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Des parlementaires à la rescousse des intermittents

Publie le vendredi 27 février 2004 par Open-Publishing

Après la scène médiatique de la cérémonie des Oscars, les intermittents
portent leur lutte sur la scène politique à l’Assemblée Nationale. Leur
nouvelle carte : le soutien de nombreux élus de tous bords politiques.
« Filmez Monsieur Hollande, et après, on reprendra la conférence ! » lance
le réalisateur Bertrand Tavernier, énervé, aux journalistes qui accourent à
l’arrivée du Secrétaire Général du Parti Socialiste.

Nous sommes à
l’assemblée Nationale, au beau milieu d’une conférence de presse. Le « 
comité de suivi de la réforme de l’assurance chômage des intermittents du
spectacle, du cinéma et de l’audiovisuel » présente son contre-protocole et
appelle à l’ouverture de nouvelles négociations. Crée en décembre dernier,
ce comité réunit tant les représentants des intermittents (la Coordination
nationale des Intermittents, les Organisations syndicales et
professionnelles CGT Spectacle, Sud Spectacle, SRF, U-FISC) et des
employeurs (le Syndéac) que des parlementaires de tous bords politiques.

Leur projet est présenté comme « un garde-fou et un point de départ pour
toute modification du système ». Au niveau des revendications, rien de très
neuf. Judith Depaule, de la Coordination Nationale des Intermittents,
l’admet. Sauf que cette fois-ci, elles sont plus « globales » et rassemblent
des acteurs tant du monde cinématographique que politique. Et c’est là leur
nouvelle arme pour se faire entendre du gouvernement : les politiques.
Judith Depaule considère que « maintenant, c’est à eux de faire pression,
c’est leur responsabilité qui est en jeu. Nous, on a vraiment fait tout ce
qu’on pouvait. »

Le soutien aux intermittents dépasse ici les clivages politiques. Noël
Mamère des Verts, Etienne Pinte, Député Maire UMP de Versailles, Jack
Ralite, Sénateur communiste de Seine Saint-Denis, Pierre Albertini, Député
Maire UDF de Rouen, Marie-Christine Blandin, Sénatrice socialiste du Nord
sont tous membres du comité de suivi. Pour Judith Depaule, le sursaut des
parlementaires n’est pas un mystère : « les élus ont une très grande crainte
que les festivals soient de nouveau annulés. Ils se sont rendus compte des
conséquences énormes sur la vie des régions. C’est un moteur de pression
très fort. » Et lors de sa prise de parole lors de la conférence, elle a
réitéré la menace d’un blocage des événements culturels si rien n’était
fait.

Noël Mamère confirme. « Un certain nombre de collègues parlementaires
se sont aperçus que leurs festivals et les manifestations artistiques ne
vivent que par les intermittents. Ils se sont dit que c’est de la folie,
qu’on est en train de vivre des dégâts collatéraux qui vont nous tuer. » Le
réveil des élus est tardif. L’accord réformant le système d’assurance
chômage est entré en vigueur le 1er Janvier 2004. Samuel Churin, de la
Coordination des Intermittents Ile-de-France, reconnaît qu’ « il y a eu un
temps de réaction un peu lent et qui, pour nous, j’espère, ne va pas être
trop tragique. » Mais les chaleurs estivales retombées, les parlementaires
du comité de suivi partagent le diagnostic des intermittents : la nécessaire
réouverture des négociations.

Une lettre, signée par cinq députés membres du comité, a été envoyée le 19
Février au Premier Ministre, demandant « la reprise rapide des dialogues
avec les coordinations et les syndicats des intermittents. Ceux-ci ont
élaboré des propositions sérieuses et constructives qui méritent d’être
prises en compte. » Comme le souligne M. Mamère « la balle est désormais
dans le camp du gouvernement et du MEDEF. » Le jeu des pressions est lancé :
les intermittents sur les élus, et ces derniers à leur tour, sur le
gouvernement. Deux manifestations sont déjà prévues début mars. A défaut
d’être écoutés, les intermittents sauront se faire entendre.