leur délégué syndical CGT, des demandes de réouverture de négociations ont été faites. La Direction d’Exapaq a toujours refusé de les entendre et de reconnaître la section syndicale CGT. Ainsi, le seul recours des syndicalistes était la grève.

La grève a débuté sans incidents. Mais la direction, quant à elle, après avoir menacé de licenciements et de délocalisation, a détourné le trafic des camions chargés de colis vers d’autres sites et redoublé ses efforts pour intimider les grévistes.

Après quatre nuits de grève, la direction de l’entreprise a fait monter la pression d’un cran en incitant les non grévistes à s’armer de barres de fer et à faire face aux grévistes. Les drapeaux de la CGT ont été brûlés. Tout un symbole !

Il fallait casser les grévistes - « turcs et marocains » de surcroît ! - pour que tout rentre dans l’ordre, et pour que l’exploitation des salariés d’Exapaq-Exatri puisse se poursuivre « normalement ». La seule « solution » trouvée par la direction d’Exapaq pour mettre fin au conflit a été le licenciement pur et simple de tous les « fauteurs de troubles ». Il s’agissait non pas des agresseurs, bien sur, mais des agressés ! Les syndicalistes CGT ont donc été mis à pied, puis licenciés.

L’employeur n’a bien entendu respecté aucune des règles en vigueur concernant le licenciement des élus et mandatés. La seule « faute lourde » invoquée est celle d’« entrave au travail » suite au « blocage » du site par les grévistes.

L’inspection du travail a notifié fin décembre son refus du licenciement des salariés élus et mandatés. Ceux-ci ont réintégré l’entreprise le vendredi 7 janvier. « C’est là une première victoire d’importance, acquise grâce à la solidarité et à la détermination dont les salariés ont fait preuve tout au long de ce conflit », nous écrit Valérie Charillon, secrétaire de l’Union locale CGT de Melun. (Voir la note de service [fichier PDF] diffusée dans l’entreprise avant la réintégration des salariés concernés.)

Le vendredi 14 janvier, à partir de 9 heures, le Tribunal des Prud’hommes de Melun rendra son jugement concernant la réintégration de tous les salariés licenciés (élus et non élus). Par ailleurs, le 6 avril 2005, le Tribunal de Melun traitera la plainte déposée par le syndicat pour délit d’entrave au CE. Enfin, l’UL-CGT a déposé une plainte avec constitution de partie civile devant le Tribunal de Grande Instance de Melun pour injures raciales et incitation à la discrimination raciale. De son côté, la société Exapaq-Exatri assigne l’UL-CGT de Melun en justice pour diffamation.

Comme le dit Valérie Charillon : « Le combat des salariés d’Exapaq-Exatri va plus loin qu’un simple problème de licenciement abusif. Il s’agit d’une remise en cause violente, de la part du patronat du département, du droit de grève, et d’une nouvelle manifestation de leur volonté de criminaliser l’action syndicale. »

Ces salariés et ces syndicalistes ont besoin de votre solidarité. Ne les laissons pas seuls dans cette épreuve, qui, malheureusement, n’a rien d’exceptionnel. Exprimez votre soutien en adressant un message, aussi court soit-il, à l’Union Locale CGT de Melun, à l’intention de Valérie Charillon, ulcgtmelun@wanadoo.fr, avec copie à redaction.lariposte@wanadoo.fr