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France : le Parti socialiste et "l’extrême gauche" s’avancent vers une alliance électorale
Publie le samedi 15 décembre 2007 par Open-Publishing10 commentaires
de Alex Lantier
La démocratie bourgeoise, comme l’écrivait Karl Marx dans La guerre civile en France, est un mécanisme qui sert à décider "quel membre de la classe dirigeante [devra] "représenter" et fouler aux pieds le peuple au Parlement". Récemment pourtant, ce mécanisme a commencé à avoir des ratés en France - avec le discrédit du Parti socialiste (PS) à la suite de son élimination au premier tour des élections présidentielles de 2002 et des vagues de grèves rassemblant plusieurs millions de personnes contre la politique d’austérité en 2003, 2006 et 2007.
Fidèles à eux-mêmes, les pseudo-trotskystes des groupes d’"extrême gauche", Lutte ouvrière (LO) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), s’activent pour essayer de le réparer.
Les grèves d’octobre et novembre 2007 contre les attaques sur les retraites prévues par le président Nicolas Sarkozy ont été, en dépit de leur défaite, un tournant stratégique dans les relations de classe en France. Leurs répercussions ont ébranlé les milieux politiques bourgeois.
Le taux d’approbation de Sarkozy est tombé en dessous de 50 pour cent pour la première fois depuis son élection en mai. Bien qu’il soit encore trop tôt pour le dire, les élections municipales à venir de mars 2008 pourraient très bien faire reculer nettement l’UMP de Sarkozy. Les milieux politiques bourgeois sont inquiets : comment va-t-on canaliser le mécontentement populaire ?
Le problème qui se pose à la bourgeoisie française vient de ce que son parti préféré à gauche, le PS, ne peut pas redevenir un parti de gouvernement à part entière à lui seul. Son objectif actuel est de s’établir comme parti d’opposition. Henri Weber - un dirigeant du PS et ancien fondateur de la LCR avec Alain Krivine - a annoncé lors d’une rencontre entre dirigeants du PS et de la LCR le 7 décembre au théâtre du Rond-Point à Paris : « Nous devons devenir, nous pouvons devenir un parti à 35 pour cent, comme dans la plupart des pays d’Europe. »
Le PS s’est toujours appuyé sur des alliances avec d’autres partis pour gouverner – en effet, sa formation en 1971 au Congrès d’Épinay était fondée sur une stratégie d’alliance avec le Parti communiste (PC – stalinien). Dans les années 1980 et 1990, ses partenaires favoris étaient les staliniens et les Verts, formant la « gauche plurielle ».
Cependant, la collaboration des staliniens et des Verts avec le PS les a tellement discrédités qu’ils ne sont plus d’aucune utilité. Dans un article du 6 décembre, « La question des alliances est posée », le quotidien de centre gauche Le Monde note : « Le PC n’existe plus électoralement (1,3 pour cent pour Mme Buffet en 2007 contre 15,3 pour cent pour Georges Marchais en 1981). Il en est de même pour les Verts. [...] La gauche ne peut plus prétendre revenir au pouvoir avec les alliances qui étaient celles du "cycle d’Epinay". »
Tous les signes indiquent que l’on sonde et soupèse l’« extrême gauche » comme un allié potentiel du PS dans une tentative de rééquilibrer la politique bourgeoise française.
L’ex-candidate PS à la présidence, Ségolène Royal, a donné des entretiens à la télévision et dans la presse où elle appelait à créer une coalition « de François Bayrou [politicien bourgeois conservateur] à José Bové [militant altermondialiste] ». Dans son entretien avec Le Monde, elle a déclaré, « Je me reconnais dans Olivier Besancenot quand il demande la radicalité sur un certain nombre de sujets. »
Besancenot en particulier a bénéficié d’une large couverture dans les médias bourgeois. Un sondage BVA de novembre a placé son taux d’approbation à 40 pour cent, et un sondage Ipsos en octobre pour Le Point a placé sa popularité au-dessus de celle de Royal. Certains politiciens du PS ont commencé à lui adresser des louages en public ; le sénateur Jean-Luc Mélenchon a déclaré : « Monsieur Besancenot est très populaire. Comment le lui reprocher ? Il a gagné ses galons ! »
Le PS a aussi consulté LO, comme l’a reconnu Arlette Laguiller, porte-parole de LO, dans un entretien accordé le 8 décembre au quotidien Libération. Interrogée à propos de ses rencontres avec Royal, Laguiller a répondu : « À un de ses meetings, le fait que j’appelle à voter pour elle avait été très applaudi. »
Les tentatives de sonder l’« extrême gauche » sont simplifiées par les relations sociales entre la direction de l’« extrême gauche » et leurs anciens camarades qui occupent à présent des postes élevés au PS. La rencontre au théâtre du Rond-Point, où étaient présents Weber et le dirigeant de la LCR, Krivine, est là pour en témoigner.
Une autre rencontre, selon un article amusé paru dans Le Monde du 2 octobre, a été le mariage de Weber avec la productrice de télévision Fabienne Servan-Schreiber - réunissant 800 invités de marque, dont des dirigeants de haut rang des milieux de la banque et de la mode, l’ancien Premier Ministre Laurent Fabius, et l’actuel ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, ainsi qu’un certain nombre de « trotskystes. »
LO et la LCR sont toutes deux pleinement conscientes de la radicalisation qui a lieu dans la classe ouvrière, alors que les syndicats négocient des baisses des minima sociaux et bloquent les grèves en collaborant avec le gouvernement.
Dans un article intitulé « Situation sociale et tactique syndicale », dans son numéro du 9 novembre de Lutte de classe, LO a écrit : « La gravité des coups portés aux travailleurs par le patronat et le gouvernement est en train de convaincre nombre d’entre eux que la politique de négociation prônée par les confédérations, sans rapport de forces, est au mieux inefficace, mais, en réalité, nuisible. »
Dans sa lettre ouverte du 6 décembre à LO, la LCR notait également : « Les critiques de l’attitude de Thibault [dirigeant de la CGT] chez les cheminots et même dans la fédération CGT des cheminots traduisent d’une certaine manière le refus de la politique de diagnostic partagée des directions confédérales. Cette prise de conscience s’exprime aussi sur le terrain politique par rapport au PS qui n’a pas manqué une occasion de rappeler son accord avec la réforme des régimes spéciaux. »
LO et la LCR ont toutes deux réagi face à cette conscience politique grandissante dans la classe ouvrière en abandonnant leurs prétentions de loyauté au marxisme et en faisant la promotion vigoureuse d’alliances politiques dénuées de principes. Cela a pris des formes quelque peu différentes dans les deux organisations.
Depuis son université d’été à Port Leucate en août, la LCR a essayé de former un parti de la gauche unifiée dans lequel elle pourrait se liquider, tout en montant une campagne s’adressant à la jeunesse française et qui met en avant le guérillero sud-américain Che Guevara. Le nouveau parti ne prétendrait plus être associé au trotskysme. Précisément parce qu’il rejette ses précédentes prétentions au marxisme, cependant, la LCR s’est sentie obligée d’affirmer sa large indépendance politique par rapport au PS (ce qui est entièrement faux).
Dans un entretien au Parisien le 24 août intitulé « La LCR n’a plus vocation à exister », Besancenot a clairement fait comprendre qu’il voyait ce nouveau parti comme un potentiel parti de gouvernement de l’Etat bourgeois : « Soyons clairs : le pouvoir ne nous fait pas peur. Mais peut aussi donner des vertiges. Nous ne voulons aucun accord parlementaire ou gouvernemental avec un parti social-libéral comme le PS. Cette indépendance politique est un gage de liberté. Et elle s’est révélée plutôt payante aux dernières élections... Elle n’empêche pas une résistance commune face à la droite. »
LO, de son côté, a récemment annoncé qu’elle ferait liste commune avec le PS et d’autres partis de la gauche plurielle dans certaines villes, dont Angers, Besançon, Saint-Brieuc et Orléans. C’est la première fois que LO fait liste commune avec le PS. Dans sa lettre sur le Congrès de LO du 1er et 2 décembre, Arlette Laguiller faisait remarquer de façon révélatrice : « Cette attitude est certes nouvelle, mais la possibilité de l’envisager n’est, pour nous, pas nouvelle. Il se trouve que, lors d’élections municipales précédentes, le Parti socialiste et le Parti communiste étaient au gouvernement et s’y comportaient comme la droite aujourd’hui, ce que nous ne voulions pas cautionner. »
LO refuse de rejoindre le nouveau parti fourre-tout de la LCR, ce qui a suscité une prise de bec plutôt amusante. LO a expliqué de façon invraisemblable son refus d’y participer en déclarant qu’elle refusait d’abandonner la perspective d’un « parti marxiste léniniste trotskyste » un point auquel le numéro du 6 décembre du journal de la LCR, Rouge, a répondu en faisant remarquer ironiquement que les soi-disant principes de LO l’empêchaient de s’allier à la LCR, mais ne semblaient pas l’empêcher de faire liste commune avec le PS.
Mais le même jour, dans une lettre ouverte à LO, lui demandant de reconsidérer sa décision, la LCR reconnaissait que son nouveau parti fourre-tout serait une organisation chaotique grouillant de factions et où toutes sortes d’organisations de l’ancienne gauche plurielle et de la soi-disant extrême-gauche, prospèreraient. Prétendant que LO pourrait rejoindre le nouveau parti de la LCR sans compromettre son indépendance, la LCR écrivait : « Nous espérons réussir à engager le regroupement d’organisations, de groupes militants, d’anciens militants du PC... passe par le droit à la libre organisation de chacun en tendance, voire en fraction. »
En bref, l’agitation politique grandissante au sein de la classe ouvrière pousse les pseudo-trotskystes dans une alliance électorale avec les partis de gouvernement de la gauche. Il ne s’agit pas ici d’un hasard ou d’une erreur temporaire, mais c’est le reflet d’une peur et d’une hostilité organiques envers une politique ouvrière indépendante, qui émerge directement de perspective politique de LO et de la LCR, qui n’est autre qu’un syndicalisme démoralisé qui a pour principal objectif celui d’exercer une pression politique sur la bourgeoisie au moyen de grèves déterminées. L’hostilité grandissante des travailleurs envers toute négociation avec la bourgeoisie remet en question la viabilité de cette stratégie.
LO a fait un résumé concis de sa perspective dans un article daté du 9 novembre : « dans le passé, la base, les travailleurs ont su déborder les appareils syndicaux et faire en sorte que le mouvement se développe, se renforce et s’amplifie malgré eux. C’est de cette manière que le monde du travail a remporté la plupart de ses combats victorieux. Là est la perspective la plus féconde pour l’avenir. » Il est bien sûr vrai qu’une lutte basée sur la grève ne peut pas durer longtemps, à moins qu’elle n’échappe au contrôle de la bureaucratie syndicale qui cherche inévitablement à l’étouffer. Néanmoins, les questions politiques que soulèverait une lutte de la classe ouvrière qui s’affranchirait des syndicats, c’est-à-dire la question de savoir quelle classe sociale gouvernera, sont totalement éludées.
LO reconnaît même que les travailleurs les plus avancés politiquement sont parvenus à des conclusions politiques accablantes concernant la CGT : « si les cheminots les plus radicaux ont ressenti, à juste titre, l’attitude de la CGT soit comme une réticence à poursuivre le mouvement engagé, soit pour certains comme un abandon du combat, c’est surtout parce qu’elle ne proposait pas de suite [pour la grève d’un jour de la mi-octobre]. »
Cependant au lieu de chercher à utiliser ces trahisons pour démasquer politiquement la direction syndicale, LO a pressé la CGT de changer la politique qui la discrédite le plus clairement aux yeux des travailleurs : « [la CGT] aurait dû, avant même le 18 octobre, annoncer la date d’une autre lutte, constituant une autre étape. »
Cette incohérence politique n’est pas due au hasard : la fraternité pseudo-trotskyste dans son ensemble base, en dernière analyse, sa perspective de grève sur la finalité consistant à trouver un accord sur les réformes avec l’Etat bourgeois.
Cela a été souligné par les commentaires d’Alain Krivine au meeting du théâtre du Rond-point avec les huiles du PS Weber, François Rebsamen et Manuel Vast. Il a commencé par souligner son accord politique fondamental avec le PS : « pour moi, l’adversaire ce n’est pas le PS, mais Sarkozy, la droite, et le Medef. Si aujourd’hui on a des désaccords, c’est sur la façon de combattre Sarkozy, la droite et le Medef. »
Krivine a poursuivi : « La première question que je pose : peut-on résorber [l’inégalité sociale] par des mesures concrètes qui impliquent une nouvelle répartition des richesses ? La deuxième question est celle des moyens : toutes les grandes réformes en France, celles du Front populaire, celles de la Libération, celle de 68, la victoire sur le CPE, ne sont jamais venues directement des parlementaires. C’est parce que des millions de gens sont descendus dans la rue, ont fait la grève générale, vous ont botté les fesses. »
On peut difficilement imaginer une perspective plus étriquée que celle qui considère les luttes sociales titanesques du vingtième siècle principalement comme un moyen de pression sur la bourgeoisie en vue d’obtenir des réformes législatives. On ne peut pas traiter ici de toutes les questions historiques soulevées par Krivine. Cependant, on peut se contenter de dire qu’en aucune manière elles ne corroborent la prétention implicite de Krivine, selon laquelle il suffit de mobiliser un grand nombre de grévistes pour obtenir de la bourgeoisie des réformes durables. La question des perspectives politiques mises en action par la classe ouvrière internationale, est absolument essentielle.
Le Front populaire de 1936 en est peut-être l’exemple le plus flagrant. L’alliance entre le Parti radical, la SFIO (précurseur du PS) et le PC avait empêché une lutte révolutionnaire pour la prise du pouvoir par la classe ouvrière. En laissant quasiment intacte la politique étrangère de la bourgeoisie française, cette alliance avait scellé l’isolement du mouvement des travailleurs espagnols qui soutenait la lutte de la République contre Franco, contribuant à conduire à la victoire des fascistes durant la guerre civile espagnole. En retirant encore davantage de l’ordre du jour politique mondial la lutte pour le pouvoir des travailleurs, cette alliance a contribué à consolider le régime de Hitler en Allemagne nazie. Les réformes que le Front populaire avaient garanties furent en fait rapidement réduites à néant par la Deuxième Guerre mondiale, l’occupation nazie de la France et la collaboration de la bourgeoisie française avec l’occupant.
Ces réformes furent rétablies sous la Libération et dans l’après-guerre du fait de la peur d’une révolution, notamment au moment de la Libération en 1945 où l’autorité de l’Etat s’était effondrée dans bien des endroits de l’Hexagone, et de l’immense pression idéologique exercée par l’héritage de la révolution bolchevique et l’existence de l’URSS. Cela avait aussi été rendu possible par le fait que la plus grande part de la vie financière et industrielle se produisait à l’échelle nationale. Cette situation n’existe cependant plus.
Ceci est souligné par la dernière lutte mentionnée par Krivine, celle contre le CPE (Contrat première embauche) de 2006. Du fait d’une collaboration politique délibérée entre les directions syndicales et le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui cherchait à désarçonner ses rivaux politiques de droite, les résultats de la lutte se sont limités au retrait temporaire du CPE. Mais cela n’a fait que contribuer à ouvrir la voie à l’élection de Sarkozy comme président et par là même à des attaques plus vigoureuses encore sur le niveau de vie des travailleurs.
On ne peut vaincre l’offensive de Sarkozy au moyen simplement de grèves déterminées. Les pressions compétitives exercées par la mondialisation capitaliste et l’explosion des tensions géopolitiques mondiale conduisent l’impérialisme français à s’attaquer au niveau de vie de la classe ouvrière dans le pays et à l’agression militaire à l’étranger, pour exemple l’alignement de Sarkozy avec l’administration Bush sur la politique au Moyen-Orient. Ceci appelle une riposte politique de la part de la classe ouvrière beaucoup plus importante que les luttes syndicales envisagées par LO et la LCR et pose la question de la prise de pouvoir par les travailleurs.
C’est sur la base de cette perspective que le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) appelle au développement d’une section du CIQI en France.
Messages
1. France : le Parti socialiste et « l’extrême gauche » s’avancent vers une alliance électorale , 15 décembre 2007, 19:10
ho ho ho hi hi hi !!!!!!!!
Les martiens....
Que de confusions, de semi-mensonges (parler d’union de trotskystes lors du mariage mondain de Weber ) , faire un "déplacé" pour dire que ça va vers une alliance électorale entre le PS et l’extrême gauche est très drôle...
Sur la question de LO avec le PS, c’est très utilitaire même si critiquable et localisé.
Utilitaire car LO vise à laisser à gauche des municipalités tout en récupérant des "postes" pour s’en servir mécaniquement . Mais LO étant ce qu’elle ait je ne vois pas là de péril en la demeure d’une organisation qui change de nature, les alliances étant très localisées.
Très critiquable car même si on peut appeler à voter pour le PS s’allier avec eux contribue à la confusion. Le PS n’étant plus un parti de travailleurs (au sens de fond) et soutenant activement le capitalisme (ce qui dans la phase ultra-libérale actuelle sape les bases de toute existence d’une force social-démocrate) s’allier avec eux sur un terrain quand même politique, même localement contribue au doute sur une politique (si LO m’entends).
Sur la question des grèves et des mouvements sociaux, nous sommes tous coincés entre le possible, l’encouragement aux plus déterminés et de conserver le lien entre ceux-ci et les plus grandes masses. Tout n’est pas toujours possible. Les montées ouvrières ne se sont jamais faites de façon linéaire. Il y a eu des poussées et des reflux sans cesse. L’essentiel étant d’accompagner et d’aider chaque poussée afin qu’elle ne reparte pas de zéro. Ca part du discours certes, mais d’y être également, de propositions de lutte, d’organisation , etc.
Quand au trotskysme, il faut bien le dire : la tendance grenouilles de bénitier on s’en tape !
Je re-lisais il y a quelque temps Trotsky, sur l’encouragement de Chavez qui a dit qu’il fallait le lire, et j’y ai trouvé une pensée vivante, bagarreuse, non dogmatique, évoluante et puissante . Pas une icône, et je le prétends : cet homme vaut mieux que d’en faire une icône ! Encore moins en faire une église, avec ses préceptes et ses dogmes.
La fin du stalinisme nous apporte bien cela, de n’être point rabougris en tirant un dogme de tous ceux qui nous ont aidé à traverser les travers du stalinisme, courant qui a élevé au rang d’art sacré le détournement du sens des mots.
Ce n’est donc pas les fidélités au trotskisme ou au marxisme qui font avancer, du luxembourgisme à l’anarchisme, de l’austro-marxisme au guévarisme, du gramscisme au bordiguisme, mais de récupérer ce qui fut fécond dans ces courants de pensée pour aller de l’avant.
Ca n’implique aucune sacralisation. Et ce n’est pas par l’appel au respect par rapport au dogme qu’on avance mais par les leçons encore vivantes du passé . C’est la différence entre être réacs et être révolutionnaires .
Dans une argumentation il faut donc , non pas faire appel au respect du trotskisme, mais démontrer , re-démontrer ce qui fait avancer et ce qui fait reculer.
Copas (qui aime bien Luxembourg ! .....)
1. France : le Parti socialiste et « l’extrême gauche » s’avancent vers une alliance électorale , 15 décembre 2007, 19:49
Superbe réponse Copas... qui m’évite d’y aller de mes commentaires cinglants.
Je retiens surtout la chose suivante :
Eriger le Trotskysme au statut de dogme auquel LO et la LCR devraient fidélité est contre-productif, et va d’ailleurs à l’encontre de la pensée de Trotsky, puisque c’est fonctionner comme un homme d’église... ou un véritable stalinien. Le comble !
G.B.
2. France : le Parti socialiste et « l’extrême gauche » s’avancent vers une alliance électorale , 15 décembre 2007, 23:06
Le principe issu de l’appel pour une alternative à gauche de juillet 2003 qui me semble toujours d’actualité, sans doute même plus aujourd’hui qu’en 2003 interdit tout alliance structurelle avec le PS et le socialibéralisme.
Cela vaut pour toute les organisations de gauche que ce soit le PCF ou des organisations trotskystes.
Christian D
3. France : le Parti socialiste et « l’extrême gauche » s’avancent vers une alliance électorale , 16 décembre 2007, 09:55
C’est exactement ce que dit Olivier Besancenot dans l’optique de la nouvelle étape, dans l’optique du nouveau parti anticapitaliste.
Que chacun amène, à l’intérieur du cadre que nous proposons (parti anticapitaliste, démocratique, indépendant du PS et des institutions) le meilleur de sa tradition, de ses racines, que les nouvelles générations amènent leur vision, et avec tout ça il devrait y avoir matière à reconstruire collectivement l’espoir qu’un autre monde est possible, où nos vies vaudraient plus que leurs profits...
Nous on a commencé, dans notre petite ville. Ce n’est pas toujours simple, il faut beaucoup dialoguer, préciser le sens des mots, des notions. Il va falloir se former. Il va falloir arriver à se comprendre entre jeunes étudiants et lycéens pour qui communisme = Staline, militant "alter" ex-collectifs, militants CGT ou SUD, militants en rupture avec le PCF, militant ex-socialiste qui se dit anticapitaliste mais pense que les classes "c’est dépassé", nouveau militants débarquant dans le champ politique etc...
Difficile, mais un grand plaisir de constater que nous (militants de la section LCR) nous retrouvons minoritaires dans ce groupe local "Nouveau parti anticapitaliste", ce qui nous incite à penser que nous sommes sur la bonne voie....
Chico (militant LCR non trotskiste, anti chapelles, dogmes, fanatismes en tous genre)
4. France : le Parti socialiste et « l’extrême gauche » s’avancent vers une alliance électorale , 16 décembre 2007, 12:27
COPAS : bien vu sur l’ensemble, on pourrait préciser que Trotsky a eu au cours de sa vie politique des positions assez différenciées compte tenu des circonstances historiques. Le Trotsky qui co signe avec Breton le célèbre manifeste sur la liberté de l’art a peut de points communs avec celui qui écrivit "terrorisme et communisme" ! sans parler de la notion de "Front unique ouvrier" !
Pour être plus précis j’ai depuis longtemps pensé ( je précise au passage que je fût à la LCR de 1978 à 1989) que les élections municipales peuvent être l’occasion de mettre en pratique ses idées "révolutionnaires" et se frotter à la réalité des "masses" ce qui suppose comme disait Lénine des "compromis qui ne sont pas des compromissiosn"
Après au niveau des députés c’est vraiment autre chose !
Mais gérer des municipalités à "droite" et à "gauche" c’est parfois et assez souvent différent ! D’où la possibilité de réliser localement un mini "front unique ouvrier" ; le problème ici posé c’est aussi l’attitude de LO qui semble une fois de plus refuser sous des prétextes "futiles" une alliance tactique avec la LCR et continuer ainsi un mouvement de va et vient avec sa consoeur depuis plus de trente ans ( quand ce n’est pas avec d’autres ) !
Jusqu’à sauter le pas et la LCR pour foncer vers le PS, preuve dans ma commune de l’Oise ou un de leurs militants ( par ailleurs dirigeant national ) vient de proposer une alliance dès le premier tour avec la liste PS,PRG,Verts, Concertation ( association de citoyens un peu à gauche qui créa la surprise en 1995 en obtenant 25% des voix au premier tour des municipales d’alors et depuis fait partie de l’opposition au maire UMP avec ses 3 élus ) et peut être PC. Le problème est qu’il le fait directement avec le responsable PS local ( plutôt "fabusien" ) et donc sans rencontrer les autres composantes, mais aussi semble-t-il sans amorcer une discussion sur le programme, or tout est dans le programme ! plus que dans le choix des places !
Mias bon on verra la suite !
Un dernier mot enfin sur la LCR : on peut la critiquer c’est même parfois lui rendre service notamment quand elle joue avec Besancenot au petit jeu "pipole" ( atention à la surmédiatisation d’un individu qui ne saurait masquer le reste des militants ) mais force est de lui reconnaitre la qualité majeure de permettre dans ses rangs le débat et le droit de tendance, ce qui l’a jusqu’à présent tenu éloigné du sectarisme si partagé par d’autres courants "trotskystes" ! qui comptèrent pourtant à certains moments bien plus de militants !
Les restes des scissions de l’Ex PCI/MPPTT en sont la preuve vivante et malheureusement dérisoires : car combien de ses militants sûrement sincères et valables se sont épuisés dans ces petites structures qui teinne peut être "chaud " mais finissent un jour par vous lasser de tout !
5. France : le Parti socialiste et « l’extrême gauche » s’avancent vers une alliance électorale , 16 décembre 2007, 14:05
Bien évidemment... puisque le PS a adopté l’économie de marché, il s’exclut de ce fait de la liste des "alliés potentiels".
G.B.
6. France : le Parti socialiste et « l’extrême gauche » s’avancent vers une alliance électorale , 16 décembre 2007, 17:15
Avec le PS ? Pour des élections locales ?
Foutaises !!!
Où est la mobilisation des travailleurs sur leurs revendications et pour leurs revendications qui pourrait permettre une politique d’unité féconde ? Pour avoir des postes ?
C’est une farce ou quoi ? D’abord il faut ouvrir les yeux sur le sexe du PS : Celui-ci n’est plus travailleur, il est bourgeois, même pas hermaphrodite.
Le PS a pris la place de feu le parti radical-socialiste de l’entre deux guerres.
Maintenant on peut toujours s’allier avec, pourquoi pas... Mais de grâce, pas au nom d’un front unitaire ouvrier ou d’unité de la gauche.....
Les conditions d’une alliance locale sont claires :
1) Que celle-ci ne puisse être interprétée comme une acceptation et une alliance sur la politique réelle du PS par les travailleurs (cette condition est pratiquement impossible à remplir, même localement, sauf circonstance exceptionnelle de militants du PS en rupture ouverte et publique).
2) Qu’elle n’ait comme fonction principale essentiellement que de répondre aux besoins du renforcement du mouvement social, son indépendance, son organisation.
3) Que les militants communistes aient totale liberté de critique et mènent leur politique.
4) Enfin que les élus éventuels ne puissent avoir autorité sur leur organisation, mais l’inverse.
etc....
Il faut donc prendre recul et essayer de comprendre le contexte de ce débat.
Dans l’état actuel des choses :
Il existe une poussée dans le PCF et les cercles qui lui sont proches qui va vers une convergence de fait et qui cherche à la rupture avec le social-libéralisme. Cette tendance s’est exprimée sans grande cohérence politique encore, dans les mouvements sociaux, dans la jeunesse, sur les questions du refus de l’alliance électorale d’emblée avec le PS , dans le désir de préserver l’idéal communiste. Cette poussée va vers la convergence et va se faire sur la gauche. Elle sera un des socles de l’avenir d’une force révolutionnaire en France et est déjà largement sensible au pôle d’extrême gauche traditionnel (LCR et LO) par le simple fait de se retrouver au coude à coude dans la plupart des combats sociaux. Dans cette convergence qui se constitue, la défiance vis à vis du social-libéralisme, envers les travers bureaucratiques et les irrésolutions d’une direction, et vis à vis des raisons politiques et mécanismes ayant amené le PCF là où il en est actuellement est à son maximum.
Une des autres forces qui servira dans cette recomposition viendra de la capacité aux deux principaux groupes issus du trotskisme à s’unir, LCR et LO, en agglomérant autour d’eux les milliers de militants non organisés qui les suivent depuis des années. C’est l’autre convergence qui existe. LO devrait le comprendre et s’associer honnêtement à la tentative de la LCR de dépasser les rivages d’une fraction des révolutionnaires en France. également il convient que la LCR comprenne mieux les débats et les soucis assaillant les communistes (être plus attentif) ainsi que les angoisses de LO. Aucun de ces courants ne doit attendre pour avancer et réunir autour de soi, mais ils doivent avancer dans un soucis de convergence.
Ces deux convergences sont à favoriser et elles tendent toutes deux vers une convergence de niveau supérieur.
L’enjeu ?
pas de dégager les purs des purs de l’avant-garde..... mais reconstruire le mouvement des travailleurs (chacun ne doit plus seulement se poser la question de disputer la "direction" d’un mouvement mais de la construire, le fortifier, l’unifier, sur des bases encore plus solides et moins dérivantes que celles du XXeme siècle).
Copas
7. France : le Parti socialiste et « l’extrême gauche » s’avancent vers une alliance électorale , 22 janvier 2008, 17:50
Chico : tu as raison de refuser les étiquettes, trotskiste ou autre. Comme Copas, aux analyses si utiles et appréciées, et de plus en plus de camarades sur ce site, qui n’ont qu’un seul Nord : la défense de l’humanité et de la planète, sachant que cela passe par la démocratie la plus étendue, y compris et en premier lieu sur les grands moyens de production. Le socialisme, pour ceux qui ne confondent pas avec le stalinisme ou le PS …Imagines tous les camarades de la LCR qui se battent comme toi pour le parti des luttes, et multiplie par pas mal de fois, car heureusement les militants LCR sont de plus en plus la minorité dans ce projet, pas seulement dans ta région. Fouin des étiquettes, au travail pour un nouveau programme, les statuts les plus démocratiques qu’on ait vu, et de belles victoires de la classe sur le MEDEF.
Face à cela : que dire de sectes qui n’ont plus que Trotski pour cacher leur nudité, et mettre chacune derrière ce titan leurs petites boutiques.
C’est Trotski lui-même qui a dit qu’il n’était pas trotskiste. Et c’est la position de l’immense majorité de la LCR. C’est comme pour Marx : il vaut mieux se réclamer de sa méthode, la plus scientifique à son époque, avec des apports encore non-dépassés (mais ils le seront un jour, la science c’est cela !) que limiter nos connaissances aux découvertes du XIXème siècle (Marx) ou de la première moitié du XXème (Trotsky). On ne le fait pas en physique. Pourquoi le faire en économie ou sociologie, par exemple ? Donc prenons le meilleur des héritages, mais en continuant à réfléchir, sur la base de la pratique et d’un monde en mouvement.
Et il faut que certains apprennent à dire, même collectivement : je ne sais pas ! Le nouveau parti, malgré un processus constituant, la richesse d’élaboration grâce à des militants venant d’expériences très diverses, ne doit pas prétendre avoir réponse à tous. Une fois de plus, ça, c’est pour les sectes.
Heureusement, la LCR en est loin. Sur le féminisme et l’écologie, l’humanité a beaucoup avancé. Sur la compréhension des dangers bureaucratiques de la période de transition (mille fois merci à Trotski, qui a gagné une belle place sur l’étagère, plus utile qu’au panthéon des dieux). A chaque fois, la LCR, avec retard prudent quelques fois, a maintenu une attitude ouverte aux sciences et aux luttes contre toutes les exploitations et oppressions. Malgré tout, elle s’est souvent trompée. L’objectif du nouveau parti, ce n’est pas d’être la LCR, et c’est facile de la critiquer, mais de faire 10 ou 20 fois mieux, pas en nombre seulement, mais en compréhension du monde et capacité à le changer.
DC
2. France : le Parti socialiste et « l’extrême gauche » s’avancent vers une alliance électorale , 16 décembre 2007, 00:45
Avec ce texte interminable il ne me reste plus de force pour faire la révolution.
1. France : le Parti socialiste et « l’extrême gauche » s’avancent vers une alliance électorale , 22 janvier 2008, 15:15
ben justement , moi ca me renforce, les gens du wsws expliquent très bien, et ce sont les seuls, pourquoi une gauche qui serait sensée être "valable" s’est retrouvée avec Mitterand pour la guider vers le pouvoir : manque de Marxisme dans tous ces partis.
La pensée de trotski est vivante, certe, mais il y a surtout des principes, relisez ses analyses de la situation en allemagne pendant la montée des nazis : la solution quand les problémes deviennent sérieux ce n’est pas de s’allier aux socio-démocrates qui ont tout fait foirer au départ (Rosa luxemburg RIP) mais de les exposer pour ce qu’ils sont : des bureaucrates qui se fichent de nous.