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DISSOLUTION DE l’ASSEMBLEE NATIONALE !

Publie le vendredi 3 juin 2005 par Open-Publishing
22 commentaires

Conférence de presse du Parti communiste français, 1er juin 2005
Allocution de Marie-George Buffet, Secrétaire nationale du PCF

Mesdames, messieurs,

Suite au résultat sans appel du référendum de dimanche, le Président de la République a nommé hier un nouveau Premier ministre, pour former un nouveau gouvernement. C’est une fuite en avant. Depuis trois ans, le gouvernement Raffarin a été désavoué sans discontinuer, dans la rue comme dans les urnes. Sa politique profondément libérale a provoqué une régression sociale sans précédent. Jacques Chirac lui a rendu un vibrant hommage hier.

Aujourd’hui, le fait de nommer Monsieur de Villepin à Matignon, alors même qu’il a été l’un des plus zélés défenseurs du traité rejeté massivement par notre peuple, et l’un des piliers du précédent gouvernement, constitue une provocation. Le signal est clair : rien ne va changer dans la politique menée. Nous aurons peut-être droit à une méthode plus littéraire, mais le résultat n’en sera pas différent.
Et si Monsieur Sarkozy vient seconder Monsieur de Villepin à la tête de l’équipage gouvernemental, nous avons droit à une clarification supplémentaire. On prend les mêmes et on continue, voilà la devise que pourrait adopter le nouveau gouvernement.

Pourtant, en se prononçant lors du référendum, avec plus de 55% des suffrages contre le traité constitutionnel libéral, les Françaises et les Français ont indiqué clairement leur rejet du libéralisme et des politiques libérales. C’est de cela dont il a été question dans toute la campagne. 79 % des ouvriers, 67% des employés, 71% des chômeurs, qui subissent de plein fouet ces politiques ont voté « non ». Quelle a été l’attitude des partisans du « oui », dès le soir même : ils ont peiné à reconnaître cette victoire, ils ont continué de plus belle à expliquer qu’ils avaient raison. Je le dis très clairement, on cherche à défigurer la victoire de notre peuple, on cherche à contourner sa voix, on cherche à salir son beau message d’espoir. Que d’insultes ont été proférées sous la plume de brillants éditorialistes, sous le verbe de responsables politiques désavoués : le peuple serait antieuropéen, xénophobe, manipulé, masochiste, nationaliste, franchouillard... Ici on explique qu’il ne se serait pas prononcé contre le traité mais en aurait profité pour dire combien il était malheureux, passant négligemment l’Europe par pertes et profits. Là, on fait semblant de ne pas pouvoir comprendre le sens de ce vote. Je conçois le dépit de celles et ceux qui avaient cru pouvoir dicter son choix au peuple. Mais je ne souffre pas que l’on foule aux pieds la souveraineté du peuple et la démocratie. Et nous nous battrons pour qu’elles soient respectées.

Le « non », c’est une conviction généreuse et solidaire. C’est un espoir pour les hommes et les femmes d’Europe que l’on cherche à toujours plus mettre en concurrence pour le plus grand profit des marchés financiers.
Le « non » de notre peuple, c’est le rejet conscient d’une Constitution libérale, continuant une Europe dont il a fait durement l’expérience dans sa vie quotidienne. Le « non » de notre peuple, c’est la volonté d’une renégociation et d’une réorientation des politiques européennes sur d’autres bases que la loi de la concurrence libre et non-faussée. Il faut appliquer ce mandat du peuple souverain. Pour commencer, Jacques Chirac doit retirer sa signature au bas du traité.
Le « non » c’est aussi le rejet du libéralisme, celui développé en Europe, et décliné en France avec acharnement par la droite au pouvoir. C’est la question de confiance posée aux gouvernants sur le cœur de leur projet politique.

Une fois de plus, Jacques Chirac et ses amis entendent imposer la politique d’une minorité et cherche surtout à rassembler son camps. D’abord, ils n’ont pas l’intention de porter haut la voix de notre peuple à la table européenne. Ensuite, pour répondre aux attentes, il faut changer de politique. Ce n’est manifestement pas à cela que se prépare la majorité en place, il faut donc changer de majorité. Dans la situation actuelle, où le désaveu du pouvoir en place est arrivé à un niveau record, il serait sage de redonner la parole au peuple, de lui permettre d’élire une nouvelle majorité portant une politique plus conforme à ses attentes. C’est en ce sens que j’ai suggéré hier la dissolution de l’Assemblée nationale.
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Quoiqu’il en soit, nous allons nous battre pour que la volonté du peuple soit respectée. Je ne sais pas ce que dira précisément le nouveau Premier ministre, qui a déjà félicité l’ancien pour sa brillante politique, mais j’ai dis sous quels auspices se présentait son action. En revanche, je sais fort bien ce que disent les hommes et les femmes de ce pays. Ils en ont assez du chômage et de la précarité qui grandissent, tandis que les autorités encouragent les délocalisations et la politique monétaire ravageuse de la banque centrale européenne. Ils en ont assez de voir leurs salaires baisser ou stagner, leurs horaires de travail augmenter, tandis que le pouvoir encourage le patronat en cassant le code du travail, et que les autorités européennes prônent le dumping social. Ils en ont assez de voir leurs droits se réduire tandis que la droite casse les services publics, la sécurité sociale, les retraites sous les encouragements de Bruxelles. Les mobilisations sociales à venir, vont très vite rappeler au gouvernement la force des exigences du monde du travail et des milieux populaires. Nous soutenons pleinement ces mobilisations, et nous serons force de proposition afin qu’elles soient victorieuses. Emploi, pouvoir d’achat et salaires, droits sociaux, discriminations, nous prendrons dans les temps qui viennent les initiatives politiques qui s’imposent. Les 16 et 17 juin prochains, se déroulera un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement. Nous allons, ces jours-ci, proposer à toutes les forces de progrès de se mobiliser largement dans tout le pays pour que soit entendue la voix de la France. Nous allons faire résonner le « non », le porter, lui donner souffle. D’ores et déjà, nous voulons que soit entendue par les dirigeants de l’Union l’exigence de renégociation du traité et que soient stoppées les offensives prévues à l’agenda de Lisbonne : directive Bolkestein, directive augmentation de la durée légale du temps de travail, directives de libéralisation. En ce sens, nous lançons dès aujourd’hui une grande pétition nationale afin que les gouvernants de notre pays portent cette exigence, ne leur déplaise.

Nous allons également travailler à ce que se tiennent prochainement des assises pour une autre Europe en invitant toutes les forces progressistes européennes, politiques, syndicales et associatives, prêtes à travailler à l’élaboration d’un nouveau projet européen à engager une démarche populaire dans toute l’Europe. Nous pensons que cette proposition pourra être discuté dans le courant du mois de juin. En effet, nous avons des propositions, d’autres en ont, en France et en Europe. Nous voulons trouver des convergences et bâtir du commun à partir de cette exigence antilibérale, massivement exprimée par le peuple français hier, sans doute demain par le peuple hollandais, et qui gonfle dans tous les pays d’Europe, comme on a pu le voir à l’occasion des rendez-vous électoraux italiens, allemands et britanniques.
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Enfin, dans notre pays, se tiennent ces jours-ci, un peu partout, des réunions publiques pour débattre de la situation nouvelle et porter les aspirations de notre peuple. Le grand débat que nous avons eu, le résultat qui montre clairement que le peuple de gauche ne veut pas se résigner au libéralisme, appellent à de nouvelles dynamiques politiques. Il y a deux ans, à la Fête de l’Humanité, je lançais un appel à « révolutionner la gauche ». Je ne pensais pas, alors, que les conditions en seraient réunies si vite. Le peuple a fait irruption, et il a changé la donne. Les communistes veulent poursuivre dans cette voie, celle de la construction d’une alternative politique, d’un projet de transformation sociale audacieux, capable de rassembler majoritairement notre peuple. Pour cela, nous voulons faire bouger toute la gauche, nous voulons rassembler par delà le « oui » et le « non » tous ceux et celles, qui dans la situation nouvelle, avec les possibilités inédites qu’elle ouvre, veulent travailler dans cette direction. Renoncer à changer la vie, ou y travailler pour le faire, l’aspiration de notre peuple, le choix du peuple de gauche me semblent clairs. Sans attendre, dans les luttes d’aujourd’hui pour changer l’Europe et pour résister aux mauvais coups que préparent la droite et le MEDEF, nous avons collectivement une grande responsabilité pour que les espoirs de notre peuplent trouvent un tableau ou s’écrire, des horizons où s’envoler.

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Messages

  • Tout-a-fait d’accord. Nous devons prendre les choses en main maintenant : que tout le monde vienne réclamer la dissolution d’une Assemblée et la démission d’un chef de l’Etat qui ne représentent absolument plus les Français, SAMEDI 18 JUIN à 15h place de la République !

  • La représentation nationale, sénateurs et députés, réunis à Versailles le 2 fevriér 2005 a approuvée ( indirectement) le projet de constitution européenne par 630 voix contre 66, soit 90%, alors que le 29 mai les citoyens l’ont repoussé par 55% des votants.

    Il est clair que ces deux assemblées n’ont plus aucune légitimité pour representer le peuple et qu’il faut donc les dissoudre.

    Mais il est également évident que cette rupture entre les électeurs et leur élus est la conséquence directe du système électoral antidémocratique issu de la constitution de 1948

    Il est donc évident que nous ne devons en aucun cas accepter de revenir aux urnes dans ces conditions.

    Tous ensemble, dans l’unité freternele retrouvée à l’occasion de la bataille du non, nous devons continuer le combat pour exiger, avant d’aller voter, un changement radical de scrutin.

    Bon courage Raymond 30

  • Dissoudre l’Assemblée Nationale ? Pourquoi pas, c’est vrai qu’elle ne reprsente plus grand chose en l’état actuel des choses. Le problème c’est que cette proposition se situe dans la même problématique que le fonctionnement actuel du pouvoir. Imaginons que ce soit une majorité de gauche qui soit dans la nouvelle assemblée... et même que le gouvernement soit de gauche... Et alors ? que va-t-il concrètement faire ? Quel programme ? De cela le PCF n’en dit rien.

    Fernand (Lille)

    • ... il serait temps, avant de dire à chaque fois que le PCF n’a rien a proposer de parler en connaissance de cause. Lis-tu l’Huma ? As-tu lu sur le site du PCF ? Ecoutes-tu et vois-tu autre chose que les media serviles ?

      Marc

    • La réponse est oui à tes questions. Justement, les prositions faites sont plates et n’impliquent concrètement, au niveau du fonctionnement de la société, à rien de nouveau... c’est du pur jus de gauche parlementaire.

      Cela dit n’oublie pas que la plupart de gens à qui tu t’adresses ne lisent que la presse débile et les médias manipulateurs... il faudrait peut-être s’adresser à eux d’une autre manière, sinon vous allez recommencer les mêmes conneries.

      Fernand (Lille)

    • ... Ce que tu dis n’est pas faux pour ce qu’il en est des media.

      Mais, pour le reste, comment jauger les choses ?

      Je sais ce que, au fond de moi, je désire : un autre monde libéré du capitalisme. Je sais aussi que rien ne s’obtient par des incantations et que, si "basculement" s’avère nécessaire, les choses aussi se préparent...

      ... je ne me sens pas en contradiction, dans le fond, avec ce que je lis dans l’Huma et dans les documents du PCF... qui a, pour le moins, mené une campagne forte et élégante à la fois.

      Continuons de réfléchir...en marchant.

      Bonne soirée

      Marc.

    • Je pense que le changement passe par la mise en place de structures économiques alternatives, c’est dans cette pratque que nous montrerons qu’un autre monde est possible et c’est par la pratique concrète permettra une évolution des mentalités. Tu as tout à fait raison que ce ne sont pas les incanatations, aussi justes soient-elles qui permettrons le changement... mais ça, les organsations politiques ne le comprennent pas.

      Fernand (L)

    • Bonsoir Fernand,

      ... je te comprends, je suis d’accord avec toi... sauf pour la fin. C’est la raions de mon engagement au PCF...lequel n’est pas exempt d’erreurs ou de faiblesses mais lequel peut aussi joindre le théorique et le pratique. L’Hisotoire, la plus récente notamment (avec notre victoire collective du NON) est là pour témoigner de cela aussi.

      Cela ne veux pas dire qu’on délègue tout à des instances poliltiques (PCF ou autres). Ca veut dire qu’on fait grandrir une synergie entre le terrain (nous) et ceux qui sont chargés de nous représenter quand c’est nécessaire.

      Les deux sont indispensables et doivent être mobilisés.

      Cordialement à toi et bonne soirée à tous.

      De toute façon, Vive le "Non" et on continue !

      Marc

    • OK, mais le seul problème c’est que le PCF ne parle jamais de cette pratique alternative et ne conçoit le changement qu’en terme de changement électoral de majorité.

      Fernand (L)

    • .. ton ressenti est légitime. Le mien aussi mais il est un peu différent.

      Qui de nous deux est le plus proche de la vérité ?

      Il est bien clair, ceci étant, que mon engagement au PCF ne me dispense pas de m’investir, de critiquer,... en enrichissant le débat à ma mesure et... en m’en enrichissant moi-même.

      L’histoire n’est pas finie... celle du PCF non plus.

      Pour moi, l’espace que j’y trouve me permet d’envisager des alternatives complémentaires, autres, aux alternatives électorales.

      Moi, c’est comme ça que je ressens les choses.

      Bonne journée (ou soirée) à toi.

      Marc