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Crise financière : craquements

Publie le jeudi 22 novembre 2007 par Open-Publishing
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L’European Covered Bonds Council, organisme rassemblant les professionnels du secteur des obligations sécurisées, a publié le 21 novembre un communiqué annonçant la fermeture de ce marché jusqu’au 26 novembre.

"A la lumière de la situation et afin de d’éviter une accélération dans l’élargissement du spread," les banques et les investisseurs recommandent "la suspension temporaire de ce marché."

Le spread, ou écart de taux, est la valeur de la surprime de rémunération concédée par les emprunteurs en compensation des risques associés au titre.

Les obligations sécurisées [1] sont des titres adossés sur des flux de remboursement d’emprunt. les banques se financent en émettant ce type d’obligation, mais depuis le début de la crise des subprimes, devant la méfiance des investisseurs, elles se sont vues obligées d’offrir une rémunération de plus en plus élevée pour trouver preneurs.

Le surplus de rémunération, ou spread, a atteint récemment 38 points de base (0,38%) alors qu’il n’était que de 22 points il y a six semaines.

« Nous sommes dans une situation qui se détériore » juge Patrick Amat, le directeur de l’ECBC. « Une simple vente peut ressembler à une patate chaude. Si cela se répète, cela peut conduire à un élargissement du spread inacceptable et se terminer en situation absurde. »

Selon Bloomberg, le marché des obligations sécurisées s’élève à 2 800 milliards de dollars.

Christoph Anhamm, responsable de ce secteur chez ABN AMRO à Francfort, a indiqué à Reuters que « compte tenu des conditions générales du marché et des mécanismes spécifiques qui régissent les échanges entre vendeurs il semble possible que le marché interbanque ne reprenne pas cette année. »

Les règles régissant ce marché contraignent les émetteurs à répercuter dans leurs prix les variations de spread constatées sur les ventes effectuées. Lorsque celles-ci sont peu nombreuses et le spread élevé, l’ensemble du secteur en est pénalisé.

Freddie Mac sous capitalisée.

Le numéro deux du secteur des prêts hypothécaires aux USA pourrait avoir à se procurer 6 milliards de dollars pour renforcer sa capitalisation.

Freddie Mac, entreprise bénéficiant de la garantie du gouvernement (GSE), a enregistré les pertes trimestrielles les plus importantes de son histoire, de 1,4 milliards.

Les pertes constatées par l’entreprise ont érodées ses réserves à la limite du minimum imposé par la réglementation. La valeur boursière de Freddie Mac et Fannie Mae, le GSE numéro un du secteur, a baissé de 57 milliards depuis décembre.

Selon les analystes du secteur, ses besoins de refinancement pourraient s’élever à 5 ou 6 milliards de dollars.
FNM : Fannie - FRE : Freddie

Le cours de l’action de Freddie Mac a chuté de 29% hier. Son homologue Fannie Mae a perdu 25% ce même jour et le cours a abandonné 43% depuis le 13 novembre.

Les deux compagnies, qui ont été crées par le Congrès pour favoriser l’accès à la propriété, détiennent ou garantissent 40% des 11 500 milliards d’emprunts hypothécaires en cours.

ACA, la première monoline à tomber ?

Selon JP Morgan, ACA Capital, société d’assurance de titres, pourrait voir sa notation revue à la baisse par Standard & Poor’s. La révision de la note d’ACA a débuté le 9 novembre, après que l’entreprise ait annoncé 1 milliard de pertes au troisième trimestre.

Andrew Wessel, analyste à la JP Morgan, estime que « ACA est vraisemblablement candidate pour être jettée aux chiens en premier. » Si la note d’ACA est révisée à la baisse, les banques devront reprendre sur leurs livres de comptes 60 milliards de titres qui étaient garantis par cette entreprise.

Le cours de l’action d’ACA a plongé de 93% cette année et sa capitalisation boursière n’est plus que de 28 millions de dollars. La banque Bern Stearns avait pris 29% de participation dans ACA en 2004 pour un montant de près de 100 millions. Selon Bloomberg, si Bern Stearns devait liquider les engagements d’ACA, il lui en couterait 6 milliards.

MBIA et Ambac, les deux plus grands assureurs obligataires, ont vu leur cours dégringoler de 54% et de 73% respectivement.

un flot de mauvaises nouvelles

L’index Itraxx Financial, qui reflète le coût de la garantie contre un défaut de paiement sur les obligations émises par les banques et les assurances, a monté de 6 points de base, pour atteindre 63,5, à son plus haut niveau depuis 2004. Les contrats sur obligations de Merrill lynch sont à 170 points et ceux de Citigroup à 101,5 points.

Cette augmentation traduit la défiance des investisseurs sur la qualité de la signature de ces établissements.

Mistubishi UFJ Financial Group, la première banque du marché boursier japonais, a annoncé une baisse de 63% de ses bénéfices en raison de pertes sur le marché des subprimes et les crédits à la consommation américains.

« Tout indique que le marché pourrait basculer en mode panique » avertit Philipp Gisdakis, un analyste de Unicrédit, « il y a un le flot de mauvaises nouvelles et aucun répit en vue. »

Selon Bloomberg, la prime de risque sur la Barclays atteint maintenant 70 points, 10 fois plus qu’en juin, et celle de UBS est de 66 points.

Le Libor à 3 mois, qui définit le coût du crédit interbanque, est de 1,89% supérieur à celui des bons du Trésor de même durée. Cet écart est le plus élevé depuis le 21 août.

Countrywide : rumeurs de faillite

La banque Countrywide a perdu 78% de sa valeur en bourse depuis le début de l’année.

Le 20 novembre des rumeurs sur une possible défaillance de la banque ont fait chuter le cours de l’action de 22% avant qu’elle ne se ressaisisse, après que l’entreprise ait publié un communiqué affirmant qu’elle disposait « de liquidités hautement fiables. »

Mais la banque est pourtant victime des déboires de Fannie et Freddie. Elle avait récemment décidé de se consacrer à des types de prêts qu’elle escomptait rétrocéder aux deux agences de crédit gouvernementales. Si celles-ci sont à court de liquidités, Countrywide pourrait être obligée de limiter son activité de crédit, qui a déjà baissé de 47% entre octobre 2006 et octobre 2007.

La Bank of America, qui avait investi 2 milliards dans Countrywide en août de cette année, a perdu 953 millions avec la chute des cours.

[1] Les obligations sécurisées sont des instruments de créance inscrits au bilan garantis par un portefeuille de couverture composé de prêts hypothécaires (biens immobiliers utilisés comme sûreté) ou de titres de créance sur le secteur public sur lesquelles les investisseurs jouissent d’un rang privilégié en cas de défaillance de l’émetteur. Comme elles demeurent inscrites au bilan de l’émetteur, ces obligations bénéficient de la garantie supplémentaire apportée par les fonds propres de l’établissement émetteur et par le caractère strict de la législation applicable à l’établissement de crédit émetteur. (définition de la commission européenne.)

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1455

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