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Elections présidentielles en Bolivie, Evo Morales : Un dirigeant anti-Bush de plus

Publie le jeudi 22 décembre 2005 par Open-Publishing
14 commentaires

de Patrice Bardet

ci-dessous, deux articles bien intéressants :
 l’un de la Ligue Anti-impérialiste
 l’autre, beaucoup plus fouillé, du Réseau d’Information et de Solidarité avec l’Amérique Latine (RISAL)

bonne lecture,
SOLIDARITE & RESISTANCES !


Pour les États-Unis, Evo Morales est un complice des présidents vénézuelien et cubain, Chavez et Castro, qui profite de l’instabilité sociale de son pays pour s’emparer du pouvoir. Washington et les partis boliviens de droite l’accusent également de soutenir le trafic de drogue, de faire injure à sa patrie, d’être un père indigne et, en tant qu’Indien, d’être ignorant et incompétent.

La réaction de Morales est cinglante : « Au moins, maintenant, ils disent que nous sommes stupides et incapables. Dans le temps, ils nous prenaient pour des bêtes sauvages. Ils voulaient nous faire courir à quatre pattes. Aujourd’hui, ils conçoivent que nous sommes des êtres humains. Ils ont fait du progrès ! Ils vont tomber des nues quand nous allons leur montrer comment ce pays peut être dirigé au profit du simple citoyen et de la patrie. »

Le président ajoute que « le peuple bolivien veut du changement parce qu’il en a plus qu’assez de la corruption, du néo-libéralisme et de la mafia politique ». Il critique sévèrement les ingérences américaines dans son pays et dénonce « l’éthique des riches », qui repose sur le profit et l’exploitation du peuple.

Il met en avant le code éthique des Indiens aymara : ama sua (ne sois pas un voleur), ama quella (ne sois pas faible), ama llulla (ne sois pas un menteur). Avec le temps, s’est ajouté un quatrième principe : ama llunky (ne sois pas soumis).

Evo Morales est né en 1959 dans les Andes boliviennes. Tout gosse, il est berger et garde des lamas sur les hauts plateaux inhospitaliers. Par la suite, il travaille comme boulanger, maçon, trompettiste, afin de pouvoir payer ses études.

Après une catastrophe naturelle, voici 25 ans, il s’en va avec une partie de sa famille dans la région de Chapara, où l’on cultive la coca. Il y devient membre du syndicat et organise des activités sportives pour les affiliés. C’est le début d’une ascension rapide au sein du mouvement syndical.

Aujourd’hui, Evo Morales est dirigeant des cultivateurs de coca, c’est-à-dire secrétaire de la fédération de la région tropicale de Cochabamba, président de six fédérations syndicale et chef du mouvement politique MAS-IPSP (Mouvement pour le socialisme ­ Instrument politique de la Souveraineté du Peuple), qu’il a fondé en 1985.

Au programme gouvernemental d’Evo Morales figurent en tête de liste la renationalisation et l’industrialisation de la prospection du pétrole et du gaz. Cela parce qu’il veut que les recettes profitent à la population bolivienne. Une prochaine assemblée législative doit réformer le pays de fond en comble.

Des réformes draconiennes sont nécessaires dans le milieu agraire mais aussi dans celui des soins de santé et de l’enseignement. Parallèlement, son programme gouvernemental prône « une intégration de l’industrie moderne ainsi qu’une économie communautaire et familiale ».

Sur le plan international, Morales défend l’intégration régionale du secteur de l’énergie, comme le propose le président vénézuélien Chavez.
Il nomme Chavez et Castro les « commandants des forces libératrices du continent » et défend l’intégration économique latino-américaine face à l’ALCA, l’organisation économique qui veut faire du continent américain une zone unique de libre-échange au profit des multinationales US.

Ce n’est pas pour rien qu’un rapport des services secrets nord-américains désigne le Venezuela et la Bolivie comme deux pays de « l’axe du mal », promoteurs du « terrorisme international ». Pourtant, Morales désire entretenir des relations commerciales et diplomatiques avec les Etats-Unis. « Mais sans qu’il y ait soumission d’un côté et domination de l’autre »,
précise-t-il.

Source


Ci-dessous, du Réseau d’Information et de Solidarité avec l’Amérique Latine (RISAL)

un article extrèmement intéressant de Benito Pérez daté du 17 décembre Evo Morales peut-il changer la Bolivie

Le leader du Mouvement au socialisme est aux portes de la présidence. Figure de proue d’un mouvement social qui a jeté deux présidents en deux ans, le paysan aymara parviendra-t-il à faire de la Bolivie une République pour tous ?

Ce week-end, l’Amérique latine a les yeux braqués sur la Bolivie. Plus précisément sur un petit homme trapu, paysan aymara devenu leader social, en passe de remporter le premier tour d’une élection présidentielle déjà qualifiée d’historique. Evo Morales, puisque c’est de lui qu’il s’agit, agrégerait plus d’un tiers des intentions de vote, selon les sondeurs, 5-6 points de mieux que son principal adversaire de droite Jorge « Tuto » Quiroga. Un écart à mettre au conditionnel, puisque depuis l’irruption du Mouvement au socialisme (MAS) dans l’arène politique bolivienne en 1997, les sondages l’ont systématiquement sous-estimé. Autant dire que la victoire du leader indigène lors de ce scrutin est attendue... pour autant qu’aucune fraude ne vienne lui faire barrage !

Dans cette immense République dirigée depuis l’origine par l’infime minorité blanche ; dans un pays recouvrant les deuxièmes réserves latino-américaines de gaz naturel et où plus de la moitié des habitants n’ont pas accès à l’électricité, la montée en puissance de la gauche indigène et de son charismatique leader est un événement en soi. Aymara des haut-plateaux andins grandi parmi les [indigènes] quechuas et les petits Blancs du Chapare tropical, né à la lutte sociale parmi les paysans cocaleros [1], « Evo » symbolise l’espoir de tous les laissés-pour-compte du pays.
Et ils sont nombreux ! Vingt ans de dictatures, autant de réformes néolibérales ont creusé les inégalités. Deux tiers des Boliviens vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Ils habitent la campagne ou les banlieues des grandes villes, principalement dans l’ouest du pays. L’immense majorité est d’origine amérindienne. Ce sont eux qui ont chassé les présidents Gonzalo Sanchez de Lozada en octobre 2003 [2] et Carlos Mesa en juin dernier [3]. Au grand dam des 20% de Boliviens qui se partagent la moitié du revenu national, regroupés, eux, au coeur de La Paz et dans les provinces de l’est.

Face à cet abîme, le discours sans ambages d’Evo Morales, empreint de nationalisme de valeurs amérindiennes, rassemble aussi largement que ses tee-shirts du Che et ses déclarations à l’emporte-pièce effraient.
Radical et pragmatique, aussi têtu qu’à l’écoute des masses, Evo Morales a su capitaliser sur le ressentiment de nombreux Boliviens à l’égard de l’ingérence étasunienne et le discrédit pesant sur les partis traditionnels. Au point que son adversaire, l’ex-président « Tuto » Quiroga [4], a dû s’inventer un nouveau parti « Podemos » (Nous pouvons) pour faire oublier son appartenance à l’Action démocratique de l’ex-dictateur Hugo Banzer [5]. Arrivé deuxième de la présidentielle de 2002 avec 21% des suffrages, Evo Morales est assez fin stratège pour savoir que l’élection du 18 décembre - aussi prometteuse soit-elle - n’est qu’une étape vers cette nouvelle Bolivie qu’il appelle de ses voeux. Plan de route.

Devenir président
Pour devenir, en janvier 2006, le président de tous les Boliviens, le candidat de la gauche devra obtenir le soutien au moins tacite d’une partie de ses concurrents. En Bolivie, le second tour se joue en effet au parlement, arène que tous les sondages donnent acquise à ses adversaires.
M. Morales, qui se refuse à tout marchandage avec la classe politique traditionnelle, ne pourrait alors compter que sur la pression populaire et la légitimité de son avance sur son éventuel second. Troisième des sondages avec moins de 10%, l’entrepreneur centriste Samuel Doria Medina a déjà assuré Evo Morales de son soutien s’il venait à remporter le scrutin avec 5 points d’avance.
Plus surprenant, le commandant en chef de l’armée a appelé cette semaine les futurs députés à élire le vainqueur du premier tour ! Plus que tout autre, l’amiral Marco Antonio Justiniano sait qu’un résultat contraire pourrait déboucher sur une grave crise sociale. En tout cas, plus d’un Bolivien sur deux pronostique qu’Evo sera leur prochain chef de l’Etat.

Gouverner

Face à un parlement présumé hostile et aux velléités sécessionnistes des riches provinces de Santa Cruz et de Tarijá [6], la tâche d’un éventuel gouvernement du MAS ne sera pas aisée. Un Morales président ne pourrait exercer réellement le pouvoir que s’il dispose d’une forte mobilisation de ses électeurs. Or le soutien des organisations de base ne lui est pas automatiquement acquis. Syndicats et associations boliviens sont bien moins homogènes qu’on ne l’imagine en Europe. La direction de la Centrale ouvrière (COB), dont les troupes se recrutent surtout chez les mineurs, et le Mouvement indigène pachakuti, de l’aymara Felipe Quispe, se montrent très réticents face à l’hégémonie du MAS sur les masses.

A des degrés divers, les autres acteurs du mouvement social - telle la fameuse Coordinadora del Agua de Cochabamba [7] - se disent toutefois prêts, dans un premier temps, à faire bloc derrière un gouvernement du MAS [8].
En ce sens, l’apparition du sociologue et ex-guérillero Alvaro García Linera sur le ticket présidentiel d’Evo Morales a permis un rapprochement des cercles progressistes urbains avec la base paysanne du MAS. Autre atout maître en mains du candidat aymara : la future assemblée constituante, dont le principe a été largement accepté lors de la crise de juin dernier. A l’instar d’Hugo Chávez lors de son premier mandat à la tête du Venezuela, Evo Morales espère y puiser la légitimité pour transformer en profondeur les institutions. Une « Révolution politique » ou « décolonisation de l’Etat », selon les termes de García Linera, le candidat à la vice-présidence [9]

Quelle politique ?

Malgré son nom, le MAS d’Evo Morales ne rêve pas, à court terme, de société sans classes. « On ne construit pas le socialisme sans prolétariat », tranche M. Linera.
Son modèle se veut pragmatique.
Premier objectif : nationaliser les hydrocarbures comme l’ont exigé les citoyens l’an dernier par référendum [10]. Avec les immenses profits escomptés - les exportations de gaz représentent 10% du produit intérieur brut (PIB) bolivien - l’Etat renforcé devra « articuler » les trois types de production coexistant en Bolivie, à savoir les économies communautaire, familiale et industrielle. Un équilibre en mouvement, que le sociologue appelle « capitalisme andin-amazonique ».
Parmi les projets concrets, on note la création d’une banque des technologies, d’un système national de droits de propriété intellectuelle collective, le développement du micro crédit, une loi de promotion des petites et moyennes entreprises (PME) et des coopératives, un plan de lutte contre la spéculation foncière et la titularisation des terres communautaires. Un Défenseur agraire serait également nommé.
Au niveau social, le ticket Morales-Linera propose l’instauration d’un système de sécurité sociale sanitaire, la légalisation et l’assainissement des quartiers périurbains (bidonvilles) et une réforme scolaire garantissant la gratuité, l’égalité de genre et la pluriculturalité.
Financièrement, le MAS mise sur la hausse des revenus des hydrocarbures et une fiscalité progressive, mais également sur un Etat frugal dans son fonctionnement.

Difficultés

Le défi que s’est fixé le MAS est-il disproportionné ? _ Déjà lourdement endettée, une Bolivie dirigée par Evo Morales perdrait les millions versés chaque année par Washington ainsi que son appui auprès des institutions financières. La volonté de contrôler les ressources naturelles heurtera de plein fouet les multinationales. On peut compter sur Repsol, British Gas ou Exxon pour multiplier les procès que des systèmes internationaux de « protection » des investissements leur permettront de gagner. Les précédents de l’eau à Cochabamba et à El Alto [10] font figure de mises en bouche. Autre question en suspend : où l’Etat trouvera les fonds pour développer les infrastructures gazières ?
Comme au Venezuela, la gauche pourrait aussi être victime de la fronde des élites économiques et technocratiques, promptes à saboter un gouvernement défavorable à leurs intérêts. A contrario, le mouvement social possède-t-il les cadres nécessaires pour bâtir un tel projet ?
Enfin, demeure l’hypothèque du séparatisme des riches provinces orientales. Après avoir profité durant des décennies des bénéfices miniers pour développer leur région, les élites de Santa Cruz et Tarija ne veulent plus entendre parler de solidarité nationale. Malgré un appui croissant à Evo Morales, notamment chez les indigènes guaranis, les plaines de l’Est font figure de refuge pour une bourgeoisie hostile aux appétits de La Paz.

Atouts

Malgré ces bémols, la perspective d’un changement en profondeur de la Bolivie ne doit pas être sous-estimée. Quel que soit le résultat des urnes, le courant progressiste politiquement incarné par Evo Morales ne s’estompera pas. Fortement structuré, pacifique malgré la répression, s’appuyant sur une base aussi lucide politiquement que parfois incontrôlable, le mouvement social bolivien n’a pas jeté les transnationales Bechtel de Cochabamba et Suez d’El Alto ainsi que deux présidents en moins de cinq ans par hasard ! Sa prochaine conquête - une vraie assemblée constituante - pourrait être décisive.
D’autant qu’une Bolivie rompant avec le modèle néolibéral disposerait d’atouts non négligeables sur le plan international. Lula et Chávez ne cachent pas leur sympathie pour le MAS. Le Brésil - qui importe bonne part du gaz bolivien - et le Venezuela seraient des partenaires de choix pour développer ce secteur.
Plus cocasse encore, la soif d’hydrocarbures des économies capitalistes occidentales et leur volonté de maintenir des prix raisonnables devraient les amener à composer avec M. Morales. Un boycott du type de celui subi par Cuba est peu probable. L’exemple vénézuélien en témoigne. L’or noir fait souvent perdre la boussole idéologique.


"TOUT DEPENDRA DE LA PRESSION POPULAIRE"

Fondateur du fameux périodique "El Juguete Rabioso", Sergio Cáceres réside en France. Cela n’empêche pas le journaliste et écrivain bolivien d’attendre avec fébrilité le verdict des urnes.

Vous êtes en contact régulier avec la Bolivie. Comment est l’ambiance à quelques jours du scrutin ?

Il y a un grand enthousiasme pour la possible victoire du MAS. Même ici en Europe, nombre de Boliviens soutiennent activement le MAS.

Vous pensez qu’Evo Morales sera élu ?

En Bolivie, on donne sa victoire pour acquise. Il se maintient depuis des semaines en tête des sondages. C’est en effet le plus probable.

Le MAS n’aura probablement pas de majorité au parlement. Avec qui gouvernera-t-il ? Que fera l’opposition ?

Il y a fort à parier que l’opposition tentera de bloquer et d’asphyxier le gouvernement. Pour le MAS, tout dépendra des pressions populaires et de ses résultats obtenus. N’oublions pas que son gouvernement comptera une majorité de leaders sociaux.

Que pensez-vous du programme du MAS et de son "capitalisme andin-amazonique" ?

Au-delà de son nom, le projet de García Linera est le programme économique le plus intéressant et novateur proposé aujourd’hui. C’est une réflexion qui part de la réalité de la Bolivie et non pas, comme c’est le cas pour les autres partis, une recette concoctée aux Etats-Unis.

Le MAS est un parti paysan. La gauche bolivienne compte-t-elle assez de cadres en mesure de mener un gouvernement populaire ?

Soyons réalistes : c’est une des faiblesses importantes du MAS. Ce mouvement est encore en phase de consolidation. Il court contre la montre. Espérons qu’il aura la capacité d’improviser sans que ses contradictions internes ne l’étouffent. Mais attention : le MAS n’est pas un parti paysan. C’est une coalition de mouvements sociaux parmi lesquels on trouve des mouvements indigènes, des associations d’habitants, des syndicats, des coopératives et des fédérations paysannes.

Pensez-vous qu’une nationalisation des hydrocarbures soit possible ?

Je ne suis pas un spécialiste du domaine. Mais il faut rappeler que ce pays les a déjà nationalisés par deux fois (en 1937 et 1969, ndlr).

Y a-t-il des risques de sécession de Santa Cruz et Tarijá ?

Non. Si les revendications autonomistes me semblent valables, les menaces de guerre civile ou de sécession ne sont rien d’autre qu’un rideau de fumée visant à déstabiliser le pays.

La Bolivie peut-elle devenir un nouveau Venezuela ?

Ce que l’on espère c’est qu’elle devienne une nouvelle Bolivie !


[1(NDLR) Le terme « cocalero » désigne les cultivateurs de coca. Si la coca est cultivée et mastiquée de puis des siècles en Bolivie, elle sert aussi à fabriquer la cocaïne.
Evo Morales s’est imposé ces dernières comme le leader le plus important de ce mouvement paysan.

[2(NDLR) L’auteur fait référence ici au conflit social et politique connu comme la guerre du gaz.
Consultez le dossier « Guerre du gaz » sur RISAL.

[3(NDLR) Carlos Mesa a démissionné suite à un conflit connu comme la seconde guerre du gaz en mai et juin 2005.
Sur ces événements, lire
 Thierry Vermorel, Bolivie : la seconde guerre du gaz, RISAL, août 2005 ;
 Sylvie Dugas, Après l’Argentine, la Bolivie au coeur de la tourmente néolibérale, RISAL, juin 2005 ;
 Richard Gott, Un soulèvement sismique chez les indiens d’Amérique latine, RISAL, juin 2005 ;
 Walter Chavez, Bolivie : mobilisations sociales pour la nationalisation des hydrocarbures et démission du président, RISAL, juin 2005.

[4(NDLR) Jorge « Tuto » Quiroga a exercé la fonction de vice-président de la Bolivie de 1997 à 2001. Suite à la démission du président Hugo Banzer en 2001 pour des raisons de santé, il prendra les rênes du pouvoir jusqu’en 2003.
A la tête du parti PODEMOS, une formation créée pour les élections de ce 18 décembre 2005, il est candidat à la présidence du pays.

[5[NDLR] Hugo Banzer a pris le pouvoir en 1971 par un coup d’Etat et y est resté jusqu’en 1978, instaurant un régime dictatorial et répressif. Il reprendra démocratiquement, après un scrutin électoral, la tête de l’Etat bolivien en 1997. Sa santé l’obligera à écourter son mandat en 2001.Il décèdera en mai 2002.

[6(NDLR) C’est dans les départements de Santa Cruz et de Tarija, que se trouve la plupart des richesses en ressources naturelles - le gaz notamment - de la Bolivie. Un mouvement « civique », mené par les classes dominantes, chefs d’entreprises, transnationales et grands propriétaires terriens, exige plus d’autonomie territoriale - et certains l’indépendance - pour contrôler ces richesses. La vigueur depuis l’an 2000 des mouvements sociaux remet en cause leur mainmise sur les ressources naturelles.

[7(NDLR) Cochabamba, dans la région du Chapare, fut le théâtre de ladite guerre de l’eau. En avril 2000, la dénommée « or bleue » a déchaîné dans la ville l’une des révoltes les plus bruyantes de l’histoire récente du pays. Ses habitants se sont mobilisés contre l’augmentation disproportionnée des tarifs de l’eau, dont les prix avaient quadruplé en à peine quelques semaines, et ont obtenu l’expulsion de l’entreprise privée, Aguas del Tunari, (un consortium conduit par la multinationale Bechtel) en charge des services d’eau.

[8(NDLR) Lire La Vaca, Le mouvement populaire bolivien se prépare pour l’échéance électorale, RISAL, 16 septembre 2005.

[9Inprecor, no 511/512, www.inprecor.org

[10(NDLR) Consultez le dossier « El Alto, ville rebelle » sur RISAL.

Messages

  • ça donne envie de rêver.

    Par exemple, quitte à rêver pour de bon :

    le gouvernement français félicite officiellement la victoire de Morales.
    Ensuite, l’Union Européenne, découvre que la Bolivie est un pays très riche.
    Pas au sens du PIB, mais au sens réel. Ressources naturelles incroyables.

    Il y a un vote pour savoir qui va saisir la chance d’une coopération avec la Bolivie, et les votes désignent la france. La bolivie dit d’accord mais hors de question d’être exploité.

    Donc il y a un accord entre la bolivie et la france pour des échanges commerciaux.
    La question de l’energie atomique est réglée. Grâce à la coopération franco-bolivienne, la stupide solution atomique est remplacée facilement par d’autre solutions techniquement moins rentables mais moins polluantes.

    Les nationalistes se rendent compte d’un seul coup que c’est pas très raisonnable d’être nationaliste.
    Les capitalistes ne comprennent plus pourquoi ils avaient comme but de gagner de l’argent.

    Les autres pays européens comprennent que c’est la bonne solution, et les autres pays d’amériques du sud aussi, et cela devient une coopération entre l’europe et l’amérique du sud.

    Plus tard, George Bush déclare en 2010 que finalement les rouges sont assez pertinents.
    Il aura pris sa retraite quelques semaines avant, sans être inquieté.

    Le G-Machin n’ose rien à dire. L’OMC n’a plus rien à dire. Les capitalistes ne sont même pas menacés.

    Joli rêve , non ?

    jyd

    • Cher jyd,

      Nous voyons des personnes différentes, nous avons des amis divers et différents, nous aimons une fille différente et certainement des filles différentes, j’aime Copas, Patrice, Jyd, Francesca, Le Yeti et yéti...et toi peut-être aussi tu les estimes.
      Tu es plus réfléchi, moi plus impulsif, nous ne nous sommes jamais vus, nous ne vivons certainement pas les mêmes choses et nous ne sommes pas des clones.

      Mais quelqu’un peut-il m’expliquer comment ce rêve là, m’habite moi aussi ?

      Habite-il d’autres esprits ?
      Dans ce rêve quelqu’un m’a dit que oui, mais ce n’est que dans mon rêve.

      Ces esprits habités pourront-ils un jour, de ce rêve en faire la matière ?

      Lorsque je me réveillerai, pourrons-nous le réaliser ?

      Tapez-moi, vite, que je puisses me réveiller !

      Esteban

  • Il va falloir suivre celà de très près car je pense que la Bolivie recelle des tensions énormes.

    Au delà de l’orientation particulière du MAS et de son représentant maintenant élu, je pense qu’il y a d’énormes risques de guerre, voir de tentatives de secession des régions "blanches".

    Les attitudes du Brésil et du Venezuela vont être determinantes pour la survie d’un gouvernement de gauche en Bolivie, son évolution dans un sens favorable aux paysans désherités et aux travailleurs.

    Brésil et Venezuela ont maintenant une responsabilité particulière pour faire contre-poids aux tentatives de destabilisation qui vont venir du gouvernement US.
    Les deux états ont donc une responsabilité particulière dans ce processus pour eviter que le sabre tombe et coupe la tête bolivarienne.

    Dans cette bataille à venir, la vraie, l’opinion internationale et la solidarité au peuple bolivien jouera beaucoup. Non pas comme un soutien béa et a-critique mais comme des gens menant un combat commun au notre qui des fois se trompent, des fois avancent et des fois reculent, mais cherchent les voies de la liberation et des peuples et des humains.

    .../...
    Yo me pregunto si las ranas
    se vigilan y se estornudan,
    si se susurran en las charcas
    contra las ranas ilegales,
    contra el placer de los batracios.
    Yo me pregunto si los pájaros
    tienen pájaros enemigos
    y si el toro escucha a los bueyes
    antes de verse con la vaca.

    Ya los caminos tienen ojos,
    los parques tienen policia,
    son sigilosos los hoteles,
    las ventanas anotan nombres,
    se embarcan tropas y cañones
    decididos contra el amor,
    trabajan incesantemente
    las gargantas y las orejas,
    y un muchacho con su muchacha
    se obligaron a florecer
    volando en una bicicleta. .../...

    Pobres muchachos, Neruda (extrait). (J’ai choisi celà car dans ce combat commun il y a et l’amour et la liberté de l’amour et l’amour en liberté et la liberté...Cop.)
    http://www.pierdelune.com/neruda4.htm

    Je me joins bien volontiers à Patrice pour souligner combien est précieux le travail du site "RISAL" pour l’Amerique Latine : http://risal.collectifs.net/ , RISAL signifiant là : Réseau d’information et de solidarité avec l’Amérique latine. C’est dire.

    Copas

    • Je ne sais pas moi non plus si les oiseaux ont des oiseaux ennemis, mais je suis sûr qu’il existe des chasseurs. Je dois protéger les oiseaux des chasseurs, pour que leur progéniture puisse voler librement.

      Longue vie aux deux amoureux.

      Esteban

    • Bravo pour ton texte, je pense comme toi.
      Je croise les doigts pour que la Bolivie ne soit pas isolé et que le Vénézuela soutienne le gouvernement et le peuple Bolivien.
      Par contre, il ne faut pas trop compter sur le Brésil de Lula pro-américain qui commerce intensément avec les états-désunis...
      En tout cas on a vécu un moment historique, un socialiste INDIEN à la tête d’un pays d’Amérique Latine, ça fait longtemps que j’attendais ça.
      C’est extraordinnaire, reste à concrétiser et aux pays voisins à suivre l’exemple au lieu de se vendre pour quatre sous aux nords-américains, le plus grand pays anti-démocrate.
      Stéphane
      Hasta la siempre victoria
      1,2,3, 400 BOLIVIE

  • J’espère que Evo Morales va réussir à former un gouvernement, et surtout réussir à tenir tete aux USA, car la claque je ne crois pas que les USA l’ont digérée, mais que d’espoir de voir des peuples qui n’ont pas peur de se rebeller, de résister, notre Gauche devrait prendre exemple.

    Nicole

  • Bonjour,
    Je suis un jeune étudiant du secondaire au Québec et j’ai lu quelques articles sur les élections présidentielles en Bolivie. Je suis conscient qu’Evo Morales a le pouvoir de faire de belles choses en Bolivie. Par conséquent, je me demande ce que vous pensez des dires de Washington et des parties boliviens de droites qui accusent Morales de soutenir le trafic de drogue. Je me demande aussi qu’est-ce que vous croyez que seront les impacts à court et à long terme de sa probable élection.

    Merci à l’avance de vos commentaires, elles me seront bien utiles pour la compréhension de cet évenement.

  • EVO MORALES : LA POETIQUE ET LA POLITIQUE DE LA COOLITUDE

    En ce jour de la prise de fonctions présidentielles d’Evo Morales en Bolivie, comme tous ceux qui sont contre la globalisation forcée du monde, je me réjouis d’un retournement de situation historique, dans ce sud américain marqué par les génocides et autres violences coloniales, en plus d’humiliations et de spoliations de richesses et des terres des autochtones.
    La démarche d’Evo Morales, conjointe avec celle d’autres résistants comme Hugo Chavez, est digne, et remonte vers une lutte fondatrice : celle qui est apte à redonner aux « damnés de la terre » leur marque humaine, et à l’étendre sur notre planète de plus en plus malmenée par des intérêts égoïstes. C’est ce que souligne le président vénézuélien, Hugo Chavez, saluant la percée d’Evo Morales : « Les Boliviens ont écrit une nouvelle page de leur histoire [...] permettant d’envisager la fin de la pauvreté et l’entrée dans la voie du développement. »
    Ce qui me touche en premier lieu, c’est le désir humaniste de cet "indigène de sa République", celui de ne pas sombrer dans l’ethnicité en prenant le pouvoir démocratiquement. Je le cite dans sa ferme résolution « d’en finir avec l’État colonial dans lequel nous vivons, et que ce nouvel État soit un point d’appui dans la lutte contre tous les racismes ». Et de surenchérir : « Nous sommes dans le troisième millénaire, le millénaire des peuples, et non plus de l’Empire. Notre victoire est aussi celle des peuples en lutte ».
    Le nouveau Président bolivien porte en lui une formidable coolitude.
    Il est intéressant de prendre conscience de ce fait, étayé par l’histoire personnelle de cet indien Aymara des haut-plateaux andins, qui a passé de nombreuses années décisives parmi les indigènes quechuas. Un monde violenté, à l’image des mondes « périphériques » des communas colombiennes ou des favelas brésiliennes. Blessé par Cent ans de Solitude et Cent ans de Crimes. Un monde complexe aussi, où il côtoie les « petits Blancs » du Chapare tropical. - rappelant le sort des européens ruinés des hauts-plateaux de La Réunion- où la mosaïque humaine induit une réflexion sociale, ouverte sur les interrogations essentielles du millénaire, les luttes humaines, sociales, culturelles et économiques, non bornées par les « identités meurtrières ». En dépit d’imposer le castillan à ces contrées, le colonisateur particulièrement féroce en Amérique du Sud, n’a pas pu faire perdre toutes les langues aux indigènes. Elles portent encore la farouche marque de résistance aux « bienfaiteurs colonisateurs » des peuples, celle qu’aucune mondialisation ne pourra oblitérer. Les enjeux se répondent en écho ici aussi. Et le paysan-président a bien saisi la teneur des attentes de son peuple majoritairement indigène, exploité par 20% des boliviens riches vivant à La Paz, dont la couleur de la peau blanche, coïncide avec la maîtrise des richesses du pays. C’est ce qu’on appellerait « communalisme » ou « communautarisme » par ailleurs…
    En effet, Morales a une vision post-coloniale du « problème indigène » en déclarant couper à travers le facteur ethnique, pour être le représentant de tous les boliviens, et surtout, des exploités de sa terre, de sa région, et aussi, d’un mouvement plus vaste qui, je l’espère, connaîtra un avenir solide, car les embûches ne manqueront pas... Ce qui est aussi remarquable, c’est qu’en dépit des violences militaires des précédents régimes, Evo Morales parle fermement, mais de façon non-violente.
    L’engagement gandhien de Morales, son investissement dans la sphère symbolique (le port des habits, qui rappelle fortement Gandhi se rendant à Londres, pour rencontrer Churchill lors des luttes pour l’indépendance de son pays ; ce dernier, constatant que le Mahatma était revêtu d’un simple dhoti et non du costume du colon, avait dit qu’il ne recevrait pas "ce fakir à demi nu"... Son chumpa rayé, dont le but est de promouvoir l’artisanat bolivien, est devenu légendaire), sa compréhension que les luttes "indigènes" s’imbriquent aussi dans celles de tous les miséreux de la terre, sont autant de facteurs de la modernité (certains diront, de la post-modernité) de son positionnement poétique et politique.
    Ce "planteur de coca", comme certains l’appellent désormais, indiquant qu’ils voudraient déjà disqualifier son engagement économique, rejoint l’anti-coca-colonisation des altermondialistes, les dénonciations de l’hyperlibéralisme qui a lâché la meute dans la bergerie. Rappelons que l’origine de cette culture cocalée remonte à une ancienne tradition du pays, mais surtout, elle désigne que la coca est une « vitamine » que le damné mâche, lui permettant de résister aux 15 heures de travail exténuant dans les mines (notamment d’argent et d’étain), et de gommer les affres de la faim et de la soif. Il est vrai, qu’avant Morales, on se souciait peu de ce problème de coca sur le peuple indigène. Morales déclare que la coca n’est pas la cocaïne. Je ne soutiens aucune velléité, d’où qu’elle vienne, de trafic de stupéfiants, mais seulement à signaler une hypocrisie qui n’a que trop duré de la part des « bonnes consciences ». Nous avions entendu le même refrain avant l’invasion de l’Afghanistan : le pays du pavot, les coalisés vont y mettre de l’ordre. Qu’en est-il actuellement ? L’opium, dans un pays occupé militairement, continue d’être exploité. En fait, ce qui est à proposer à la réflexion est : vu que les cours des marchés mondiaux ( contrôlés par des lobbies puissants) et la spécialisation des productions ne donnent pas beaucoup de latitude aux petits paysans, qui ne sont pas subventionnés, que leur restent-ils à faire pour survivre ? Il est de bon aloi de comprendre, que peut-être, en brandissant le spectre de la coca, Morales veut légitimer ses projets tout à fait justifiés de nationalisation du gaz, pour faire écho à la « crise gazière » russe… Et Morales s’est engagé à lutter contre le trafic de stupéfiants. Il pourra le faire si, aussi, il pourra renégocier le prix de son gaz, s’il ne le nationalise pas avant. « Les contrats ont été signés lorsque le baril de brut coûtait 18 ou 19 dollars, alors qu’il est aujourd’hui à plus de 60 dollars », clame Morales. Quoi de plus naturel ? Et il peut aussi citer la Chine comme autre client potentiel, pour rompre toute idée d’embargo état-unisien qui pourrait être décrété... Ce combat pour la dignité de son peuple passe nécessairement par celui du contrôle de ses richesses.

    L’on pourrait dire, paradoxalement, que le paysan, confronté aux diktats des multinationales, est devenu le gardien de la Terre. Car, encore ancré à un lieu, à un temps cyclique, qui n’est pas le faux temps cyclique dont parle le situationniste Guy Debord, dénonçant la société ultraconsommatrice, le paysan ressent les changements de façon plus tactile que l’ouvrier, en pleine culture de délocalisation, qui est à la recherche d’un lieu, d’un patron pour poser sa contestation, tant ces derniers sont devenus "virtuels et volatiles". Il y a quelques jours, des paysans "indigènes indiens" ont été tués en Inde, parce qu’ils ne voulaient pas quitter les terres qu’ils cultivaient, face au projet industriel d’une multinationale indienne. D’autres indigènes face au raz-de-marée du profit, qui plus est, dans leur propre pays ! L’Amérique du Sud, et les indiens d’Amérique du Nord appellent cette terre la patcha mama, comme les Indiens de l’Inde l’appellent la maati, la terre-mère, beau parallèle entre deux imaginaires au-delà du ventre de l’Atlantique, et conscience poétique et politique à étendre partout sur la planète…

    Morales se bat depuis longtemps contre les injustices dont subissent les amérindiens et les autres laissés-pour-compte de la Bolivie, des campagnes aux immenses banlieues-dépotoirs des grandes villes de l’ouest, dans un pays où 64 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et où l’immense majorité des habitants des campagnes n’ont pas accès à l’eau potable. Dans les villes, où règne un gros problème en raison de nouveaux contrats liés à l’eau, un habitant sur quatre en est privé.

    Aussi, on peut mesurer l’ampleur de la tâche de Morales, l’énorme espoir qu’il suscite, lié inextricablement à la mémoire des hors-Histoire, au déni de parole auquel son peuple a été asservi, mais aussi à celui de tous les "coolies" passés et présents. Un engagement qui s’inscrit dans un contexte de l’unilatéralisme, de mouvements sémantiques régressifs concernant le mal colonial, des définitions assassines du Bien et du Mal, des luttes pour la confiscation des biens des peuples (le problème des matières premières et leurs conflits en Afrique et ailleurs), de standardisation des cultures et des imaginaires, des discours identitaires réfractaires, de précarisation de l’emploi au Nord sous forme de contrats à multiples fragilisations des acquis, de l’affaiblissement des classes intermédiaires, de la sous-prolétarisation des masses, du besoin de sortir des griffes de la globalisation marchande, qui impose la loi du plus fort,
    re-dupliquant le schéma néo-colonial...
    Un exemple illustre parfaitement l’empiètement de l’économique sur le symbolique, l’imaginaire et la culture des peuples, eux-mêmes liés à l’écologie, poétique de la fragilité et de la complexité du monde.
    C’est celui du gazoduc Bolivia-Cuiaba (Enron pipeline ou projet Cuiaba ») de 340 kms, qui suit parallèlement un tronçon du gazoduc Bolivie-Brésil, pour alimenter la nouvelle centrale de production électrique, appartenant à la compagnie américaine Enron. Ce pipeline s’engouffre dans 4 écosystèmes menacés : le Chaco (plaine recouverte de savanes). le Chiquitano (la forêt tropicale sèche la plus intacte du monde), le Cerrado (savane) et le Pantanal (vaste étendue humide et inondé). Protestation des autochtones, des écologistes : qu’importe le gouvernement US a voté le financement de ce projet insultant pour l’habitat traditionnel de ces coolies des Amériques… L’accord de Kyoto non ratifié par l’ogre état-unisien, appliqué sans âme dans la realeconomik.
    L’on mesure plus que jamais, la complexité dans l’imbrication des phénomènes de parole, d’écosystèmes, de richesses économiques, de conscience planétaire respectant les diversités humaines et écologiques…

    Evo Morales s’inscrit donc dans une lutte mondiale. D’ores et déjà il rompt avec un mot : l’Amérique, et il conjugue l’autre Amérique, faite des Amériques. Tout comme l’Inde est faite des Indes. Il conjugue, aux portes de l’Empire, les accents d’autres imaginaires, mais ce faisant, ils les ancrent aux réalités et enjeux du troisième millénaire. Le président Morales remet la variété culturelle sur le socle du Nouveau Monde et de la nouvelle économie.
    Et déjà, il fait figure d’icône.
    Il suit le sillage révolutionnaire de Guevara, d’Allende, de Mandela et de Gandhi.
    Son humour et sa simplicité augurent d’un nouvel espoir dans ce nouveau monde.
    Je le cite lors de son récent séjour à Paris : « Beaucoup de gens sont venus voir un Indien en pensant peut-être que j’aurais des plumes ! Mais ce n’est pas Evo Morales qui a gagné, ce sont les mouvements sociaux, pour changer l’histoire ».

    Bonne chance el Presidente !

    Espérons que nous saurons veiller sur lui et la justesse de son combat.

    Khal Torabully
    Ecrivain
    Concepteur de la coolitude
    Le 22/01/06

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    www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/torabully.html

    • Merci KHAL pour ton "éclairage" ; Je ne suis pas politicien mais amoureux de la Bolivie. Merci pour tes analyses qui échappent au "commun des mortels", merci de le dire si bien.
      Nous pouvons tous encourager Evo Morales, premier "non conquistador" à gouverner son pays, celui de tous les boliviens.
      Bon courage EVO, soit fermement opposé à la corruption, reste droit pour l’amour de ton peuple, et surtout des plus démunis.
      Un chef d’état n’est pas élu pour lui-même, mais pour être au SERVICE de son peuple. Celà, beaucoup l’oublient.
      Je prie pout toi.
      Dany

    • Merci de ton appréciation. Evo continue son parcours, sur un chemin semé d’embûches, car les pièges ne manquent pas. En ce moment, il travaille pour une plus grande autonomie de son peuple, surtout au niveau des régions. Restons mobilisés autour de lui. Voici, en espagnol, les dernières nouvelles reçues de Bolivie. Qui pourrait les traduire pour les diffuser ?
      Amitié autour de la Bolivie.
      Khal Torabullly

      Bolivia

      Pecado de codicia

      Por Antonio Peredo Leigue
      Abril 16, 2006

      A propósito de la Semana Santa, en que los cristianos renuevan su fe, estoy convencido que hacen un repaso de esas leyes divinas llamadas “los 10 mandamientos”. Entendiendo que no son fáciles de acatar, hay uno más difícil : “no codiciarás la casa de tu prójimo”, respecto del cual debieran reflexionar largamente. Para completar la idea, recuerdo una máxima de viejas tradiciones griegas : “los dioses castigan a los hombres, cumpliendo sus deseos”.
      Ocurrió que, en un momento de euforia retenida durante muchos años, volvió a plantearse aquella vieja aspiración de las regiones : autonomía, como reacción ante el centralismo absorbente del gobierno nacional. Surgió como un pedido, rápidamente se convirtió en exigencia y poco después estalló como ultimátum. La fuente de donde surgió este pedido-exigencia-ultimátum fue el Comité Cívico pro Santa Cruz de cuyo seno, y de tanto en tanto, se pronunciaba tal reivindicación.
      Fue oportuna la instalación de un gobierno transitorio, seguido de otro aún más precario, para que concretaran sus aspiraciones. Claro que se esforzaron para alcanzar su propio gobierno en lo inmediato, pero debieron resignarse a esperar que se cumpliese otra demanda que estaba por encima : la instalación de la Asamblea Constituyente. Empero, con la presión, obtuvieron un premio inesperado : la convocatoria a elección de prefectos.
      Pero ¿de qué se trata la autonomía departamental ? Habría que discernir dos conceptos : la capacidad y posibilidad de contar con las atribuciones suficientes para definir, proyectar e implementar aquellas decisiones que contribuyan al desarrollo regional y, en otra percepción, la autoridad absoluta para manejar los recursos naturales, económicos y financieros en beneficio propio, prescindiendo del estado en que se halle el resto del país.
      Autonomía para pocos
      La tendencia al absolutismo regional es la característica de la propuesta planteada por el comité de Santa Cruz. Facultad exclusiva para negociar exportación de recursos naturales, delegación para recaudar impuestos nacionales y disponer hasta dos tercios de los mismos, autoridad para regular la migración de bolivianos de otras regiones, exclusión de cualquier intervención del estado central sobre sus decisiones, capacidad de gestionar acuerdos internacionales y mantenimiento de la obligación del Estado nacional para subvenir los rubros de educación, salud y otros servicios.
      La pretensión de esta particular concepción autonomista fue sagazmente difundida, hasta lograr la adhesión de los comités cívicos de otras regiones que se sintieron postergadas desde siempre. Así se conformó un principio de entendimiento entre los comités de algunos departamentos, al que llamaron “media luna” ; la intención, no dicha pero evidente, era definir una separación entre las tierras altas y las tierras bajas de Bolivia. No prosperó, pero se prendió en la imaginería de la clase media, como un desafío o como un peligro.
      Aunque, en el proceso de cambios que vive el país, ha podido incorporarse la reivindicación autonomista, es cierto que la presencia imponente de la Asamblea Constituyente, define otro marco de referencia. Los requisitos y las atribuciones que establezcan el carácter de la autonomía departamental tendrán que darse en esa decisiva cita ; no hay otra alternativa.
      Sin embargo, los voceros de la tendencia absolutista, aprovechando la elección de prefectos que se dio en diciembre pasado, al mismo tiempo que las elecciones generales, presionan para imponer atribuciones que se convertirían en base indiscutible de una autonomía a su modo.
      La imposición de medalla y bastón de mando al prefecto de Santa Cruz, el declarado propósito de concretar acuerdos internacionales del prefecto de Tarija, son atisbos bastante claros de las pretensiones de hegemonía que han alimentado los grupos de poder regionales.
      Lanzada la convocatoria a elecciones para la Asamblea Constituyente y, simultáneamente, para referéndum sobre autonomías departamentales, han lanzado una ofensiva tendiente a obtener mayoría sólo en algunos distritos, donde creen poder tener el control. Si los departamentos del altiplano y los valles, en los que obtiene amplia mayoría el MAS, votan en contra de las autonomías habrán logrado su pretensión de dividir al país, con gran contentamiento de quienes consideran que, sus negocios, mantendrán los grandes beneficios por la explotación de recursos naturales sin mayor control.
      Boomerang político
      “Los dioses castigan a los hombres, cumpliendo sus deseos”, decían antiguamente. Y aunque muchos olvidaron la sentencia, los hechos se empeñan en recordarla.
      Una autonomía obsesionada con el rápido enriquecimiento proveniente de la explotación de los recursos naturales, despertó reacciones inesperadas. Las provincias que se asientan sobre los grandes yacimientos de hidrocarburos, reclaman ahora los beneficios que cobran las capitales de los departamentos. Durante una semana bloquearon una importante carretera y suspendieron el suministro de gas a Tarija, una ciudad de casi 200 mil habitantes. Un acuerdo circunstancial, normalizó la situación.
      De modo que, tratándose de autonomía, no parece posible, a los grupos que agitaron la bandera autonomista, reclamar derechos en contra de las provincias reclamantes.
      De pronto, en varias regiones del país, han aparecido reivindicaciones que se contraponen a las aspiraciones de los comités cívicos. El tema, ha comenzado a manejarse con mucha cautela desde los grupos que, hasta ayer, consideraban que ésta era su carta de triunfo.
      Autonomía para todos
      Pero no se trata de oponerse a la autonomía, porque las élites dominantes en esos departamentos, pretendan implementar una autonomía absolutista. Al contrario, el referéndum que se realizará el 2 de julio próximo, debe proclamar la autonomía en todo el país. Una autonomía a la que accedan las regiones paulatinamente, a medida que estén preparadas para un régimen de esas características, es el modo correcto en que debe llevarse adelante este proceso.
      Tal autonomía, debe definirse en base a principios de integración nacional, solidaridad y productividad. Deberá tener atribuciones suficientes para definir, proyectar e implementar aquellas decisiones que contribuyan al desarrollo regional. Al mismo tiempo, aprender conductas solidarias, no circunscritas a una contribución monetaria, sino la planificación incluyente en planes de desarrollo conjuntos con otros departamentos de menor desarrollo. Y, por esto mismo, aquellos planes se orientarán a mejorar las condiciones de productividad propias y de las otras regiones.
      Bolivia puede emprender el camino de la autonomía, siempre que sea incluyente, productivo y solidario. La concepción egoísta sólo provocará un fracaso debido, como tantas otras veces, a la mezquindad de los intereses de grupo.