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Cyril Ferez, le coma d’un militant à fleur de peau

Publie le mercredi 22 mars 2006 par Open-Publishing
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Abîmé par la vie, ce Parisien, salarié d’Orange et syndiqué chez SUD, est de toutes les manifs anti-CPE.

Par Karl LASKE
mercredi 22 mars 2006

« C’est quelqu’un de très touchant, de très cultivé, et même temps d’assez abîmé par l’existence », dit François-Olivier, un ami de Cyril Ferez, chez Orange-France Télécom. Il a appris, hier, la nouvelle de l’hospitalisation de Cyril, toujours plongé dans le coma. Il a vu simultanément les images. Celles de la violence, et celle d’après, le corps au sol.

« Pas violent ». Il a d’abord pensé que Cyril avait un homonyme. Son émotion est retenue. C’est son voisin de bureau. Ils se côtoient chez Orange depuis neuf ans. A Torcy (Seine-et-Marne), ils traitent depuis deux ans les réclamations des clients au service des échanges de mobile. « Les clients ont des problèmes d’adresse, des conneries de ce genre. C’est un travail de back office. » François-Olivier est à la CFTC. Cyril a adhéré à SUD il y a quatre ans. Il a été élu depuis au comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT). « Contre le CPE, il a fait toutes les manifs. Il y allait parce qu’il était contre le démantèlement du code du travail. Il fallait y être. Ce n’est pas du tout un type violent. Il boit trop, mais je ne l’ai jamais vu violent. Physiquement, il n’était pas de taille à en découdre. Il n’avait pas la condition physique non plus. » Interrogé hier par l’AFP, le directeur du centre de Torcy a décrit lui aussi Cyril comme quelqu’un de « gentil et réservé ».

Originaire de Haute-Savoie, Cyril Ferez, 39 ans, habite un studio, rue Sedaine, dans le XIe arrondissement de Paris. Il passe le plus souvent ses vacances chez ses parents à Saint-Gervais. « Les salariés d’Orange n’ont pas assez de revenus pour partir en vacances », ironise François-Olivier. Il y a déjà longtemps, Cyril s’est séparé difficilement de sa compagne, dont il a eu un enfant, aujourd’hui âgé de 10 ans. Sa première passion a été le théâtre. A Annecy, il a fait le conservatoire. « Il est monté à Paris, raconte Lætitia, son ex-compagne. Et il a travaillé pour le Théâtre de proposition, dans le XIe. Puis on a vécu une séparation longue et douloureuse. Pour lui, ç’a été l’alcool. C’est un type bien, très engagé politiquement, très à gauche. » Cyril a aussi appartenu à Ras l’front. « On s’est connu au moment des manifs de 1986. A l’époque, j’étais plus engagée que lui », se souvient Lætitia. « Il est hors de question qu’on salisse quoi que ce soit », conclut-elle.

« Honnête ». Prévenue dimanche par l’hôpital, la famille savoyarde attend les nouvelles. La soeur de Cyril est aussitôt montée à Paris. Son frère « prendra la relève ce week-end ». « Cyril est un garçon très gentil », tient à dire Renée, sa mère. A Noël, il l’a accompagnée à la messe de minuit. Cyril a « abandonné le théâtre » mais il a un « travail sérieux ». Il a mené « une vie honnête », travaillant à l’occasion comme serveur. « Avec son salaire, il ne pouvait pas vivre et faire du théâtre. Nous, on est de simples ouvriers, on ne pouvait pas l’aider beaucoup. » Renée se souvient des films où il a été figurant. Louis, l’enfant roi, par exemple.

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