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Des élèves équipés de puces pour pister le virus H1N1

Publie le mercredi 21 octobre 2009 par Open-Publishing
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virus H1N1 les apprentis sorciers a l’oeuvre :

Des élèves équipés de puces pour pister le virus H1N1

SANTÉ - Qu’y a-t-il de mieux pour un virus, disons au hasard de type H1N1, qui veut se propager le plus rapidement possible ? Quel est l’endroit où l’on se touche les uns les autres en permanence, où l’on se fout de savoir si c’est poli ou pas de postillonner sur son interlocuteur, où l’on se prête allègrement ses mouchoirs et ses bonnets ? L’école, bien évidemment (même s’il y avait aussi le stade de foot en réponse b). D’où l’idée de plusieurs scientifiques lyonnais de calculer les probabilités de propagations d’un virus en répertoriant et analysant tous les contacts des enfants d’une même école entre eux. Durant deux jours, une équipe de physiciens et médecins ont équipé de puces électroniques 241 élèves et 10 institutrices d’une école primaire et enregistrés leurs moindres interactions…

Ces puces, qui sont en fait des badges RFID (permettant la radio-identification), ont été placés par un cordon sur la poitrine des enfants, et ont enregistré tous leurs contacts proches. Suffisamment proches pour être susceptibles de faire passer, donc, des virus de type H1N1 (mais ça marche pour tout  : gastroentérites, grippes normales…). Sur un écran, des constellations de points et de vecteurs dessinent les trajectoires et les impacts des enfants. Bilan : 11.0000 contacts en deux jours. Pour comparaison, un test similaire effectué récemment lors d’un congrès de 1.200 personnes sur une journée avait enregistré 15.000 contacts. Ce n’est donc pas un mythe : l’école est potentiellement un vrai bon bouillon de transmission puisqu’on s’y frotte nettement plus aux autres qu’ailleurs. On sait aussi que ni l’âge (les enfants avaient entre 6 et 10 ans), ni le sexe, ne change quelque chose à la fréquence des contacts. Que les contacts durent en moyenne 40 secondes. Que seuls 10 à 20% durent plus d’une minute.

Comme ça, brutes de décodage, ces données peuvent paraître assez peu intéressantes. Et pourtant, explique Bruno Lina, le responsable du Centre national de référence des virus influenza, "on va avoir avec les résultats définitifs un modèle clair pour voir comment le virus peut se propager". Les scientifiques vont pouvoir confronter le modèle mathématiques établi grâce aux données connues sur la grippe A. Exemple : sur le risque qu’un contaminé contamine une autre personne (estimé entre 1,2 et 3,5), sur les temps de contacts potentiellement infectants (plus d’une minute), etc. Cela pourra également permettre de mettre en place des stratégies de vaccinations, de redéfinir les consignes de nettoyage des mains, etc.

"La grippe A est un bon prétexte mais on peut étudier avec cela d’autres maladies infectieuses", explique Philippe Vanhems, du service d’hygiène hospitalière. Ainsi, un programme similaire va être lancé aux Hospices civils de Lyon pour mesurer les risques de propagation des maladies nosocomiales. Des capteurs vont être installés non seulement sur les personnels, mais aussi sur les patients, et à des endroits stratégiques comme par exemple les bouteilles de gel hydroalcoolique sur les portes.

A la base, ces badges Rfid étaient utilisés par le physicien Jean-François Pinton, directeur du labo de physique de l’ENS de Lyon, pour des études sur la dynamique des fluides. Rien à voir avec la médecine. C’est en discutant avec d’autres scientifiques qu’ils ont eu l’idée de mettre cet outil de science fondamentale au service d’une recherche en santé publique. Les résultats définitifs sur les enfants de l’école lyonnaise seront exploitables d’ici trois mois.

Alice Géraud

 http://www.libelyon.fr/info/2009/10...

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