Accueil > Des centaines de milliers d’opposants ont défilé à Manhattan pour changer (…)

Des centaines de milliers d’opposants ont défilé à Manhattan pour changer les choses...

Publie le lundi 30 août 2004 par Open-Publishing


Des centaines de milliers d’opposants ont défilé à Manhattan
pour "changer les choses" et "sauver l’Amérique"

Eric Leser

Par son ampleur et son thème principal - l’opposition à la guerre en Irak -,
la manifestation du dimanche 29 août à New York, à la veille de la convention
du Parti républicain, a rappelé celles du début de l’année 2003.

Même atmosphère bon enfant, même ambiance festive de carnaval coloré et musical,
même diversité avec des vétérans du Vietnam côtoyant des familles et leurs enfants,
mêmes slogans pacifistes et, toujours, la présence massive de jeunes. Une différence
de taille toutefois : les manifestants ont défilé, cette fois, pendant cinq heures,
sous un soleil de plomb et dans une chaleur humide étouffante. Ils étaient 500000
selon le principal organisateur, le mouvement United for Peace and Justice, qui
regroupe 800 organisations. La police s’est refusée à donner une estimation officielle.

"Aujourd’hui, nous avons fait passer notre message", s’est félicitée, dimanche soir, Leslie Cagan, principale responsable de United for Peace and Justice. Une bannière en tête de cortège demandait de "Sauver l’Amérique et battre Bush". "La majorité du pays veut que l’administration Bush parte", avait déclaré à la foule, avant le début de la marche, le cinéaste Michael Moore. "Nous sommes la majorité dans ce pays. La majorité s’oppose à la guerre. La majorité n’a jamais voté pour l’administration Bush et la majorité est ici pour dire : il est temps de reprendre notre pays en main", avait-t-il ajouté. "L’espoir est dans l’air, l’aide est en chemin", criait, dans un mégaphone, le défenseur des droits civils Jesse Jackson.

Interdit par la municipalité et par la justice d’organiser, samedi, un rassemblement à Central Park, United for Peace and Justice avait obtenu, dimanche, de pouvoir défiler devant le Madison Square Garden où se tient la convention républicaine, en remontant la 7 eavenue. Le déploiement de forces de police, jusqu’alors discret, était impressionnant le long des blocs de béton et des camions de travaux publics chargés de sable interdisant les accès au périmètre de la convention. Des centaines de policiers en gardaient les approches avec l’aide d’hélicoptères et de forces anti-émeutes à cheval.

poings levés Quelques dizaines de partisans de George Bush et d’opposants à l’avortement qui se tenaient sur le passage de la manifestation ont été copieusement hués, et des poings se sont levés vers le Madison Square Garden. "Nous, le peuple, devons prendre nos responsabilités et mettre fin à cette politique et à cette présidence", explique Maria. Elle est citoyenne américaine née en URSS et réfugiée depuis vingt-cinq ans aux Etats-Unis. "Le peuple peut changer les choses : nous allons le prouver", ajoute-t-elle. Alan, venu de l’ Oregon, porte une pancarte demandant de "jeter Bush, pas des bombes". Des dizaines de manifestants transportent de faux cercueils recouverts du drapeau américain pour symboliser les soldats morts en Irak.

Un peu plus tôt, en début de matinée, à Union Square, Michael Berg, père de Nick Berg, pris en otage et décapité en Irak, avait pris la parole, accusant George Bush "de m’avoir volé mon fils, de nous avoir volé notre démocratie et de nous avoir volé nos droits constitutionnels. Il doit partir maintenant". Une cinquantaine de manifestants à bicyclette ont été interpellés, de même qu’une dizaine d’autres qui avaient mis le feu à un dragon en papier à proximité du Madison Square Garden. Le maire de New York, Michael Bloomberg, les a qualifiées d’"arrestations mineures" et s’est réjoui du caractère "pacifique" du défilé.

Les autorités craignaient des débordements à l’issue de la manifestation.

Plusieurs organisations avaient affirmé leur volonté de se rendre à Central Park en dépit de l’interdiction. Dans un geste d’apaisement, la police avait déclaré qu’elle n’interviendrait pas tant que les gens respecteraient la loi et qu’un rassemblement spontané ne deviendrait pas une manifestation organisée. Plusieurs centaines de personnes se sont ainsi rendues à Central Park sans incident.

Des manifestations devraient se succéder à Manhattan tout au long de la semaine. Lundi, plusieurs défilés sont prévus en faveur des sans-abri et des personnes handicapées. Mardi devrait être la journée de la désobéissance civile et d’actions menées par des groupes anarchistes contre les entreprises accusées d’être des "profiteurs de guerre". Mercredi, une chaîne humaine de plusieurs kilomètres reliera Wall Street au Madison Square Garden pour dénoncer le chômage. Enfin, jeudi, le dernier jour de la convention sera celui des vétérans de la guerre du Vietnam.

http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-377095,0.html