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Des chances pour l’Afrique : créer un "H 20"

Publie le vendredi 24 décembre 2004 par Open-Publishing


de The Lancet

Aucun des pays développés n’a récemment placé l’Afrique au sommet de ses priorités
comme l’a fait le Royaume-Uni. Comme la grande Bretagne aura en charge la présidence
du G8 au 1er janvier 2005, elle se tient prête à faire des résultats de sa Commission
pour l’Afrique le point central de la prochaine réunion en Ecosse (6-8 juillet
2005).

La Commission pour l’Afrique comprend 17 membres, dont 9 sont eux-mêmes issus
de ce continent. Les objectifs paraissent ambitieux : générer de nouvelles idées,
soutenir des projets existant (par exemple, le Nouveau Partenariat pour le Développement
africain (New Partnership for African Development), honorer de précédents engagements,
offrir une « perspective positive pour l’Afrique », et écouter les opinions des
Africains.

Ces causes valent parfaitement la peine d’être défendues. Mais alors que 2005 approche, le travail de la Commission n’est pas allé beaucoup plus loin que résumer-et de façon incomplète-ce qui avait été fait lors de précédentes conférences.

En Novembre, la Commission a publié son premier document consultatif. Ce dernier est limité et décevant en ce qui concerne sa portée et son originalité. Les membres de la Commission identifient trois zones d’action déjà souvent citées : le gouvernement, la paix et la sécurité ; le développement humain, la culture et l’intégration ; et l’opportunité, la croissance, l’assistance et l’annulation de la dette. La Santé constitue seulement une petite part des idées de la Commission.

Deux priorités sont relevées : le HIV/SIDA et les systèmes de santé. Par exemple, concernant le SIDA, il est vivement recommandé aux donateurs de soutenir le Fond Global de lutte contre le Sida (Global Fund to fight AIDS), Tuberculose et Malaria (Tuberculosis and Malaria), de se focaliser sur la prévention, et d’atteindre le but fixé par l’OMS de « 3 d’ici 5 »- trois millions de personnes recevant le traitement antirétroviral d’ici à la fin 2005. Rien de nouveau.

Ce qui est choquant à propos de la première phase du travail de la Commission est le manque d’engagement dans les processus parallèles de développement international-en particulier, le Projet Millenium (the MillenniumPoject) (un bilan des avancées faites vers les Objectifs de Développement du Millenium (the Millennium Development Goals)). Cette défaillance à s’intégrer à d’autres initiatives a induit des lacunes dans le travail de la Commission. La Santé de l’Enfant y est absente. L’échec de l’UNICEF face au défi que constitue l’amélioration de la survie des enfants oblige forcément la Commission à considérer ce problème très sérieusement. Et où est le paludisme ?

Tel que Bob Snow et Nick White l’ont écrit le 3 décembre au chancelier du Royaume-Uni Gordon Brown, l’un des membres de la Commission proche de Blair, les interventions rentables comme l’utilisation de moustiquaires et de traitements combinés à base d’artémisine pourraient considérablement réduire le poids de l’épidémie de paludisme. Le document consultatif de la Commission est silencieux sur ces deux points.

L’argument clé qui peut être utilisé par la Commission pour l’Afrique, s’il s’agit réellement d’avoir du poids, est clair : la santé est la pierre de fondation pour le développement humain. Faire rentrer cette notion dans les programmes politiques internationaux nécessite de nouvelles stratégies pour mettre en avant les objectifs de développement et de santé.

La Commission pour l’Afrique du Royaume-Uni doit soutenir l’idée d’un « H20 »-une rencontre des ministres de la Santé (Health) du G20. Le nouveau ministre de la Santé canadien, Ujjal Dosanjh, a proposé l’idée en premier il y a plusieurs mois. Un H 20 aiderait à établir la politique et les priorités aux niveaux du G8 et du G20. Il représenterait le type d’avancée géopolitique vers un processus de développement que les gouvernements et même les agences intergouvernementales ont jusque-là éludée. Si le Royaume-Uni pouvait offrir un H20 au monde, cet unique résultat serait un considérable aboutissement.

En a-t-il le courage ?

Traduit de l’anglaise par Valerie de Bellaciao

http://www.thelancet.com/