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Fiscalité de Sarkozy : au bonheur des riches
Publie le vendredi 25 mai 2007 par Open-Publishing2 commentaires

de Catherine MAUSSION
Paul, sa femme, Virginie, et leurs trois enfants sont une famille comblée. Revenu annuel : 500 000 euros. Un patrimoine conséquent de 40 millions d’euros. Hors la participation de monsieur dans la société high-tech qu’il dirige, hors ses Rothko, Picasso et quelques bois et forêts, tous biens exclus ou quasiment exclus de l’ISF. Sa fortune le situe en haut de la pyramide des 460 000 Français assujettis à l’ISF. Il profite déjà pour sa déclaration de revenus 2006 d’un allégement.
La tranche supérieure de ses revenus est imposée à seulement 40 % (contre 48,09 % en 2005), et il profite à plein de la suppression de l’abattement de 20 % qui était plafonné pour les hauts revenus. Montant de son imposition : autour de 175 000 euros.
L’achat rentable
Paul a vendu son duplex de Neuilly l’an dernier. Il vient de signer une promesse de vente pour un hôtel particulier sur l’île Saint-Louis : 5 millions d’euros. La déduction des intérêts d’emprunts annoncée par Nicolas Sarkozy tombe à pic. Plutôt que de payer cash, il décide d’emprunter : un million d’euros sur quinze ans, à 4 %. Montant des intérêts : 35 000 euros la première année. Il va pouvoir déduire 20 % de la note. C’est toujours 7 000 euros d’économisé. Le gouvernement n’a pas annoncé pour l’instant qu’il allait limiter le cadeau aux hauts revenus. Mais il a songé aux non-imposables. S’ils se lancent dans une acquisition, ils recevront un petit chèque du Trésor public.
La succession réglée
Le ménage est prévoyant. Il a organisé sa succession. Premier outil : les donations. Chaque enfant reçoit 50 000 euros. Le geste peut être renouvelé depuis 2005 tous les six ans, contre dix auparavant. Une somme rallongée en 2005 de 30 000 euros par enfant, un cadeau fiscal limité à cette année-là, et déjà signé Sarkozy. Cela fait 240 000 euros libres de droits qui auront dégonflé d’autant le patrimoine soumis à l’ISF et limiteront la facture lorsque viendra la succession. D’autres bonus ne sont pas à exclure. L’objectif affiché du président Sarkozy est d’exonérer 95 % des successions. Si la réforme passe par un allégement du barème ou un relèvement des franchises, notre ménage richissime en profitera comme tout le monde.
L’investissement payant
Encore une occasion de réduire son impôt sur la fortune. Le gouvernement a confirmé hier que certains « investissements » étaient susceptibles d’un gros rabais. Le couple hésite entre « aider » sa fondation préférée, investir dans la PME du petit cousin ou attendre que l’université de leur benjamine ait un statut autonome. Paul et Virginie vont pouvoir soustraire jusqu’à 50 000 euros de leur ISF pour gratifier l’oeuvre de leur choix.
Le jackpot final
Paul et Virginie font leurs comptes. Ils sont redevables pour leur patrimoine (40 millions d’euros), de 648 000 euros d’ISF (hors le cadeau à la fondation, qu’ils pourraient reporter). S’ajoute une dizaine de milliers d’euros de taxes foncière et d’habitation. Déjà le bouclier fiscal en vigueur qui plafonne les impôts à 60 % des revenus limite leur ISF à un peu moins de 300 000 euros. Notre couple devrait bénéficier cette année d’une ristourne de 548 000 euros. En passant le bouclier à 50 % des revenus et si la CSG et la CRDS sont incluses dans le bouclier , Sarkozy relève encore le rabais de 90 000 euros. Morale de l’histoire : le bouclier a presque effacé la note de l’ISF, les 648 000 euros de départ.
Messages
1. Fiscalité de Sarkozy : au bonheur des riches, 26 mai 2007, 02:01
Quel est le chômeur, le rmiste, le smigard, l’employé ou le petit cadre qui ne rêverait pas d’avoir une telle situation ? Pensez-vous que Sarkozy réussira à nous offrir une telle situation, par son "travailler plus pour gagner plus" ? Si c’est la solution, on y court tous. Mais au fait, il faudrait combien d’heures de travail pour y arriver : 40, 50, 70 heures par semaine ? Oui bien sûr, à condition d’avoir déjà un travail, où avais-je la tête !
Bon, c’est bien beau les rêves, mais en attendant, nous ne bénéficierons plus de l’abattement des 20 % sur le salaire impôsable, et les retraités non plus. Ce qui veut dire que des gens modestes vont devoir payer des impôts, et les autres subiront l’augmentation. Entre nous, c’était bien la peine de voter pour Sarkozy !
S’il fait des cadeaux fiscaux à ceux qui n’en n’ont vraiment pas besoin, il faudra bien qu’il aille chercher l’argent ailleurs. Ca tombe bien, ceux qui ont voté pour Sarkozy se portent volontaires pour payer davantage d’impôts, pour verser une franchise lorsqu’ils iront se faire soigner, et leurs enfants étudiants devront payer leur inscription à la fac qui dépasse l’entendement. Bien-sûr il est prévu que les bourses étudiantes sautent, puisque à côté le travail étudiant ne sera pas taxé. Macdo se frotte déjà les mains, car ça va se bousculer au portillon pour travailler et Macdo pourra baisser le salaire. Tout bénéf pour l’entreprise. Merci qui ?
Vraiment, avoir voté Sarko, puis l’UMP aux législatives, c’est assurément faire la fortune durable des riches (comme s’ils en avaient besoin, eux), pendant que la "France d’en bas" sera la vache à lait de ces mêmes riches. Ils vont pouvoir nous traire sans complexe et les 53 % n’auront qu’à se taire. Que voulez-vous, quand on est couillon c’est pour la vie. GS
2. Fiscalité de Sarkozy : au bonheur des riches, 26 mai 2007, 22:52
Bah !! avec les résultats électoraux, la gauche divisée et exangue et semble t’il, à moins d’un miracle pour au moins 5 ans.. ils auraient tort de se priver.. ce qui ne se résoud pas dans les urnes se résoud dans la rue.... préparons nous à marcher beaucoup pendanyt 5 ans...
F.Lucas