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De nouvelles preuves crucifient l’armée française

Publie le jeudi 2 décembre 2004 par Open-Publishing

Le Courrier d’Abidjan - 12/1/2004 9:56:48 PM

Révélations - « Le Courrier d’Abidjan », qui avait pour la première fois publié le témoignage du colonel Guiai Bi Poin, qui agite aujourd’hui le microcosme français, a réussi à se procurer des documents informatiques internes de l’Hôtel Ivoire qui enfoncent le général Poncet et ses hommes.

Le temps des aveux est arrivé pour la ministre française de la Défense. Après avoir longtemps nié les assassinats commis par la Force Licorne en Côte d’Ivoire, elle admet que ses soldats positionnés à l’Hôtel Ivoire le mardi 9 novembre 2004 « ont été amenés à tirer. Ils ont effectué des tirs de sommation et, dans certains cas, ont été amenés à faire un usage total de leurs armes à feu ». Mais elle continue d’entretenir des mensonges qui vont s’évaporer aussi vite que les premiers, compte tenu de la clarté des images disponibles aussi bien à Abidjan qu’à Paris. Elle affirme ainsi que la foule était « armée de kalachnikovs et de pistolets », ce que démentent catégoriquement les longues heures d’images filmées par les différents cameramen amateurs et professionnels.
« Le Courrier d’Abidjan », qui a révélé en exclusivité le témoignage du colonel Guiai Bi Poin, de l’école de gendarmerie, présent à l’Hôtel Ivoire au moment des événements - un témoignage qui ébranle le gouvernement français dans ses fondements -, a réussi à se procurer le fichier complet de la réception de l’établissement, pour les dates du 7, du 8 et du 9 novembre 2004. Les informations de ce fichier, recoupées avec des confidences de membres de la haute direction de l’Hôtel Ivoire, sont riches d’enseignements.

I - Les soldats français ne sont pas venus à l’Hôtel Ivoire protéger les ressortissants français

Jusqu’à présent, Michèle Alliot-Marie, ministre française de la Défense, et les différents responsables de l’Opération Licorne ont toujours justifié la présence d’une centaine de chars français à l’Hôtel Ivoire par la nécessité de protéger les ressortissants français s’y trouvant. Cette explication est fausse. En effet, le fichier de l’Hôtel est formel : le lundi 8 novembre 2004, quand la centaine de chars français est venue assiéger l’établissement, seulement 15 ressortissants de l’Union européenne étaient enregistrés comme clients. Un responsable de haut niveau est formel : les opérations d’évacuation des ressortissants français de la commune de Cocody, qui avaient effectivement utilisé l’Ivoire comme îlot, avaient été menées par des hélicoptères français, en coordination avec la gendarmerie et la police ivoiriennes, et étaient déjà terminées quand les chars sont venus s’installer. Les 15 ressortissants de l’Union européenne présents à l’Ivoire le lundi 8 novembre, et qui étaient des clients en « long séjour » (ils résident quasiment à l’hôtel), n’ont pas jugé nécessaire de quitter les lieux lors des évacuations. Et de toute évidence, ils n’avaient pas besoin d’une centaine de chars pour être évacués, en cas d’extrême nécessité...

II - L’armée française a loué 39 chambres à l’Hôtel Ivoire, dont celles des snipers

Le fichier informatique de l’Hôtel Ivoire aussi est formel : dès le lundi 8 novembre (et, selon des responsables de l’hôtel, dans la matinée, avant l’arrivée des manifestants dans l’établissement), le chef de corps des militaires français massacreurs, le colonel D’Estremau, a loué 39 chambres dans l’hôtel. Les 39 chambres ont été prises à son nom, comme le signale le fichier. Face aux réticences des employés de l’hôtel, qui auraient souhaité que les noms de tous les occupants soient mentionnés, il a même rédigé une décharge, que les services de l’Ivoire tiennent à la disposition des instances judiciaires nationales et internationales. Les chambres prises par le colonel d’Estraumau sont les chambres 351 à 361 ; 453 ; 455 à 462 ; 553 ; 555 ; 556 à 562 ; 651, 653 ; 655 à 662. Comme on le constate, parmi ces chambres dont la « propriété provisoire » était, de manière indiscutable, celle de l’armée française, figurent les chambres 661 et 658, où l’on a retrouvé les papiers et les certificats de tir de militaires des forces spéciales, les fameux snipers qui ont tiré sur la foule à partir de la tour, et qui ont sans doute décapité la jeune fille dont l’image a fait le tour du monde.

III - Les militaires français avaient un plan pré-établi

Les informations que le fichier de l’Ivoire nous apportent prouvent une chose : les soldats des forces spéciales qui étaient à l’Ivoire et ont tiré sur les manifestants, s’y sont installés avant que les manifestants ne viennent, et n’ont fait que profiter de leur position pour « frapper » la foule de patriotes aux mains nues. De toute façon, l’absence réelle de Français à évacuer pousse à poser une question fondamentale : que venaient faire les militaires français à l’Hôtel Ivoire, à moins d’un kilomètre de la maison du président Gbagbo, dont certains ont été sommés de descendre sur Abidjan du Nord et de l’Ouest, en « ouvrant leur voie au canon » et en faisant de nombreux morts sur leur chemin ? En l’absence de réponses claires des responsables politiques et militaires français, toutes les pistes sont ouvertes. Une information capitale a toutefois été communiquée à la rédaction de « Le Courrier d’Abidjan ». Dès qu’ils sont arrivés à l’Hôtel, les militaires français ont été habités d’une obsession : arriver sur le toit de la tour, par tous les moyens. S’ils n’y sont pas parvenus, c’est qu’ils n’ont pas réussi à trouver la solide clé qui y menait. Et pour cause, un employé avait été discrètement chargé par la direction de la prendre et de se fondre dans la nature, afin d’empêcher qu’ils ne s’emparent du « sésame ». Que voulaient faire les Français à l’Ivoire ? Des spécialistes font juste remarquer que le toit de l’Ivoire abrite des infrastructures militaires de première importance en matière de transmission. Selon des officiels français qui ont fait des confidences à l’hebdomadaire Jeune Afrique L’Intelligent, c’est de cet endroit que des experts israéliens écoutaient les conversations de Licorne et de l’ONUCI. Info ou intox ? Impossible à dire - même s’il est certifié qu’il n’y avait personne à cet endroit le lundi 8 novembre - mais ce « son » accrédite l’idée que l’armée française voulait, d’une certaine manière, contrôler l’endroit. Par ailleurs, l’on fait également remarquer que le toit de l’Ivoire se trouve à trois cents mètres de la résidence présidentielle de Cocody, et que des snipers bien équipés peuvent réussir à faire du « bon travail » à partir de cette position. Il est urgent que l’armée française s’explique, dans un échange contradictoire - et si possible, devant la presse ivoirienne - sur les zones d’ombres terriblement troublantes et les pièces à conviction qui ne cessent de s’accumuler contre ses responsables, les désignant comme des criminels contre l’humanité.

Théophile Kouamouo

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