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Des dépotoirs à munitions au fond de l’eau

Publie le lundi 28 août 2006 par Open-Publishing
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Pour se débarrasser de ses munitions périmées, la France s’est longtemps
servie de la mer comme poubelle. La Marine nationale affirme que cette
pratique a cessé depuis 2000.

La Commission pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du
Nord-Est - la « Commission Ospar » - recense 148 sites d’immersion de
munitions dans cette zone. En 2005, pour la première fois, elle en a publié
la carte. Pour se débarrasser de stocks d’explosifs bien encombrants,
notamment après les deux conflits mondiaux du XXe siècle, les États n’ont
pas hésité à se servir de la mer comme poubelle. Des tonnages très
importants de munitions conventionnelles, mais aussi chimiques, reposent
ainsi au fond de l’eau.

Des dizaines de milliers de tonnes immergées

La France, elle aussi, avait l’habitude de se débarrasser de munitions et
artifices de signalisation périmés en les jetant à la mer. Exemple à Brest.
« Régulièrement, nous partions avec un remorqueur de 1 000 cv chercher un
petit chaland chargé de vieux obus déclassés à la pyrotechnie du
Relecq-Ker-huon, témoigne un ancien de la Marine nationale. On le remorquait
sur zone, c’est-à-dire au-dessus de la fosse d’Ouessant. Là, on mettait un
Zodiac à l’eau et deux ou trois gars montaient sur le chaland. Ils ouvraient
une trappe qui permettait d’immerger les caisses de munitions. »

Profonde de 200 m, la fosse située au nord-ouest d’Ouessant a servi de
dépotoir à munitions jusqu’à la fin 1995. De même, au large de Cherbourg, la
fosse des Casquets, profonde de 160 m, a été largement utilisée. La Marine
nationale a aussi immergé des munitions dans une fosse de 4 500 m de
profondeur située au milieu du golfe de Gascogne, à 400 km à l’ouest des
Sables-d’Olonne. Selon la Marine nationale, seules des munitions
conventionnelles ont été immergées. Elle ne précise pas les quantités
concernées. Mais cela se chiffre certainement en dizaines de milliers de
tonnes. La Marine nationale assure que les engins explosifs, une fois
désamorcés, étaient coulés dans du béton avant d’être mis à l’eau.

Cinq morts en 1997

La pratique qui consiste à immerger les munitions périmées n’a cessé
qu’assez récemment. « Depuis 2000, ça ne se fait plus. Nous avons anticipé
la réglementation », indique la Marine nationale. L’accident survenu en 1997
à la Fidèle, au large de Cherbourg, a incité à changer de procédure. Cette
gabare avait explosé, provoquant la mort de cinq personnes. Elle
transportait un lot de grenades périmées qui devaient être « pétardées » en
mer. La législation a également évolué. En avril 2006, en application de la
convention de Londres, la France a renoncé à la possibilité d’immerger des
déchets en mer. Mais elle se réserve encore le droit de procéder à
l’immersion de munitions « ne pouvant être éliminées à terre sans présenter
des risques graves pour l’homme ou son environnement » (article L. 218-58 du
Code de l’environnement).

Désormais, la Marine nationale confie ses munitions périmées à des
entreprises spécialisées par l’intermédiaire d’une agence de l’Otan. Ainsi,
en 2005, elle en adressé 650 t à une société allemande. Leur destruction a
été facturée 1 000 ? la tonne.

Olivier MÉLENNEC.

Le document recensant les sites d’immersion de munitions peut être consulté
sur le site Internet http://www.ospar.org

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