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Dans le monde... Une classe en lutte !! (n°19)
Publie le dimanche 15 février 2009 par Open-Publishing1 commentaire
Salut camarades,
Pour info, les derniers articles en ligne sur le site du SI de la CNT :
http://www.cnt-f.org/international
Au sommaire :
– Antilles en lutte : interview d’un sympathisant de la CNT
– Antilles en lutte : chronique du 12 février
– Tunisie : lourde répression pour la révolte de Gafsa
– Maroc : A Sidi Ifni, la population laborieuse s’est aussi rebellée
– Madagascar : Bain de sang pour une rivalité de politiciens
Salutations anarcho-syndicalistes et internationalistes.
Pour le SI de la CNT, Jérémie.
Messages
1. Dans le monde... Une classe en lutte !! (n°19), 15 février 2009, 19:48, par CD
La question de la solidarité entre les peuples subissant des dominations différentes.
Quelles luttes ? Avec qui ? Qlq éléments.
La question de la solidarité du peuple français ou des peuples de la Triade à l’égard des peuples du reste du monde se pose de façon particulière car les peuple du nord (ou du centre) bénéficie de la domination qu’il peuvent par ailleurs critiquer. Certains mettent l’accent sur ce qui est commun et de J Ziegler à Samir Amin on tendre à globaliser le nord sous des terminologies variables dont celui d’Occident. La notion d’ordre occidental permet déjà plus une différentiation. " L’ordre occidental du monde relève de la violence structurelle, écrit Jean Ziegler. Derrière les valeurs universelles proclamées de l’Occident les peuples du sud voient aisément sans aucun effort l’arrogance et un souci de maintenir cout que cout leur domination. L’arrogance de qui ? C’est qui l’Occident ?
L’Occident n’existe pas ! Il est clivé.
Qui est l’Occident ? Le G20 n’est pas l’Occident . S’agit-il d’accuser toutes les populations du nord à l’exception des seuls groupes politiques clairement anti-impérialistes ? L’arrogance des touristes réactionnaires pèse peu dans la montée de la "haine de l’Occident" au sein des peuples du sud. S’agit-il alors des seuls gouvernements en collusion avec les grands dirigeants économiques des firmes multinationales ? La vérité est entre ces deux positions mais il est sûr que l’impérialisme est fondamentalement le fait des dirigeants politiques et économiques. Les peuples-classe ne participent pas à cette politique impériale. L’Occident globalisé n’existe pas. Et la division principale n’est pas entre Etat mais interne à chaque pays. Il s’agit d’un clivage entre capitalistes-bourgeoisie et peuple-classe.
Certes, on pourrait dire qu’ils ont voté pour les dirigeants politiques et qu’ils sont donc partiellement complices. C’est là ignorer l’autonomie relative du politique qui agit sans mandat et plus encore l’autonomie totale des dirigeants économiques dans les pays capitalistes dont la politique des firmes ne dépend pas du vote des salariés ni des citoyens. Ce que l’on pourrait défendre c’est que le clivage de classe apparait comme moins foncièrement antagonique qu’au plan national et plus soumis à appréciations diverses lorsqu’on envisage le rôle de la France dans le monde. Le "peuple de gauche" - qui est le peuple-classe agissant pour sa propre émancipation - ne réclame pas le retrait des firmes françaises du sud ni le démantèlement des sociétés transnationales, ni même le retrait des troupes militaires françaises envoyées dans les pays en conflits internes et contrôlés par le gouvernement français. Pourtant les firmes françaises sont tout autant que les groupes des USA le vecteur de la mondialisation capitaliste. Le débat va porter sur les politiques du FMI ou de l’OMC ce qui est autre chose. Ou sur le passage à l’impérialisme guerrier plus critiqué que le seul impérialisme économique plus caché et donc plus consenti surtout si des bénéfices de consommation peuvent être attendu.
Disposer d’une vision contrastée du nord ou de l’Occident est donc nécessaire. Nécessaire au nord dans les pays du centre et au sud dans les pays de la périphérie. La domination vient essentiellement du sommet politico-économique des Etats du Nord, des pays de la Triade. N’en déplaise à la présidente du MEDEF, nous ne sommes pas tous dans le même bateau.
Solidarité de qui ? avec qui ?
Si l’Occident est clivé en classes sociales alors la solidarité venue du nord sera elle aussi contrastée. Elle sera un geste politique avant d’être un engagement individuel. Car la solidarité passe d’abord par des organisations qu’il s’agisse d’envoyer du riz ou plus globalement d’inverser les processus politico-économiques en cours (politiques d’ajustement structurel, remboursement de la dette, contraction des politiques publiques, etc...) Un tel acte de conscience idéologico-politique ne saurait être porté par des groupes organisés soutenant l’ordre dominant . Autrement dit les forces ultra-libérales et social-libérales ne peuvent organiser aucun soutien réel des peuples du sud puisque toute leur action politique vise à reconduire la domination impériale.
Solidarité avec qui ? Dans ce combat je pense qu’il faut être clair sur deux points : 1 la solidarité ne se fait pas avec les bourgeoisies compradores du sud intégrées dans la mondialisation capitaliste et porteuses des politiques néolibérales dans leur pays ; 2 elle ne se fait pas non plus uniquement qu’avec les plus miséreux du sud. Autrement il convient de se garder d’une part d’une certaine naïveté solidaire qui globalise le peuple sans adjectif et d’autre part d’une solidarité misérabiliste qui ne s’adresse qu’aux plus pauvres.
La solidarité se fait avec le peuple-classe, le peuple défini par l’exclusion de la couche dominante. C’est là la version la plus simple (1). Ce faisant la solidarité s’exerce bien avec une très large configuration de la population d’un pays, de quasiment tous les pays, tant au nord qu’au sud se trouve dominée. Au sud cette domination est le fait à la fois d’une ou des puissances impérialistes et d’une couche locale relaie de la domination.
Une fraction du peuple-classe peut participer à la domination impériale ou néo-coloniale contre un autre comme c’est le cas d’Israël contre le peuple palestinien. Cela peut amener à des considérations différentes des grandes lignes ici posées car il s’agit en l’espèce d’une domination puissante, soutenue forte et multiple qui vise à l’écrasement total d’un peuple y compris son élite. Quant une guerre militaire apparait la collusion des classes dominantes disparait . Ce qui ne signifie pas disparition des classes sociales en interne.
Quelle différence avec la situation au nord ? Les puissances impérialistes de second rang au nord subissent aussi la domination économique des USA et de ses firmes mais pas en subissant le même joug la bourgeoisie nationale n’est pas qu’une couche relais. La bourgeoisie française est beaucoup plus autonome qu’une bourgeoisie compradores du sud. Ce qui ne signifie ps qu’elle ne subie pas la puissance économique des USA. Ce qu’a besoin la bourgeoisie française c’est d’une couche intermédiaire d’appui pour passer ses contre-réformes. Elle s’appuie sur l’encadrement supérieur. Le MEDEF quant à lui, n’est pas une organisation d’appui c’est l’outil principal du combat du capital contre les travailleurs salariés et par extension à d’autres couches sociales non salariées, indépendantes.
La politique du G20 tend à montrer une différentiation différente dans la mesure ou les élites du sud (au sens élargi des non G20) ne sont pas convoquées à la discussion. Néanmoins cela ne doit pas conduire à une conception naïve et globalisante des peuples au sud et à modifier le cadre de notre solidarité anti-impérialiste. Ce cadre ne pourrait être modifié qu’avec l’émergence d’une élite dans certains pays du Sud clairement engagée dans la défense et promotion de leur peuple-classe. Une séparation serait maintenue entre ce groupe social et le peuplle-classe mais une séparation réduite. Parler d’élite et non de couche dominante peut faire problème. Le terme élite signifie reconnaissance supériorité politico-intellectuelle d’un groupe social. Mais cette supériorité peut ne pas être mise au service de la domination de classe. Elle peut même être engagée dans un combat de classe soldaire du peuple-classe. En somme elle travaille à réduire le fossé entre elle-même et le peuple-classe.
La solidarité d’un peuple-classe à un autre peut s’accompagner d’une solidarité vigilante avec certains dirigeants qui de Thomas Sankara en Afrique à Evo Morales en Amérique latine montrent qu’il existe des figures politiques et des organisation politiques qui impriment dans le respect de la démocratie des changements qui mènent vers l’émancipation.
Christian DELARUE
1) Textes sur amitie-entre-les-peuples.org
dont "Les frontières du peuple-classe". C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article598