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"Dialogue social" et journée du 21 juin : Regrouper pour les luttes

Publie le lundi 20 juin 2005 par Open-Publishing

de Galia Trépère (article paru dans Rouge n°2116 du 16 juin 2005)

Au moment où le gouvernement annonçait de nouvelles attaques contre les travailleurs, Villepin et ses ministres renouaient hypocritement le « dialogue social » avec les directions syndicales. Dans l’espoir d’étouffer la contestation sociale... En vain !

Le gouvernement Villepin-Sarkozy était à peine installé que le nouveau Premier ministre recevait, le lundi 6 juin, les dirigeants des cinq confédérations syndicales pour, selon ses termes, « recueillir leurs analyses et leurs propositions », en matière d’emploi.

Les dirigeants syndicaux se sont prêtés à cette opération et ils n’ont opposé aucune des revendications qui pourraient faire reculer réellement le chômage (interdiction des licenciements, maintien des salaires, embauches dans les services publics, etc.), laissant patronat et gouvernement imposer leur propagande mensongère selon laquelle il faudrait pouvoir licencier plus facilement et rendre le travail plus précaire pour créer des emplois. Ils ont adopté une position défensive, menaçant seulement de mobiliser si le gouvernement s’en prenait au code du travail.

Deux jours plus tard, c’était la déclaration de politique générale de Villepin : au moment où il prônait le « dialogue social » et confirmait un long calendrier de réunions de concertation (fonction publique, Éducation nationale, pénibilité du travail, etc.), Villepin annonçait, entre autres mesures réactionnaires, un « contrat à durée indéterminée » avec période d’essai... de deux ans, au cours de laquelle les patrons pourront licencier comme bon leur semble. Provocation supplémentaire, il affirmait qu’il utiliserait des ordonnances pour faire passer ses mauvais coups pendant l’été !

Les dirigeants syndicaux ne pouvaient pas faire moins que dénoncer, y compris Chérèque, de la CFDT, ce nouveau contrat qui vise à mettre fin au contrat à durée indéterminée, et la CGT a appelé à une journée de mobilisation le 21 juin.

Villepin croit pouvoir continuer à utiliser les vieilles ficelles que Raffarin avait usées jusqu’à la corde en profitant de la complaisance des directions syndicales. Mais la politique du gouvernement atteint un tel degré de brutalité et de cynisme, alors qu’il vient d’être désavoué massivement par les électeurs le 29 mai, qu’elle convainc un nombre de plus en plus grand de salariés qu’il n’y a qu’une voie pour faire respecter leurs droits, celle de la mobilisation et de la lutte.

Contre le chômage, il n’y a qu’un remède, l’interdiction des licenciements, le maintien des salaires et des embauches massives dans les services publics. Contre la dégradation des conditions d’existence, l’augmentation générale des salaires et aucun revenu inférieur au Smic.

La question d’une autre répartition des richesses est posée. Les salariés de Total avaient mis sur la place publique les neuf milliards d’euros de profit du trust pétrolier ; ceux de Carrefour, les fabuleuses indemnités de départ de leur PDG. Aujourd’hui, le patron qui licencie des centaines de salariés en fermant la Samaritaine n’est autre que la deuxième fortune de France, Bernard Arnault, PDG du trust LVMH.

En tentant de prendre de vitesse la contestation sociale, le gouvernement Villepin-Sarkozy affiche son arrogance et son mépris de la démocratie.

Mais la riposte s’organise. La dernière manifestation des métallurgistes, la mobilisation pour défendre les postiers de Bègles, les luttes contre les licenciements, comme à la Samaritaine, sont un début de réponse. Cette semaine, le 16 juin, à l’occasion du sommet européen de Bruxelles, ont lieu dans tout le pays des manifestations pour continuer la mobilisation contre l’Europe des patrons, pour les exigences du monde du travail. La journée interprofessionnelle du 21 juin, à laquelle appelle la CGT, sera l’occasion de dire « non » dans la rue après avoir dit « non » dans les urnes.

Il faut faire entendre au gouvernement et au patronat le seul langage qu’ils comprennent, celui de la lutte et du rapport de forces.

http://www.lcr94.org/article.php3?id_article=460