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EUPHORIE

Publie le vendredi 7 juillet 2006 par Open-Publishing
31 commentaires

de Le Yéti

Avec des copains, on est entré dans un petit restau très sympa à Paris. La patronne nous a installés dans un coin, près d’une table où dînait une vieille dame avec un ensemble plutôt chicos et un chapeau ridicule comme ceux que les femmes n’osent mettre que les jours de mariage. On n’avait pas beaucoup de temps pour manger. Dans une heure, commençait la demi-finale de foot entre la France et le Portugal, on avait déjà la tête ailleurs.

- J’m’appelle Marcelle, quarante-trois ans à la CGT. En c’temps-là, les mecs avaient des couilles au cul et nous avec !

C’était la cliente à chapeau d’à côté qui nous apostrophait. Une très très vieille petite dame toute ratatinée, toute seule devant un verre de rouge et une pièce de bœuf fumante. On est sorti de nos réflexions footballistiques.

- Quarante-trois ans à la CGT, oui Monsieur, et soixante-treize dans l’quartier, là en face, au deuxième. C’est mon gamin qui m’y a emmenée au moment de not’ mariage, j’en suis plus jamais r’partie.

Le "gamin" en question, son mari nous dit-elle, était mort depuis un demi-siècle en la laissant seule dans le petit deux-pièces. Aujourd’hui, elle flirtait "avec les quatre-vingt treize piges".

- Chuis entrée au syndicat en 35. On s’est battu comme des chiffonniers, gnnnn ! (Elle brandit un poing vengeur.) Ça oui, on avait la gnac et on leur a bien foutu sur la gueule, aux salauds ! On s’est bien marré aussi, même quand c’était difficile. On était enthousiaste tout ce qu’il fallait, sinon on n’aurait rien pu faire. Ha ha, couilles au cul, gnnnn !

Me revint à l’esprit un article lu le matin même sur Bellaciao : Le football n’est pas un jeu. L’auteur y présentait le foot comme "un opérateur de capitalisation des activités humaines" et qualifiait l’engouement populaire du moment de "fusion factice autant que funeste". La conclusion de l’article était grandiose : "Seul le prochain bouleversement révolutionnaire, cette fois à titre humain, saura nous mettre en continuité et en rupture avec les dimensions ludiques et festives de la communauté des hommes". Et les commentaires à l’avenant : "un dérivatif et de la manipulation de masse", "concentrons donc plutôt notre énergie à combattre le fascisme", "c’est le moment propice d’adresser un ultimatum à Sarkosy"...

Ça me tuait, ce refus forcené de l’euphorie, cette négation mortifère de l’allégresse populaire. Je comprenais bien ces critiques. La plupart étaient justifiées, mais totalement déplacées et hors-contexte. Inutiles. Nos donneurs de leçon tentaient de récupérer un évènement populaire de la même façon que les politiques ou les financiers qu’ils décriaient.

............

- Il est souvent comme ça, vot’ copain, à ruminer tout seul entre ses dents ?

Je sortis de mes pensées et les expliquai à Marcelle. Elle sursauta :

- Et comment il compte la faire, leur révolution, ces mariolles ? Comment ils comptent entraîner les foules ? En les "éduquant" peut-être ? On a connu ça, dans l’temps. Ça se termine toujours en eau d’boudin dans les goulags, c’t’histoire !

Marcelle avait raison. La colère ne suffisait pas à entraîner les foules. Il fallait un élément euphorique, entraînant. C’était une crétinerie d’aller contre ce besoin d’ardeur collective. Une ritournelle légère comme Le Temps des cerises avait plus fait pour l’émancipation des "masses" que la guillotine jacobine ou les camps de rééducation maoïstes.

- Et pis, dis donc, si j’avais dû attendre la révolution parfaite pour trouver la joie de vivre, j’aurais broyé du noir pendant ces quatre-vingt treize années, plus toutes celles qui me restent à vivre. Santé, les mômes ! Et au cul, les croque-morts !

Les copains et moi, nous trinquâmes avec Marcelle, l’embrassâmes à bouche que veux-tu, et nous éclipsâmes rapidement vers le bar où nous avions décidé de voir le match. Il commençait tout juste. Nous nous mîmes à brailler comme des veaux sans la moindre retenue. Il serait toujours temps d’aller lui repiquer son fric plus tard à ce Zidane. Pour l’instant, il était en short comme ses potes et suait comme un âne pour notre bon plaisir.

Messages

  • "Purée qu’ils sont tristes et gris, parfois, nos
    "révolutionnaires" éclairés" !
    le Yéti

    Au début, j’ai pensé que ce jugement ne concernait,à juste raison, que l’auteur de l’article et quelques autres habituels folkloristes de la toile. Erreur, j’y figure aussi aujourd’hui en bonne place !
    Quelle mouche t’a donc piqué, mon Yéti, pour avoir recours aux bons office de la vieille militante Marcelle pour faire passer ton message... d’autant que je doute fort que ma modeste proposition n’aurait pas remporté son approbation !

    Pour ta gouverne, les gens qui me connaissent bien en Amérique Latine, Afrique ou ailleurs, je ne suis ni triste, ni gris mais à l’opposé. Curieux, non ?

     Lors du France-Brésil, les deux équipes ont déployé une banderole "NON AU RACISME" et leurs capitaines respectifs fait une déclaration.

     La totalité de l’équipe de Zizou s’est prononcée contre le commerce des armes.

     Thuram, le courageux vient de répondre et bien aux fines déclarations de Le Pen à propos de l’équipe de France.

    Nous participons à l’euphorie générale et beuglons aussi ce qui est nullement incompatible avec ma proposition. Si la Coupe nous revient dimanche, une telle prise de position de la part de l’équipe de France ferait l’effet d’un coup de tonnerre Place Beauveau, non ??

    Eh, Yéti après tout nous ne sommes pas si éloigné de la jovialité régnante au "Fou de Bassan", du petie blanc frappé et de toute la bande, ouje me trompe ?

    Bonne et beuglante finale !
    Tzigane (le voleur de poules)

    • Désolé, Tzigane, de t’avoir blessé en reprenant un peu à la va-vite un extrait de ton intervention. Disons que j’ai commis le péché de bien des journalistes du microcosme : une phrase extrait de son contexte. Je commence à suffisamment te connaître pour savoir que tu n’es pas un triste. Vraiment désolé.

      NB : Marcelle existe vraiment, je l’ai vraiment rencontrée dans les conditions décrites dans mon petit billet. Et elle s’appelle vraiment Marcelle. Je n’ai pas cru bon de changer son nom : elle mérite qu’on la reconnaise pour ce qu’elle est.

      Le Yéti (encore confus)

    • « Purée qu’ils sont tristes et gris, parfois, nos
      "révolutionnaires" éclairés »

      Alors que moi je suis au contraire gai et rose puique quand j’étais marmot, mes copains m’appellaient, tantot la fille, tantot la tapette parce que j’aimais pas le foot et les jeux de garçon en général. ^^

      M’enfin j’aime pas, mais ça ne me pose pas de problème, y compris de faire la fête avec des amis qui aiment ça. Par contre, comme je le disais sur l’autre topic de ce sujet qui je le sent n’a pas finit de nous diviser, s’interdire de critiquer le foot sous pretexte que c’est un sport ultra populaire serait un véritable suicide de l’esprit critique.

  • Lu sur le site du "Monde" :

    Question : N’y a-t-il pas un paradoxe à ce que la société aujourd’hui soit fière des joueurs noirs, alors qu’il y a huit mois, au moment des émeutes de banlieues, les Noirs étaient stigmatisés ?

    Réponse : Pour la population en général, il se produit un phénomène de déracialisation. La notoriété des joueurs tend à gommer les stéréotypes les plus négatifs qui pèsent sur l’apparence noire. On peut donc être un supporter enthousiaste de Henry, Vieira et Thuram, et dans le même temps avoir un comportement discriminatoire, raciste.

    Faut-il simplement se limiter au constat de l’euphorie populaire ?

    Valère

    • Mon cher Valère,

      Quand on regarde un match, on ne pose pas la question de savoir de quelle couleur est le joueur qui a le ballon, s’il est circoncis, salé par le baptême, ou pour qui il vote aux prochaines élections, s’il a participé aux dernières émeutes de banlieues, s’il était anti-CPE, anti-chasse, pro-ours dans les Pyrénées...

      De même qu’en te lisant, on ne te demande pas d’où tu viens, combien gagnent tes parents, si tu as un appareil dentaire ou si tu as payé tes impôts avant la date limite.

      Excuse-moi mais de temps en temps, je pense que les humains ont le besoin vital de se lâcher un peu, toi compris je suppose. Dit de façon abrupt, c’est à peu près la même chose quand on baise.

      Je plains énormément ceux qui s’inventent des obstacles à l’enthousiasme, aussi intelligents soient ces obstacles et le raisonnement de ces contradicteurs. Je suis atterré par des articles du genre "Le monde est tout foot et les bébés pleurent....". Je serais curieux de voir comment grandissent ces fameux bébés et comment ils réagissent face à l’allégresse populaire.

      "Qui peut me dire pourquoi un jeune enfant, quand il voit un ballon, tape spontanément dedans avec ses pieds, plutôt que de le prendre avec ses mains ?" (Raymond Domenech)

      Le Y.

    • Les bleus battent le Portugal 5 morts..... C’est parait il la fête, combien faudra il de morts dimanche soir pour fêter dignement la victoire dans la coupe du monde.

      Des millions de supporters dans les rues de France pour fêter un penalty, quelque milliers pour protester contre la destruction planifié par l’armée d’Israel de 800000 palestiniens à Gaza,pas beaucoup plus nombreux pour défendre nos droits sociaux conquis par cinquante années de luttes et détruits jours après jours par cette société libérale impitoyable

      Moi aussi j’aime la fête, mais celle que je choisi et non celle que veulent nous imposer ces même médiats que nous retrouvons contre nous dans toute nos luttes.

      Je pense que plutôt que d’échanger des insultes nous ferons mieux de reflechir ensemble, même si nous faisons beaucoup moins de bruits, nous somment quand même nombreux à résister à cette folie ambiante.

      Raymond LCR

    • « Qui peut me dire pourquoi un jeune enfant, quand il voit un ballon, tape spontanément dedans avec ses pieds, plutôt que de le prendre avec ses mains ? (Raymond Domenech) »

      Parce qu’un enfant est intelligent et qu’il comprend rapidement qu’en tappant dans le ballon avec ses pieds ça lui demandera moins d’efforts que de se baisser pour le repousser avec ses mains ?

    •  Les hommes et les femmes couchent ensemble -> des millions de morts du sida. Va-t-on condamner l’amour ?

       Bombardements terroristes de Gaza par l’Etat d’Israël -> va-t-on condamner les Juifs ?

       Par ailleurs, c’est une absurdité de dire que les médias ou les politiques essaient de nous imposer des "fêtes", comme celle du foot ou des autres jeux, de ballons ou d’autre chose ?

      C’est le contraire qui se produit : les jeux de ballons, par exemple, dans les villages de nos campagnes, les cours de récré de nos écoles, ont toujours prééxisté aux médias, aux politiques, et mêmes aux avis éclairés de nos "révolutionnaires" patentés, qui essaient grossièrement de récupérer ou de condamner ces plaisirs populaires pour leurs petits profits ...

      Le Y.

    • Yéti tu oublies une chose : les premiers à avoir récupéré et organisé ces jeux populaires qui sont effectivement à l’origine de la plupart des sports (mais qui n’ont quand même plus grand chose à voir avec notre moderne sport de haut niveau, dont la plupart des règles sont d’ailleurs dues à l’aristocratie british) ce sont les militaires et les curés. Avant que les états ne prennent totalement l’affaire en charge. Ca ne te dis rien ?

      Valère

    • Valère,

      Dernier message (ne crois pas que je te snobe en disant ça, c’est juste qu’après je ne peux vraiment plus rien) :

      JE ME FOUS DE SAVOIR QUI RÉCUPÈRE QUOI ! De même que je n’y peux rien, ni toi non plus, s’il existe un troupeau toujours prêt à suivre et à être récupéré par les premiers tordus venus.

      Même le sexe a été récupéré et commercialisé par une horde de maquereaux sinistres. Mais vois-tu, ça ne m’empêche pas de continuer à trouver le sexe joyeux et jubilatoire.

      Tiens, je te parie que les Palestiniens continuent à se compter fleurette dans les meutes de foin ou ailleurs, et à jouer au foot sur les champs de bataille, malgré les bombes et la désolation.

      Allez, détend-toi, Valère, la vie ne commence pas demain.

      Le Y.

    • "Excuse-moi mais de temps en temps, je pense que les humains ont le besoin vital de se lâcher un peu, toi compris je suppose. Dit de façon abrupt, c’est à peu près la même chose quand on baise."
      Si le Yéti baise comme les footeux font la fête, je plains ses partenaires... ;-)

    • Merci à toi Yéti, de rappeler en quelques lignes qu’on peut être un militant, se battre pour des causes qu’on estime juste, et s’offrir des petits plaisirs simples comme un bon match à la télé avec quelques potes, à beugler bêtement pendant une heure et demi, admirer quelques beaux gestes techniques et juste prendre partie pour un camp sans générer quelque conflit mortifère.

      J’ai trop rencontré de gens, dans les milieux associatifs où j’ai traîné (où je traîne encore), d’ayatollahs-de-la-cause qui s’auto-flagèlent à chaque fois qu’ils se surprennent eux-mêmes à s’autoriser inconsciemment un plaisir petit-bourgeois... sans parler des leçons de morale constantes qui évidemment s’appliquent systématiquement à leur entourage proche, donc en général aussi aux militants qui agissent dans les mêmes organisations qu’eux... et pendant ce temps là les vrais adversaires rigolent. Dommage, c’est beaucoup d’énergie perdue en vain à taper sur les mauvaises cibles.

      On le sait pourtant depuis longtemps, on ne pourra pas écorner la caricature néo-libérale et no-impérialiste en lui opposant une caricature libertaro-anarchiste et anti-tout-ce-qui-est-pour. Et pourtant certains continuent...

    • Dimanche soir 21 heures le 09-07-06
      Je déprimais dans mon coin, mais ces derniers message me redonnent le moral, je ne suis pas seuil à m’étouffer de rage devant la folie footballistique.
      Courage, camarades, tout à l’heure ils vont perdre et nous serons tranquille pour 4 ans.mais d’ici la je suis sur que nous aurons gagné en mai 2007 et que nous nous débarrasseront de cette société de consommation qui nous ruine et nous abruti.
      Alors, oui à ce moment nous pourrons nous régaler enfin devant le sport débarrassé de toute cette racaille commerciale qui pourrit tout ce qu’elle touche.
      J’étais à La Havane en mars dernier pendant la coupe du monde de baseball qui se joué aux USA. l’équipe nationale Cubaine (équipe amateur dont les joueurs reçoive le salaire d’un cadre moyen) n’a été battu qu’en finale par le Japon après avoir éliminer 4 équipes professionnelles. A la fin de la coupe, malgré des offres de salaires énormes des équipes présente, tout les joueurs sont rentrés à Cuba, le sport peut donc très bien vivre sans être esclave de l’argent
      Hasta la Victoria Siempré Raymond LCR.
      Réponse

    • Mon cher Yeti

      Oui les jeux de ballons dans les cours d’écoles, sur les places de villages étaient des joies saines et populaires au sens noble du terme, les courses de vélos des fête de villages .La fête était à cette époque l’affaire des citoyens eux même et ils n’avaient besoin de personne pour faire la fête. C’est la société de consommation, qui pour nous reprendre les quelques sous qu’elle doit bien nous donner pour notre travail nous impose ces grandes fêtes dites populaires par un matraquage médiatique (qui est pour elle une nouvelle source de profits)

      Mais, hélas la société de marché est passé par la.
      Ce n’est quand même pas moi qui est inventé les matches truqués (hier Marseille de Tapi, aujourd’hui le championnat italien demain ?), le dopage les scandales financiers autour des transferts, les salaires démesurés des joueurs et dirigeants (plusieurs siècles du revenu d’un smicard. Oui l’ensemble du sport professionnel est un monde pourrie et il faudra bien dans la société que nous voulons construire prendre ses problème à bras le corps pour redonner aux sports l’indépendance financière qu’il n’aurait jamais du perdre, alors nous nous retrouverons ensemble dans un stade pour admirer toutes les actions sans ce chauvinisme qui me répugne, j »espère qu’ainsi tu comprendras mieux mes réactions de rejet.

      Bien amicalement Raymond LCR

    • Parce qu’un gamin est intelligent et qu’il repère très vite le plaisir et la fierté qu’éprouve son père en le voyant taper avec le pied dans un ballon ?

    • Entièrement d’accord avec entièrement tout ce qui a été dit ici (c’est bien de se marrer de temps en temps quand même, même si demain y’a école) ou là (par exemple "le monde qui est tout foot et les bébés qui pleurent", même si ça doit en atterrer quelques-uns), au passage, homme des neiges, je te remercie de compatir, mais je ne me sens pas à plaindre :)

      donc je résume ce que je ressens et comment je vois tout ça :

      d’un côté, y’a des gros beaufs vraiment très cons qui beuglent dans les stades en buvant des bières, de l’autre, y’a des antifoot vachement intelligents qui ont bien compris parcequ’ils l’ont lu dans le "diplo" que les médias c’est tous des juifs vendus qui veulent bombarder Gaza, que les même médias en profitent que les gros beaufs vraiement très cons ont le dos tourné alors que les très intelligents qui regardent pas le foot discutent des relations entre le fascisme et le sport en buvant d’autres bières (au passage, c’est les marchands de bière qui se frottent les mains ; amis cafetiers, soyez courageux, les soirs de matchs, créez des coins non-footeux comme y’a des coins non-fumeurs, vous verez 2 fois plus de sous) pour engranger des bénéfices énormes sur les pubs qu’ils acceptent...

      Mais finalement, comme j’ai beaucoup lu et pas assez vécu, je me rends compte que les gros beaufs sont pas forcément tous très cons (y’en a aussi qui sont juste un peu moins cons que moi et qui sont pas du tout beaufs), et que dans les très intelligents très cultivés y’en a beaucoup qui lisent entre les lignes et que je passerais pas une soirée avec eux à discuter de la différence entre Staline et de Marx, surtout qu’ils conaissent que la position du missionnaire et qu’il veulent pas essayer autre chose...

      Donc, y’a des militants CGT qui aiment beugler en regardant le foot, et y’a des anti-foot qui ont un hélicoptère parceque pour aller bosser à Paris quand on habite à Nice c’est moins long que de prendre le TGV et qu’en plus c’est tout bénef parceque le kérosène est pas taxé... y’a des gars de la LCR qui aiment la liesse populaire même si les salaires des joueurs sont démentiels, et y’a des antifoot UMP qui pensent que régulariser tous les sans-papiers ouvrirait la porte à une nouvelle vague d’immigrés non choisis. y’en a qui vont faire la fête avec des potes et qui vont rentrer chez eux pour découvrir leur copine entre de se faire b…., pardonnez moi l’expression à couilles rabatues, et d’autres qui ont réussi à la traîner au stade pour lui faire découvrir l’ambiance d’un monde qui joue comme c’est beau…

      Merde, c’est pas simple, dites-donc !!! ça s’agite dans ma petit tête !!! je sais pas comment je vais sortir de là...

      Ben oui tout se défend. Y’en a qui supportent pas le foot et qui dérouillent pendant un mois (après tout, puisqu’ils aiment tellement faire autre chose, rien ne les oblige à regarder la télé ou a écouter la radio ; et puis eux non plus ne font rien pour la Palestine, à part boire des bières) ; et y’en a qui adorent le bruit des stades et l’odeur des sandwich merguez (et qui sont super proches du peuple, donc, et qui ont signé la pétition pour sauver Ingrid Bétancourt, eux...). Et finalement, Pinault organise une orgie à Florence ou je sais plus où, et Marinette continue à nettoyer les chiottes du Virgin du coin… mais ce soir son plombier de mari militant LCR dès la première heure l’emmène au ballon tu vas voir comme c’est à pleurer le vélodrome qui s’enflamme… Et ce soir, oui, elle oubliera tout… et deux heures de bonheur dans ce monde de chiotte, c’est toujours ça de pris

      Jugez les gens si vous voulez, (après tout personne n’est transparent dans ce monde qui tourne vaille que vaille), mais cessez de les condamner à tort et à travers… Le monde tournerait-il plus rond si Zidane était mort sur le terrain, en pleine gloire ; au lieu de partir "pardonné" d’avance pour son geste ? Et le fait qu’il ait raison de mettre un coup de boule à un Italien qui en voulait à sa mère autorisera-t-il Mamadou à faire la même chose avec le prochain flic facho qui l’appellera "blanche-neige" ?? non, et pourtant, il tourne, vaille que vaille…

      Merde, c’est pas facile d’être cohérent... et mon jean, il est fabriqué par qui ?? ah ouais, t’achètes équitable ? Et toi, tu crois que tes pompes elle sont fabriquées comment ?? Hein, et ton paquet de chips, là, tu sais le voyage qu’il a fait avant d’atterrir dans ta supérette ??? Je m’éparpille… Finalement, nos petites jérémiades à la "c’est çui qui dit qui l’est", ça change pas grand chose au goût du caviar : on sera toujours tout en bas ou juste au dessus, et eux tout en haut, ou au niveau des bottes à lécher…

      Mais bordel, finalement, tous ces gens, puisqu’ils parlent tous que de ça, y pourraient pas jouer au foot entre eux, au lieu de regarder des milliardaires taper le ballon cousu par des gosses indiens pour lesquels ils vont s’engager à demander une amélioration de leur conditions de travail ??? Et si tout le sport redevenait amateur ? Voilà qui serait chouette, non ?

      "Pas de lutte entre les peuples, pas de paix entre les classes" Et je pète la gueule au premier qui me dira que c’est pas une des plus belles phrases de la langue française.

      Et après un bon match pour se mettre en jambes, on va tous à l’Elysée en passant par le siège de l’Oréal pour couper quelques têtes !!! AYYYYYAAAAAHHHH !!!!!! On commence quand ????

      Roland qui milite nulle part mais qui aime bien les idées noires...

    • Si tu as les idées noires, et puisque tu te poses les vrais question alors vote FN !!!

    • ouh la vilaine bête !!!
      courez vous cacher, monsieur

      cher 83***30***, j’ai bien peur, si je t’écoutais d’être obligé de regarder le foot.
      et le parallèlle a vécu, désolé...

      idées noires (et j’ai pas écrits "brunes" ...)
      je crois que je suis assez grand pour savoir ce que j’ai à faire...

      bonne soirée quand même

    • Le Yéti,

      J’apprécie souvent tes analyses mais là, excuse moi, tu me sembles à côté de la plaque. Tu parles du mondial et de l’enthousiasme que ça soulève comme s’il ne s’agissait QUE DE FOOTBALL alors qu’il s’agit de tout autre chose. Mieux même, tu réfutes toutes les objections concernant le sport de compétition en disant que de toutes manières tout est récupéré, même l’amour.
      Mais merde, l’amour et la prostitution, ce n’est pas la même chose ! Et il faut être complètement aliéné - ce que je n’aurais pas cru d’un militant tel que toi - pour ne pas faire la différence entre le football (que j’aime autant que toi) et les jeux du cirque des temps modernes. Trop facile de traiter de pisse-froid ou de peine-à -ouir ceux qui font le distinguo.

      Même Domenech, qui n’est pourtant pas, me semble-t-il, un gauchiste invétéré, a refusé la récup médiatique qui aurait consisté à transformer une défaite en victoire. Il a dit niet au défilé des Champs Élysées malgré les pressions des sponsors et de TF1.

      Voici un lien vers une page qui parle de sociologie du sport et du football en particulier. On y verra tout l’intérêt des capitalistes pour les manifestations sportives de masse, qui participent de notre aliénation.
      http://rdereel.free.fr/volFQ1.html

      Oui, Yéti, tu as bien sûr le droit d’aimer le football et le beau jeu. Nous sommes des millions à partager celà. Mais vouloir à tout prix ignorer le reste et tacler ceux qui ont la lucidité de voir les implications du sport business, ça équivaut à marquer contre son camp.

      Raymondo

    • "Oui, Yéti, tu as bien sûr le droit d’aimer le football et le beau jeu. Nous sommes des millions à partager celà. Mais vouloir à tout prix ignorer le reste et tacler ceux qui ont la lucidité de voir les implications du sport business, ça équivaut à marquer contre son camp."

      Pardon Raymondo mais le Yéti n’a jamais prétendu tout cela, surtout pas "d’ignorer le reste". Tu inverses les rôles d’une manière bien peu honnête. Son intervention, et celle la plus récente de Francesca est justement une réaction à ce simplisme qui a cours depuis quelques jours ici, tendant à prouver que foot=gros cons qui se foutent du reste. Tu n’as pas le monopole de la lucidité, et ceux qui marquent contre leur camp sont ceux qui passent leur temps à se chercher des adversaires partout et à transformer tous les aspects de la vie humaine en lutte d’influence. C’est idiot et totalement contre-productif.

    • Excuse moi, l’anonyme, mais je crois que je sais encore lire. Et que c’est toi qui trahit ce que dit le Yéti.

      Quand on regarde un match, on ne pose pas la question de savoir de quelle couleur est le joueur qui a le ballon, s’il est circoncis, salé par le baptême, ou pour qui il vote aux prochaines élections, s’il a participé aux dernières émeutes de banlieues, s’il était anti-CPE, anti-chasse, pro-ours dans les Pyrénées...

      C’est clair, non ? Le Yéti prend son plaisir en se foutant complètement des considérations extra-sportives. "Peu importe qui récupère quoi", dit-il par ailleurs. Libre à lui de penser celà. Il s’en est expliqué par ailleurs. À partir du moment où le Yéti assume ses propos, il n’a peut-être pas besoin d’un avocat pour chercher à les édulcorer.
      J’ai le droit de dire que la coupe du monde, quel que soit le plaisir que procure le spectacle sportif, c’est bien autre chose que du football.
      Et que je trouve un peu fort de café d’accuser de récupération ceux qui dénoncent justement la récupération du sport à des fins mercantiles et le détournement de l’émotion populaire à des fins de propagande.
      C’est pourquoi je parlais de but contre son camp.

      Raymondo

    • Le Yéti prend son plaisir en se foutant complètement des considérations extra-sportives.

      Sans vouloir me faire l’avocat de mon avocat, je crains que tu ne dises n’importe quoi, mon cher Raymondo.

      Le Y.

    • Tu l’as dit ou tu l’as pas dit ? Faudrait savoir. Les mots ont un sens. Remarque, en disant tout et son contraire on est sûr d’avoir raison.

      Raymondo

    • Je vais compléter : quand quelqu’un vient me parler, me demander quelque chose, dans la rue ou ailleurs, "je ne me pose pas la question de savoir de quelle couleur il est, s’il est circoncis, salé par le baptême, ou pour qui il vote aux prochaines élections, s’il a participé aux dernières émeutes de banlieues, s’il était anti-CPE, anti-chasse, pro-ours dans les Pyrénées...". Je lui réponds le plus poliment possible et c’est tout.

      Alors subtil Raymondo, peut-on dire que le Yéti répond au gens en se foutant complètement des considérations extra-politesses ?

      Je vais même te préciser autre chose. Ton "Tu l’as dit ou tu l’as pas dit" comminatoire fleure bon les relents inquisitoriaux des procès politiques. Il y a au moins une chose que j’aurais appris après ce long débat passionné (nel ?) sur le foot : il y a des "révolutionnaires" qui vous font vous méfier des révolutions.

      Le Y.

    • Rien de comminatoire. J’ai simplement trouvé assez extraordinaire, vu tes positions antérieures sur des tas de sujets, que j’approuvais à 2000 %, que tu puisses mettre sur le même plan l’euphorie du "temps des cerises" et l’euphorie beaufisante qui entoure la coupe du monde, au nom de l’ardeur nécessaire qui fait les révolutions.
      Crois moi, il n’y a aucun mépris pour tous ceux qui aiment le footbal, je suis le premier passionné par ce sport. Je crois plutôt, moi, que ce genre d’euphorie empêche au contraire qu’on y pense, à renverser l’ordre établi. Et que ce genre de grand messe sportive participe de l’aliénation. Je me demande même s’il y aurait ueu un mouvement anti-CPE de cette ampleur si la coupe du monde avait eu lieu plus tôt.
      Et ce n’est pas le fait que les organisateurs ont ouvert des bordels géants autour des stades, qui va me faire changer d’idée sur le genre d’euphorie qu’on souhaite entretenir.

      Désolé, le Yéti, je croyais qu’on parlait de la coupe de monde de football. J’ai cru que ton "JE ME FOUS DE SAVOIR QUI RÉCUPÈRE QUOI !" s’y appliquait. Mais comme on dit, le lecteur jugera...

      Raymondo

    • Bon, on n’avance pas. Restons-en là.

      Le Y.

    • Oui, c’est ça, évitons les sujets qui fachent...

      R.

    • Non, c’est aussi parce que les compétences pour frapper du pied un ballon sont acquises beaucoup plus précocément. Lancer un ballon avec les mains demande une coordination très complexe (tenir, jeter, lâcher en synchronisation), alors que le geste de frapper du pied est extrêmement simple : un enfant peut le faire dès qu’il tient debout de façon à peu près stable.
      Dès qu’on est adulte, il devient au contraire très difficile de s’interdire d’y mettre les mains.
      Ne voyez dans ces considérations aucune ironie envers les fans de foot !
      MC