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GREVE DU LAIT - DISCOURS DE PASCAL MASSOL (APLI) 10 sept. 2009

Publie le mardi 22 septembre 2009 par Open-Publishing
9 commentaires

DISCOURS DE PASCAL MASSOL :

En quelques mois les éleveurs laitiers Français et Européens de l’European Milk Board ont réussi le pari de se fédérer autour d’un projet, à la fois de survie, mais aussi d’avenir.

De survie, d’abord.

Le terme est volontairement fort, mais il est le reflet de la réalité catastrophique que nous connaissons sur le terrain. Trop de nos collègues nous ont quittés ces derniers temps, discrètement, à l’image de leur vie, n’ayant comme issue que l’ultime recours, abandonnant épouses et enfants, père et mère, patrimoine et passion, seuls et déshonorés de ne pas avoir su traverser ce terrain qu’on leur avait miné.

De mon engagement, je n’aurai qu’un regret : celui de ne m’être pas engagé assez tôt pour les aider !

Il est des pandémies qu’on ne soupçonne pas, mais qui nous détruisent, TOUS, à petit feu !!

Pour eux, pour nous, pour tous, il est de notre devoir de se battre jusqu’au bout pour imposer un projet, une éthique, une philosophie, en résumé un a-ve-nir.

Cette volonté n’est pas utopiste.

Elle n’est pas utopiste parce qu’elle est voulue par 140 000 producteurs Européens auxquels on peut ajouter ceux qui sont déjà prisonniers de l’intégration libérale, soumis à la pensée unique, ou ceux manipulés comme nous l’étions, et qui se réveilleront un jour.

Elle n’est pas utopiste car c’est une volonté du peuple de base, du consommateur , de tout individu ayant un minimum de réalisme et d’objectivité.
Mis à part quelques spéculateurs incolores et inodores, à l’image de leur seul plaisir financier, Qui peut nous reprocher de vouloir garder dans notre vocabulaire les mots : pâture, foin, rosée, orage, fourche, crème, coq et même fumier ?

Qui peut nous reprocher de vouloir persister à maintenir une agriculture familiale ?

Qui peut nous empêcher de sauver ceux qui ont investi pour assurer l’indépendance alimentaire de nos pays, pour sauver des jeunes installés ou à installer, garant de notre avenir ?
Qui peut nous empêcher d’occuper tous les territoires pour allier production et entretien de l’espace ?

Qui veut, d’usines à lait uniformes, formatées, pollueuses, dévoreuses de passion et de diversité ?

Qui veut poursuivre ce chemin de la surproduction sacrifiant sur l’autel de l’argent, l’environnement et des milliers d’éleveurs, comme nous, issus de pays émergents ?

Qui peut nous empêcher de vouloir produire un lait de qualité, sain, tracé, respectueux du bien être animal et de l’environnement ?
Qui peut nous empêcher de redonner au travail toute sa valeur ?

Qui peut nous empêcher, enfin, d’en finir avec l’asservissement pour retrouver notre statut social et économique ?

Comme je vous le disais auparavant, sans doute quelques spéculateurs...
Mais bien soutenus...

Puisque depuis des semaines et des semaines, nos alertes et nos négociations auprès de nos élus, représentants, décideurs en tous genre sont restées vaines et stériles.

Seul l’acte ultime de la grève du lait peut nous permettre d’imposer nos revendications.

Bien qu’aujourd’hui, aucun producteur n’en ait la capacité financière, cette auto-mutilation, qui a pour but d’interpeller tous les niveaux de l’état et de l’Europe sur l’extrême gravité de la situation va débuter.

Puisque notre matière n’a plus de valeur, plus de commerce avec notre matière !

Nous détenons la matière, plus de filière sans matière !

Cet acte, comme l’APLI l’a toujours défendu dans son discours, se veut un acte volontaire, individuel, pris en son âme et conscience.

J’appelle solennellement tous les élus locaux, nationaux, européens à suspendre tout débat idéologique et tout clivage pour, rapidement entendre et appliquer nos revendications.

J’appelle l’ensemble des consommateurs, les fournisseurs, les banques à soutenir ce mouvement et les acteurs de ce mouvement.

C’est pour vous, c’est avec vous, c’est ensemble que nous gagnerons !
J’appelle les autres filières agricoles, dont l’avenir est aussi sombre, maisqui n’ont pas ce moyen de pression légal, respectueux des biens et des individus, à nous soutenir par tout moyen pacifique, en conservant l’esprit de notre action.

J’appelle tous les éleveurs, à ce moment précis, à oublier toute appartenance, toute étiquette, toute sensibilité pour devenir simplement un gréviste laitier Européen ! J’appelle et j’insiste pour que tous les producteurs laitiers de France et d’Europe se joignent à notre mouvement pour que l’effet de masse prouve notre détermination.

J’appelle tous les grévistes à respecter ceux d’entre nous qui ne veulent pas y participer.

J’appelle à l’ouverture des vannes, dès la traite de ce soir, jeudi 10 septembre 2009 !

Ce mouvement de protestation Européenne est une première d’autant qu’il est initié par des paysans !

Nous sommes en train de construire l’Europe...

L’Europe des hommes et des femmes qui y travaillent, l’Europe des hommes et des femmes qui y consomment, l’Europe des hommes et des femmes qui y vivent, l’Europe de la base !!!!

 http://www.apli-nationale.org/blog/...

Messages

  • Bon je pense que vraiment o n ne se comprend pas du tout .

    Écoute on comprend parfaitement que vous ne puissiez pas vivre !

    Personne ne dit le contraire.

    Personne ici ne trouve ça normal que des agriculteurs (principalement des "petits" justement) en viennent à se flinguer !

    Mais il faut arrêter de fuir la critique en déformant les propos de ceux qui font des critiques.

    On a juste beaucoup de mal à comprendre le choix de cette action dont je ne vois pas qui elle va emmerder, mais qui est désastreuse pour VOUS en termes de communication, et assez écœurante oui, pour tout dire.

    On ne vous comprend pas !!! c’est pas forcément parce qu’on est cons c’est peut être que vous ne vous faites pas comprendre non ? - perso, je préfèrerais vendre du lait même à pas le prix que de jeter , et me battre autrement qu’en saccageant le fruit de mon propre travail le tout sans que, au fond, ça n’emmerde personne.

    Parce qui est ce que cette action ça gêne vraiment, qui sont ceux que vous prétendez gêner ???(et même là j’ai pas trop compris contre qui c’est destiné !! l’Etat ? les distributeurs ? Les transformateurs ?)

    tu dis que le don de lait est passible de sanction pénale ? oui c’est vrai - mais que crois tu qu’il arriverait si un éleveur était arrêté et condamné pour cela ? !!

    il aurait AVEC lui tous ceux qui aujourd’hui sont CONTRE LUI c à d ceux qui sont comme lui exploités et pressés tous les jours

    les ouvriers les salariés les vieux les malades etc.

    Y’a pas que vous qui galériez grave aujourd’hui !! Le pb c’est que ce type d’action (on le déplore ou pas) est éminemment anti-populaire donc je ne comprends pas pourquoi vous le faites alors que ce serait au fond si simple de vous solidariser d’autres couches de la population.

    Mais pour ça il faut accepter d’avoir une vision politique et de reconnaître que les paysans ne sont pas les seuls exploités à crever en France, et dépasser votre "monde à vous". (ça vaut pour toutes les luttes d’ailleurs) Regarde nosu les salariés du notariat on a rejoint le 17 septembre dernier les salariés de l’automobile entre autre. Rien à voir . Sauf qu’on est tous des exploités et qu’on en a marre du système capitaliste.

    LES SUICIDES SONT INACCEPTABLES DANS LE MONDE PAYSAN COMME CHEZ FRANCE TELECOM

    Les gars y’a largement mieux à faire pour votre combat que de vidanger votre lait par milliers de litres comme ça.

    Commencez par aller planter le drapeau rouge sur la mairie, séquestrer un ou deux préfets, et là oui vous aurez du succès et vous ne serez pas seuls !!

    Mais ne persistez pas dans cette voie du gaspillage de lait... Ça vous dessert et donc ca NOUS dessert toutes et tous !

    • tu dis que le don de lait est passible de sanction pénale ? oui c’est vrai -

      La réponse est contenue là dedans. En effet, ça veut bien dire que si vous distribuez gratuitement le lait, c’est là que ça va emmerder du monde, à commencer par la finance et l’Etat.

      A vrai dire, vous êtes dans la même galère que nous. Les nantis vous prennent de haut, vous regardent avec mépris, car vous n’êtes pas des "costard-cravate" poudrés, parfumés et mains manucurées. Il y a patron et patron et dans la France d’en haut, les patrons sont ceux qui font travailler mais ne travaillent jamais eux-mêmes, la sueur c’est pas classe !!!!

      Alors, petits paysans, petites entreprises familiales ou artisans, vous êtes dans la même galère que les ouvriers, employés ou techniciens, et pour sûr que si vous donniez votre lait gratos à la population, il y aurait de quoi vous défendre, car vos intérêts sont les notres aussi. La qualité des produits agricoles exige des petites structures et beaucoup de travailleurs. C’est gagnant pour vous et nous.

  • en Suisse des producteurs en grève ont vendu leur lait directement aux passants devant des grands magasins vaudois et jurassiens :

    400 producteurs de lait suisses ont stoppé leurs livraisons

    Les actions contre la baisse du prix du lait se sont poursuivies en Suisse. Des producteurs en grève ont vendu leur lait directement aux passants devant des grands magasins vaudois et jurassiens. A Bassecourt et Delémont, 70 paysans ont manifesté et distribué des tracts.

    L’association alémanique de producteurs de lait Big-M a rejoint le mouvement de protestation déjà entamé en Suisse romande. Selon elle, 400 producteurs auraient cessé leurs livraisons.

    Big-M (Bäuerlichen Interessengruppe im Marktkampf) a décidé de prendre part au "soulèvement paysan" suite à l’annonce vendredi soir par l’Interprofession du lait, qui regroupe producteurs et transformateurs, de relever le prix indicatif du lait de 61,6 à 62 centimes par kilogramme.

    L’organisation Big-M estime que cette mesure ne représente pas une solution adéquate pour résoudre les problèmes de la branche. Elle plaide pour une limitation de la quantité de lait mise sur le marché.

    "Nous n’avons pas décidé le lancement d’une grève pour l’instant, mais un certain nombre de producteurs ont spontanément cessé leurs livraisons", a de son côté expliqué le syndicat paysan romand Uniterre, sans pouvoir donner de chiffre précis. "Et le mouvement prend de l’ampleur de jour en jour", selon lui.

    19 septembre 2009 18:22

    http://www.romandie.com/infos/ats/display2.asp?page=20090919182206720172019048000_brf033.xml

  • Rappelons tout de même que le lait est un alliment conçu (par dame nature ) pour le nourrisson de sa mère et que sa production et sa consommation sont des choix politique. Et aussi que sa production entraîne des ravages catastrophique écologique et que sa consommation entraîne des ravages sur le système immunitaire des consommateurs. bises tomivg

  • Monsieur Massol,

    Par cette action dont la portée immorale ne vous a certainement pas échappée, vous suicidez la relation avec les autres...

    L’épandage de millions de tonnes de lait est vécu par beaucoup comme une énorme marée noire innondant ce qui reste de solidarité entre travailleurs.

    Vous prétendez construire l’Europe, avec d’autres paysans qui comme vous se débarassent de centaines de millions de litres de lait (excusez du peu), provoquant, sans doute, à court une pénurie de matière première.

    Comment pouvez-vous parler ainsi ?

    Qui va être frappé par cette crise artificielle ?

    Le Crédit Agricole, responsable direct du suicide de vos camarades les plus endettés.

    Les grands trusts comme Danone qui jubile à l’idée d’augmenter leurs prix.

    Les gros propriétaires terriens de la FNSEA qui se réjouissent déjà de récupérer, après cette auto-mutilation forcée des paysans les plus pauvres (une sorte d’écrémage volontaire des éléments les moins rentables) leurs biens déjà hypothéqués...

    La première victime n’est pas le gouvernement mais le citoyen ordinaire effaré par cet Holocauste.

    Vous avez inventé quelque chose de monstrueux : la possibilité, pour un petit groupe, d’affamer les franges de population les plus pauvres.

    Et en matière syndicale : la possibilité pour les militants les plus riches de sacrifier les plus faibles.

    Votre action est par essence "fasciste".

    Les seules personnes qui, à la finale, vont vous remercier de votre gâchis seront les spéculateurs à la Bourse lesquel auront sûrement parié des millions de dollars sur votre vilénie.

    • Ce n’est pas vous qui avez créé la possibilité d’affamer, en un coup, les franges de population les plus pauvres mais les grands trusts comme Nestlé, par exemple.

      Simplement, vous appliquez, aujourd’hui, à la population européenne les méthodes fascistes que l’industrie agro-alimentaire a expérimenté, depuis longtemps, en Afrique et ailleurs afin de plier les populations et leur imposer la disette avant une soit-disante libération.

      Vous n’êtes pas un miltant, Monsieur Massol, mais un spéculateur...

      Vous faites entrer, dans le champ de l’activité syndicale, les méthodes de Wall Street.

      Gâchis, gaspillage à l’échelle d’un continent, élimination sauvage de la concurrence, avec de prétendus sacrifices, et enfin monopole d’un syndicat des laitiers, représentant en fait le plus fort.

    • Ce qui est dommage, en définitif, c’est que votre action d’envergure ne soit pas au service du communisme mais serve les intérêts des gros propriétaires terriens et de leur complices...

      Vous mentez lorsque vous prétendez défendre les intérêts des petits paysans.

      Ceux-là s’en apercevront plus tard...

    • En tant que producteur de lait, je ne peux supporter que ce que je produis en trop vienne d’une part baisser le prix de vente en dessous du coût de revient et d’autre part serve à casser les filières agricoles des pays en voie de développement par des exportations subventionnées par l’union européenne. Je suis pour une adaptation de notre production à nos besoins payé à un juste prix, je suis pour le développement de l’agriculture de manière équitable dans les autres pays. Notre lait en trop est plus utile épandu dans nos champs qu’exporté pour créer la misère ailleurs.