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FSE 2003 : LICENCIEMENTS, QUELLES REPONSES, QUELLES RIPOSTES

Publie le mercredi 3 décembre 2003 par Open-Publishing

Pour aborder la question des licenciements, comme pour toute autre
question sociale, il est nécessaire de prendre la mesure de l¹ampleur
des bouleversements produits par la mondialisation capitaliste, et qui
guident les politiques européennes, depuis les années 80.
Ils appellent des réponses alternatives en terme revendicatif et en
terme d¹échelle des luttes, de leurs convergences, qui soient à la
hauteur de ce nouvel ordre économique mondial.

Les tendances lourdes de la mondialisation :

Nous sommes face à un changement d¹échelle de l¹échange marchand.
Auparavant les entreprises se développaient sur le marché national pour
ensuite s¹implanter au niveau mondial. Avec la mondialisation, elles
s¹implantent d¹emblée sur le marché mondial. Les capitaux requis
accélèrent la concentration, la financiarisation de l¹économie, et une
déréglementation généralisée. Le capital migre vers des secteurs dont
les taux de rentabilité espérés sont supérieurs à la moyenne. De
nombreux marchés dans les pays industrialisés sont arrivés à saturation
et ne connaissent plus que des croissances faibles. On assiste à des
mesures radicales de réorganisation des entreprises, par des processus
de fusion/absorption, de filialisation, et de sous-traitance. Les
licenciements deviennent la principale variable d¹ajustement pour le
capital et ne coûtent pas cher au patronat (un plan social est amorti en
12 ou 14 mois.
Les caractéristiques dominantes de ce nouvel ordre économiques sont :

- Extension des groupes avec un nombre croissant d¹entreprises
contrôlées par ces groupes. En France, 650 sociétés cotées en Bourse
contrôlent 7000 filiales.
- Concentration financière d¹un côté et déconcentration productive de
l¹autre. Tous les secteurs sont touchés et pas uniquement ceux
utilisateurs de travail faiblement qualifié comme le secteur textile. En
France, on constate une augmentation des établissements de moins de 500
et de moins de 200 salarié(e)s. En 2001, 58 % des salariés de
l¹industrie travaillent dans des établissements de moins de 50 salariés.
- Eclatement du salariat par la multiplication des statuts (cf.
Chantiers navals, plate-formes aéroportuaires), des emplois précaires et
le chômage.
Le modèle des années 70, de l¹entreprise homogène, avec son patronat de
« proximité », des salariés à statut unique n¹est plus le modèle
dominant. Cela impose une transformation de la stratégie des
organisations syndicales fondée sur ce modèle antérieur.

Inverser la logique libérale, mettre les licenciements hors la loi,
reconstruire une mobilisation unifiée du salariat :
Quatre grands principes :
1/ Le travail n¹est pas une marchandise.
2/ Du Nord au Sud, les salarié(e)s n¹ont pas à faire les frais des
conséquences sociales de la course internationale aux parts de marchés,
au profit, et aux dividendes exponentiels.
3/ Il n¹y a pas d¹égalité sociale sans autonomie garantie pour chacun,
pas d¹autonomie sans garanties effectives du droit à l¹emploi pour
toutes et tous.
4/ Partage des richesses et des gains de productivité au profit des
salariés.

Tous les licenciements sont socialement illégitimes, une alternative est
possible :
Tous les licenciements qu¹ils soient collectifs ou individuels (ces
derniers, en constante augmentation, sont en réalité des licenciements
économiques déguisés), qu¹ils soient de « convenance boursière » ou pour
toutes autres raisons (erreur patronale de stratégie, liquidation
judiciaire, délocalisation, etc.)doivent être frappés d¹interdiction et
le droit à l¹emploi reconnu effectivement comme un droit absolu (cf. Le
préambule de la Constitution de 1958. Le chômage ne serait alors que
résiduel.

Pour un statut professionnel permanent :
Le principe est de déconnecter le statut de salarié de l¹emploi occupé à
un instant T. Le patronat est le débiteur collectif du droit à l¹emploi
et doit financer les nouvelles garanties sociales attachées à ce droit
absolu.
1/ soit les salariés se voient proposer un nouvel emploi dans
l¹entreprise, dans le groupe, ou dans la branche.
2/ En cas d¹attente entre deux postes, les salariés doivent être
rémunérés intégralement ou bénéficier d¹une formation payée intégralement.
3/ Un fonds de mutualisation patronal devra financer ses garanties
sociales de façon à ce que les salariés des petites comme les grandes
entreprises bénéficient des mêmes droits. On peut imaginer des fonds
professionnels et interprofessionnels abonder par le patronat
collectivement. Ce système existe déjà pour les salariés licenciés
d¹entreprises en faillite, également en cas d¹accidents du travail, et
maladies professionnelles.

Ces réponses alternatives à la liberté de licencier des entreprises
bouleverseraient totalement le système actuel. En effet, au lieu d¹un
système d¹indemnisations chômage essentiellement payé par les
cotisations des salariés, ce sont les employeurs qui financeraient ce
nouveau statut du salarié.

4/ Pour les personnes à la recherche d¹un premier emploi, il faudrait
instituer un revenu garanti en attendant la première entrée sur le
marché du travail.

5/ L¹exigence dune réduction massive du temps de travail, mais sans
flexibilité, avec maintien du salaire et avec embauches correspondantes,
reste à l¹ordre du jour, même si les sociaux-libéraux ont en partie
discrédité cette revendication.

6/ Les emplois précaires comme ceux à temps partiel contraint,
majoritairement imposés aux femmes, doivent être transformés en CDI à la
demande des salarié(e)s. De manière générale, le CDI à temps plein
devrait redevenir la norme pour tous.

Il faut rompre avec les politiques libérales d¹exonérations et de baisse
des charges en faveur du patronat, qui n¹ont ni empêcher les
licenciements ni créer massivement des emplois. Quant au bilan des
dispositifs de « reclassement », il est édifiant. Un an après un
licenciement économique, 60 % des salariés sont encore au chômage, 15 %
occupent un emploi précaire, 15 % seulement ont un emploi en CDI, et
surtout cinq ans après on dénombre 36 % de personnes encore sans emploi.

Unification des luttes des salariés et des chômeurs

Au-delà des luttes de résistance face aux attaques contre les droits des
chômeurs qui sévissent partout en Europe, l¹enjeu est de reconstruire
des réponses alternatives communes afin d¹imposer une autre logique que
celle de la mondialisation libérale.
Au niveau européen, les droits sociaux doivent être tirés vers le haut.
Par exemple, la revendication d¹un SMIC européen à hauteur de 50 % du
PIB de chaque pays, limiterait le dumping social.

Le niveau de nos luttes doit être en rapport avec celui où se situent
les réelles prises de décisions économiques et politiques. Dans chaque
pays, il est nécessaire de construire des fronts de lutte élargis, qui
aillent au-delà des murs de l¹entreprise, et au-delà du cadre national.
Le mouvement altermondialiste doit s¹emparer des questions sociales et
les mouvements sociaux nationaux doivent se lier au mouvement
altermondialiste.

Catherine Lebrun (G10/SOLIDAIRES)

Euromarches
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