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DEMOCRATES, ARMEZ-VOUS ! Vers une déroute de nos libérales-démocraties ?

Publie le mardi 8 mars 2005 par Open-Publishing
16 commentaires

de Marc Alpozzo

« Prendre du plaisir au bonheur des autres » : sera-ce, sous le nom de « fraternité », la prochaine utopie qui emportera le monde au XXIème siècle ?, Jacques Attali, Fraternité, une nouvelle utopie.

Le dernier Costa-Gavras, Le couperet, porte bien son nom. Car, il montre avec toute la finesse que l’on connaît à Costa-Gavras, combien notre système est un coupeur de têtes... Mais plus important encore, il dénonce une déroute à venir de nos libérales-démocraties... Puisse-t-il y avoir un remède au pire à venir ?

C’est un film social à peine déguisé en thriller que Costa-Gavras nous propose, et qui commence par raconter la vie d’un homme comme tout le monde, appelé Bruno Davert avec femme et enfants, qui se retrouve licencié de sa boite. C’est donc l’histoire ordinaire d’un licenciement : celui d’un cadre supérieur congédié pour cause de délocalisation de son entreprise après quinze ans de bons et loyaux services. Ça rappelle d’étranges manœuvres contemporaines, non ?

Ensuite, le gaillard est littéralement réduit à néant par des chargés de ressources humaines (que l’on ne reconnaît pas spécialement dans le film : il arrive qu’ils soient sympathiques les chargés de ressources humaines, ils causent beaucoup, vous offrent parfois un café, et puis... bon !), plutôt fiers d’avoir un peu de pouvoir sur ce pauvre bougre, prêt à tout pour retrouver un semblant de dignité « sociale » ; présentés là comme une espèce de dangereux prédateurs, triant, écumant dans le nombre incroyable de sans-emplois qui se font concurrence, d’où l’idée (également traité dans Mon CV dans ta gueule, d’Alain Wegscheider un roman publié aux feu-éditions Pétrelle) de liquider la concurrence. Et oui ! L’idée est très simple, mais non moins diabolique : trucider les postulants potentiels au poste qu’il brigue, afin d’obtenir la place.

Et meurtre après meurtre, l’homme de mettre à jour le vrai problème qui nous tient tous par le collet : le seul mot d’ordre de notre belle société libérale qui nous fait courir derrière la carotte : « Better of dead » ! (Etre le crack ou disparaître !)

Depuis toujours, nos parents, nos profs, nos patrons, nous enseignent une philosophie déshumanisante au final : rentabilité/compétitivité ! Ce sur quoi repose tout notre système éducatif et social. Que serait-il sans ce que l’on produit ? D’où son intérêt à nous rendre rentables, et pour longtemps. « Vous êtes rentables donc vous êtes » est bien la première et seule supercherie par laquelle toute notre système socio-éducatif tient bon ! Sans ça, tout s’écroule. D’où la détresse de Bruno, d’où la notre, d’entrevoir le piège dans lequel, nous sommes tous tombés. Voilà donc la raison pour laquelle nous souffrons de ne pas nous sentir plus utiles, mieux utilisés, mieux reconnus par un vrai poste, et non par ces contrats précaires, sources de craintes pour l’avenir, de souffrances pour un présent qui nous réduit à n’être que des ombres sociales. Et le pire, c’est de surprendre la même détresse chez les autres. Qui n’a pas peur de devenir un jour un modeste smicard sous les ordres d’un petit col blanc, parce qu’à l’instar du serviteur chez Hegel, on aurait choisi de renoncer à la mort, et de renoncer à tuer.

Mais ce qui est surtout très intéressant dans ce sujet, c’est qu’il parle d’une situation en Amérique qui existe depuis déjà quinze ans, au moins. Et malheureusement elle arrive à grand pas en Europe et commence à jouer un rôle important dans notre société en France : le chômage, les licenciements, le modèle ultra-libéral, le renforcement de l’individualisme... Et oui, le constat du film semblera trop pessimiste pour certains, mais juste : aujourd’hui, on ne se bat plus vraiment pour défendre des idéaux humanistes, emblématiques pour améliorer la vie et l’homme. Non ! Nous ne nous posons plus dans une démarche qui se questionne autour du devenir de l’Homme. Nous sommes jetés dans une jungle où règne la guerre de tous contre tous. Et nous sommes contraints pour survivre dans cette jungle urbaine de ne penser qu’à une seule chose : sauver sa peau ! Il n’y a plus de morale, plus de solidarité. Ou si peu ! C’est le règne de l’inhumanité au quotidien, l’avènement d’une nouvelle barbarie. Le système libéral divise pour régner... On croise régulièrement des mendiants venus de tout horizon, sales, en détresse... On croise des SDF, refaits au pinard, et ils nous font peur... Peur d’un jour en arriver là... Alors chacun se bat ! Pour trouver un boulot ! Pour le conserver ! On ne se bat plus les uns avec les autres... un idéal bien impossible à présent... puisque l’un, dans ce système peut faire de l’ombre à l’autre (cf. Cette course meurtrière que mène Bruno pour retrouver un emploi), on se bat les uns contre les autres... Voilà bien tout le drame de notre époque...

Ah ! ce que ça réchauffe le coeur, ces quelques grèves sociales, protestant contre des licenciements abusifs ! - Mais est-ce que ça durera encore bien longtemps ? Première question ! N’existe-t-il pas une voie alternative ? : seconde question !

Peut-être ...

La parution du livre de Jacques Attali, La voie humaine, en 2004, aux éditions Fayard, a été particulièrement silencieuse à comparer avec le bruit réconfortant des thèses qu’il y propose, entre autres parce qu’elles seraient une belle alternative possible au pire à venir.

Tout d’abord, Jacques Attali réhabilite une conception de la collectivité, et du sens de l’Etat, que l’on a parfois, trop tendance à oublier, aux prises avec un libéralisme sauvage, un modèle à l’américaine que l’on souhaite exporter ici, et qui risque de très vite générer un fort taux d’égoïsme, de haine pour l’autre et de jalousie. (« Plus personne, ou presque, ne croit que changer la vie des autres est important pour soi », nous dit Jacques Attali), même s’il ne se trouve pas que des reproches à lui faire. La compétitivité, la guerre de tous contre tous, cela a du bon pour pousser les hommes à se dépasser. Il suffit de simplement revenir au concept kantien d’insociable sociabilité, pour comprendre que cette formule n’est en rien un constat pessimiste. En effet, dans cette situation de concurrence chacun doit l’emporter sur l’autre, surmonter son penchant naturel à la paresse, rivaliser d’astuce et d’ingéniosité, développer ses facultés. Paradoxalement, la force irrésistible des passions (asociales) fait de l’homme un être civilisé (et socialisé).

Mais tout de même... ça reste difficile de se laisser complètement aller à applaudir des deux mains, l’arrivée d’un nouveau modèle exclusivement économique, qui sera, très certainement à terme, le cauchemar de ce pays : « La marchandisation gagnant tout, jusqu’à l’homme lui-même, le monde deviendra une foire parcourue de bandes rivales. », nous promet Attali. D’ailleurs, n’est-ce pas déjà un peu le cas ?

Mais pourquoi faut-il tirer très vite le signal d’alerte : dans son film Costa-Gavras entr’ouvre le problème : c’est notre démocratie entière qui est menacée par l’exportation du libéralisme sur nos territoires européens : « Le marché devient chaque jour plus fort que la démocratie et il en menace même les institutions ». Or, d’où vient-elle cette réelle menace qui pèse au-dessus de nos têtes ? L’explication donnée par Attali est simple : « L’initiative privée avance au rythme choisi par chaque individu, alors qu’il faut une action collective complexe pour changer les cadres et les usages de la démocratie ». D’où l’intérêt du bien commun à remettre vite au premier plan. Bien commun que beaucoup aujourd’hui ignore, ne serait-ce que pas leur désaffection citoyenne, en s’abstenant de voter : « Plus personne, ou presque, ne pense que voter peut changer significativement sa condition, a fortiori celle du monde. » Car, même s’il y a du bon dans l’économie de marché, dans la mondialisation, il faut faire attention au marché qui progresse plus vite que la démocratie. Et je ne saurais ne pas être d’accord avec le pessimisme d’Attali à ce propos : disons le tout net, la mondialisation est entrain de tuer la démocratie, tout comme le fait l’économie de marché posée en reine du système social.

Certes, le marché à des vertus, Attali ne le cache pas, comment le pourrait-il d’ailleurs ? Mais il s’agit de limiter son emprise sur chacun. D’abord, en étendant le champ de la gratuité « Bien des métiers marchands pourraient être remplacés progressivement par des activités gratuites et bénévoles, ce qui pourrait réduire la nécessité de disposer d’un revenu pour en bénéficier » ; réduire le spectacle en lui le savoir est une première alternative conseillée par l’auteur. Remettre la responsabilité de tous au centre de la problématique pour renforcer la démocratie, en est une seconde. Et ce que les socialistes, encore trop enfoncés dans le capitalisme, n’ont pas vu : en affirmant une prééminence du temps sur l’argent. Avoir, comme dit l’auteur, « le sens du temps ». « Les biens essentiels sont l’ensemble des biens nécessaires à chaque personne pour pouvoir choisir librement son temps, pour avoir accès au "bon temps". »

« Le Temps est le bien le plus rare parce que c’est le seul bien qu’on ne puisse ni produire, ni donner, ni échanger, ni vendre », dit avec intelligence Jacques Attali. Voilà pourquoi cette culture du "toujours plus" (de fric, et de choses matérielles) sera à terme, délétère, destructrice parce que cette culture est un mensonge, elle vous promet un bonheur différé, (« la carotte » a déjà fini par fatiguer un bien grand nombres d’individus, y compris outre-atlantique ), bonheur différé qui ne semble jamais arrivé, - sinon comment comprendre le nombre croissant d’individus dépendants d’anti-dépresseurs ? Or, il s’agit de tenir le bonheur du temps présent. Le libéralisme aura, semble-t-il, du mal, à nous l’offrir à tous.

Messages

  • Jacques Attali n’est vraiment pas un auteur à lire, sa duplicité entre la social-démacratie et le libéralisme ne date pas d’aujourd’hui...Bien au contraire, il joue sur les ressorts de notre culture, de nos valeurs pour mieux introduire l’idée que le libéralisme est un mal nécessaire mais que nous pouvons ici ou là le patiner d’activités solidaires pour en atténuer la sauvagerie et le barbarisme...Vraiment c’est prendre certains pour des crétins et les citoyens comme de bons soldats prêts à participer au jeu de massacre. Il faut en finir avec les autruches.

  • Depuis toujours, nos parents, nos profs, nos patrons, nous enseignent une philosophie déshumanisante au final : rentabilité/compétitivité ! Ce sur quoi repose tout notre système éducatif et social.

    est-ce parce que les "profs" et les patrons disent et pensent la même chose que depuis 10 ans, les principaux mouvements sociaux en France viennent de l’Education nationale ?

    • J’ai du mal à comprendre cette contribution. C’est quoi "nos profs" ?? J’en suis un et je viens ce jour même d’encourager les élèves à aller manifester, en leur disant qu’il n’y avait que le rapport de force qui pouvait faire reculer le gouvernement. Et je ne pense pas être le seul prof à les mettre en garde contre une société qui dont les mots d’ordre se résument à "marchandise, profit, compétivité et concurrence".

    • Ben oui...Marc Alpozzo répète son petit média en dix leçons.

      On lui a dit qu’il fallait cogner sur les profs. : Il cogne...

    • Apprenez, très cher Monsieur qui ne signe pas ses billets, que personne ne me dit ce que j’ai à faire ! Par ailleurs, sachez, pour votre gouverne, que je suis moi-même professeur dans le secondaire, et que je n’ai, STRICTEMENT aucun intérêt à "taper sur les profs" comme vous le dîtes. Vous êtes là, très loin en-dessous de mes analyses. Lorsque je dis "Depuis toujours, nos parents, nos profs, nos patrons, nous enseignent une philosophie déshumanisante au final : rentabilité/compétitivité !", je ne suis pas entrain d’assimiler point par point le discours des professeurs au discours des patrons, comme l’a également cru, un de mes confrères plus haut, post auquel vous répondez. Je distingue évidement les deux discours, dans leurs nuances, mais le principe de rentabilité/compétitivité se retrouve, très insidieusement, en ce sens, que la notation, les encouragements du professeurs voire ses commentaires en classe et sur les livrets sont, préalablement, une incitation à la compétitivité que vous le vouliez ou non. Et en plus, il se dessine, au sein même de la classe, un principe de compétitivité "entre" les élèves, ne serait-ce que par le filtre qui se fait dans les passages en quatrième, seconde, au passage du baccalauréat, et pour le choix qui est fait d’accepter les candidatures en classes préparatoires. Par ailleurs, le caractère de rentabilité, encore non définie de la sorte, apparait au moment ou l’élève "se doit" de se plier à des règles strictes pour d’abord répondre à des exigences méthodologiques, ensuite obtenir les "meilleures" notes possibles ce qui lui assure 1) une sécurité dans le passage en classe supérieure 2) un bon dossier pour les études supérieures auxquelles il postule, en imaginant qu’il vise des classes préparatoires, des universités technologiques, ou des BTS.
      De plus, vous chercherez un professeur quel qu’il soit dans le primaire ou le secondaire qui conseille à sa classe de refuser la normalisation des esprits qui est faite par l’école, en refusant de faire ses devoirs, d’écouter en classe etc. Le professeur qu’il le veuille ou non, est également une personne qui, dans sa fonction, nous inculque un adage qui se retrouve dans la rentabilité "J’applique donc je suis !". Et j’en sais quelque chose pour avoir été longtemps un cancre génial, sans jamais recevoir la moindre félicitation d’un seul de mes profs !
      A bon entendeur,
      Marc Alpozzo

    • Ce que ne comprend pas MA, c’est que quand 6 élèves de Seconde sur 10 obtiennent 0 à une dictée de brevet, c’est pas des félicitations qu’il faut délivrer...
      Bon séjour dans le sable, autruche MA !

    • Le brevet se passe à la fin de la troisième, vous devriez le savoir, vous qui semblez si bien renseigné sur les méthodes d’apprentissage de nos chers bambins !

    • Le brevet se passe à la fin de la troisième .
      Qui a dit le contraire ?

      Pas Sauver les lettres, auteur de cette enquête (dont le ministère se vante moins que de ces taux de réussite au bac, falsifiés et réalisés sous la pression hiérarchique).

    • Communiqué de presse du 31 janvier 2005

      Plus d’un élève de seconde sur deux ne maîtrise pas l’orthographe de base.
      Pire : en quatre ans, leur nombre a doublé.
      De 28 % en 2000 qui ont eu zéro à la dictée du brevet de 1988,
      la proportion est passée à 56% en 2004.

      En septembre 2000, à la suite du honteux brevet des collèges dont la dictée ne comportait que 63 mots et n’en évaluait que 13 (http://www.sauv.net/fx000702.htm), le collectif Sauver les lettres s’était livré à sa propre évaluation de l’orthographe des élèves de seconde au moyen d’une dictée relativement simple, donnée au brevet à une date assez récente (1988), corrigée selon les consignes de notation en vigueur jusqu’en 1999. Les résultats furent extrêmement faibles : un quart des élèves de seconde évalués (un échantillon de 1724 élèves) obtenait zéro (http://www.sauv.net/fx010107.htm).

      Katherine Weinland, doyenne de l’Inspection générale des lettres, ne s’en alarmait pas, puisqu’elle déclarait dans l’Express en mars 2002 : " 13 % des élèves de sixième ne savent pas lire, mais ils n’ont pas fini leurs études ! ", et que le dénigrement des exercices systématiques de langue française, dictée et grammaire, a continué dans les programmes officiels.

      Un aveuglement aussi obstiné ne pouvait que porter des fruits délétères. Le collectif Sauver les lettres vient de le constater en proposant en septembre 2004 pour les classes de seconde le même test qu’en 2000 : même texte de dictée, suivi de six questions élémentaires de grammaire (http://www.sauv.net/eval2004.php). L’échantillon est plus large (2 300 élèves). Le résultat (analysé dans http://www.sauv.net/eval2004analyse.php) est catastrophique : plus d’un élève de seconde sur deux a obtenu zéro à la dictée, la proportion de 2000 a donc doublé, comme le montre le tableau :

      2000
      2004
      variation

      copies ayant obtenu 15 et plus
      9,27 %
      6,01 %
      - 3,26 %

      entre 10 et 14,5
      20,50 %
      11,92 %
      - 8,58 %

      entre 5 et 9,5
      21,40 %
      12,79 %
      - 8,61 %

      entre 0,5 et 4,5
      20,88 %
      12,88 %
      - 8 %

      ayant obtenu 0
      27,95 %
      56,40 %
      + 28, 45 %

      … en faisant moins de 15 fautes
      non mesuré
      10,14 %

      … de 15 à 20 fautes
      non mesuré
      17,28 %

      … de 20 à 30 fautes
      non mesuré
      19,76 %

      … plus de 30 fautes
      non mesuré
      9,23 %

      Le constat est effrayant : en 2004, une grosse majorité (56,40 %) des élèves qui entrent en seconde générale et technologique a une orthographe si faible qu’elle aurait été sanctionnée par un 0/20 au brevet des collèges jusqu’en 1999.

      Les comparaisons sont éloquentes : ainsi en 2000, 27,95 % des élèves faisaient au moins 10 fautes. Quatre ans plus tard, ils sont 28,99 % à en faire au moins 20. En d’autres termes, plus d’un quart des élèves de seconde ne peut écrire sans commettre au moins deux fautes par ligne. (Et s’il fallait établir une statistique nationale, il faudrait prendre en compte les classes de seconde professionnelle – 35% des élèves – qui accueillent essentiellement des élèves à l’orthographe encore plus défaillante.)

      Ces statistiques ne réjouiront que les sots qui voient, dans l’illusion de sortir de la " Galaxie Gutenberg ", un progrès vers l’égalité, car l’écrit ne serait plus un facteur socialement discriminant. Folle illusion : plus la maîtrise de la langue diminue dans la population, plus elle constitue un privilège exorbitant pour ceux qui y ont accès, dans un monde où le poids de l’écrit ne cesse de croître.

      L’orthographe et la maîtrise de la langue sont en outre bien plus qu’elles-mêmes : elles nécessitent concentration et rigueur, et l’orthographe grammaticale demande et développe la perception de la cohérence des énoncés, de leur hiérarchisation, sans laquelle il n’est de sens, et encore moins de nuances. Qu’en reste-t-il quand 95 % des jeunes lycéens ne savent reconnaître ni un attribut ni une épithète, ni une proposition subordonnée relative, ni donner sa fonction ? (Lire les résultats de l’évaluation de la grammaire : http://www.sauv.net/eval2004res.php) Les élèves actuels vivent dans un brouillard conceptuel qui explique leur difficulté fréquente à comprendre ce qu’ils lisent.

      En prescrivant au mois de septembre le retour à des exercices et cours systématiques d’orthographe et de grammaire (http://eduscol.education.fr/index.php?./D0011/circul_coll.htm), le ministre François Fillon semble avoir pris la mesure de la situation. Mais il n’a pas pris pour autant les décisions qui s’imposent relatives aux méthodes, programmes et horaires (http://www.sauv.net/circulaire2004f.php).

      Les méthodes globales (ou apparentées) d’apprentissage de la lecture continuent de sévir et d’empêcher une transcription correcte des sons, une séparation infaillible des mots, une compréhension sûre de leur composition ainsi que du système et du sens de leurs accords.

      Les cours de langue du collège continuent de devoir se situer expressément dans la continuité des programmes destructeurs de l’école primaire institués en 2002, où l’apprentissage de la conjugaison se réduit à " l’observation des variations qui affectent les verbes ", celui de la subordination à la seule proposition relative, celui de la maîtrise du français à la " pratique transversale " (c’est-à-dire utilitaire) de la langue. Les programmes et prescriptions de " séquences " au collège sont inchangés.

      Les horaires de français sont en chute libre depuis 1969. La scolarité primaire actuelle complète ne mène les élèves qu’au niveau du 2e trimestre de CM1 de 1968, la scolarité actuelle complète au collège mène les élèves au milieu de la 5e du collège de 1976 (http://www.sauv.net/horaires.php).

      L’introduction prévue à l’école primaire de nouveaux " fondamentaux " fort discutables (langue vivante de communication et informatique), alors même que les éléments qui doivent leur préexister ne peuvent être correctement enseignés ni assimilés faute de temps, ne pourra qu’aggraver la situation en diminuant encore les horaires d’apprentissage de la langue.

      En attendant, les parents qui savent le poids de la maîtrise du français et qui en ont les moyens affluent vers les écoles privées. Cela devrait ravir M. Dutreil, ministre de la fonction publique qui déclarait récemment : " Le problème que nous avons en France, c’est que les gens sont contents du service public. L’hôpital fonctionne bien, l’école fonctionne bien, la police fonctionne bien ".

      Qu’il se rassure : M. Fillon contribue, avec la même ardeur que ses prédécesseurs, à résoudre le " problème ".

      Collectif Sauver les lettres

      1. Devant les membres de la fondation "Concorde ", propos rapporté par Charlie Hebdo du 27 octobre 2004.


    • L’amalgame concernant les rentabilités/compétitivités respectives de l’Ecole et de l’entreprise est celle d’un cancre...manquant quelque peu de génie.

      Mais quand on prend connaissance de l’enquête de Sauver les lettres, on mesure l’urgence qu’il y a à supprimer toute notation.

    • "Refuser d ’écouter en classe, de faire ses devoirs", c’est "refuser la normalisation des esprits" ?

      On mesure à quelle point sont "normalisés" les centaines de millions d’individus qui souffrent de ne pouvoir mener leurs enfants à l’école.

    • "Mais quand on prend connaissance de l’enquête de Sauver les lettres, on mesure l’urgence qu’il y a à supprimer toute notation."

      Oui, mais jusqu’à nouvel ordre, la notation est toujours de rigeur dans les écoles françaises. Votre argument est donc sans aucun fondement.

    • supprimer la notation dans un contexte d’analphabétisation croissante est une proposition ironique...

  • De la pub pour Attali sur bellaciao ?

    On veut graver la concurrence libre et non faussée dans le marbre de Carrare ?

    (celui du bâtiment de la BERD d’où fut viré Attali pour une sorte d’affaire Gaymard avant l’heure)