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Crise financière : les « Monolines » sur la sellette

Publie le samedi 17 novembre 2007 par Open-Publishing
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Crise financière : les « Monolines » sur la sellette

17 novembre 2007

Elles s’appellent MBIA, Ambac Financial, FGIC. Ce sont les assureurs des marchés financiers, qui s’engagent à couvrir d’éventuelles pertes sur le principal et les intérêts en cas de défaillance de l’émetteur d’un titre où d’une obligation. C’est grâce à cette assurance que le papier émis se voit attribuer la meilleure note - ou AAA - par les agences de notation.

Le principe des assurances c’est la dilution du risque. Les dégâts occasionnés par un sinistre circonscrit peuvent être remboursés par les primes des autres souscripteurs, mais lorsque la tempête dévaste tout sur son passage, comme c’est le cas en ce moment sur les marchés financiers, on s’interroge sur la capacité de l’assureur à faire face.

MBIA garantit 650 milliards de dollars de titres, Ambac 546 et FGIC 314 milliards.

Devant le risque potentiel de voir ces entreprises être incapables de tenir leurs engagements, les agences de notation Moody’s et Fitch étudient - avec beaucoup de circonspection - l’éventualité d’une révision à la baisse de leur note.

Car l’enjeu est énorme. Si les monolines perdent leur note AAA, l’ensemble des obligations et des titres qu’elles ont assuré verraient du même coup leur notation révisée à la baisse. Cela représente rien moins que 2 400 milliards de papier mis en circulation par toutes sortes d’emprunteurs, allant des municipalités aux écoles, des banques aux états.

« Nous tremblons en imaginant les conséquences » déclare Greg Peters, directeur stratégique du crédit chez Morgan Stanley. « C’est une force de déstabilisation énorme. »

Statutairement, nombre des acheteurs de ces titres sont requis de ne détenir en portefeuille que des actifs de notation AAA. Si la garantie de l’assureur se voyait dégradée cela entraînerait immédiatement pour eux l’obligation de vendre, ce qui sur un marché déjà exsangue provoquerait un cataclysme.

Inversement, les émetteurs seraient obligés de rémunérer plus cher l’argent emprunté. Entre un titre noté AAA et un autre noté A, le surcoût est de 19 points de base, soit 19 000 dollars par an pour un emprunt de 10 millions.

Cette différence peut sembler minime, mais cumulée sur l’ensemble des emprunts en cours des municipalités américaines cela représenterait une somme de 9 milliards de dollars.

Les monolines assurent aujourd’hui pour 100 milliards de CDO adossés à des crédits subprime. Ce sont ces mêmes CDO dont la valeur comptable a chuté de 29% pour Merrill Lynch et de 21% pour Citigroup.

Il garantissent également pour 1000 milliards de titres adossés à des biens immobiliers et des crédits à la consommation. Dans ce secteur, certaines ventes se sont effectuées à 15% en dessous du nominal. Si l’ensemble de ce segment connaît la même baisse, ce sont 150 milliards qui sont concernés.

Jusqu’à présent ces entreprises n’avaient eu à couvrir des pertes que pour 0,01% des sommes assurées. Mais devant l’ampleur des dégâts qui s’accumulent, de nombreux observateurs s’inquiètent. « Les investisseurs sur les obligations garanties ne s’étaient jamais interrogés sur la qualité AAA accordée aux monolines, » rappelle le gestionnaire de fond d’investissement Toby Nangle, mais compte tenu du risque accru, ils « pourraient se demander si le roi est nu. »

Le cours de l’action Ambac a perdu 66% depuis le 1er juin, et MBIA a plongé de 40%. ACA Holding, dont Standard & Poor’s pourrait baisser la note, en est à -89% (illustration).

Interrogés par Bloomberg, MBIA a affirmé que sa capitalisation était suffisante. Ambac et FGIC n’ont pas souhaité répondre.

Les monolines pourraient tenter de se réassurer auprès d’un tiers. Elles pourraient aussi avoir le soutien des banques pour lesquelles cette solution s’avérerait moins onéreuse que les pertes entraînées par une dégradation des notes de leurs portefeuilles de titres.

Certains observateurs estiment également qu’en cas de défaillance de ces entreprise le gouvernement serait amené à intervenir pour limiter les pertes encourues par les collectivités locales.

Le montant des primes de risques sur les marchés dérivés des produits associés à ces entreprises révèle que les investisseurs estiment aujourd’hui à 27% la probabilité d’un défaut de paiement pour MBIA et à 39% pour Ambac.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1439

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