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Didymo, la bombe à retardement ?

Publie le vendredi 2 mars 2007 par Open-Publishing
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Didymosphenia geminata : didymo, la bombe à retardement ?

20 Décembre, 2006

Didymosphenia geminata, voici le nom scientifique de la didymo, ou "rock snot", l’algue qui est devenue le cauchemard des pêcheurs néo-zélandais (et en train de le devenir au Québec, notamment sur la Matapédia et la Restigouche).

C’est une algue unicellulaire microscopique (diatomée) qui peut être présente dans l’eau sans être visible par l’oeil humain. Une simple goutte d’eau contenant quelques cellules peut suffir à contaminer une rivière, pour peu que la composition de l’eau lui convienne.

Quand le milieu lui est favorable les cellules se multiplient et forment des amas qui peuvent atteindre une épaisseur de plusieurs centimètres, et une extension latérale limitée uniquement par la largeur de la rivière ou la présence de zones de courant trop puissant pour lui permettre de tenir au substrat (roche mère, galets gros ou fins, sables ou sédiments fins).

Sur certaines rivières le fond est litérallement tapis d’algue, et on peine à apercevoir des zones qui en soient dépourvues. On dirait vraiment que le fond est recouvert d’une espèce de moquette de couleur brune. Dans le courant principal des débris sont continuellement arrachés et dérivent vers l’aval.

Le tapis ainsi formé est quasimment uniforme. Il est très inesthétique et réduit considérablement l’habitat pour les invertébrés et les autres plantes aquatiques.

Pour le pêcheur, il est très déplaisant de pratiquer dans les rivières infestées. L’algue est partout et se prend dans les chaussures, dans le fil, dans l’épuisette, dans l’hameçon.

Pour le poisson, elle réduit considérablement la productivité du milieu en étouffant le fond de la rivière (insectes aquatiques). Sur les zones de frayère sa présence est une gêne considérable car les poissons doivent nettoyer l’algue pour accéder au substrat. Je ne sais pas si ils le font ni si ils en sont toujours capable (à cause de l’épaisseur et de la texture de l’algue). De plus, le substrat n’est pas mobilisé/oxygéné pendant que l’algue le recouvre : problèmes de cimentation, diminution de la qualité des zones de fraie. L’algue risque par ailleurs de revenir pendant le laps de temps ou les oeufs sont dans le gravier, les étouffant.

Pour la rivière et l’environnement en règle générale c’est un drame. L’habitat s’uniformise, réduisant le nombre d’espèces susceptibles de vivre dans les cours d’eau touchés. C’est un réel bouleversement de l’écosystème.

Revenons à la Nouvelle Zélande. Sur l’île du Sud il y a actuellement une trentaine de rivières touchées (détail ici), mais le pire est sans doute à venir. Sur la carte ci- contre les rivières en rouge ont toutes un très fort potentiel d’accueil de l’algue. Jaune : risque moyen à élevé.

On le voit, une grande proportion du pays est concernée, plus de 50% des rivières. Pour des raisons de température l’île du Nord (pas encore touchée) semble moins à risque. Les rivières de la côte Ouest de l’île du Sud également, en raison des fortes précipitations et de la pente (crues violentes fréquentes)

Pour les plus intéressés, voici le lien vers une étude détaillée sur les milieux les plus favorables à la didymo (pdf, en anglais). Des cartes détaillées sont disponibles ici.

Tous les organismes publics ayant à voir, de près ou de loin, avec l’environnement, la pêche et les autres loisirs outdoor ont mis en place une communication efficace. Tous les points d’accès connus aux rivières, les "angler access", sont affublés d’une mise en garde rappelant les méthodes de nettoyage permettant de ne pas contaminer les rivières : "Check, Clean, Dry". Le slogan utilisé, "protect our waters" : "protégez nos eaux", est éloquent.

L’année prochaine il est probable que les chaussures de wading avec semelles en feutre soient interdites, car plus difficiles à nettoyer que les autres matériaux (caoutchouc, aquastealth).

Des mesures de protection ont été prises pour protéger les rivières du parc national du Fiordland encore épargnées (l’Eglington est déja touchée) : une carte doit être obtenue auprès du Department of Conservation (DoC). Elle n’est donnée que cinq jours après la demande, probablement pour éviter que les voyageurs un peu rapides ne sautent d’une rivière à l’autre en oubliant un peu vite de nettoyer leur équipement. Je ne vois pas pourquoi ces mesures ne seraient pas généralisées aux autres parcs, comme celui du Kahurangi, dont les rivières sont encore vierges mais très fréquentées par des pêcheurs "à risque" : des touristes qui changent énormément de rivière et de zone de pêche, comme ce que nuos avons fait par exemple.

Les bassins versants ou tributaires les plus importants pour la fraie des saumons pacifique des grandes rivières de l’Est ont été fermées à la pêche cette année.

Si vous allez pêcher la bas dans les temps qui viennent, respectez les rivières. Désinfectez le matériel de pêche tous les jours. Le vers est dans le fruit et la didymo finira probablement par s’étendre sans l’aide des pêcheurs (avec les oiseaux par exemple), mais en attendant nous, pêcheurs visiteurs, "overseas anglers’, devons montrer l’exemple. Check, clean, dry.

Outre les grandes crues, qui parviennent à nettoyer temporairement une rivière donnée (cf. l’Oreti et la Maraora cette année), une solution chimique à base de cuivre se dessine. Cela dit elle sera très difficile à mettre en oeuvre à grande échelle. Quand on voit une rivière comme la Clutha, dont le débit doit se chiffrer en milliers de mètre cube seconde (si si, vous avez bien lu), on se demande quelle dose sera suffisante pour anéantir l’algue. Mais les kiwis sont courageux et intelligents. Ils y arriveront peut être.

Pour des informations plus complètes et mises à jour régulièrement : http://www.biosecurity.govt.nz/didymo

Pour voir l’historique de la découverte de l’algue (automne 2004) à la situation actuelle, cliquez sur le lien suivant (très intéressant) : http://www.biosecurity.govt.nz/pest...

J’ajoute quelques infos trouvées sur ce fil de discussion :
 la didymo a été pour la première fois décrite et observée sur les îles Féroé à la fin du XIXème siècle.
 elle semble être indigène en France et en Europe (mais il est évidemment recommandé de nettoyer ses waders, chaussures, épuisette, etc.) avant de retourner pêcher de retour de Nouvelle Zélande ou de toute autre zone potentiellement touchée
 elle survivrait jusqu’à une cinquantaine de jours dans le tissus des semelles en néoprène, d’où l’interdiction probable l’année qui vient en NZ. Si vous y allez entre temps ne soyez pas idiot : prenez les devants et achetez des aquastealth pour le voyage.
 sur les tissus "normaux" elle meure quand elle est sèche (48h de sèchage semblent suffisant). Les semelles en feutre retiennent l’humidité plus longtemps et sont plus difficiles à imprégner avec du produit désinfectant.
 une page d’information scientifique beaucoup plus rigoureuse que tout ce que j’ai pu vous raconter ici se trouve à cette adresse : http://www.issg.org/database/specie...
 ou encore ici : http://www.biosecurity.govt.nz/pest...

Pour conclure : quelque soit la destination où le pêcheur voyageur se rende (ou revienne), il est sage de désinfecter son matériel (solution de détergent dilué). La didymo n’est sans doute pas la seule algue invasive pouvant ruiner nos rivières préférées, qu’elles soient au bout du monde ou sur notre palier ...

http://nico_p.gobages.net/index.php...

Messages

  • il faut sauver la nature , donc voir ce qui peut empecher ses algues , il faut sauver les animaux en devenant vegetarien ; comme cela on n´a pas besoin de pecher ( ce que j´ai malheureusement fait quand j´etais gosse) , il n´est pas interdit de changer ses idees, l´homme n´est qu´une race parmis les animaux de cette planete, meme s´il est "intelligent" ou s´il le crois. Bien a Vous . J-F