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Dix-sept dirigeants de Batasuna en détention provisoire
Publie le lundi 8 octobre 2007 par Open-Publishing1 commentaire
de Cécile Chambraud
Le juge de l’Audience nationale, Baltazar Garzon, a placé en détention provisoire, dimanche 7 octobre, dix-sept des vingt-trois dirigeants de Batasuna, la vitrine politique de l’ETA, arrêtés jeudi 4 octobre.
Accusés d’appartenance à une organisation terroriste ou de récidive de ce même délit, ils rejoindront derrière les barreaux leur chef de file, Arnaldo Otegi, emprisonné depuis juin pour apologie du terrorisme, et Joseba Alvarez, responsable du secteur international des indépendantistes, arrêté mardi et incarcéré vendredi. Le parti Batasuna est interdit depuis 2003 en raison de ses liens organiques avec l’ETA.
Ce spectaculaire coup de filet est intervenu alors que la direction de Batasuna, qui n’en a pas le droit, était réunie clandestinement à Segura, un village du Pays basque, pour un passage de témoin entre le bureau national sortant et celui qui devait lui succéder, et pour affiner sa stratégie d’accompagnement politique de la reprise des attentats par l’ETA.
Parmi les personnes arrêtées figure une bonne partie des dirigeants de l’organisation, dont ceux qui l’avaient représentée lors des négociations avec les socialistes et le Parti nationaliste basque pendant la trêve, de mars 2006 à juin 2007.
Ont notamment été emprisonnés, dimanche, Joseba Permach, l’une des principaux porte-parole, Rufino Etxebarria et Juan José Petrikorena, responsables de la communication. Ont en revanche été laissés en liberté sous caution Jean-Claude Aguerre et Haizpea Abrisqueta, deux Français responsables de Batasuna en France, où ce parti n’est pas interdit.
Le fruit des perquisitions conduites à cette occasion indiquerait, selon la presse espagnole de dimanche, que Batasuna se préparait à radicaliser son discours et ses agissements.
DES LIENS AVEC DEUX PARTIS
Son objectif était "la justification politique de la violence et contribue à favoriser un climat d’instabilité et de contrainte, en particulier face aux partis politiques qu’ETA considère comme responsables de l’échec de ses prétentions", indiquerait un rapport de police cité par le quotidien El Pais.
Dans son ordonnance, le juge Garzon les accuse de "contribuer à aider" l’ETA à parvenir à ses fins "par l’usage de la violence".
L’opération conduite par M. Garzon intervient quatre mois après la rupture officielle de la trêve par l’ETA. Elle confirme, à cinq mois des élections législatives, que le gouvernement espagnol entend utiliser tous les instruments à sa disposition pour réduire aux abois une ETA à laquelle le premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero a offert, en vain, une porte de sortie pendant l’essentiel de son mandat.
Depuis la levée officielle du "cessez-le-feu permanent", l’ETA a essayé à plusieurs reprises de commettre des attentats d’envergure. Elle y est parvenue une fois, à Durango, le 24 août, où une fourgonnette piégée contenant entre 80 et 100 kg d’explosifs avait explosé devant une caserne de la Guardia civil.
Mais elle s’est surtout vue infliger des coups très durs par les polices espagnole et française, qui ont arrêté une vingtaine de ses membres. Le 23 août, le ministre de l’intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, avait averti Batasuna que "les choses iraient très mal pour elle" si l’ETA reprenait ses attentats.
Le volet judiciaire de l’affaire n’est sans doute pas clos. La justice aurait saisi des documents étayant les liens entre Batasuna et deux des formations politiques pour lesquelles, dans l’impossibilité de présenter des candidats, elle a appelé à voter ces dernières années : le Parti communiste des terres basques et Action nationaliste basque (ANV).
L’opposition conservatrice réclame l’interdiction de ces deux partis, au motif qu’ils ne seraient que des faux nez de Batasuna. Le gouvernement lui oppose que, jusqu’à présent, rien n’étaye judiciairement cette affirmation mais que si ce lien était avéré, les choses pourraient changer. L’une des personnes interpellées jeudi est membre d’ANV.
Des manifestations se sont produites dans les principales villes du Pays basque, samedi, pour protester contre ces arrestations. Pernando Barena, porte-parole de Batasuna en liberté, a qualifié le coup de filet de "déclaration de guerre" du gouvernement de M. Zapatero.
Messages
1. Dix-sept dirigeants de Batasuna en détention provisoire, 4 juin 2014, 04:54
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