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De l’union et des communistes...

Publie le vendredi 21 décembre 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

de Jean Roussie

La question de l’union avec le Parti Socialiste pour les municipales est au centre du débat dans le Parti et semble polariser les clivages internes : Face à une direction nationale dont le but affiché est de parvenir à un accord global avec le PS pour « préserver » un maximum de mairies à direction communiste, la fronde gronde dans les rangs et de plus en plus nombreux sont ceux qui dénoncent cette stratégie d’alliance, qualifiée d’opportuniste et mortifère pour le Parti.

La dérive libérale du PS est assumée par sa direction qui ne cache plus son adhésion aux dogmes du capitalisme et ne fait plus d’un changement de société son objectif politique. Si cela est assumé de manière claire aujourd’hui ça n’est pas un fait nouveau et l’évolution du SPD allemand ou du New Labour anglais peut nous amener à considérer comme illusoires les vélleités des militants de l’aile gauche du PS qui, derrière Mélanchon ou Emmanuelli, espèrent en interne modifier le cap du navire social-démocrate. Le Parti Socialiste a toujours été et restera toujours, à mon sens et en dépit de son nom, une formidable machine à neutraliser toute tentative de changement de fond de notre société vers une société socialiste.

Si le clivage gauche-droite a un sens dans notre pays, il doit se situer entre ceux qui ambitionnent de renverser l’ordre capitaliste des choses et ceux qui s’en accommodent avec plus ou moins de zèle pour défendre les intérêts de la grande bourgeoisie. En ce sens le Parti Socialiste est un parti de droite mais dont une grande partie des militants et la majorité des électeurs sont des gens de gauche.

En signant un accord national avec le PS la direction du parti envoie un signe qui se veut fort à l’ensemble de l’électorat populaire, mais qui a toute les chances de n’avoir d’autre retentissement que l’explosion d’un pétard sous une cloche à vide. Signe d’autant plus incompréhensible qu’en appelant ses parlementaires à voter le 4 février en faveur de la révision constitutionnelle demandée par Sarkozy, la direction socialiste a pris le choix de soutenir activement le coup d’état institutionnel qui se prépare et dont toutes les répercussions pour l’avenir de notre « démocratie » n’ont pas été, j’en ai peur, mesurées.

Dès lors que traduit ce signe pour les militants « de base » que nous sommes, engagés dans le Parti Communiste pour de multiples raisons mais avec au coeur l’aspiration profonde que le mode d’exploitation capitaliste est au mieux un véritable gachis, au pire un système criminel de spoliation sociale s’appuyant sur un saccage sans mesure de vies et la guerre permanente pour maintenir la domination d’une petite caste sur la société ?

Ce qu’à mon sens il traduit d’abord et avant tout c’est que la direction n’a d’autre visée politique qu’électoraliste. Ce qui veut dire, dès lors que le système politique de notre pays n’a d’autre but que de perpétuer la domination de la bourgeoisie sur nos institutions et que nous parlons bien là de notre parti, le Parti Communiste, que la direction n’a pas de visée politique. Ou tout au moins pas de visée politique avouée.

Comme aucun communiste ne peut sérieusement croire qu’à ce niveau de responsabilité nous ayons placé (ou laisser placer) des irresponsables, chacun y va de son analyse sur le sens de la « gouvernance » du parti et le but poursuivi par une direction dont les préoccupations semblent de plus en plus coupées de celles de la base du parti. Et là se situe de mon point de vue de militant de base lambda, porteur de l’histoire de mon parti et ferment de son avenir, sa plus grave défaillance. En effet dans ce débat dans lequel les enjeux réels ne sont jamais posés de manière claire sur la table les forces centrifuges internes au parti prennent une force qui croît avec le temps, ejectant un à un les militants et menaçant à (court ?) terme le parti d’explosion.

Pendant ce temps ce qui devrait être le travail de fond du parti dans la société n’est plus effectué, à savoir : La formation théorique des militants sur l’économie politique, l’histoire du mouvement ouvrier et l’analyse des contradictions du capitalisme réel ; La mise en culture d’un communisme vivant ayant comme objectif sa visée historique et sa diffusion dans les pores de la société ; La définition d’objectifs de lutte agissant sur la politique concrète de notre pays et les moyens à mettre en oeuvre pour y aboutir... Pour faire bref la construction permanente d’un Parti Communiste en prise directe avec les enjeux et le peuple de son temps.

C’est à ce niveau là et rien de moins que se situe l’enjeu du prochain congrès prévu à la fin 2008 :

Engageons ce travail de fond de redressement d’un idéal et d’une action communiste décomplexée, assumant son histoire et sa visée historique et osons nous projeter dans l’avenir pour redevenir un élément moteur de la transformation et ne plus nous contenter d’être une simple force d’inertie à la remorque du mouvement social. La lutte victorieuse lors du référendum de 2005 nous a montré l’étendu des possibles. Si nous parvenons à redevenir nous-même, la question des alliances électorales ne sera plus jamais une question centrale et se résoudra d’elle même.

Dès aujourd’hui c’est de la responsabilité de chaque communiste de prendre en main la destinée de son parti et pour en revenir aux municipales, ça ne peut-être qu’à chaque section de décider de sa stratégie locale en fonction des acteurs politiques locaux avec comme objectif de replacer la politique au coeur de l’enjeu électoral : En terme de programme électoral mais aussi et surtout en terme de volonté d’implication des citoyens dans la vie municipale pour faire de chaque commune gérée avec des communistes un relais des luttes et un obstacle qu’aura a rencontrer la bourgeoisie dans son entreprise de remodelage de la société.

http://lejournalducroquant.blogspot.com

Messages

  • il faut redonner de la légitimité aux communistes et non pas décider au dessus de leurs tetes.
    Des membres de la direction ont des discours étourdissants et suicidaires.
    Notre engagement pour la lutte cède le pas aux interactions électorales et contre productrices envers notre émancipation pour notre liberté d’agir pour une autre société.

    Elu communiste Rochelais.

  • En effet dans ce débat dans lequel les enjeux réels ne sont jamais posés de manière claire sur la table les forces centrifuges internes au parti prennent une force qui croît avec le temps, ejectant un à un les militants et menaçant à (court ?) terme le parti d’explosion.

    Pendant ce temps ce qui devrait être le travail de fond du parti dans la société n’est plus effectué, à savoir : La formation théorique des militants sur l’économie politique, l’histoire du mouvement ouvrier et l’analyse des contradictions du capitalisme réel ; La mise en culture d’un communisme vivant ayant comme objectif sa visée historique et sa diffusion dans les pores de la société ; La définition d’objectifs de lutte agissant sur la politique concrète de notre pays et les moyens à mettre en oeuvre pour y aboutir... Pour faire bref la construction permanente d’un Parti Communiste en prise directe avec les enjeux et le peuple de son temps.

    C’est à ce niveau là et rien de moins que se situe l’enjeu du prochain congrès prévu à la fin 2008 :

    Trés juste, à mon avis, mais attention que ce débat ne bave pas trop sur les municipales. Certains pourraient être tentés d’utiliser les résultats de celles-ci pour peser sur les décisions du congrés qui, espéront-le, voleront bien au dessus des contingences municipales ou cantonales.

    CN46400

    • En allant au devant de la population, cette campagne électorale pourrait nous permettre de renouer des liens avec elle et nous renforcer, à condition de mener le combat politique de fond. Ce qui est d’autant plus pressant que la droite va vite et qu’elle se servirait du moindre succès électoral comme d’un quitus pour accélérer.

      C’est la raison pour laquelle nous avons finalement décidé de partir sur une liste d’Union avec le PS à Sarlat, après avoir en vain essayé de rassembler l’ensemble de la gauche sarladaise du non (LCR, PCF et PS local).

      Jean Roussie

    • Il ne faut pas attendre grand chose d’une élection municipale, la poussée ou le recul se font ailleurs.

      Il ne faudrait pas qu’une alliance avec le PS (qui demeure pour moi une erreur sauf cas très particuliers, peut-être Sarlat ? je ne sais....) gèle et bloque le mouvement dans le l’espace communiste pour une politique claire communiste (qui a forcement + à voir avec la LCR et autres, qu’avec le PS).

      Nous allons avoir un immense problème avec l’accélération de la bataille sur le TCE-bis qui va percuter la campagne des municipales. Dieu reconnaitra les siens à ce moment si je puis m’exprimer ainsi.

      Ca va chauffer, le PS sera (et est déjà) en face.

      La question européenne est un volcan, il est possible que la campagne sur ce sujet tombe au plus fort des municipales. Ca risque d’être totalement ingérable de s’allier avec le PS (en tant que parti). Ou du moins ça risque de faire passer le PCF pour une assemblée de clowns pour s’allier avec le PS à ce moment.

      Faire de la politique c’est aussi prévoir.

      Maintenant je conçois que dans certains endroits l’alliance puisse se faire mais seulement dans les cas d’un PS en rupture de ban publiquement , sinon bonjour la confusion.

      Copas

    • C’est le cas chez nous, où le PS local a activement milité pour le Non au référendum. La position de la LCR est très ambigue. A Montignac, Terrasson et ailleurs ils font liste commune avec le PC et le PS alors qu’à Sarlat ils s’y refusent pour se "compter" dans la perspective de la création de leur nouveau parti.

      Quand à renforcer le Parti cela ne se fera pas spontanément, mais Sarlat est terre de vieille implantation communiste (le député était communiste de 45 à 81) dans laquelle le parti a vieilli et perdu le contact avec les jeunes générations pour de multiples raisons. C’est ce contact que nous entendons renouer, et cela sera pour nous l’objectif principal de ces municipales que nous lierons avec la politique nationale et la campagne pour un nouveau référendum (presque 2/3 de non en 2005).

      Mais c’est sur que le flou qui flotte au niveau national ne nous aide pas et à été sûrement source de démobilisation chez beaucoup de camarades.

      J.R.

    • L’élaboration d’une ligne politique doit passer par pousser à ce qu’il existe des plateformes cohérentes différentes pour que les militants réapprennent à construire, se défendre, élaborer et au final déterminer réellement une politique. Parallèlement à des cours de formation interne.

      Ré-armer un parti ce n’est pas seulement permettre que s’exprime des militants, c’est structurer les conditions de cette expression, lui donner des moyens pour qu’elle ait autant de poids qu’une parole de direction (je ne parle pas là de la notion d’exécutif de l’organisation, mais de sa partie "législative"). Sinon on se retrouve avec des charabias atomisés, des expressions individuelles éclatées et des militants incapables de fabriquer de la ligne politique (seulement de l’appliquer , et encore).

      Les systèmes de formation ne permettent pas au PCF de fabriquer des Besancenots (qui n’est pas, et de très loin, un "grand penseur"), c’est dommage . Il faut pour ça de la formation mais aussi de la capacité à construire de la ligne politique, donc du droit de tendance à la trotskyste (je sais ça fait hurler mais je pense que c’est une terrifiante erreur de n’avoir pas garder la meilleure des formations dans un parti qui consiste à batailler ligne contre ligne), non pas pour cliver, fractionner, mais c’est indispensable pour fabriquer des gens qui se défendent et qui élaborent réellement même et surtout à la base. L’inverse fabrique des exécutants. Et vieillise le parti....Ne permet pas le renouveau, fait "monter" des gens ayant peu de capacité d’élaboration d’une politique . Bref fait monter des gens + compétents dans une logique de gestion que de construction , donc renforce un processus bureaucratique de peu de tonus.

      Sur la question de Sarlat, il faut remettre l’ouvrage sur la planche. Les élections ne sont pas le fin des fins d’une politique. Au contraire. Ce n’est qu’un segment au service du reste. Il s’agit donc de pousser ce qu’il y a d’extrême gauche à travailler avec vous à chaque fois que possible.

      Et pourquoi pas faire des débats avec eux sur les questions politiques de fond ? Sans trop essayer de garder des polémiques sur le nez dans le guidon.

      Pour le PCF, eh bien, le vieillissement le concerne énormément, comme le PS d’ailleurs (dont les adhérents si j’ai souvenir tournent autour de 60 ans), même l’extrême gauche à les tempes qui blanchissent à vue d’œil. Il y a donc une politique de rajeunissement à avoir. Elle n’est pas simple car la meilleure école de formation possible ce sont de grands mouvements sociaux.

      68 en a fourni un certain nombre, plus loin la génération de la résistance en avait fourni pas mal de qualité, 36 également,... En l’absence de ces grandes secousses contribuant à des leçons de politique en plein air, chaque mouvement social doit permettre de renouveler de rajeunir, à condition de ne pas se trouver sans "plan" et "boussole" pour y participer. Il ne fait pas attendre d’une élection qu’elle formera de super-cadres du parti, ça ne formera que des électoralistes très souvent, donc des gens tournés vers les postes électifs et non vers leur classe sociale.

      Ce n’est pas seulement le PCF qui est à reconstruire, c’est tout un mouvement ouvrier. A tous les segments il y a du boulot. Vos amis de la LCR l’ont compris en partie même si ils n’ont peut-être pas les moyens de leurs ambitions.
      Ca concerne le regard vers la jeunesse, mais surtout le regard vers le renouvèlement (des "vieux" peuvent rajeunir une organisation ! ) et la reconstruction.

      Pourquoi ne pas construire un Bellaciao local (d’un autre nom mais....) qui essaye de faire vivre déjà un regard de gauche commun, même si il y a des polémiques qui peuvent conduire à de grosses difficultés et des désirs de censure d’un courant contre un autre (voir le site Grasse à Gauche, magnifique site de l’après Mai 2005, qui a explosé sous le choc des divergences).

      Copas

    • Cher Copas,

      En plus du telescopage que tu envisages,il n’est plus exclu la possibilité d’ici les municipales qu’un evenement economique grave comme la faillite d’une banque europeenne majeure ne survienne signifiant la perte de controle definitive de la BCE sur la crise financiere en cours :

      Crisis may make 1929 look a ’walk in the park’

      Ambrose Evans-Pritchard

      http://www.telegraph.co.uk/money/ma...

    • Pas avant plusieurs années à mon sens. Comme disait Cyrano il me manque une dernière bulle pour faire une belle rime....

      C’est au moment où l’impression sera que le danger est conjuré, qu’une euphorie météorite bercera le monde d’ardeurs spéculatives comme un rêve d’orgasme infini que ça pliera.

      Mais de toute façon, ne rien attendre d’évènements autres que ceux que nous auront créé, ou, pour le moins, que nous aurons dominé et réorienté.

      En attendant, travaux pratiques : Un petit pas en avant vaut mieux que mille banquets ponctués de 10 000 discours sur le communisme ... (autocritique) .

      Cop

  • Le problème du "droit de tendance" est qu’une fois que le débat est fini et que les décisions sont prises, les "tendances" deviennent des machines à saboter la décision collective. La campagne présidentielle 2007 et de ce point de vue un exemple à garder en tête.

    C’est la crise explosive du PCF qui a fait que des fractions (factions) se sont constituées et se sont mises à faire ce qu’elles voulaient (plus de centralisme démocratique).

    On a eu donc un mélange de centralisme bureaucratique couplé à des factions publiques. Je pense que la situation s’est encore détériorée avec l’apparition de bantoustans construits autour de personnalités qui députés, qui maires, qui taillent leurs propres écuries dans le PCF (sans que pour autant on puisse refuser certaines de leurs préoccupations et propositions).

    Une dernière poussée s’est faite dans la réaction et la mobilisation d’une partie des communistes ne désirant pas se suicider, disparaitre ... Mais pour cela il faut qu’ils élaborent et construisent. La dernière "conférence" montre bien combien une discussion non organisée sur des lignes politiques proposées (même si des deals se font après pour unifier) produit de l’atomisation, étouffe tout renouveau, fait jouer les reflexes de claques, de soumissions aux paroles d’autorité qui tordent et sterilisent les débats pendant que la course à l’abime continue.

    Car une chose me semble maintenant à peu près sure : il y a plusieurs lignes politiques de fait irréconciliables (les orientations, pas les militants....). Il est préférable que celles-ci avancent à visage découvert ...

    Maintenant, des courants politiques sur de mauvaises orientations, même en concurrence et en débats sans faux nez , ne fabriquerons jamais une bonne ligne politique.

    Copas