Accueil > Des dizaines de milliers de Palestiniens aux obsèques de Rantissi

Des dizaines de milliers de Palestiniens aux obsèques de Rantissi

Publie le lundi 19 avril 2004 par Open-Publishing

Les obsèques d’Abdelaziz al-Rantissi, le chef du Hamas tué dans un raid israélien samedi ont commencé à Gaza dimanche en présence de dizaines de milliers de Palestiniens.

Recouverte du drapeau vert de l’organisation radicale palestinienne, la dépouille de Rantissi, le visage découvert et couverte de fleurs, était portée par des membres du Hamas alors que le cortège funèbre se dirigeait de l’hôpital Chifa vers la maison du défunt, dans le quartier Al-Nasr dans le nord de la ville de Gaza.

Des hommes armés des autres mouvements nationalistes et islamistes participaient aux obsèques, tirant sans discontinuer des rafales en l’air au milieu de la foule compacte. Des orateurs du Hamas haranguaient la foule et appelaient à la vengeance à l’aide de haut-parleurs géants transportés sur des pick-ups. "Sharon ne te réjouis pas, le docteur voulait mourir en martyr", lançait l’un des orateurs. Rantissi était pédiatre de formation. Des dizaines de femmes voilées, certaines agitant le drapeau vert du Hamas, participaient au funérailles, suivant le cortège des hommes à quelques dizaines de mètres.

L’imposante procession funèbre a emprunté plusieurs grandes artères de Gaza, qui ont été fermées à la circulation. Le cortège fera d’abord une halte dans la maison de Rantissi pour permettre à sa famille de "jeter un dernier regard" sur lui comme le veut la tradition, avant de se diriger vers la mosquée Al-Omri, la plus grande de Gaza, pour la traditionnelle prière pour le mort. Rantissi, assassiné à l’âge de 56 ans, doit être par la suite être enterré dans le "cimetière des martyrs" à Gaza, où le chef spirituel et fondateur du mouvement, cheikh Ahmad Yassine, a été inhumé après son assassinat par Israël le 22 mars.

Le monde arabe condamne
l’assassinat d’Abdel Aziz Rantissi

Les dirigeants arabes et musulmans du monde entier ont condamné samedi l’assassinat du chef du Hamas Abdel Aziz Rantissi, qualifiant l’opération israélienne de "terrorisme d’Etat" montrant qu’Israël entend saboter les espoirs de paix et que Washington soutient ce genre d’attaques ciblées.

Selon le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Maher, cet "assassinat perfide" prouve les véritables intentions d’Israël et va alimenter le cycle de la violence. L’opération de samedi soir "montre à nouveau qu’Israël utilise toutes les chances de tromper le monde, tuer les espoirs de paix et conduire la région vers les abysses", a précisé M. Maher, cité par l’agence égyptienne Middle East News

Le parlement égyptien a de son côté fustigé un "acte stupide" qui va conduire à une "catastrophe".

En Jordanie, le gouvernement a dénoncé un "crime odieux" qui "réduit les espoirs de parvenir à la paix dans la région". Le roi Abdallah II doit rencontrer le président américain George W. Bush mercredi.

Selon la Ligue arabe, l’assassinat de Rantissi met un terme aux efforts de paix et la date à laquelle il a été perpétré suggère que Washington avait donné son feu vert au Premier ministre israélien Ariel Sharon lors de sa visite aux Etats-Unis au cours de la semaine. "Il s’agit à nouveau de terrorisme d’Etat", a déclaré le porte-parole Hossam Zaki.
Le dirigeant du Hamas Khaled Mashaal s’est engagé à poursuivre la guerre sainte contre Israël et a appelé tous les pays arabes à se joindre à la "bataille féroce" contre l’Etat hébreu.

Au Liban, le grand ayatollah Mohammed Hussein Fadlallah, le plus haut dignitaire chiite du pays, a déclaré sur la chaîne du Qatar Al-Jazira que l’assassinat de Rantissi était "un crime de la taille du président Bush, qui est l’assassin dans tous ces crimes, parce qu’il a donné le feu vert à Sharon et son gouvernement pour éliminer tous les dirigeants palestiniens, et en particulier ceux du Hamas".

La rue arabe a elle aussi réagi à l’opération israélienne de samedi. Les réfugiés palestiniens au Liban ont exprimé leur colère en tirant des coups de feu dans le ciel. Criant "Allah est grand", quelque 2.000 personnes ont défilé dans le camp de réfugiés d’Ein el-Hilweh, le plus important camp du Liban situé dans la banlieue de Sidon, dans le sud du pays, pour crier vengeance.

Au Caire, quelque 5.000 étudiants de l’université islamique al-Azhar se sont rassemblés pour condamner l’assassinat de Rantissi et scander des slogans hostiles aux Etats-Unis et à Israël. "Vers Jérusalem nous marchons, des martyrs par milliers", affirmaient-ils, condamnant par ailleurs le silence des pays arabes.

Paris condamne l’attaque
contre le chef du Hamas

La France "condamne" l’attaque perpétrée contre le chef du Hamas, Abdel Aziz Rantissi, tué samedi à Gaza dans un raid israélien.
"Elle déclare une nouvelle fois que les exécutions extrajudiciaires sont contraires au droit international et sont inacceptables", a souligné dimanche le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hervé Ladsous.

"Chaque Etat de la région a le droit de protéger ses citoyens, mais pas au mépris du droit", a-t-il ajouté. "C’est par la concertation et non par la violence que la paix pourra s’imposer".

L’Australie juge "peu judicieux"
l’assassinat d’Abdel Aziz Rantissi

L’Australie a jugé dimanche "peu judicieux" l’assassinat successif des dirigeants du Hamas par Israël, après l’opération qui a coûté la vie à Abdel Aziz Rantissi samedi dans la Bande de Gaza.

"Au bout du compte, il n’est pas très judicieux d’assassiner successivement les dirigeants du Hamas. Il est probable que cela enflamme la situation", a déclaré dimanche le ministre australien des Affaires étrangères Alexander Downer, précisant toutefois qu’il était important de garder à l’esprit le fait "que le Hamas est une organisation terroriste".

"Comme nous l’avions dit à propos de l’assassinat de Cheikh Yassine il y a quelques semaines (...) cela ne va pas aider à apaiser les tensions. Cela va juste enflammer l’opinion publique palestinienne. Nous ne fermons pas les yeux dessus (l’assassinat de Abdel Aziz Rantissi, ndlr)", a également affirmé M. Downer sur la chaîne de télévision Channel 7.

La branche armée du Hamas
promet un "volcan de vengeance"

La branche armée du Hamas a promis dimanche un "volcan de vengeance" contre Israël après l’assassinat par l’Etat hébreu du chef du mouvement radical dans les territoires palestiniens, Abdelaziz al-Rantissi, selon un communiqué transmis à l’AFP.

"Nous allons faire exploser un volcan de vengeance", ont promis les brigades Ezzedine al-Qassam au lendemain de la mort du dirigeant islamiste dans un raid d’hélicoptère israélien à Gaza. "Nous vengerons au centuple le sang de Rantissi et Yassine", a poursuivi le groupe, en référence à cheikh Ahmad Yassine, fondateur et chef spirituel du Hamas, assassiné le 22 mars dans un raid similaire.
"La vengeance arrive, et il faut du temps pour la préparer", ajoute le communiqué, ajoutant qu’il avait placé tous ses membres en alerte dans toutes les villes et camps de réfugiés palestiniens. "Nous allons provoquer un tremblement de terre dans l’Etat sioniste" (Israël), ajoute le communiqué. Dès samedi soir, le Hamas avait juré de venger Rantissi. "Le sang du docteur Rantissi n’aura pas coulé en vain", a déclaré un chef du Hamas, Ismaïl Haniyé. "Les assassinats ne nous décourageront pas et nous allons poursuivre la résistance", a-t-il prévenu.

Les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, un mouvement armé lié au Fatah du dirigeant palestinien Yasser Arafat, ont également promis de riposter "au coeur de l’entité sioniste". L’armée, la police et les services de sécurité israéliens étaient dimanche en état d’alerte général de crainte d’attentats après l’assassinat de Rantissi. Le bouclage total de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, en vigueur depuis l’assassinat de Yassine, a été renforcé pour empêcher des infiltrations de kamikazes palestiniens.

Israël assassine
le nouveau chef du Hamas

Israël a assassiné samedi le chef du Hamas dans les territoires palestiniens Abdelaziz al-Rantissi dans un raid d’hélicoptère à Gaza, moins d’un mois après avoir tué le leader et fondateur de ce mouvement islamiste radical Ahmad Yassine.
Rantissi, 56 ans, et deux de ses gardes du corps, ont été tués par des roquettes tirées par un ou des hélicoptères israéliens sur la voiture à bord de laquelle ils circulaient rue Khalil al-Wazir dans le nord de Gaza. La voiture, une Subaru blanche, touchée de plein fouet, a été pulvérisée et totalement calcinée. Six passants qui se trouvaient à proximité ont été blessés.

Abdelaziz al-Rantissi était devenu le chef du Hamas dans les territoires palestiniens après l’assassinat le 22 mars du fondateur du mouvement Ahmad Yassine à Gaza. "J’ai entendu une grosse explosion et j’ai vu une Subaru blanche en feu. Des gens ont commencé à évacuer des blessés vers l’hôpital. On m’a dit que Rantissi était parmi eux mais je ne l’ai pas cru", a raconté un témoin, Ahmad. "Abdelaziz al-Rantissi est décédé des suites de ses blessures", a affirmé le chef du service des urgences de l’hôpital al-Chifa de Gaza, le docteur Baker Abou Safiah.
Un secouriste accouru sur les lieux a pour sa part affirmé avoir "ramassé des morceaux de chair qui étaient éparpillés à plusieurs mètres de la voiture" visée. L’armée israélienne a confirmé avoir éliminé Rantissi. "Lors d’une opération menée par les forces de sécurité dans le nord de la bande de Gaza, l’armée israélienne a attaqué une voiture transportant le dirigeant du Hamas Abdelaziz al-Rantissi, qui était directement responsable de nombreux meurtres de civils israéliens lors de multiples attaques terroristes", a affirmé le porte-parole de l’armée.

Le raid est intervenu quelques heures après un attentat suicide revendiqué par le Hamas et les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa lié au mouvement Fatah qui a fait un tué israélien au point de passage d’Erez entre la bande de Gaza et Israël. Le Hamas a juré de venger Rantissi. "Le sang du docteur Rantissi n’aura pas coulé en vain", a déclaré un chef du Hamas, Ismaïl Haniyé, à une foule de sympathisants réunis devant l’hôpital. "Les assassinats ne nous décourageront pas et nous allons poursuivre la résistance", a-t-il ajouté. Les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa ont pour leur part promis de riposter "au coeur de l’entité sioniste".

Le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat a "condamné vigoureusement" l’assassinat de Rantissi, alors que le Premier ministre palestinien Ahmad Qoreï a estimé que cet assassinat était le "résultat direct de l’encouragement américain et la partialité totale de l’administartion américaine en faveur d’Israël". "En disant adieu à un chef combattant courageux, le président Arafat et la direction palestinienne réaffirment que les crimes de l’occupation ne feront que renforcer notre résistance face à la barbarie de l’occupation", a affirmé M. Arafat dans un communiqué diffusé par l’Autorité palestinienne. "La résistance est notre unique voie", poursuit le texte.
De son côté, le ministre israélien sans portefeuille Uzi Landau s’est félicité de l’assassinat de Rantissi. "On ne peut que se féliciter de cette opération car il faut continuer à éliminer les chefs terroristes comme nous l’avions fait auparavant avec Yassine", a affirmé M. Landau à la télévision. Un porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a pour sa part affirmé que l’assassinat de Rantissi est une "opération extrêmement importante en vue d’affaiblir le Hamas qui est une organisation qui a juré la perte d’Israël".

Entre-temps, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, des dizaines de milliers de Palestiniens en colère ont manifesté et crié vengeance samedi soir. Brandissant des drapeaux verts du Hamas et des portraits de Rantissi, des milliers de Palestiniens se sont rassemblés à Gaza devant l’hôpital al-Chifa où reposait la dépouille du chef du Hamas. "O brigades, vengeance à Tel-Aviv", scandaient-ils en se référant à la branche militaire du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam.

Des milliers de Palestiniens ont également manifesté à Ramallah, Tulkarem, Jénine et Naplouse, alors que des hommes armés tiraient sans interruption des rafales en l’air. Toujours en Cisjordanie, des manifestants des camps de réfugiés d’Al-Aamari et Qalandiya ont bloqué avec des pneus brûlés la route principale reliant Ramallah à Jérusalem.

Ariel Sharon veut continuer
à traquer les chefs du Hamas

Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a affirmé dimanche qu’il continuerait à traquer les chefs du Hamas tout en mettant à exécution son plan d’évacuation de la Bande de Gaza et de certaines colonies de Cisjordanie.
Au début d’une réunion hebdomadaire de son cabinet à Jérusalem, Ariel Sharon a remercié et félicité les responsables de la défense pour l’opération "couronnée de succès" au cours de laquelle le chef du Hamas à Gaza Abdel Aziz Rantissi a été tué samedi.
"Cette politique de faire avancer d’un côté le processus politique, et d’un autre, de frapper les organisations terroristes et leurs chefs continuera", a-t-il déclaré.

Le ministre Gideon Ezra a précisé que le chef du Hamas basé à Damas, Khaled Mashaal, était une cible dans leur opération contre ce mouvement. "Le sort de Khaled Mashaal, c’est le sort de Rantissi. A la minute où nous aurons l’opportunité sur le plan opérationnel, nous le ferons", a-t-il affirmé.

L’Etat hébreu a accusé Khaled Mashaal d’organiser les attentats-suicide.

Le Hamas nomme un nouveau
chef à Gaza sans révéler son identité

Le Hamas a nommé dimanche un nouveau chef dans la Bande de Gaza, mais a refusé de révéler son identité, adoptant ainsi une nouvelle stratégie après les assassinats successifs de ses deux prédécesseurs en moins d’un mois.
Cheikh Yassine, fondateur du Hamas avait été exécuté le 22 mars dernier lors d’un raid aérien israélien, et son successeur Abdel Aziz Rantissi a été tué samedi à Gaza dans sa voiture détruite par des tirs de missiles israéliens.

Selon des sources du Hamas, un nouveau chef a bien été nommé pour remplacer Abdel Aziz Rantissi. La radio de l’armée israélienne a rapporté que Mahmoud Zahar, qui était le bras droit de Rantissi, avait été nommé pour superviser le mouvement à Gaza, mais les responsables du Hamas ont refusé de confirmer cette information.

Le chef du Hamas basé à Damas, Khaled Mashaal, aurait donné des ordres à la direction du mouvement à Gaza pour maintenir secrète l’identité du nouveau leader.

Avec GAZA (AFP), GAZA, Bande de Gaza (AP), JERUSALEM (AP), CANBERRA (AP), PARIS (AP), LE CAIRE (AP)

Archivé sur http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=1173