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"En mémoire aux milliers de victimes en mer"

Publie le mardi 1er mars 2011 par Open-Publishing

Communiqué de presse consécutif à la manifestation du 23 février "En mémoire aux milliers de victimes en mer" à Mayotte

Quatre associations et syndicats locaux, la Cimade, Le Réseau
d’Education Sans Frontière Ile de Mayotte (Resfim), la Fédération
Syndicale Unitaire (FSU) et Sud Education, avec le soutien du GISTI
(Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés), du MRAP (Mouvement
contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Pzeuples), de la FASTI
(Fédération des Asssociations de Solidarité avec les Travailleurs-ses
Immigré-e-s), la LDH (Ligue Des Droits de l’Homme), de la ADDE
(Avocats pour la Défense du Droit des Etrangers), Elena (les avocat
pour le droit d’asile)...ont appelé ce mercredi 23 février à
manifester en mémoire aux milliers de victimes en mer.

Entre 300 et 400 personnes ont répondu à cet appel, des hommes et des
femmes de tout horizon et de toutes nationalités (français d’origine
métropolitaine et mahoraise, comoriens, africains,…). Le cortège s’est
rendu devant différentes administrations telle que la gendarmerie, le
conseil général de Mayotte, le commissariat de police, le
vice-rectorat, le centre hospitalier et la préfecture, afin de
dénoncer les nombreux abus perpétrés sur l’île.

Durant les différentes
allocutions, on été mis en avant plusieurs transgressions de la loi
comme la violation des domiciles privés par les gendarmes fracturant
parfois les portes à l’aide de coupe-boulon au beau milieu de la nuit
ou les reconduites à la frontière d’enfants mineurs non accompagné de
leurs parents. Le code de déontologie de la Police Nationale à
également été lu afin de rappeler aux agents qu’ils devaient agir dans
le respect absolu des personnes et qu’ils avaient la possibilité de
refuser des ordres contraires à la réglementation en vigueur.

Concernant les quelques 6000 mineurs livrés à eux même sur l’île suite
à l’arrestation et la reconduite de leurs parents, les manifestants
ont fait part de leur inquiétude devant le Conseil Général de Mayotte
qui ne consacre que 2% de son budget à l’Aide Sociale à l’Enfance,
cette infrastructure ne pouvant faire face dans ces conditions à un
problème d’une telle envergure et ce malgré sa gravité. Il a été dit
devant le vice-rectorat que plusieurs jeunes adultes scolarisés non pu
terminer leur formation, l’état ne prévoyant pas les moyens
nécessaires, dans l’exercice de ses compétences, comme le stipule
l’article L-122-2 du Code de l’Education en demandant par exemple que
leur soit accordé une Autorisation Provisoire de Séjour couvrant leur
scolarité. Il a été indiqué que la formation des personnes était un
aspect important de la coopération régionale.

Les manifestants se sont
ensuite arrêtés devant le centre hospitalier et le dispensaire de
Jacaranda afin de déplorer l’absence de l’Aide Médicale d’Etat à
Mayotte, la non affiliation des mineurs à la sécurité sociale et le
montant exigé pour l’accès aux soins. Arrivé devant la Préfecture de
Mayotte, les conditions de réception des demandeurs, l’attitude du
personnel et les délais ahurissant de délivrance des titres de séjour
ont été dénoncés. Les manifestants en ont profité pour observer une
minute de silence, allongés sur le sol, en mémoire aux milliers de
victimes.

Le cortège s’est finalement rendu devant l’office de tourisme, à côté
du port. Il a été indiqué que conformément à la réglementation en
vigueur au niveau de la sécurité du transport des personnes sur la
barge reliant Grande Terre à Petite Terre, les passagers ne pouvaient
pas rester à bord de leurs véhicules. Malheureusement, les personnes
interpellées par les forces de l’ordre font la traversée menottées à
l’intérieur des véhicules de police et de gendarmerie, mettant
gravement leur vie en péril si un problème devait survenir. La
manifestation s’est conclue sur un hommage aux victimes avec la mise à
l’eau d’un cercueil et le jet de fleurs. Se fût alors l’occasion pour
les nombreux musulmans présents de réciter des prières en leurs
mémoires.

La manifestation s’est déroulée sans heurt, ne faisant l’objet d’aucun
débordement, et ce malgré les provocations d’un groupe de personnes
s’étant réuni au rond point de la barge.

Une contre-manifestation devrait avoir lieu durant la journée de la
femme le 8 mars prochain. Les revendications semblent floues puisque
le but de ce mercredi était de rendre hommage aux victimes en mer et
de dénoncer les nombreuses lois bafouées par les autorités sur ce
territoire français.

L’appel à cette manifestation a été relayé de toute part puisque pas
moins de 200.000 pages web ont été recensées sur ce sujet. De fait,
plusieurs associations ont réutilisé, parfois même détourné, cet appel
au sein de leur propre manifestation. Les organisations appelant à la
manifestation du 23 février à Mayotte, ne soutiennent pas, entre
autre, les appels ayant eu lieu le même jour aux Comores ou à Paris
place du Trocadéro.

Le collectif du 23 février.